Planter dans le compost : La vérité que les débutants doivent connaître

Auteur Chloé Lambert

C’est LA question qui revient tout le temps, au coin d’un potager ou pendant un atelier : « Alors, on peut mettre ses salades direct dans le tas de compost ? ». Si vous cherchez vite fait sur internet, la réponse est souvent un « non » sec et définitif. Mais franchement, après des années à avoir les mains dans la terre, j’ai appris que la réalité est bien plus intéressante que ça. C’est une histoire de patience et, surtout, de compréhension.

Le compost, ce n’est pas juste un truc qu’on achète en sac. Ce n’est ni de la terre, ni un engrais magique. C’est le cœur vivant de votre jardin. Tenter de planter directement dedans sans réfléchir, c’est l’échec quasi assuré. Mais apprendre à l’utiliser intelligemment, en surface, c’est la clé d’un potager hyper fertile, avec beaucoup moins d’efforts. Laissez-moi vous raconter ce que des années d’essais (et quelques ratés, bien sûr) m’ont appris.

mains qui tiens composte quelle est la différence entre le terreau et le compost

1. Le compost, c’est quoi au juste ?

Avant de sortir la fourche, il faut savoir à quoi on a affaire. Le compost n’est pas une matière inerte, c’est le résultat d’une transformation, d’une véritable digestion par des milliards de micro-organismes. L’oublier, c’est aller droit dans le mur.

La recette : on met quoi (et on évite quoi) ?

C’est la base de tout. Un bon compost, c’est comme une bonne recette de cuisine, il faut les bons ingrédients. C’est la première question que tout le monde se pose, alors allons-y !

  • À mettre SANS hésiter (les matières « vertes » et « brunes ») : Épluchures de fruits et légumes, marc de café et filtres, sachets de thé, coquilles d’œufs écrasées, tontes de gazon (en fine couche !), feuilles mortes, petites branches broyées, paille, foin, carton brun sans encre ni adhésif, papier journal…
  • À éviter ABSOLUMENT : La viande et le poisson (attirent les nuisibles et sentent mauvais), les produits laitiers, l’huile, les restes de plats cuisinés, les excréments de chien ou de chat (risques de maladies !), les mauvaises herbes montées en graines et les plantes malades.
  • Avec modération : Les agrumes et les oignons (très acides, ils ralentissent le processus), le pain, les cendres de bois (juste un peu, c’est riche en potasse mais change le pH).

L’astuce, c’est l’équilibre. La règle d’or est d’avoir environ deux à trois volumes de matières « brunes » (sèches, carbonées) pour un volume de matières « vertes » (humides, azotées). Trop de vert ? Ça va puer et devenir gluant. Trop de brun ? Il ne se passera rien, ça restera sec et froid pendant des mois.

la difference entre terreau et compost

Reconnaître un compost « mûr » et prêt à l’emploi

Alors, comment on sait qu’il est prêt ? Un compost mûr est la condition sine qua non pour l’utiliser au potager. D’ailleurs, ne soyez pas trop pressé : un bon compost prend du temps. Comptez entre 6 et 12 mois pour obtenir un bel humus bien décomposé.

Voici les signes qui ne trompent pas :

  • La couleur : Il est bien foncé, presque noir.
  • L’odeur : Ça sent bon la forêt après la pluie, l’humus. Fini les odeurs de cuisine ou d’ammoniac.
  • La texture : C’est fin, friable, et on ne reconnaît quasiment plus les déchets de départ.
  • La température : Il est à température ambiante. S’il est encore chaud au cœur, c’est qu’il travaille encore !

Petit conseil de pro : pour avoir une texture parfaite pour les semis, je passe toujours mon compost mûr dans un tamis à mailles de 1 cm. Les gros morceaux qui restent ? Hop, ils retournent dans le composteur pour un nouveau cycle.

compost sera obligatoire en france homme qui tiens dans ses mains composte

2. La vraie bonne méthode : planter SUR le compost

On arrive enfin au cœur du sujet. On ne plante pas dans le compost, mais sur une couche de compost qu’on dépose sur le sol. C’est le principe du jardinage sans travail du sol, ou « no-dig » pour les intimes. Une approche qui change la vie, mais qui demande d’oublier le vieux réflexe de tout retourner à la bêche.

Où trouver tout ce compost (et à quel prix) ?

Pour démarrer une nouvelle parcelle, il en faut une bonne quantité. Vous vous demandez sûrement où le trouver. Plusieurs options s’offrent à vous :

  • Fait maison : C’est la solution la plus économique (gratuite !) et la plus gratifiante, mais il faut être patient.
  • En sacs (jardinerie) : Très pratique, mais le budget peut vite grimper. Comptez entre 5€ et 10€ pour un sac de 20L. Pour couvrir 1m² avec 10 cm d’épaisseur, il vous faudra 100L, soit environ 25€ à 50€.
  • En vrac (compostière locale, déchetterie) : Souvent le meilleur rapport qualité-prix. Renseignez-vous auprès de votre commune, les prix sont souvent très bas, voire gratuits pour les habitants. La qualité est généralement très bonne.
comment semer des legumes directement sur le compost

Créer un potager sur gazon : le guide pas à pas

Voici ma méthode fétiche pour transformer un bout de pelouse en potager productif, sans se casser le dos.

  1. Préparation : Tondre et couvrir. Tondez l’herbe au plus ras. Pas besoin de l’enlever. Posez des cartons bruns (sans plastique ni scotch !) directement dessus, en les faisant bien se chevaucher de 20 cm. Le carton va priver l’herbe de lumière et l’étouffer. Les vers de terre vont adorer !
  2. Application du compost : La couche de vie. Étalez une couche de compost BIEN MÛR sur le carton. Pour une première année, soyez généreux : une épaisseur de 10 à 15 cm est idéale. C’est ce qui formera votre premier lit de culture.
  3. Plantation : On s’adapte ! Vous pouvez planter immédiatement. Pour des plants en motte (salades, courgettes), faites un trou dans le compost et installez votre plant. Pour les semis (carottes, radis), le compost pur est parfois un peu grossier. Mon astuce : je trace un sillon, que je remplis avec un mélange 50/50 de compost tamisé et de bon terreau pour semis. C’est parfait pour démarrer.
  4. Arrosage et paillage : Arrosez bien une première fois pour tasser le tout. Ensuite, le compost agira comme une éponge et vous ferez des économies d’eau. J’ajoute toujours un petit paillage (paille, feuilles) pour protéger cette belle couche de compost du soleil.

Et voilà ! C’est un investissement au départ, mais le jeu en vaut la chandelle. Pour démarrer un petit carré, votre liste de courses serait : des cartons (gratuits, demandez aux supermarchés !), du compost (entre 20€ et 50€/m² si acheté) et c’est tout ! Si votre sol est vraiment très lourd et argileux, un petit coup de grelinette (un outil qui aère sans retourner, comptez environ 80€ pour un bon modèle) avant de poser les cartons peut être une bonne idée.

la technique pour planter directement dans du compost

3. Les pièges à éviter (les leçons de l’expérience)

Cette méthode est géniale, mais pas magique. Il y a quelques erreurs de débutant à ne pas commettre.

Le premier piège, et j’insiste lourdement : n’utilisez JAMAIS de compost pur pour remplir des pots ou des jardinières. Je l’ai fait, et c’est une catastrophe. Au début, ça pousse, puis le compost se tasse, s’asphyxie, et les racines pourrissent. Pour les pots, il faut un vrai terreau. Vous pouvez par contre l’améliorer en y mélangeant 20 à 30% de votre meilleur compost.

Attention aussi aux herbicides résiduels ! C’est un vrai cauchemar moderne. Certains traitements sur les céréales ou le foin peuvent se retrouver dans le fumier et donc dans le compost. Résultat : vos tomates et haricots se déforment et meurent. Si vous récupérez du fumier, demandez TOUJOURS son origine. En cas de doute, semez quelques haricots dans un pot de ce compost. Si les feuilles s’enroulent bizarrement, ne l’utilisez pas.

peut on planter dans du compost maison avec une cour

Enfin, un petit mot sur la sécurité. Quand vous brassez un compost un peu sec, portez un masque (un simple FFP2 suffit), car les poussières peuvent contenir des spores de champignons pas top pour les poumons.

4. À chaque plante son menu

Toutes les plantes n’ont pas les mêmes besoins. Adapter la dose de compost, c’est la clé.

Les grosses gourmandes, comme les courges, les potirons, les tomates et le maïs, adorent la méthode no-dig avec une couche épaisse de 10 à 15 cm de compost. N’hésitez pas à en rajouter une pelletée au pied à la plantation.

Ensuite, il y a les appétits moyens : salades, épinards, betteraves, brocolis… Pour eux, une couche de 5 à 7 cm en surface est largement suffisante. Pour les légumes-racines comme les carottes, un compost bien tamisé est crucial pour qu’elles poussent bien droites.

Les plus frugales, comme l’ail, l’oignon, l’échalote ou la mâche, n’aiment pas l’excès. Trop de compost les rend malades. Un tout petit apport de 1 à 2 cm, juste griffé en surface avant de planter, leur suffit amplement.

utilisation du compost pur dans le jardinage

Et attention, il y a des exceptions ! Les herbes méditerranéennes (thym, romarin…) détestent les sols riches. Zéro compost pour elles. Pareil pour les plantes de terre de bruyère (rhododendrons, camélias) qui ont besoin d’un sol acide, alors que notre compost de jardin est souvent trop calcaire pour elles.

5. Pour aller plus loin : le thé de compost

Une fois que vous maîtrisez les bases, vous pouvez tester des trucs sympas comme le thé de compost aéré. Ce n’est pas un simple jus, c’est un concentré de vie ! Dans un seau d’eau de pluie, faites infuser une grosse poignée de votre meilleur compost (dans un vieux collant, ça marche nickel) avec une cuillère de mélasse. Aérez le tout avec un bulleur d’aquarium pendant 24h. Dilué à 10%, c’est un probiotique formidable à pulvériser sur les feuilles pour renforcer les plantes contre les maladies. Magique !

Au final, la question n’est pas de savoir si on peut planter DANS le compost, mais comment s’en servir pour travailler AVEC la nature. On arrête de vouloir dominer la terre en la retournant, et on se met à la nourrir par le dessus, comme le fait la forêt depuis toujours. Mon conseil ? Commencez petit, avec un carré d’un mètre sur un mètre. Observez, touchez, sentez. Le jardinage, ce n’est pas une recette, c’est un dialogue.

les plantes qui n aiment pas le compost

Galerie d’inspiration

mettre du compost dans les plantes en pot
fleur de jardin fleuri en rose et violet

Une seule cuillère à café de compost mûr peut contenir plus d’un milliard de micro-organismes bénéfiques.

Ce n’est pas juste un engrais, c’est une véritable inoculation de vie pour votre sol. Ces bactéries et champignons créent un réseau souterrain qui protège les racines, décompacte la terre et rend les nutriments disponibles pour vos plantes, bien mieux que n’importe quel produit de synthèse.

arbuste fleuri en rose de grand taille peut on planter des plants dans le composte

Composteur rotatif : Idéal pour les petits espaces et les balcons, un modèle comme le

plante verte de petits tailles en train d etre remporter

Mon compost sent l’ammoniac ou le chou pourri, que faire ?

C’est le signe d’un manque d’air et d’un excès de matières

comment planter avec du compost
  • Un coup de fouet nutritif pour les plantes en pot.
  • Une protection foliaire contre certaines maladies.
  • Parfait pour les semis fragiles.

Le secret ? Le

compost comme paillage

L’astuce pour les gourmandes : Les plantes comme les tomates, les courges ou les rosiers adorent un sol riche. Au moment de la plantation, ne mettez pas le plant dans du compost pur, mais creusez un trou plus large et mélangez une ou deux bonnes pelletées de compost mûr à la terre que vous remettrez en place. C’est le meilleur départ possible.

comment utiliser le compost dans le jardin

Pour un rempotage réussi, oubliez le terreau bon marché et créez votre propre mélange sur-mesure. Voici une base qui fonctionne à tous les coups :

  • 2 parts de terre de jardin (ou de terreau de qualité)
  • 1 part de compost bien mûr et tamisé
  • 1 part de perlite ou de sable grossier pour le drainage

Nourrir son compost, ce n’est pas jeter ses déchets. C’est préparer la fertilité de demain et rendre à la terre ce qu’elle nous a donné.

Chloé Lambert

Décoratrice Contemporaine & Chasseuse de Tendances
Ses spécialités : Design moderne, Éclairage d'ambiance, Mobilier design
Chloé a l'œil pour repérer les tendances avant qu'elles n'arrivent dans les magazines. Après plusieurs années dans le merchandising visuel pour de grandes enseignes, elle s'est lancée dans le conseil déco. Son appartement lyonnais est un véritable showroom où elle teste toutes ses idées avant de les partager. Fascinée par l'impact de la lumière sur nos émotions, elle collectionne les luminaires vintage qu'elle mélange avec des pièces ultra-modernes. Son secret ? Ne jamais suivre les règles à la lettre.