Votre Laurier Rose Jaunit ? Le Guide Pratique pour le Comprendre et le Sauver
Ah, le laurier rose… Dans mon coin du Sud, j’en ai qui ont vu passer bien des étés. Certains en pleine terre, d’autres dans de grands pots qui prennent le soleil sur la terrasse. Et une chose est sûre : quand une feuille jaunit, ce n’est jamais pour rien. C’est sa façon de vous parler. Il suffit d’apprendre à décrypter ses messages.
Contenu de la page
Le plus souvent, ce jaunissement (la chlorose, pour les intimes) est le premier SOS de votre plante. Mais pas de panique ! C’est rarement une fatalité. D’ailleurs, pour vous aider à y voir clair tout de suite, voici un petit guide de diagnostic rapide :
- Les feuilles du bas jaunissent et sèchent ? Pensez manque d’eau.
- Les feuilles sont molles, et le jaunissement apparaît un peu partout ? Vous avez sûrement la main trop lourde sur l’arrosage. C’est un excès d’eau.
- Tout le feuillage devient pâle, un peu anémique ? Il a probablement faim et réclame de l’engrais.
On va décortiquer tout ça ensemble. Je vais vous partager mon expérience de terrain, celle qu’on n’apprend pas dans les livres mais les mains dans la terre, pour que votre laurier rose retrouve sa superbe.

Attention, Point Sécurité Crucial : La Toxicité du Laurier Rose
Avant même de penser à sortir le sécateur, une mise au point s’impose, et elle n’est pas négociable. Le laurier rose est l’une des plantes les plus toxiques de nos jardins. Franchement, tout est poison : les feuilles, les fleurs, les tiges… et même la fumée si vous avez la mauvaise idée de le brûler. Le latex laiteux qui suinte quand on le coupe est aussi très irritant.
Alors, on prend de bonnes habitudes :
- Toujours porter des gants et des manches longues. C’est la base.
- Jamais, au grand jamais, de déchets de taille dans le compost. On amène tout à la déchetterie, dans la filière des déchets verts.
- Ne faites JAMAIS de barbecue avec du bois de laurier rose. La fumée est toxique. Une vieille histoire tragique raconte que des gens s’en sont servis comme piques à brochettes… Ça a très mal fini.
- Après manipulation, c’est lavage de mains et des outils obligatoire.
Un bon jardinier est un jardinier prudent. Fin de la parenthèse sécurité, mais gardez-la bien en tête !

La Cause n°1 : La Gestion de l’Arrosage
Dans neuf cas sur dix, c’est la même histoire : un problème d’arrosage. Le laurier rose adore le soleil, mais il est assez capricieux avec l’eau. Il déteste les extrêmes et l’irrégularité.
Le Manque d’Eau : Le Jaunissement de Survie
C’est le scénario classique, surtout pour les lauriers en pot en plein été. La plante est intelligente : pour survivre, elle sacrifie ses plus vieilles feuilles (celles du bas) pour garder son énergie pour les jeunes pousses et les fleurs. Ces feuilles deviennent uniformément jaunes, puis toutes sèches, et tombent.
Le bon diagnostic ? Enfoncez votre doigt dans la terre sur 5-7 cm. Si c’est sec, il a soif. C’est aussi simple que ça. Un pot en terre cuite, qui respire, sèche bien plus vite qu’un pot en plastique. Au plus fort de l’été, un arrosage tous les jours ou deux jours peut être nécessaire pour un sujet en pot.

La solution : Oubliez les petits verres d’eau quotidiens. Faites un arrosage généreux et profond. Pour un pot, arrosez jusqu’à ce que l’eau s’écoule bien par les trous, puis videz la soucoupe au bout de 20 minutes. Pour une plante en pleine terre, un bon arrosage une à deux fois par semaine vaut mieux que des petites aspersions.
L’Excès d’Eau : Les Racines qui Suffoquent
Là, c’est plus sournois et bien plus grave. Le jaunissement est diffus, les feuilles sont molles, sans tonus. Le signe qui ne trompe pas, c’est la terre : si elle est constamment détrempée et sent un peu le renfermé, les racines sont en train de pourrir par manque d’oxygène.
Mon conseil express de jardinier : Le truc le plus simple à faire MAINTENANT ? Videz l’eau stagnante de la soucoupe. Ça prend 10 secondes et ça peut littéralement lui sauver la vie.
Si le mal est fait, stoppez tout arrosage. Pour une plante en pot, vérifiez que les trous d’évacuation ne sont pas bouchés. Si possible, dépotez délicatement pour laisser la motte sécher un peu. En pleine terre, c’est plus dur… Binez la surface pour aérer, mais le sauvetage est plus incertain.

Le Sol et les Nutriments : Quand votre Plante a Faim
Un laurier rose, surtout en pleine floraison, est un grand gourmand. S’il manque de nutriments, il va pâlir et perdre de sa vigueur.
Une carence en azote (le ‘N’ de NPK) est souvent en cause. Cela provoque un jaunissement général, qui commence aussi par les feuilles du bas, mais sans qu’elles ne sèchent aussi vite qu’avec un manque d’eau. La plante a juste l’air… fatiguée.
La solution pro : Au printemps, donnez-lui un engrais pour arbustes à fleurs, de préférence en granulés à libération lente (ça vous coûtera entre 8€ et 15€ le sac qui durera la saison). L’astuce, c’est de choisir un engrais avec un K (Potassium) plus élevé que le N (Azote) pour booster les fleurs, pas seulement les feuilles. Cherchez une formule type NPK 5-10-15. Pour les plantes en pot, un petit coup de pouce avec un engrais liquide toutes les deux semaines en été est une bonne idée. Attention, n’appliquez jamais d’engrais sur une terre sèche, arrosez toujours un peu avant.

Au fait, faut-il couper les feuilles jaunes ? C’est LA question que tout le monde se pose ! La réponse est… ça dépend. Si la feuille est juste en train de jaunir mais est encore attachée, laissez-la. La plante est en train de récupérer les derniers nutriments qu’elle contient. Une fois qu’elle est complètement sèche et se détache toute seule, là vous pouvez l’enlever pour faire plus propre.
Lumière, Parasites et Autres Soucis
Le laurier rose a besoin d’au moins 6 à 8 heures de soleil direct pour être heureux. S’il est trop à l’ombre, il va s’étioler et les feuilles du bas, privées de lumière, jauniront.
Dans les régions plus fraîches, le planter contre un mur exposé sud ou ouest est une excellente idée. Le mur agit comme un radiateur et le protège des vents froids.
Les Invités Indésirables
Les cochenilles sont les ennemies numéro un. Ces petits amas blancs cotonneux ou ces petites carapaces brunes sucent la sève et affaiblissent la plante. Pour vous en débarrasser, oubliez les produits chimiques. Un mélange maison fonctionne à merveille : dans un litre d’eau, mettez une cuillère à soupe de savon noir liquide (le vrai, sans additifs, qui coûte autour de 5€ en jardinerie) et une cuillère à soupe d’huile végétale (colza, tournesol…). Pulvérisez partout, surtout sous les feuilles, et renouvelez une semaine plus tard.

Parfois, vous verrez des sortes de verrues noires sur les tiges. C’est une bactériose. Là, il faut être radical : coupez la branche atteinte bien en dessous des symptômes, et surtout, désinfectez votre sécateur à l’alcool à brûler entre chaque coupe pour ne pas propager la maladie.
Le Pot, le Rempotage et le Cycle de Vie
Parfois, le jaunissement n’est pas un problème, mais juste le cycle de vie normal de la plante qui perd ses vieilles feuilles. Ou alors, votre laurier en pot est tout simplement à l’étroit.
S’il est dans le même pot depuis des années, que les racines sortent par les trous et que la terre sèche en un clin d’œil, il est temps de rempoter. Faites-le au printemps. Le bon geste : choisissez un pot à peine plus grand. Si le vôtre fait 30 cm de diamètre, passez à 35 ou 40 cm, pas plus ! Un pot trop grand garde trop l’humidité. Ma recette de substrat perso : un tiers de bon terreau (un sac de 20L coûte environ 10€), un tiers de terre de jardin, et un tiers de drainage (sable, pouzzolane, billes d’argile).

Attendez-vous à voir une nette amélioration et de nouvelles pousses environ 2 à 3 semaines après avoir corrigé un problème d’arrosage ou de nutrition. La patience est une vertu de jardinier !
Finalement, la compétence la plus importante, c’est l’observation. Touchez la terre, regardez sous les feuilles, soyez attentif. Mon premier laurier rose a aussi eu son lot de feuilles jaunes, et c’est comme ça que j’ai appris. Avec un peu d’attention, le vôtre vous récompensera avec des fleurs spectaculaires pendant des années.
Galerie d’inspiration


Le laurier rose peut survivre à de brèves gelées jusqu’à -5°C, voire -8°C pour les sujets les plus robustes en pleine terre.
Cette résistance a ses limites. Le véritable ennemi n’est pas tant le froid sec que l’humidité stagnante combinée au gel, qui peut faire pourrir ses racines. En pleine terre dans une région à risque, un paillage épais au pied est indispensable pour protéger le collet de la plante.

Des pucerons noirs agglutinés sur les jeunes pousses ?
C’est un classique au printemps. Avant de sortir l’artillerie chimique, optez pour une solution douce. Une pulvérisation d’eau additionnée de savon noir (une cuillère à soupe pour un litre d’eau, de préférence une marque comme Marius Fabre) est redoutable. Appliquez le soir pour ne pas brûler le feuillage au soleil et laissez agir. Un simple rinçage à l’eau claire le lendemain matin suffit souvent à éliminer les indésirables.

Pour un rempotage réussi, la clé est le drainage. Voici la séquence gagnante :
- Choisissez un pot en terre cuite, à peine plus grand (5 cm de diamètre en plus). Sa porosité aide les racines à respirer.
- Placez une couche de 5 cm de billes d’argile ou de graviers au fond.
- Utilisez un terreau de qualité, idéalement un mélange spécifique
Point important : Un jaunissement localisé n’est pas toujours un drame. Les feuilles les plus anciennes, à la base de la plante, finissent naturellement leur cycle de vie, jaunissent et tombent. C’est le renouvellement normal du feuillage. Inquiétez-vous surtout si le phénomène touche les jeunes feuilles ou s’il est généralisé.
Engrais liquide : Action rapide, idéal pour un coup de fouet pendant la floraison. Parfait pour corriger rapidement une carence visible. Ex: un engrais pour géraniums riche en potasse.
Engrais en granulés à libération lente : Nutrition de fond pour toute la saison. On l’incorpore à la terre au printemps et on est tranquille pour des mois. Ex: Osmocote ou un engrais spécial plantes méditerranéennes.
Notre conseil : utilisez les granulés au printemps et réservez le liquide pour un coup de pouce ponctuel en plein été.
- Une touffe de lavande pour le contraste des couleurs et son effet répulsif sur certains pucerons.
- Des agapanthes dont les tiges graphiques s’élancent au-dessus d’un massif.
- Un tapis de romarin rampant pour habiller le pied tout en partageant les mêmes besoins en soleil.
Le secret ? Créer une scène méditerranéenne en associant des plantes qui aiment le même terroir : un sol bien drainé et une exposition en plein soleil.
Au-delà de son aspect, un laurier rose en bonne santé éveille les sens. Par une chaude soirée d’été, approchez-vous. Selon la variété, ses fleurs exhalent un parfum délicat et sucré, parfois teinté d’une note d’amande. C’est l’odeur même des vacances dans le Sud, une récompense subtile qui transforme le jardin en une véritable expérience sensorielle.
Une seule feuille de laurier rose contient assez de cardénolides (comme l’oléandrine) pour être potentiellement mortelle pour un enfant ou un animal de compagnie.
Vous aimez son allure mais sa toxicité vous inquiète ? Deux alternatives magnifiques existent :
Le Laurier-tin (Viburnum tinus) : Un feuillage persistant très similaire, une floraison hivernale blanche et parfumée, et une bien meilleure résistance au froid. Sa toxicité est très faible.
Le Lilas des Indes (Lagerstroemia) : Il perd ses feuilles en hiver, mais sa floraison estivale est spectaculaire et il adore la chaleur, recréant parfaitement une ambiance estivale et colorée.
Si votre laurier rose est en pot dans une région où le gel est sévère, l’hivernage est crucial. Rentrez-le avant les premières fortes gelées dans un local lumineux mais non chauffé, comme une véranda ou un garage avec une fenêtre. La température idéale se situe entre 5 et 10°C. Réduisez alors l’arrosage au strict minimum : une fois par mois suffit amplement pour éviter le dessèchement complet de la motte.