Votre olivier en pot : le guide complet (et sans prise de tête) pour un arbre heureux

Auteur Marion Bertrand

Ça fait plus de vingt ans que j’ai les mains dans la terre. J’ai commencé dans une pépinière du Luberon, là où l’olivier est bien plus qu’une simple plante, c’est une partie du paysage, un héritage. Mon apprentissage ne s’est pas fait dans les bouquins, mais en observant, en touchant, en voyant comment un arbre réagit au vent, à la chaleur, au gel. Aujourd’hui, j’ai envie de partager ce savoir-faire, sans chichis.

Le but ici n’est pas de vous donner une recette magique, mais de vous aider à comprendre votre arbre. Parce qu’avoir un olivier en pot sur son balcon, c’est un petit bout de Méditerranée à la maison, et c’est un vrai engagement. Cet arbre peut vous accompagner des années, à condition de respecter quelques règles d’or. Alors, oubliez les solutions miracles ; la patience et l’observation seront vos meilleures alliées.

Bien démarrer : le choix de l’olivier et du pot

Tout commence ici. Un bon départ, c’est 50% du travail de fait. J’ai vu tellement de gens craquer pour un petit olivier un peu faiblard en jardinerie et s’étonner qu’il ne passe pas le premier hiver. Prenez votre temps, c’est crucial.

comment planter un olivier un pot d olivier et un chat gris

Quel olivier choisir pour la culture en pot ?

Franchement, toutes les variétés ne sont pas logées à la même enseigne. Certaines, comme la ‘Picholine’ ou l’ ‘Aglandau’, sont de vraies forces de la nature et s’adaptent super bien. Si vous avez un petit balcon, lorgnez du côté des variétés à croissance plus lente ou carrément naines. Des noms comme ‘Cipressino’ ou ‘Arbequina’ sont d’excellents choix pour les espaces contenus.

Une fois à la pépinière, ne vous laissez pas hypnotiser par la hauteur. Devenez un inspecteur :

  • Le feuillage : Il doit être d’un joli vert-gris argenté, sans aucune tache suspecte. Si les feuilles tombent en masse quand vous le frôlez, fuyez.
  • Le tronc : Palpez-le ! Il doit être bien ferme, sans blessure ni partie molle. Une base saine, c’est la vie.
  • Les racines : Si le vendeur est sympa, demandez à soulever la motte. Des racines claires et nombreuses, c’est parfait. Un gros chignon de racines tout serré au fond, c’est signe que l’arbre étouffe et le rempotage sera un calvaire.
  • Les parasites : Regardez sous les feuilles et à la base des branches. Cherchez des petits points blancs cotonneux (cochenilles) ou des mini-carapaces brunes. Un arbre sain est un arbre propre.
combien de fois arroser un olivier un arrosoir a cote d un pot olivier

Le pot : plus qu’une question de look, une question de survie

Le pot, c’est la maison de votre arbre. Et honnêtement, je ne jure que par la terre cuite (la terracotta). Pourquoi ? Parce qu’elle respire. Elle est poreuse, ce qui permet à l’excès d’humidité de s’évaporer et à l’air de circuler. C’est la meilleure assurance-vie contre les racines pourries, l’erreur numéro un du débutant.

Les pots en plastique ou en résine sont étanches. Ils piègent l’eau, ce qui peut être un avantage dans un climat caniculaire, mais chez nous, le risque de noyer votre arbre est immense. Côté budget, c’est sûr, il y a une différence : un pot en terre cuite de 30 cm vous coûtera entre 15€ et 40€, contre 5-15€ pour son équivalent en plastique. Mais croyez-moi, c’est un investissement que vous ne regretterez pas.

Point crucial : la taille. Ne commettez pas l’erreur de mettre un petit olivier dans un pot géant en pensant lui faire plaisir. Vous allez le noyer. L’immense volume de terre restera détrempé car ses petites racines n’arriveront jamais à tout absorber. Choisissez un pot juste un peu plus grand que la motte, avec 5 à 10 cm d’espace en plus sur les côtés. Et la règle non négociable : le pot DOIT avoir un trou de drainage. Sans ça, c’est la catastrophe assurée.

comment entretenir un olivier en pot a l exterieur

Le substrat parfait : la recette d’un sol drainant et vivant

Dans la nature, l’olivier kiffe les sols pauvres et caillouteux. Il a horreur d’avoir les pieds qui baignent. Le terreau universel standard est souvent trop dense, il se tasse et asphyxie les racines. Alors, voilà ma recette maison, testée et approuvée.

La liste de courses pour un substrat au top :

Ce mélange est un équilibre parfait entre nutrition et drainage. Pour le préparer, il vous faudra :

  • Terreau de plantation de bonne qualité (40%) : La base nutritive. Comptez entre 5€ et 10€ pour un sac de 20L.
  • Sable de rivière grossier (30%) : L’agent drainant. Surtout pas de sable de maçonnerie, trop fin ! Vous trouverez des sacs de 25kg pour 5-8€ en magasin de bricolage ou jardinerie.
  • Compost bien mûr ou bonne terre de jardin (20%) : Pour la vie microbienne. Si votre terre est argileuse, mettez-en un peu moins.
  • Pouzzolane ou billes d’argile (10%) : L’aération longue durée. Incorporez-les directement au mélange. Un sac de 5L coûte entre 4€ et 7€.

Avant de remplir, placez un simple caillou ou un morceau de pot cassé sur le trou de drainage. Et une astuce de pro : oubliez la vieille idée de mettre une grosse couche de billes d’argile au fond du pot. Ça crée une fausse nappe d’eau juste au-dessus, pile là où les racines finissent par tremper. Mieux vaut intégrer les éléments drainants partout !

comment entretenir un olivier en pot dans un appartement

L’arrosage : l’art de donner à boire sans noyer

L’arrosage, c’est tout un art. Il n’y a pas de calendrier. La règle « un arrosage tous les samedis » est le meilleur moyen de perdre votre arbre. Il faut observer, toucher, sentir.

  1. Le test du doigt : Enfoncez votre index dans la terre sur 5-7 cm. C’est sec ? Il est temps d’arroser. C’est encore humide ? Attendez. C’est le seul test qui vaille.
  2. L’arrosage généreux : Quand vous arrosez, faites-le bien. Versez de l’eau doucement sur toute la surface jusqu’à ce qu’elle s’écoule par le trou du fond. Ça garantit que toute la motte est bien hydratée.
  3. Laisser sécher : Ensuite, laissez-le tranquille. Le substrat doit sécher en profondeur avant le prochain arrosage. En été, ça peut prendre quelques jours ; en hiver, parfois des semaines.

Au fait, une question qui revient tout le temps : peut-on utiliser l’eau du robinet ? Oui, sans problème ! L’olivier n’est pas si difficile. Si votre eau est très calcaire, vous pouvez la laisser reposer quelques heures dans l’arrosoir, mais ce n’est vraiment pas une obligation.

comment faire pousser un olivier plus vite cueillir des olives

L’emplacement : offrez-lui un bain de soleil

L’olivier est un enfant du soleil. Il lui faut un maximum de lumière directe. C’est non négociable. Un balcon plein sud, une terrasse bien exposée… Visez 6 à 8 heures de soleil par jour en saison. Si vous le gardez à l’intérieur (ce que je déconseille d’avril à octobre), collez-le à la fenêtre la plus ensoleillée et tournez-le d’un quart de tour chaque semaine.

Petite astuce : pour être sûr de votre coup, faites une « carte solaire » de votre balcon. Prenez une feuille et notez à quelles heures le soleil tape directement à tel ou tel endroit. C’est un petit jeu qui vous permettra de trouver LE spot parfait.

La fertilisation : nourrir, mais sans gaver

En pot, les nutriments s’épuisent. Il faut donc fertiliser, mais avec parcimonie. Faites-le uniquement pendant la période de croissance, de mars-avril à fin août. Jamais en automne ou en hiver ! J’aime bien les engrais organiques à libération lente (type engrais pour agrumes). Quelques granulés en surface au printemps, et c’est parti pour des mois.

symptome olivier trop arrose deux enfant qui taillent un olivier

La taille : un geste de beauté et de santé

On taille pour aérer, donner une jolie forme et stimuler la croissance. La meilleure période est la fin de l’hiver (février-mars), juste avant que la sève ne remonte. Utilisez toujours un sécateur bien affûté et désinfecté à l’alcool. C’est un réflexe qui évite de transmettre des maladies.

Le but est d’aérer le cœur de l’arbre. Enlevez les branches qui poussent vers l’intérieur ou qui se croisent. Une bonne taille doit à peine se voir.

Attention à l’erreur du débutant : ne taillez pas votre olivier comme une haie, en coupant juste le bout des branches ! Cela crée une coque de feuillage très dense qui empêche la lumière d’entrer. L’intérieur de l’arbre va se déplumer. Pensez « aération » avant tout !

Le rempotage : une nouvelle maison pour grandir

Tous les 2 à 4 ans, au printemps, votre olivier aura besoin d’un plus grand pot. C’est bon signe ! Les racines qui sortent par le trou de drainage ou une croissance qui stagne sont des indicateurs clairs.

que faire quand mon olivier perd ses feuilles

Pour l’opération, prévoyez entre 30 minutes et une heure pour faire ça calmement. Choisissez un pot légèrement plus grand, sortez la motte, démêlez doucement le chignon de racines à la base, et rempotez avec votre nouveau substrat. Arrosez bien une fois, puis laissez sécher.

L’hivernage : l’épreuve du froid

C’est l’étape la plus délicate dans les régions froides. Un olivier peut tenir un petit -5°C, mais ses racines en pot sont très vulnérables au gel. Si la motte gèle entièrement, c’est la fin.

Pour bien se préparer à fleurir, l’olivier a besoin d’une période de froid relatif (entre 2°C et 10°C). Le rentrer dans un salon surchauffé à 21°C est la pire des idées. Il va s’épuiser et devenir une cible pour les parasites.

Alors, comment on fait ? Tout dépend de votre climat.

Stratégie 1 : Pour les climats doux (gelées rares et faibles)
Ici, on protège surtout le pot. Enveloppez-le dans du papier bulle ou de la toile de jute. Surélevez-le sur des cales pour l’isoler du sol froid. Si un gros coup de froid est annoncé (sous -5°C), un voile d’hivernage sur le feuillage fera l’affaire. Placez-le à l’abri du vent, contre un mur au sud.

que mettre au pied d un olivier planter un olivier dans un pot

Stratégie 2 : Pour les climats froids (vrais hivers)
Là, il faut le rentrer. L’idéal ? Une pièce lumineuse et non chauffée : un garage avec une fenêtre, une véranda froide, une cage d’escalier. La température doit rester entre 5°C et 10°C. Réduisez l’arrosage au strict minimum (un petit verre d’eau par mois suffit) et inspectez-le régulièrement.

Les petits soucis et leurs solutions

  • Feuilles qui jaunissent et tombent : Neuf fois sur dix, c’est un problème d’arrosage (souvent trop !). Vérifiez la terre. Bon à savoir : quelques feuilles du bas qui jaunissent au printemps, c’est normal ! L’arbre renouvelle son feuillage. Pas de panique tant que le reste est vert et vigoureux.
  • Cochenilles (amas blancs ou boucliers bruns) : Retirez-les avec un coton-tige imbibé d’alcool à 70°. Pour une invasion, pulvérisez une solution d’eau, de savon noir et d’une cuillère d’huile végétale.
  • L’œil de paon (taches brunes sur les feuilles) : Ce champignon aime l’humidité. Aérez l’arbre en le taillant et ramassez les feuilles tombées. Une pulvérisation de bouillie bordelaise en automne peut aider en prévention.
faut il couvrir un olivier en hiver une femme qui couvre l olivier d une toile

Un dernier mot…

Cultiver un olivier en pot, c’est une école de patience. C’est une relation qui se tisse au fil des saisons. Observez-le, touchez sa terre, il vous dira ce dont il a besoin. Ne vous découragez pas si tout n’est pas parfait au début. C’est une présence incroyablement apaisante qui, avec un peu d’attention, vous le rendra au centuple.

Galerie d’inspiration

faut il rentrer un olivier en pot l hiver

Faut-il absolument rentrer son olivier en hiver ?

Pas forcément, tout dépend de votre région ! Un olivier en pot craint plus le gel qu’un arbre en pleine terre, car ses racines sont exposées. Si les températures descendent rarement sous les -5°C, laissez-le dehors. Protégez le pot avec du papier bulle ou de la toile de jute et couvrez le feuillage avec un voile d’hivernage lors des pics de froid. Au sol, un bon paillage (billes d’argile, paille) isolera les racines. En revanche, si vous vivez dans une région aux hivers rigoureux, rentrez-le dans une pièce non chauffée mais lumineuse, comme une véranda ou un garage avec fenêtre, où la température se maintient entre 5 et 10°C. L’erreur fatale ? Le placer dans un salon surchauffé, ce qui perturberait son repos végétatif essentiel.

Marion Bertrand

Architecte d'Intérieur & Passionnée de Rénovation
Ce qui l'anime : Mobilier sur mesure, Projets cuisine & bain, Solutions gain de place
Marion a grandi entourée d'artisans – son père était ébéniste et sa mère décoratrice. Cette immersion précoce lui a donné un regard unique sur l'aménagement intérieur. Aujourd'hui, elle partage son temps entre la conception de projets pour ses clients et l'écriture. Sa spécialité ? Transformer les contraintes en opportunités créatives. Chaque petit espace cache selon elle un potentiel insoupçonné. Les week-ends, elle restaure des meubles anciens dans son atelier niçois, toujours accompagnée de son chat Picasso.