Multiplier son Romarin Facilement : Mes Deux Méthodes qui Marchent (Presque) à Tous les Coups

Auteur Sandrine Morel

Ah, l’odeur du romarin qui chauffe au soleil… C’est une des choses que je préfère dans mon jardin. Après plus de vingt ans à cultiver mes propres herbes, il reste mon grand favori. Il est costaud, généreux et sent bon la garrigue. Bien sûr, on peut acheter des plants en jardinerie, c’est pratique et ça marche très bien. Mais le vrai plaisir, franchement, c’est de le multiplier soi-même.

Créer une nouvelle vie à partir d’une simple tige, c’est un petit miracle à portée de main. Et puis, soyons honnêtes, c’est de loin la meilleure technique. Tenter de semer du romarin, c’est souvent long et un peu décevant, surtout si on veut être sûr de garder les qualités d’une variété qu’on aime particulièrement.

Ici, je vais vous livrer mes secrets. Pas de la théorie pure, mais ce qui fonctionne pour de vrai, ce que j’ai appris avec le temps, les succès et, bien sûr, quelques ratés. Le bouturage n’a rien de sorcier, mais quelques détails peuvent tout changer. C’est ce que j’essaie de transmettre : l’observation et le bon geste au bon moment. Allez, suivez-moi, on va faire naître de nouveaux romarins.

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Avant de couper, on observe !

Avant de sortir le sécateur, il faut comprendre ce qu’on fait. Une bouture, c’est du clonage, purement et simplement. On demande à un bout de tige de faire un truc un peu fou : oublier qu’elle est une tige pour se mettre à fabriquer des racines. Et pour ça, elle a besoin d’un petit coup de pouce de notre part.

Le romarin est une plante du sud. Ça veut dire deux choses cruciales : il adore le soleil et il a horreur d’avoir les pieds dans l’eau. Ses racines ont besoin de respirer. Si vous gardez ça en tête, vous avez déjà compris 90% du truc. Une bouture, qui n’a pas encore de racines pour se défendre, est encore plus sensible à l’excès d’eau. C’est la cause numéro un des échecs : la pourriture. Game over.

La tige qu’on va choisir est une petite merveille. Elle contient déjà des réserves d’énergie et des hormones végétales (les fameuses auxines) qui n’attendent qu’un signal pour lancer la production de racines. Notre rôle, c’est de lui donner les conditions parfaites. On va chercher une tige qu’on appelle « semi-aoûtée ». C’est une pousse de l’année qui a commencé à durcir. Elle n’est ni trop tendre et verte, ni trop vieille et ligneuse. L’astuce ? Elle doit plier un peu avant de casser net.

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Petit exercice pratique : sortez voir votre romarin. Prenez une tige et pliez-la doucement. Vous sentez cette légère résistance juste avant la casse ? Voilà, vous savez déjà identifier la bouture parfaite !

La préparation : 50% de la réussite

Une bonne préparation, c’est la moitié du chemin. Ne zappez pas ces étapes, c’est souvent là que tout se joue.

Le bon timing pour prélever

On lit souvent qu’on peut bouturer le romarin toute l’année. En théorie, peut-être. En pratique, il y a deux périodes idéales. Ma préférée, c’est de fin mai à juillet. La plante est en pleine croissance, gorgée de sève. Les tiges sont parfaites et les boutures s’enracinent super vite.

La deuxième fenêtre, c’est fin août-septembre. La plante a fini sa floraison principale et commence à se préparer pour l’hiver. Les tiges sont plus dures, l’enracinement est un peu plus lent, mais les boutures sont souvent très robustes. C’est ce que je fais pour les plants qui passeront l’hiver sous abri.

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Le choix du pied mère et des outils

C’est du bon sens : ne prélevez jamais sur une plante chétive ou malade. Choisissez votre plus beau pied de romarin, bien vert, bien touffu. Et surtout, évitez les tiges en fleurs, car toute leur énergie est concentrée sur la floraison, pas sur la fabrication de racines.

Un point non négociable : la propreté. Vos outils doivent être IM-PEC-CABLES. Un sécateur sale, c’est la porte ouverte aux maladies. J’ai déjà perdu des dizaines de boutures à cause d’un champignon qui s’est invité à la fête… Tout ça pour un outil mal nettoyé. Alors, on prend un couteau bien aiguisé ou un petit sécateur et on le désinfecte avec un coton d’alcool à 70° ou en passant la lame dans une flamme (laissez-la refroidir !).

La petite liste de courses

Pas de panique, c’est un investissement minime. Un plant en jardinerie coûte environ 5€. Mais avec le matériel de base, vous pourrez en faire des dizaines !

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  • Des petits pots : J’ai une préférence pour la terre cuite (environ 1-2€ pièce), car elle respire bien et limite les risques de pourriture. Du plastique avec des trous de drainage, ça marche aussi.
  • Le substrat : C’est le plus important. Comptez 5-10€ pour un sac de bon terreau pour semis et bouturage.
  • Du sable ou de la perlite : Pour le drainage. Un petit sac de sable de rivière (pas de sable de maçonnerie !) ou de perlite coûte autour de 5-8€.
  • L’hormone de bouturage (optionnel) : Un petit pot coûte entre 10 et 12€ chez Castorama ou en jardinerie, mais il vous durera des années et booste vraiment les chances de succès.

Pour un investissement total d’environ 25€, vous avez de quoi créer une armée de romarins pour vous et pour offrir !

Eau ou terre : comment choisir sa méthode ?

C’est la grande question ! Aucune n’est mauvaise, mais elles ne se valent pas. Laissez-moi vous éclairer pour que vous choisissiez celle qui vous correspond.

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La méthode dans l’eau est super pour les débutants. C’est visuel, gratifiant, on voit les petites racines apparaître jour après jour, c’est magique. Le coût est quasi nul. Le point faible ? Les racines formées dans l’eau sont un peu « paresseuses » et fragiles. Le passage en terre peut être un choc pour elles. C’est un peu comme passer de la piscine à un marathon.

La méthode en terre, c’est ma préférée, la méthode pro. Elle demande un peu plus de matériel (votre fameuse liste de courses), mais les résultats sont bien meilleurs. Les racines se développent directement dans leur futur environnement, elles sont donc plus fortes, plus ramifiées. La plante est plus costaude et la reprise en pleine terre est beaucoup plus rapide. C’est un peu plus de travail au début, mais le jeu en vaut la chandelle.

Technique n°1 : La bouture dans l’eau (la version facile)

  1. Prélevez la tige : 10-15 cm, tôt le matin.
  2. Faites une coupe « à talon » : C’est l’astuce qui change tout. Au lieu de couper, arrachez délicatement la tige de la branche principale, d’un coup sec vers le bas. Un petit morceau de l’écorce de la branche mère (le « talon ») doit venir avec. C’est une zone riche en cellules prêtes à se transformer en racines. Si le talon est un peu long, taillez-le proprement.
  3. Préparez la bouture : Retirez toutes les feuilles sur les deux tiers inférieurs. C’est crucial : chaque feuille sous l’eau va pourrir et contaminer le tout.
  4. Mettez en eau : Placez 2-3 boutures dans un verre transparent. Remplissez avec de l’eau de pluie ou de l’eau du robinet laissée à l’air libre 24h. Juste assez pour que la partie nue soit immergée (3-4 cm).
  5. Changez l’eau TOUS LES 2-3 JOURS. C’est le geste le plus important pour éviter les bactéries et apporter de l’oxygène.
  6. Patientez : Placez le verre à la lumière, mais sans soleil direct. Une fenêtre au nord, c’est l’idéal. En 3 à 6 semaines, de fines racines blanches devraient apparaître. Attendez qu’elles fassent 2-3 cm avant de passer à la suite.
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Technique n°2 : La bouture en terre (ma méthode de prédilection)

Ici, le secret, c’est le substrat. Il doit être hyper drainant. Oubliez la terre du jardin ou le terreau universel bas de gamme. Ma recette maison, infaillible :

  • 50% de bon terreau pour semis.
  • 50% de sable de rivière grossier ou de perlite.

Mélangez bien. Le test : serrez-en une poignée humide dans votre main. Le mélange doit se tenir, mais s’effriter dès que vous ouvrez les doigts. Parfait.

  1. Préparez le pot : Remplissez votre pot (préalablement trempé s’il est en terre cuite) avec le mélange, sans tasser.
  2. Préparez la bouture : Comme pour la méthode dans l’eau (tige de 10-15 cm avec talon, effeuillée sur la moitié inférieure).
  3. (Optionnel) L’hormone : Trempez la base humide de la bouture dans la poudre, tapotez pour enlever l’excès. Une fine pellicule suffit. D’ailleurs, on me demande souvent si les astuces de grand-mère comme l’eau de saule ou la cannelle fonctionnent. Honnêtement, j’ai tout testé. La cannelle est surtout un antifongique, et l’eau de saule est efficace mais contraignante à préparer. Pour le romarin, le plus simple est soit de s’en passer, soit d’investir dans un pot d’hormones qui garantit un meilleur taux de réussite.
  4. Plantez : Faites un pré-trou avec un crayon pour ne pas enlever la poudre. Glissez-y la bouture, puis tassez doucement la terre autour.
  5. Arrosez délicatement une bonne fois pour tout humidifier.
  6. Créez une mini-serre : Couvrez le pot avec un sac en plastique transparent ou une demi-bouteille. C’est la méthode « à l’étouffée ». Ça maintient l’humidité et évite que la bouture ne se dessèche.
  7. Entretenez : Placez à la lumière, sans soleil direct. Aérez la mini-serre 15 minutes tous les 2-3 jours pour éviter les moisissures. Le terreau doit rester LÉGÈREMENT humide, jamais détrempé.

Le signe ultime de la réussite ? L’apparition de nouvelles petites feuilles au sommet. Ça veut dire que ça y est, les racines travaillent ! Tirez très, très doucement sur la bouture : si ça résiste, c’est gagné !

De la bouture à la belle plante

Une fois vos boutures bien enracinées (après 2-3 mois), il est temps de les rempoter individuellement si elles étaient plusieurs. Laissez-les grandir en pot pendant plusieurs mois. Une bouture faite en été sera parfaite pour être plantée en pleine terre au printemps suivant.

Attention à l’acclimatation ! Ne la passez jamais de l’intérieur au plein soleil direct, elle grillerait. Pendant une semaine, sortez-la quelques heures à l’ombre, puis progressivement un peu plus au soleil du matin. C’est essentiel pour l’endurcir.

Un dernier conseil : si vous jardinez dans une région humide, le drainage est votre priorité absolue. Plantez votre romarin sur un talus, dans une rocaille, ou dans un grand pot en terre cuite que vous pourrez abriter de la pluie en hiver. Quand je dis « abriter », ça peut être dans une serre froide, une véranda non chauffée, ou même un garage lumineux. L’idée est de le protéger du gel et de l’excès d’eau.

Pour finir, ne vous découragez pas !

Les erreurs les plus courantes ? L’impatience, l’excès d’eau (le tueur n°1 !), et le manque de propreté. Mais surtout, ne baissez pas les bras si vous avez des pertes. C’est tout à fait normal. Même avec l’expérience, si j’obtiens 7 ou 8 réussites sur 10 boutures, je suis très content. Pour un débutant, 5 sur 10, c’est déjà une superbe victoire !

Chaque échec est une leçon, pas une fatalité. Le jour où vous cuisinerez avec une branche de votre propre romarin, créé de vos mains, vous ressentirez une satisfaction incroyable. Alors lancez-vous, testez, et surtout, amusez-vous !

Sandrine Morel

Styliste Beauté & Adepte du Bien-être Naturel
Ses expertises : Coiffure créative, Soins naturels, Équilibre intérieur
Sandrine a commencé sa carrière dans les salons parisiens avant de s'orienter vers une approche plus naturelle de la beauté. Convaincue que le bien-être intérieur se reflète à l'extérieur, elle explore constamment de nouvelles techniques douces. Ses années d'expérience lui ont appris que chaque personne est unique et mérite des conseils personnalisés. Grande amatrice de yoga et de méditation, elle intègre ces pratiques dans sa vision holistique de la beauté. Son mantra : prendre soin de soi devrait être un plaisir, jamais une corvée.