Le Purin d’Ortie Facile : Mon Guide Complet pour un ‘Or Vert’ Réussi au Jardin
Je jardine depuis plus de trente ans, et si j’ai bien appris une chose, c’est que les meilleurs conseils ne viennent pas toujours des livres. Ma plus grande révélation me vient d’un vieux voisin agriculteur, un homme qui ne jurait que par son « or vert », comme il l’appelait. C’était son fameux purin d’ortie. Franchement, au début, l’odeur m’a fait douter. Mais quand j’ai vu la vigueur de ses tomates et la taille de ses salades, j’ai décidé de l’écouter attentivement.
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Ce que je partage ici, ce n’est pas une formule magique, mais le fruit de décennies d’essais, d’erreurs et d’ajustements. Le purin d’ortie est un allié formidable, à condition de savoir le préparer et l’utiliser avec un peu de jugeote. Allez, je vous montre comment faire, pas à pas.
Pourquoi ça marche ? La petite histoire sans le jargon
Pour bien utiliser un outil, il faut comprendre comment il fonctionne. Le purin d’ortie, c’est bien plus qu’une simple soupe de mauvaises herbes. C’est une véritable usine biologique.

La grande ortie est une plante incroyablement douée pour aller chercher dans le sol des trésors que les autres plantes peinent à trouver. Quand on la fait macérer, on libère tout ça. Pensez à l’azote, le carburant numéro un pour des feuilles bien vertes et une croissance vigoureuse. Il y a aussi du potassium, essentiel pour avoir de belles fleurs et de bons fruits, et pour aider la plante à mieux supporter la sécheresse. Sans oublier le fer, qui empêche les feuilles de jaunir, et la silice, qui agit comme une sorte d’armure naturelle pour les feuilles, les rendant plus coriaces face aux insectes piqueurs comme les pucerons.
Le processus de fermentation, c’est simplement le travail de milliards de bonnes bactéries qui décomposent l’ortie et libèrent tous ces nutriments dans l’eau. Le signe que ça bosse dur ? Les petites bulles qui remontent quand vous remuez. Quand il n’y a plus de bulles, la fête est finie : votre purin est prêt.

La préparation : mon guide pas à pas (et sans stress)
La recette est simple, mais comme souvent, le diable est dans les détails. Suivez ces étapes, et vous ne pourrez pas vous tromper.
Étape 1 : La récolte des orties
La qualité de votre purin commence ici. Le moment idéal ? Au printemps, quand les orties sont jeunes et pleines de sève, mesurant entre 30 et 60 cm. Le point CRUCIAL : récoltez-les avant qu’elles ne montent en graines. Dès que la plante se concentre sur sa reproduction, la richesse des feuilles en azote chute brutalement.
Choisissez un coin propre, loin des routes passantes ou des champs traités. L’ortie est une éponge, elle accumule tout, le bon comme le mauvais. Pour la récolte, la sécurité d’abord ! J’ai fait l’erreur une fois de prendre des gants trop fins… je m’en suis souvenu pendant deux jours. Optez pour des gants épais en caoutchouc qui remontent bien sur les avant-bras, des manches longues et un pantalon. Un sécateur, et c’est parti.

Étape 2 : La liste de courses du parfait alchimiste
Pas besoin de vous ruiner. Voici le matériel de base :
- Un grand contenant non-métallique : Le plus important ! Une grande poubelle de jardin en plastique opaque de 80L fait parfaitement l’affaire (on en trouve entre 15€ et 25€ en grande surface de bricolage). Pourquoi pas de métal ? Le purin en fermentation devient légèrement acide et pourrait corroder le métal, libérant des particules pas terribles pour vos plantes.
- De l’eau : L’eau de pluie, c’est le top du top. Si vous n’avez que l’eau du robinet, laissez-la reposer dans un arrosoir pendant 24 à 48h à l’air libre. Le chlore, qui tue les bactéries (même les bonnes dont on a besoin), s’évaporera.
- Des orties : Gratuites et abondantes !
- Des gants de protection : Comptez 10€ à 20€ pour une bonne paire qui vous durera des années.
Étape 3 : La recette et la patience
C’est parti pour le mélange. La règle d’or est très simple : 1 kg d’orties fraîches pour 10 litres d’eau. Pas besoin de peser au gramme près, c’est un ordre de grandeur.

- Hachez grossièrement les orties. Pas la peine d’en faire de la bouillie, des morceaux de 5-10 cm suffisent pour que l’eau agisse plus vite.
- Mettez les orties dans votre contenant, versez l’eau, et donnez un bon premier coup de bâton.
- Couvrez, mais sans fermer hermétiquement. Une planche ou une toile de jute posée dessus, c’est parfait pour laisser les gaz s’échapper tout en évitant que les moucherons y pondent.
- L’étape la plus importante : Remuez chaque jour pendant une ou deux minutes. C’est ce qui empêche la préparation de pourrir. Un purin qui fermente sent fort, une odeur d’herbe coupée fermentée. Un purin qui pourrit sent l’œuf pourri. Si ça arrive, c’est que vous n’avez pas assez brassé.
- La durée dépend de la température. Comptez 7 à 12 jours quand il fait bon (autour de 20°C), et plutôt 2 à 3 semaines s’il fait plus frais. Le purin est prêt quand il n’y a quasiment plus de bulles quand vous remuez.
Petite astuce anti-odeur : C’est vrai que ça embaume… Pour vos narines et celles de vos voisins, ajouter une poignée de cendre de bois ou une cuillère d’argile en poudre dans le mélange peut aider à calmer un peu les effluves.

Étape 4 : Filtration et stockage
Une fois prêt, il faut filtrer. C’est indispensable si vous comptez utiliser un pulvérisateur, sinon les résidus boucheront la buse en quelques secondes. Utilisez un vieux drap ou une toile fine au-dessus d’un seau. Pressez bien le tas d’orties pour en extraire tout le jus.
Et le résidu ? Surtout, ne le jetez pas ! C’est un super activateur pour votre compost. C’est un véritable aimant à vers de terre, ils adorent ça. Conservez le liquide filtré dans des bidons en plastique opaques, bien remplis pour laisser le moins d’air possible. Stockez-le à la cave ou au garage, à l’abri de la chaleur et de la lumière. Il se gardera facilement 6 mois.
Au fait, quelle quantité préparer ? Pour un potager familial d’environ 50 m², une production de 30 à 50 litres au printemps est un excellent point de départ pour la saison.

Comment l’utiliser sans tout griller : les bons dosages
Le purin d’ortie est puissant. L’erreur de débutant, c’est le surdosage. Il faut TOUJOURS le diluer.
En engrais « coup de fouet »
C’est son usage principal. Idéal pour les légumes-feuilles (salades, épinards) et pour donner un bon départ aux plantes gourmandes comme les tomates ou les courgettes.
- Dosage : Dilution à 10 %. C’est simple : pour un arrosoir de 10L, mettez 1L de purin et complétez avec 9L d’eau. Pour un arrosoir de 5L, un demi-litre (l’équivalent de deux grands verres) suffit.
- Application : Arrosez directement la terre au pied des plantes, sur un cercle de 30-40 cm. Évitez de tremper le feuillage avec ce mélange. Faites-le tous les 10-15 jours en pleine période de croissance.
- Attention ! Pour les tomates et autres légumes-fruits, levez le pied sur le purin d’ortie dès que les fruits commencent à se former. Trop d’azote à ce stade favorise les feuilles au détriment des fruits. C’est le moment de passer à un purin plus riche en potassium, comme celui de consoude.

En fortifiant et répulsif
Pulvérisé sur les feuilles, il les renforce et dérange les pucerons et acariens.
- Dosage : Dilution plus légère, à 5 %. Soit un demi-litre de purin pour 10L d’eau.
- Application : Pulvérisez sur et sous les feuilles, tôt le matin ou en soirée. Jamais en plein soleil ! Les gouttelettes font un effet loupe et brûlent les feuilles. Je m’en souviens encore, mes jeunes plants de courgettes dont les feuilles sont devenues toutes jaunes et grillées après une pulvérisation en plein après-midi… Leçon apprise !
Les plantes à ne PAS traiter
Oui, il y en a ! Évitez les légumineuses (pois, haricots, fèves) qui fabriquent déjà leur propre azote. L’ail, l’oignon et l’échalote non plus, car un excès d’azote développerait leur feuillage au détriment du bulbe. Et bien sûr, attendez que vos jeunes semis aient quelques vraies feuilles avant de commencer.
Pour aller plus loin : astuces de pro et fausses bonnes idées
Le truc du jardinier pressé : Pas le temps d’attendre deux semaines ? Essayez le « thé d’ortie ». Plongez un bouquet d’orties dans un seau d’eau de pluie et laissez infuser 24 à 48h. C’est beaucoup moins concentré, mais c’est parfait pour un petit coup de boost rapide !

Pour les jardiniers de balcon : Ça marche aussi ! Préparez une micro-dose dans un seau de 5L. Vos géraniums et vos tomates cerises en pot vous remercieront.
Le mythe du désherbant : Vous lirez peut-être qu’on peut l’utiliser pur comme désherbant. C’est une très mauvaise idée. Oui, ça brûle les plantes, mais ça stérilise aussi la vie de votre sol. C’est un non-sens écologique. Pour désherber, il y a le paillage et l’huile de coude !
Pour finir, un mot sur la sécurité. Portez des gants, gardez vos bidons hors de portée des enfants, et lavez-vous les mains après manipulation. Même si c’est naturel, ça reste un produit actif. Voilà, vous savez tout ! Le plus important maintenant, c’est d’observer votre jardin. C’est lui, votre meilleur guide.
Galerie d’inspiration


Cette fameuse odeur de fermentation vous inquiète ?
C’est le signe que la magie opère ! Loin d’être un problème, cette senteur forte est la preuve que les micro-organismes travaillent. Pour l’atténuer sans nuire au processus, un geste simple suffit : incorporez une poignée d’argile verte en poudre ou de la poudre de roche (basalte) lors du brassage. Cela aide à fixer les odeurs sans altérer la qualité de votre « or vert ».

Saviez-vous que le purin d’ortie est aussi un formidable activateur de compost ?
En arrosant votre tas de compost avec du purin dilué (1L de purin pour 10L d’eau), vous accélérez considérablement sa décomposition. Riche en azote et en micro-organismes, il nourrit les bactéries et les vers qui transforment vos déchets verts en un humus riche et fertile pour le potager.

Pour préparer votre purin, le contenant est crucial. Oubliez les bacs en métal qui s’oxydent et peuvent libérer des éléments indésirables.
- Le choix malin : Un grand seau ou une poubelle en plastique alimentaire (PEHD), facile à trouver et à nettoyer.
- Le choix esthétique : Un tonneau en bois de chêne ou de châtaignier, qui s’intègre joliment au jardin mais demande plus d’entretien.
Le secret ? Un couvercle non hermétique, juste posé, pour laisser l’air circuler.

Attention à la surdose : Utiliser le purin d’ortie pur est l’une des erreurs les plus courantes. Sa concentration en nutriments peut littéralement « brûler » les racines des jeunes plants. Respectez toujours les dilutions recommandées : 10% (1L pour 10L d’eau) pour l’arrosage au pied et 5% (0,5L pour 10L d’eau) en pulvérisation sur le feuillage.

L’ortie est reine, mais d’autres plantes sauvages offrent des bienfaits complémentaires. Une fois que vous maîtrisez le purin d’ortie, pourquoi ne pas expérimenter ?
- Le purin de consoude : Très riche en potasse, il est l’allié parfait des plantes à fruits comme les tomates, les courgettes et les fraisiers.
- La décoction de prêle : Pleine de silice, elle renforce les défenses des plantes contre les maladies cryptogamiques comme le mildiou ou l’oïdium.
- Une couleur vert foncé éclatante
- Une résistance accrue aux pucerons
- Une croissance visiblement plus rapide
Le secret ? L’acide formique présent dans les poils urticants de l’ortie. Lors de la fermentation, il se transforme et agit comme un puissant stimulateur des défenses naturelles de la plante, en plus de l’apport nutritif.