Votre Mur a Froid ? Mon Guide pour Choisir la Grimpante Parfaite pour l’Hiver

Auteur Chloé Lambert

J’ai passé un temps fou dans les jardins, à les voir vivre au fil des saisons. Et franchement, ce qui me bluffe le plus, c’est l’hiver. Un jardin bien pensé ne s’éteint pas avec le froid ; il révèle son ossature, ses lignes de force. Et au cœur de ce spectacle, il y a les plantes grimpantes à feuillage persistant. C’est un peu la colonne vertébrale du décor hivernal.

Bien sûr, on pense souvent à elles pour masquer un mur un peu moche ou un crépi fatigué. C’est une excellente raison ! Mais leur rôle va bien au-delà. Elles sont un refuge cinq étoiles pour les oiseaux et les insectes quand tout est gelé. Elles créent une toile de fond verdoyante qui fait ressortir le moindre perce-neige. Et en bonus, elles protègent votre mur des grosses intempéries.

Attention, le mot « persistant » ne veut pas dire que la plante est congelée dans le temps. Son métabolisme ralentit, c’est tout. Certaines feuilles peuvent tomber s’il fait un froid de canard, mais elles seront vite remplacées au printemps. C’est un signe de vitalité, pas de faiblesse. Comprendre ça, c’est déjà avoir tout compris.

lierre un plant qui ne perd pas ses feuilles en hiver

Ce guide, ce n’est pas une simple liste piochée sur internet. C’est le résultat de mes observations sur le terrain, avec mes réussites et, oui, mes erreurs. L’idée, c’est de vous aider à trouver LA bonne compagne pour votre mur, votre climat et votre niveau de patience.

Étape 1 : Avant de sortir la bêche, on observe !

La plus grosse erreur en jardinage ? Craquer pour une photo dans un magazine sans se poser les bonnes questions. Une plante grimpante, c’est un engagement sur le long terme. Alors, prenez ce temps de réflexion. C’est le conseil le plus précieux que je puisse vous donner.

L’exposition : une histoire de soleil

L’orientation de votre mur, c’est le facteur numéro un. Tout part de là.

  • Plein soleil (Sud ou Ouest) : Le top pour les plantes qui ont besoin de chaleur pour fleurir à foison, comme le Jasmin étoilé. Attention, en plein été, le mur peut devenir un vrai four ! Un bon paillage au pied est non négociable pour garder les racines au frais.
  • Mi-ombre (Est ou Ouest doux) : C’est la situation la plus simple, un vrai boulevard. La plupart des grimpantes adorent. Le Chèvrefeuille de Henry ou la Clématite d’Armand y seront comme des rois.
  • Ombre (Nord) : Le choix est plus restreint, mais loin d’être impossible. C’est le royaume du lierre. N’essayez surtout pas d’y planter une amatrice de soleil ; elle survivrait peut-être, mais sans jamais fleurir, toute chétive.
jasmin qui ne perd pas ses feuilles en hiver et fleur blanc

Le sol : les pieds bien sur terre

Votre grimpante va passer sa vie au même endroit, alors son sol doit être impeccable. Le critère essentiel, c’est le drainage. Aucune n’aime avoir les pieds dans l’eau en hiver. Pour tester, c’est facile : creusez un trou de 30 cm, remplissez-le d’eau. Si elle a disparu en moins d’une heure, c’est parfait. Si elle stagne, il va falloir bosser un peu.

Pour un sol argileux et compact, incorporez du compost bien mûr (le vôtre, ou comptez 10-15€ le sac de 50L en jardinerie) et une poignée de sable grossier. Ça créera une poche de terre plus aérée et accueillante. Si votre sol est pauvre et sableux, le compost aidera à retenir l’eau et les nutriments.

Le support : l’armature de votre projet

Il existe deux types de grimpeuses : celles qui s’accrochent toutes seules avec des crampons (le lierre) et celles qui s’enroulent et ont besoin qu’on les aide (jasmins, chèvrefeuilles). Le choix du support en dépend.

jasmin primevère qui ne perd pas ses feuilles en hiver avec un fleur jaune

Pour celles qui s’agrippent seules, un mur en bon état suffit. J’insiste : EN BON ÉTAT. Si votre crépi est fissuré, le lierre s’y infiltrera et aggravera les choses. Il n’est pas le coupable, mais il profite de la situation.

Pour les autres, il faut installer un support. Une solution discrète et efficace, ce sont des fils de fer galvanisé tendus à l’horizontale tous les 40 cm. Installer ça, franchement, c’est assez simple : vous vissez des pitons à expansion dans le mur tous les 1,50 m, vous tendez le fil entre eux, et hop ! Le plus long, c’est de percer les trous proprement. Un kit complet pour couvrir 5 mètres de mur coûte environ 40 euros. Sinon, un treillage en bois ou en métal fait très bien l’affaire, mais investissez dans la qualité (bois classe 4 ou métal inoxydable). Un treillage de bonne qualité vous coûtera entre 30€ et 80€ selon ses dimensions.

jasmin etoile avec feuilles verts et fleurs blancs

Mon carnet de sélection personnel (avec les bons et les mauvais côtés)

Voici les plantes que je recommande le plus souvent. Je vous donne leurs qualités, mais aussi leurs petits défauts. Un bon artisan est toujours transparent !

Le Lierre (Hedera) : l’infatigable

Imbattable pour les murs au nord. Il couvre vite et bien. D’ailleurs, ses fleurs d’automne, bien que discrètes, sont un festin pour les derniers insectes butineurs. Une fois bien installé, comptez sur une croissance d’au moins 1 mètre par an. Je préfère les variétés à grandes feuilles comme le lierre d’Irlande, ou celles panachées comme ‘Goldheart’ (cœur jaune) pour éclairer un coin sombre.

Son entretien ? Le contenir ! Une ou deux fois par an, un coup de cisaille pour l’empêcher d’aller taquiner les gouttières et les fenêtres. N’ayez pas peur d’être ferme.
Le piège à éviter : Le lierre a mauvaise réputation, car il demande une certaine responsabilité. Ne le plantez pas si vous n’êtes pas prêt à le tailler chaque année.
Bon à savoir pour les animaux : Attention, les feuilles et surtout les baies du lierre sont toxiques pour les chiens et les chats si ingérées en grande quantité. À surveiller !

ercilla volubilis avec des feuilles verts et fleur rose

Le Chèvrefeuille de Henry (Lonicera henryi) : la force tranquille

Il n’a pas les fleurs parfumées de ses cousins, mais quelle fiabilité ! Il reste vert même par -15°C et pousse vite, idéal pour cacher un vis-à-vis en un temps record (plus d’un mètre par an dès la deuxième année). Ses petites fleurs rose-jaune sont suivies de baies noires qui régalent les merles en hiver. Il s’enroule seul sur son support, mais il faut le guider un peu au début.

Son entretien ? Une petite taille tous les 2-3 ans pour éviter qu’il ne se dégarnisse à la base suffit.
Le piège à éviter : Il peut attraper l’oïdium (un voile blanc sur les feuilles) si l’air ne circule pas. Une taille d’éclaircissage est le meilleur remède.
Bon à savoir pour les enfants : Les baies sont jolies, mais toxiques pour nous ! Une info cruciale si des petits courent dans le jardin.

chèvrefeuille henryi feuilles verts avec fleure rose

La Clématite d’Armand (Clematis armandii) : l’élégance printanière

Ses longues feuilles brillantes sont superbes toute l’année. Mais son moment de gloire, c’est en mars-avril, quand elle se couvre de fleurs blanches au parfum d’amande. C’est la plante qui illustre parfaitement le dicton : « la tête au soleil, le pied à l’ombre ». Le secret est de planter une petite vivace à son pied pour protéger les racines de la chaleur.

Son entretien ? Quasi nul. On ne la taille pas, sauf pour enlever une branche morte après la floraison. Ne la touchez jamais en hiver, ou adieu les fleurs !
Le piège à éviter : Elle est plus frileuse qu’on ne le dit (-10°C/-12°C max). Un gel tardif peut griller la floraison. Je la déconseille dans les régions aux hivers vraiment rudes.
Bon à savoir pour les animaux : Super nouvelle, elle est considérée comme non toxique pour les chiens et les chats.

jasmin primevère avec des fleurs jaunes et feuilles verts

Le Jasmin étoilé (Trachelospermum) : le classique qui a tout bon

Son feuillage vert lustré prend de superbes teintes pourpres avec le froid. Et l’été, ses petites fleurs blanches en hélice diffusent un parfum… divin. Il est lent à démarrer (soyez patient les deux premières années, il fait ses racines), mais après, il file à 50 cm ou 1 mètre par an.

Son entretien ? Une taille légère après la floraison pour garder une belle silhouette. Mettez des gants, son latex blanc est collant et peut irriter.
Le piège à éviter : Sa rusticité est limitée à -10°C. C’est un excellent choix pour les climats doux et les patios urbains abrités.
Le gros + : C’est le champion pour la culture en pot sur un balcon ou une terrasse ! Prévoyez un bac d’au moins 40-50 cm de profondeur et un arrosage plus suivi qu’en pleine terre.

Étape 2 : La plantation dans les règles de l’art

Une heure passée à bien préparer le trou de plantation, ce sont des années de gagnées pour la plante. C’est ma règle d’or.

jasmin etoile avec des feuilles verts plante qui ne perd pas ses feuilles en hiver

Avant de vous lancer, rassemblez votre matériel : une bonne bêche, un sécateur, un arrosoir de 10L et votre sac de compost. Ça évite de courir partout.

  1. Creusez un trou large et profond : Au moins deux fois la taille du pot (40-50 cm en tous sens).
  2. Améliorez votre terre : Mélangez la terre sortie avec une bonne moitié de compost ou de terreau de plantation.
  3. Préparez la motte : Baignez le pot dans un seau d’eau. Une fois les bulles parties, démoulez et griffez doucement les racines si elles forment un chignon serré.
  4. Plantez en biais : C’est l’astuce de pro ! Inclinez légèrement la motte vers le mur pour l’aider à trouver son chemin.
  5. Rebouchez, tassez à la main (sans piétiner !) et formez une petite cuvette au pied.
  6. Arrosez généreusement : Au moins 10 litres, même s’il pleut. Ça chasse les poches d’air et assure un bon contact entre la terre et les racines.

Alors, laquelle est faite pour vous ?

Choisir une grimpante persistante, c’est un peu comme adopter un animal de compagnie. Il faut du temps pour s’apprivoiser. Il y aura des moments de joie et peut-être quelques doutes.

Au lieu de chercher la plante parfaite qui n’existe pas, cherchez celle qui est parfaitement adaptée à votre lieu de vie, à votre budget et à votre envie de jardiner. Pour un plant de belle taille en jardinerie, comptez entre 15€ et 35€.

Pour vous aider à choisir :

  • Besoin d’une couverture express et sans souci (ou presque) ? Foncez sur le Lierre. Idéal à l’ombre, mais demande de la discipline à la taille.
  • Besoin de cacher un vis-à-vis rapidement ? Le Chèvrefeuille de Henry est votre homme. Robuste et fiable, mais ses fleurs sont discrètes.
  • Envie d’élégance et d’un parfum de printemps ? La Clématite d’Armand est un bijou, mais elle est un peu frileuse et exigeante sur son emplacement.
  • Pour le plein soleil, le parfum d’été et la culture sur balcon ? Le Jasmin étoilé est un incontournable, à condition d’être patient au début.

Soyez curieux, observez le soleil sur votre mur, touchez votre terre. La plante que vous choisirez ne sera pas qu’une simple déco. Elle deviendra une part vivante de votre maison, belle et vibrante, même au cœur de l’hiver.

Inspirations et idées

Ma grimpante va-t-elle abîmer mon mur ?

C’est la crainte n°1 ! La réponse dépend de la plante et de l’état du mur. Les grimpantes à crampons ou à ventouses, comme le lierre ou la vigne vierge, s’accrochent seules. Sur un mur sain, bien jointoyé, le risque est minime ; elles le protègent même des intempéries. En revanche, si votre mur présente déjà des fissures, leurs crampons peuvent s’y infiltrer et les agrandir. Pour une tranquillité absolue, optez pour des plantes volubiles (chèvrefeuille, clématite) ou à vrilles (jasmin) qui nécessitent un support (treillage, câbles). Ainsi, vous maîtrisez totalement leur contact avec la façade.

Une étude de la RSPB (Société Royale pour la Protection des Oiseaux britannique) a révélé que les baies de lierre, mûres en fin d’hiver, constituent une source de nourriture riche en graisses pour au moins 17 espèces d’oiseaux, dont les merles et les grives, lorsque les autres ressources sont épuisées.

Au-delà de son esthétique, un mur couvert de lierre devient une véritable oasis de biodiversité. Il offre non seulement un garde-manger vital, mais aussi un abri sûr contre le froid et les prédateurs pour les oiseaux et de nombreux insectes utiles.

Support classique vs. Câbles design :

Le treillage en bois : Chaleureux et traditionnel, il est parfait pour les maisons de campagne. Il offre une bonne surface d’accroche. Son défaut : une durée de vie limitée (5-10 ans) s’il n’est pas traité, et il peut être difficile de repeindre le mur derrière.

Le système de câbles en inox : Moderne et quasi invisible, il est idéal pour une esthétique épurée. Des marques comme Jakob ou S3i proposent des kits durables et discrets qui laissent la plante flotter devant le mur. L’investissement initial est plus élevé, mais la longévité est incomparable.

Pour un effet graphique et une touche de lumière dans les coins sombres, pensez aux feuillages panachés. Le Lierre de Colchide ‘Sulphur Heart’ offre de grandes feuilles vertes éclaboussées de jaune-crème, tandis que le Fusain de Fortune (Euonymus fortunei) ‘Emerald ‘n’ Gold’, bien que plus modeste en hauteur, illumine la base d’un mur de son feuillage doré qui se teinte de rose avec le froid.

  • Une couverture végétale dense dès la base du mur.
  • Des ramifications multiples et vigoureuses.
  • Une plante plus saine et moins susceptible d’être

    L’association la plus maligne pour un intérêt toute l’année ? Marier une grimpante persistante avec une clématite à grande floraison estivale. Le feuillage du premier (un Chèvrefeuille de Henry, par exemple) sert de toile de fond en hiver et de support discret en été pour les fleurs spectaculaires de la seconde, comme celles d’une Clematis ‘The President’. Effet double, entretien minimal.

    La Clematis cirrhosa ‘Jingle Bells’ ne se contente pas de survivre à l’hiver ; elle y fleurit, offrant de délicates clochettes blanc crème, parfois légèrement parfumées, de décembre à février. Un spectacle poétique quand le reste du jardin sommeille.

    Point important : Le piège de l’hiver sec. On pense à arroser en été, mais on oublie l’hiver. Or, une plante à feuillage persistant continue de perdre de l’eau par évapotranspiration. Si le sol est gelé ou très sec pendant une période prolongée (sans pluie ni neige), la plante peut mourir de soif. Un arrosage copieux lors des journées de dégel est un geste de survie essentiel.

    Préparez le terrain pour des décennies de succès. Le trou de plantation est capital.

    • Creusez un trou deux fois plus large et profond que le pot d’origine.
    • Incorporez généreusement du compost bien mûr et une poignée de mycorhizes (comme le produit Rootgrow) pour stimuler le système racinaire.
    • Installez la motte en l’inclinant légèrement vers son support, à environ 20-30 cm de la base du mur pour assurer une bonne circulation d’air.

    Pour un support rustique et économique, pourquoi ne pas le créer vous-même ? Avec quelques branches de noisetier ou de châtaignier droites et solides, plantez des montants verticaux dans le sol et tressez des branches plus fines à l’horizontale. C’est une solution écologique et esthétique qui se fond parfaitement dans un jardin au naturel, idéale pour guider les premières années d’un chèvrefeuille ou d’un jasmin d’hiver.

Chloé Lambert

Décoratrice Contemporaine & Chasseuse de Tendances
Ses spécialités : Design moderne, Éclairage d'ambiance, Mobilier design
Chloé a l'œil pour repérer les tendances avant qu'elles n'arrivent dans les magazines. Après plusieurs années dans le merchandising visuel pour de grandes enseignes, elle s'est lancée dans le conseil déco. Son appartement lyonnais est un véritable showroom où elle teste toutes ses idées avant de les partager. Fascinée par l'impact de la lumière sur nos émotions, elle collectionne les luminaires vintage qu'elle mélange avec des pièces ultra-modernes. Son secret ? Ne jamais suivre les règles à la lettre.