Bouturer le Jasmin Étoilé : Le Guide Complet Pour Réussir (Même en Partant de Zéro)
Franchement, il y a des parfums qui signent le retour des beaux jours, et celui du jasmin étoilé est clairement dans mon top 3. Je me souviendrai toujours de cette pergola, dans un jardin du sud, littéralement couverte de ces milliers de petites étoiles blanches… L’odeur était incroyable. C’est là que j’ai su que cette plante, que certains appellent « faux jasmin », ferait partie de ma vie de jardinier pour de bon.
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Multiplier cette liane est devenu une sorte de rituel pour moi. J’ai tout testé, des réussites folles aux échecs qui, avec le recul, m’ont beaucoup appris. Aujourd’hui, j’ai envie de partager avec vous plus qu’une simple recette. On va voir ensemble les vraies méthodes, celles qui marchent, et surtout, pourquoi elles marchent. Parce qu’en jardinage, quand on comprend le « pourquoi », le « comment » devient une évidence.
Avant de couper, on réfléchit un peu !
Avant même de dégainer le sécateur, il faut piger ce qu’on demande à la plante. Faire une bouture, ce n’est pas de la magie. On provoque une petite blessure, et on compte sur la biologie de la plante pour qu’elle réagisse en créant un nouvel individu. C’est un principe fascinant : certaines de ses cellules peuvent se réinitialiser pour former des racines, puis une plante entière.

Le secret est dans les nœuds
Regardez de près une tige de jasmin étoilé. Vous voyez ces points d’où partent les feuilles ? Ce sont les nœuds. Considérez-les comme de petites usines biologiques. C’est là que se concentrent les hormones de croissance naturelles qui ordonnent la création de racines. C’est pour cette raison qu’on coupe presque toujours juste en dessous d’un nœud. On met ainsi cette « usine à racines » en contact direct avec la terre.
Et les hormones de bouturage, ça sert vraiment ?
Bonne question ! Quand on trempe la base d’une bouture dans cette poudre ou ce gel blanc, on lui donne juste un grand coup de boost. On envoie un signal très clair à la tige : « OK, oublie les feuilles, maintenant, on fait des racines ! ».
Est-ce que c’est indispensable ? Non. Est-ce que ça fait passer votre taux de réussite de 30% à plus de 80% ? Absolument. Honnêtement, pour quelques euros, ça vaut le coup d’investir. Vous trouverez ça dans n’importe quelle jardinerie (type Gamm Vert, Jardiland) ou au rayon jardin de votre magasin de bricolage pour un prix situé entre 5 et 15 €. Le pot est minuscule, mais il vous durera des années.

D’ailleurs, petit aparté sur les astuces de grand-mère comme l’eau de saule. J’ai testé, par curiosité. Pour des plantes d’intérieur faciles, pourquoi pas. Mais pour une plante ligneuse comme le jasmin étoilé, l’effet est quasi nul. Ne perdez pas votre temps avec ça si vous voulez des résultats.
Les 3 méthodes sur le gril : avantages et inconvénients
Allez, on passe au concret. Il y a plusieurs façons de faire, mais toutes ne se valent pas. Voici un résumé basé sur mon expérience de terrain, sans langue de bois.
D’un côté, on a la bouture semi-aoûtée. C’est la méthode des pros, la plus fiable et celle qui donne les meilleurs résultats en grand nombre. Elle demande un peu de rigueur, mais c’est celle que je vous recommande.
Ensuite, il y a le marcottage. C’est LA méthode 100% sécurisée pour l’amateur. Le taux de réussite est proche de la perfection, car la tige reste connectée à la plante mère pendant qu’elle fait ses racines. C’est la ceinture de sécurité du jardinier !

Et enfin, la fameuse bouture dans l’eau… On la voit partout sur internet, et elle a l’air si simple. Mais pour le jasmin étoilé, je vous le dis tout de suite : c’est une fausse bonne idée. Les échecs sont très fréquents et on va voir pourquoi.
La méthode pro : la bouture semi-aoûtée pas à pas
C’est ma préférée, et de loin. Le mot « semi-aoûté » veut juste dire que le bois n’est ni tout jeune et mou, ni vieux et dur. Il est ferme à la base mais encore un peu souple à la pointe. C’est le stade idéal.
1. Le bon timing et le bon matériel
Le moment parfait se situe à la fin de l’été, entre fin juillet et début septembre. La plante est pleine d’énergie. Pensez à bien arroser votre jasmin la veille du prélèvement, c’est un détail qui compte.
Avant de commencer, préparez votre petite liste de courses :

- Un bon sécateur ou un greffoir (une lame propre, c’est la base !)
- De l’alcool à 70° pour désinfecter la lame
- De l’hormone de bouturage (optionnel mais fortement recommandé)
- Un bon terreau « spécial semis et bouturage » (cherchez cette mention, c’est important !)
- De la perlite, de la vermiculite ou du sable de rivière grossier pour le drainage
- Des petits pots (10-15 cm de diamètre)
- Une bouteille en plastique ou un sac congélation transparent
La propreté de vos outils n’est pas une manie, c’est ce qui évite la propagation de maladies qui peuvent tuer toutes vos boutures en une nuit.
2. Le geste qui sauve : la coupe parfaite
Prélevez des tiges de l’année d’environ 15-20 cm. Juste sous un nœud, faites une coupe nette en biseau. Cet angle augmente la surface pour la création des racines.
Ensuite, retirez toutes les feuilles du bas, ne gardez que les 2 ou 4 feuilles du haut. Elles serviront de mini panneaux solaires pour alimenter la bouture.

Et maintenant, l’astuce de pro qui change tout : avec la pointe de votre lame, grattez très légèrement l’écorce sur 1 à 2 cm à la base de la bouture. Cette petite blessure volontaire stimule énormément la production de racines. C’est le secret le mieux gardé des pépiniéristes !
Trempez ensuite la base dans l’hormone, tapotez pour enlever l’excédent, et voilà.
3. Le substrat idéal : le nid douillet des racines
N’utilisez JAMAIS de terre de jardin, c’est le meilleur moyen de tout faire pourrir. Le mélange parfait, c’est simple : 50% de terreau pour semis et 50% de perlite (ou de sable). La perlite, ces petites billes blanches, ça ne coûte presque rien (environ 5-10€ le sac chez Castorama ou Leroy Merlin) et ça aère le mélange, ce qui est vital. Votre substrat doit être humide comme une éponge essorée, pas détrempé.
4. Plantation et mise sous cloche
Remplissez vos pots. Faites des pré-trous avec un crayon pour ne pas abîmer la base des boutures. Piquez plusieurs boutures par pot, surtout sur les bords, c’est là que ça prend le mieux. Tassez un peu.

Maintenant, l’étape cruciale : il faut créer une mini-serre. C’est ce qu’on appelle la culture « à l’étouffée ». Coupez une bouteille en plastique en deux et coiffez votre pot avec le haut. Un sac congélation transparent tenu par un élastique fonctionne aussi très bien. Cela maintient une humidité maximale et empêche vos boutures de se dessécher.
5. L’attente… et l’entretien
Placez vos pots à la lumière, mais jamais en plein soleil, sinon c’est l’effet four garanti. Une température entre 18 et 22°C est parfaite. Pensez à aérer votre mini-serre 10 minutes chaque jour pour éviter les moisissures. N’arrosez que si la terre semble sèche en surface.
La patience est votre meilleure amie. L’enracinement prend de 4 à 8 semaines. Pour savoir si c’est bon, tirez TRÈS doucement sur une bouture. Si ça résiste, bingo ! L’apparition de nouvelles petites feuilles est aussi un signe qui ne trompe pas.
La méthode infaillible : le marcottage
Si tout ce qui précède vous semble trop complexe, j’ai la solution pour vous. Pas le temps ? Pas envie de vous prendre la tête ? Essayez le marcottage. Je vous mets au défi : ça prend 5 minutes chrono et c’est presque impossible à rater.

- Repérez une tige basse et souple sur votre jasmin.
- Courbez-la jusqu’au sol sans la casser.
- À l’endroit où elle touche la terre, grattez un peu le sol et la tige avec un couteau.
- Enterrez cette partie de la tige sur 5-10 cm et posez une pierre dessus pour la maintenir en place.
- Laissez l’extrémité de la tige ressortir et redressez-la avec un petit tuteur.
C’est tout ! Laissez faire la nature. La plante mère va nourrir cette tige qui va développer ses propres racines en toute tranquillité. À l’automne ou au printemps suivant, vous n’aurez qu’à couper le « cordon ombilical » pour obtenir un nouveau plant parfaitement autonome.
La fausse bonne idée : la bouture dans l’eau
Je vais être direct : pour le jasmin étoilé, oubliez. Les racines qui se forment dans l’eau sont fragiles, gorgées d’eau et pas du tout adaptées à la vie en terre. Le jour où vous les plantez, c’est le choc. La plupart du temps, la bouture ne survit pas à la transition. C’est beaucoup de temps et d’espoir pour un résultat très aléatoire.

Dépannage rapide : que faire quand ça tourne mal ?
Même avec de l’expérience, on a parfois des soucis. Voici les plus courants :
- La base de la bouture noircit ? C’est la pourriture. Cause : trop d’eau ou outils sales. Solution : jetez la bouture malade et utilisez un substrat plus drainant la prochaine fois.
- Un duvet blanc apparaît ? C’est de la moisissure. Cause : manque d’aération. Solution : ouvrez votre mini-serre plus souvent.
- Rien ne se passe après 2 mois ? Cause : température trop basse ou bouture prélevée au mauvais moment. Attendez encore un peu. Si au bout de 3 mois il n’y a rien, il faudra recommencer.
Attention, petit rappel de sécurité : la sève laiteuse du jasmin étoilé peut être irritante. Je vous conseille de porter des gants quand vous le manipulez, juste par précaution.
Au final, multiplier son jasmin, c’est une aventure gratifiante. C’est un mélange de technique, d’observation et de patience. Et la récompense, quelques années plus tard, c’est ce parfum divin qui embaume vos soirées d’été. Et ça, ça n’a pas de prix.
Inspirations et idées
Le saviez-vous ? Le jasmin étoilé n’est pas un vrai jasmin. Son nom botanique, Trachelospermum jasminoides, l’indique : il ressemble au jasmin, mais appartient à la famille des Apocynaceae, comme le laurier-rose ou la pervenche.
Mon jasmin étoilé fait beaucoup de feuilles mais pas une seule fleur, pourquoi ?
C’est un classique ! Le plus souvent, la cause est un excès d’engrais riche en azote (N), qui favorise le feuillage au détriment des fleurs. Assurez-vous aussi qu’il reçoit au moins 4 à 6 heures de soleil direct. Au printemps, privilégiez un engrais pour plantes fleuries ou pour tomates, plus riche en phosphore (P) et en potassium (K), pour stimuler la floraison.
Pour un effet visuel spectaculaire, mariez votre jasmin étoilé avec d’autres grimpantes. Une clématite à grandes fleurs violettes comme ‘The President’ créera un contraste saisissant avec les étoiles blanches du jasmin. Pour une ambiance plus romantique, associez-le à un rosier grimpant rose pâle, tel que l’incontournable ‘Pierre de Ronsard’. Les floraisons se superposeront pour un tableau vivant et parfumé.
- Une couverture végétale dense toute l’année.
- Un parfum envoûtant durant les soirées d’été.
- Une excellente résistance au froid (jusqu’à -15°C).
Le secret ? C’est l’une des rares grimpantes parfumées à feuillage persistant, ce qui en fait un choix parfait pour habiller un vis-à-vis ou une structure disgracieuse, même en hiver.
Jasmin Étoilé (Trachelospermum) : Son feuillage est persistant, vert foncé et coriace. Il résiste bien au gel et son parfum, puissant, se libère surtout le soir.
Jasmin Officinal (Jasminum officinale) : Son feuillage est caduc (il tombe en hiver) et plus léger. Plus frileux, il est célèbre pour son parfum iconique, présent toute la journée.
Le choix dépend donc de votre climat et si vous souhaitez un écran végétal permanent.
Une fois vos boutures enracinées, le travail ne fait que commencer. Pour obtenir une plante dense et bien ramifiée :
- Pincez les extrémités : Quand une jeune tige atteint 15-20 cm, coupez son extrémité. Cela l’encouragera à produire deux nouvelles pousses latérales.
- Le premier engrais : Attendez que la croissance soit bien visible et utilisez un engrais liquide très dilué (moitié dose) une fois par mois durant le printemps et l’été.
- Protégez le premier hiver : Même si la plante est rustique, un jeune plant est plus fragile. Un paillage au pied suffit souvent.
L’astuce pour un substrat réussi : Le drainage est la clé pour éviter que la base de vos boutures ne pourrisse. Oubliez le terreau pur, souvent trop compact. Le mélange idéal est simple : 50% de terreau de qualité (type ‘spécial semis et bouturage’) et 50% de sable de rivière ou de perlite. Cette combinaison retient l’humidité nécessaire tout en laissant l’excès d’eau s’évacuer facilement.
Selon la Royal Horticultural Society, guider activement une plante grimpante sur son support durant les deux premières années est le facteur le plus déterminant pour assurer une couverture complète et esthétique à maturité.
Ne laissez pas votre jasmin se débrouiller seul au début. Utilisez des attaches souples, comme le lien Flexi-Tie, pour orienter les tiges principales en éventail. Cette structure initiale permettra à la plante de remplir l’espace de manière harmonieuse plutôt que de créer un enchevêtrement au centre.
Le jasmin étoilé n’est pas réservé qu’aux grands jardins. Il se comporte magnifiquement bien en pot sur un balcon ou une terrasse, à condition de respecter quelques règles pour lui assurer une vie heureuse en contenant.
- Le volume avant tout : Choisissez un pot d’au moins 40 cm de diamètre et de profondeur dès le départ.
- Drainage obligatoire : Une couche de 5 cm de billes d’argile ou de graviers au fond du pot est non-négociable.
- Un support intégré : Installez un treillis ou un petit obélisque directement dans le pot lors de la plantation.
Une alternative naturelle à l’hormone de bouturage ?
Pour les jardiniers expérimentateurs, l’eau de saule est une option fascinante. En laissant macérer des jeunes rameaux de saule (n’importe quelle variété) coupés en morceaux dans de l’eau pendant quelques jours, on obtient un liquide riche en acide salicylique et en auxine, des substances qui favorisent naturellement l’apparition des racines. C’est moins concentré qu’un produit du commerce, mais c’est une expérience 100% naturelle et gratuite.