Hiverner son Bougainvillier en Pot : Le Guide Complet pour le Sauver du Froid et Garantir une Floraison de Folie
Chaque automne, c’est la même petite angoisse qui pointe le bout de son nez chez les amoureux des plantes : comment protéger nos trésors frileux ? Et s’il y en a un qui fait souvent débat, c’est bien le bougainvillier. Avec ses couleurs éclatantes, on a tous envie de le revoir fleurir année après année. Beaucoup le croient condamné dès que le thermomètre chute, mais franchement, c’est une fausse idée.
Contenu de la page
- Pourquoi ce repos hivernal est-il si important ?
- Le calendrier parfait : quand faut-il le rentrer ?
- La préparation : les 4 gestes qui changent tout
- Les deux méthodes d’hivernage : à vous de choisir
- Le grand réveil : sortir son bougainvillier au printemps
- SOS Hivernage : Au secours, j’ai fait une bêtise !
- Inspirations et idées
Après des années passées les mains dans la terre, je peux vous le dire : le conserver en hiver n’est pas une mission impossible. Ça demande juste un peu de méthode et d’observation. Il ne s’agit pas simplement de le jeter dans le garage et de croiser les doigts. Il faut comprendre ce dont il a besoin pour lui donner toutes les chances de nous offrir un spectacle incroyable l’année suivante. Alors, oubliez le stress, je vais vous livrer pas à pas la méthode que j’ai peaufinée avec le temps, celle qui marche à tous les coups.

Pourquoi ce repos hivernal est-il si important ?
Pour bien faire, il faut comprendre. Le bougainvillier nous vient de contrées lointaines et chaudes, où le mot « gel » n’existe pas dans son vocabulaire. Il n’a donc aucune défense naturelle contre nos hivers bien frais. Contrairement à un arbre de nos jardins, il ne sait pas se mettre en mode « pause » tout seul.
Ce qu’on appelle le repos végétatif, c’est donc nous qui allons le provoquer. C’est essentiel pour deux raisons. La première, c’est sa survie, tout simplement. Le gel, c’est son ennemi juré. L’eau dans ses tiges gèle, se dilate et fait éclater toutes les cellules. Pensez à une bouteille d’eau oubliée au congélateur… c’est exactement ça. Une fois que c’est arrivé, la partie touchée est morte, sans espoir de retour.
La deuxième raison, c’est sa floraison future. Un bougainvillier qui ne se repose pas s’épuise. Si vous le gardez au chaud dans votre salon tout l’hiver, il va continuer à pousser, mais mal. Il va faire de longues tiges toutes pâles avec trois feuilles qui se battent en duel. C’est ce qu’on appelle l’étiolement : il cherche désespérément une lumière qu’il ne trouve pas et grille toute son énergie pour rien. Au printemps, il sera fatigué et ne fleurira presque pas. Un bon repos au frais, c’est la promesse d’une explosion de couleurs dès le retour du soleil.

Le calendrier parfait : quand faut-il le rentrer ?
Le timing, c’est le nerf de la guerre. Trop tard, et c’est le drame. Trop tôt, et vous le stressez pour rien. Mon conseil : oubliez le calendrier et fiez-vous à votre thermomètre.
La règle d’or est de rentrer le bougainvillier avant les toutes premières gelées. N’attendez pas l’alerte météo qui annonce 0°C ! Les dégâts peuvent arriver dès que la température nocturne passe sous les 2-3°C, surtout avec du vent ou de l’humidité. Perso, je commence à m’alerter dès que les nuits descendent régulièrement sous les 10°C. C’est le signal que l’automne est bien là.
Selon les régions, ça se joue entre mi-octobre et mi-novembre. Mais restez vigilant ! Mettez-vous une petite alerte sur votre téléphone dès la fin septembre pour commencer à jeter un œil aux prévisions nocturnes.
La préparation : les 4 gestes qui changent tout
Avant de déplacer votre pot, une petite préparation s’impose. C’est un protocole que je suis à la lettre pour m’éviter bien des soucis pendant l’hiver.

1. L’inspection sanitaire : C’est LE geste le plus important. Un intérieur chauffé est un paradis pour les parasites. Si vous rentrez une plante déjà infestée, c’est l’invasion garantie en quelques semaines. Armez-vous d’une loupe et scrutez le dessous des feuilles et près des tiges. Cherchez les pucerons, les aleurodes (ces petites mouches blanches) et surtout les cochenilles farineuses, qui ressemblent à de petits amas de coton. Si vous en trouvez, traitez avant de rentrer la plante !
Astuce petit budget : Pas besoin de produits chers. Un mélange d’un litre d’eau, une cuillère à soupe de savon noir (le vrai, spécial jardin, qui coûte entre 5€ et 10€ en jardinerie) et une cuillère à café d’alcool à 70° (dispo en pharmacie pour environ 3€) est redoutable. Pulvérisez bien partout, laissez agir une heure et rincez à l’eau claire.
2. Le nettoyage : Retirez toutes les feuilles jaunes ou abîmées, ainsi que les dernières fleurs fanées. Elles pourraient pourrir avec l’humidité et devenir un nid à maladies.

3. La taille de préparation : Attention, ce n’est pas la grande taille de printemps ! Le but ici est juste de réduire un peu son volume pour qu’il soit plus facile à stocker. Raccourcissez les longues tiges de l’année d’environ un tiers. Comment les reconnaître ? Facile, ce sont les plus souples, souvent encore un peu vertes ou brun clair. Ne touchez pas au vieux bois gris et dur, c’est la charpente de votre plante !
4. La réduction des arrosages : Deux semaines avant de le rentrer, commencez à lever le pied sur l’arrosage. Laissez la terre sécher un peu plus. C’est un signal clair pour lui dire : « L’ami, la saison d’abondance est finie, il est temps de ralentir la machine. »
Petit conseil pour le transport : Si votre bougainvillier est imposant, un roule-pot est un super investissement (on en trouve entre 20€ et 40€ dans les grandes surfaces de bricolage) pour ne pas vous casser le dos. Vous pouvez aussi sangler doucement les branches avec une ficelle pour le rendre moins large le temps du déménagement.

Les deux méthodes d’hivernage : à vous de choisir
Il y a deux grandes stratégies. Le choix dépend surtout de la place dont vous disposez. J’ai testé les deux, chacune a ses avantages.
Méthode 1 : Le repos total au frais et dans le noir
C’est ma préférée, celle qui donne, à mon avis, les floraisons les plus spectaculaires. On force un repos complet.
- Le lieu idéal : Un garage non chauffé mais hors gel, une cave saine, un sous-sol, une cabane de jardin bien isolée. L’important, c’est que la température reste entre 5°C et 10°C. En dessous de 3°C, ça devient risqué. Au-dessus de 12°C, le repos ne sera pas assez profond.
- À quoi s’attendre : Une fois placé là, il va perdre TOUTES ses feuilles. C’est normal et c’est même bon signe ! La première fois, ça fait un pincement au cœur de le voir se déplumer, mais c’est la preuve qu’il entre bien en dormance.
- L’arrosage (LE POINT CRITIQUE) : Réduisez au strict minimum. Le moteur est à l’arrêt, il n’a quasiment pas besoin d’eau. Un excès d’eau à ce stade, et c’est la pourriture des racines assurée. Ma règle : un petit verre d’eau (pour un pot de 30 cm) une fois par mois, pas plus. Juste pour que la motte ne se transforme pas en caillou.
- Engrais : Zéro, nada, rien du tout !

Méthode 2 : Le semi-repos en pièce fraîche et lumineuse
C’est l’alternative si vous n’avez pas de local sombre et frais.
- Le lieu idéal : Une véranda peu chauffée, une cage d’escalier lumineuse, une chambre d’amis non utilisée. Les conditions : beaucoup de lumière et une température fraîche, idéalement entre 10°C et 15°C. Plus chaud, et il ne se reposera pas vraiment.
- À quoi s’attendre : Il va ralentir son activité mais conservera une partie de son feuillage. Il restera donc un peu plus décoratif.
- L’arrosage : Plus fréquent que pour la méthode froide, mais toujours très modéré. Attendez que la terre soit sèche sur 2-3 cm en surface avant d’arroser un peu. En général, c’est toutes les 2 ou 3 semaines. Et surtout, videz la soucoupe !
- Engrais : Toujours pas !
Alors, comment choisir entre les deux ?
Honnêtement, la méthode n°1 (au frais et au noir) est celle qui garantit le repos le plus profond et donc la reprise la plus vigoureuse au printemps. C’est la version « pro ». La méthode n°2 est un excellent compromis si vous n’avez pas de cave ou de garage mais une pièce fraîche. Le risque principal est une attaque de parasites (cochenilles, araignées rouges) qui aiment bien cette atmosphère tiède. La surveillance devra être plus régulière.
Le grand réveil : sortir son bougainvillier au printemps
L’hiver est passé, bravo ! Mais le travail n’est pas fini. La sortie d’hivernage est aussi une étape clé.
1. Quand le sortir ? Pas trop tôt ! Attendez que tout risque de gelée soit définitivement écarté. En général, on attend que les fameux « Saints de Glace » soient passés, vers la mi-mai. Sortez-le d’abord à l’ombre quelques jours pour qu’il se réhabitue à la lumière, sinon il risque de griller ses jeunes feuilles.
2. La VRAIE taille : C’est MAINTENANT qu’on sort le sécateur (un bon modèle bien affûté, ça vaut 15-30€ et ça dure des années). Taillez sévèrement : coupez tout le bois mort ou sec, et raccourcissez les branches principales de l’année précédente d’un bon tiers. Ça stimule la plante à produire les nouvelles pousses qui porteront les fleurs.
3. La reprise de l’arrosage et de l’engrais : Allez-y progressivement ! On ne passe pas du jeûne au festin d’un coup. Recommencez à arroser normalement quand vous voyez les nouvelles feuilles apparaître. Attendez encore 2-3 semaines avant de recommencer l’engrais (un engrais pour plantes fleuries, une fois tous les 15 jours).
SOS Hivernage : Au secours, j’ai fait une bêtise !
Pas de panique, des erreurs, on en fait tous. Voici comment rattraper les plus courantes :
-
« Mon bougainvillier est sec comme un coup de trique ! » Vous avez probablement oublié de l’arroser. Plongez le pot dans une grande bassine d’eau pendant une bonne demi-heure jusqu’à ce que plus aucune bulle ne remonte. Laissez-le bien s’égoutter. Grattez un peu l’écorce avec votre ongle : si c’est vert en dessous, il y a de l’espoir ! Soyez patient.
-
« Je crois que j’ai trop arrosé, ça sent le moisi… » C’est le problème le plus grave. Sortez la plante du pot en urgence. Si les racines sont brunes, molles et sentent mauvais, elles sont pourries. Coupez toutes les parties abîmées avec un ciseau propre. Rempotez dans un terreau neuf et surtout, sec ! Et priez…
-
« Il y a plein de petites bestioles blanches dessus ! » Ce sont des cochenilles. Ça arrive souvent avec l’hivernage en pièce tiède. Isolez immédiatement votre plante des autres. Tamponnez chaque amas cotonneux avec un coton-tige imbibé d’alcool à 70°, puis pulvérisez votre mélange eau/savon noir. Répétez l’opération une semaine plus tard.
Voilà, vous avez toutes les cartes en main. Avec ces conseils, vous n’avez plus aucune raison d’avoir peur de l’hiver. Un peu de soin maintenant, c’est la garantie d’un été spectaculaire. Alors à vous de jouer !
Inspirations et idées
Le bougainvillier doit son nom à l’explorateur Louis Antoine de Bougainville. C’est le naturaliste Philibert Commerson qui, lors de l’expédition, découvrit cette plante au Brésil vers 1768 et la baptisa en l’honneur de son chef.
Mon bougainvillier perd toutes ses feuilles en hiver, est-ce grave ?
Absolument pas, c’est même un signe que le processus de mise en repos fonctionne ! En réduisant la lumière et la température, la plante entre en dormance. La chute des feuilles est une réaction naturelle pour conserver son énergie. Ne vous inquiétez pas : au printemps, avec le retour de la chaleur et d’un arrosage plus régulier, de nouvelles pousses et feuilles apparaîtront, préludes à une floraison spectaculaire.
Avant de rentrer votre pot, inspectez minutieusement le feuillage et le terreau. C’est le moment idéal pour déloger les invités indésirables qui pourraient proliférer à l’intérieur.
- Recherchez les cochenilles farineuses, ces petits amas cotonneux à l’aisselle des feuilles.
- Vérifiez sous les feuilles la présence d’araignées rouges, surtout si l’air a été sec.
- Un léger traitement préventif au savon noir dilué peut éviter bien des soucis.
L’erreur fatale : l’excès d’eau. Un bougainvillier en dormance a des besoins en eau quasi nuls. Un terreau constamment humide dans une pièce fraîche est le meilleur moyen de faire pourrir les racines et de perdre votre plante définitivement. La règle d’or : laissez la terre sécher complètement sur plusieurs centimètres de profondeur entre deux arrosages très légers (environ une fois par mois, voire moins).
Selon plusieurs pépiniéristes spécialisés, plus de 70% des bougainvilliers en pot qui ne survivent pas à l’hiver meurent de pourriture racinaire due à un excès d’arrosage, et non du froid lui-même.
Ce chiffre souligne à quel point la gestion de l’eau est plus critique que la température exacte de la pièce. Un sol sec dans un local à 5°C est bien moins risqué qu’un sol humide dans une pièce à 12°C. Votre principal ennemi pendant l’hivernage, c’est l’humidité stagnante.
La sortie de l’hivernage est un moment magique. Après des mois de silence, observer les premiers bourgeons verts percer timidement l’écorce sèche est une véritable récompense. C’est un frémissement de vie, la promesse tenue d’un été coloré. Chaque petite feuille qui se déploie est le fruit de vos soins attentifs, un spectacle simple dont on ne se lasse jamais.
Voile d’hivernage simple : Idéal pour une protection ponctuelle contre un gel léger. Économique, il se drape facilement sur la plante. Efficacité limitée si le froid s’installe.
Housse d’hivernage zippée : Plus pratique et robuste, elle enveloppe tout le pot et la plante. Les modèles de qualité (type Nortene ou Gardenova) offrent une meilleure isolation (P30 ou plus) et une installation facile.
Pour un hivernage en extérieur dans une région au climat doux, la housse est un investissement plus sûr.
- Une circulation de l’air optimale autour des racines.
- Un drainage parfait qui empêche l’eau de stagner.
- Une protection accrue contre le gel pour le système racinaire.
Le secret ? Surélevez simplement votre pot. Posez-le sur deux ou trois cales en bois ou des pieds de pot en terre cuite. Ce geste simple change tout en évitant que la base du pot ne baigne dans l’eau d’une soucoupe ou sur un sol froid et humide.
Si votre seul local d’hivernage est un peu trop sombre (comme un garage sans fenêtre), la technologie peut vous aider. La tendance est à l’utilisation de lampes de croissance LED horticoles pour fournir un appoint lumineux vital.
- Faible consommation : Elles consomment très peu d’électricité, parfait pour un usage hivernal.
- Peu de chaleur : Contrairement aux anciennes ampoules, elles ne risquent pas de “griller” le feuillage.
- Spectre complet : Des modèles comme ceux de Mars Hydro ou Viparspectra offrent une lumière qui imite le soleil, maintenant la plante en bonne santé sans la pousser à une croissance active.