Je vois encore la scène. Un client entre dans la boutique, l’air dépité, son cyclamen à la main. Feuilles jaunes, tiges molles… le tableau classique. « C’est le troisième que j’achète, ça ne tient jamais plus d’un mois. » Cette phrase, je pourrais l’encadrer tellement je l’ai entendue.
Le cyclamen traîne cette réputation de plante « jetable », belle pour les fêtes et bonne pour le compost en janvier. Franchement, c’est une injustice ! Un cyclamen bien compris n’est pas une plante éphémère. C’est une force de la nature, une vivace capable de vous offrir des fleurs, année après année. Le secret ? Ce n’est pas un produit miracle, mais juste un peu de bon sens et d’observation. Il faut simplement comprendre comment il fonctionne. C’est ce savoir-faire, appris les mains dans le terreau, que je veux partager avec vous.
La base : Qui est vraiment le cyclamen ?
Avant même de penser à l’arroser, il faut savoir à qui on a affaire. La plupart des erreurs viennent de là.
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Au cœur de votre cyclamen, il n’y a pas un système de racines classique, mais un tubercule. Pensez à une sorte de petite pomme de terre un peu plate. C’est sa batterie, sa réserve d’énergie. C’est grâce à lui que la plante peut complètement disparaître en été (on appelle ça la dormance) et renaître comme par magie à l’automne. La santé du tubercule, c’est la vie de la plante. S’il est ferme, tout va bien. S’il pourrit, c’est game over. C’est aussi simple que ça.
Ensuite, imaginez d’où il vient : les sous-bois des régions méditerranéennes. Cet indice est crucial. Ça nous dit quoi ?
Hivers frais et humides : C’est sa saison de croissance et de floraison. Il adore la fraîcheur et la lumière vive mais indirecte.
Étés chauds et secs : C’est l’heure de la sieste. La plante entre en dormance pour se protéger de la chaleur. Les feuilles meurent, et c’est parfaitement normal.
Vouloir le garder en fleurs toute l’année dans un salon surchauffé, c’est donc aller contre sa nature profonde. C’est la cause N°1 des échecs.
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Bon à savoir : Le cyclamen que vous achetez pour l’intérieur n’est généralement pas fait pour vivre dehors en hiver, il craint le gel. Il a des cousins rustiques, comme le cyclamen de Naples, qui eux, s’éclatent au jardin. Mais aujourd’hui, on se concentre sur la star de nos intérieurs.
Bien choisir sa plante : tout commence en boutique
Un bon départ, ça change tout. Quand vous êtes en jardinerie, prenez une minute pour jouer les inspecteurs. Un beau cyclamen en pot vous coûtera généralement entre 8€ et 20€ selon sa taille. Méfiez-vous des offres trop alléchantes en grande surface, elles cachent souvent des plantes forcées et fragiles.
Voici ce qu’il faut vérifier :
La base de la plante : Écartez doucement les feuilles. Si vous voyez une sorte de moisissure grise ou des tiges qui semblent vitreuses et molles à la base, fuyez ! Le problème est déjà bien installé.
Le tubercule : Il doit être visible, posé sur le terreau et non pas complètement enterré. S’il est accessible, touchez-le discrètement : il doit être dur comme du bois.
Le feuillage : Les feuilles doivent être fermes, bien droites. Des feuilles molles ou jaunâtres sont un mauvais signe (souvent un coup de chaud ou un arrosage excessif en magasin).
La promesse de fleurs : Regardez sous le feuillage. Une plante en pleine santé aura une foule de petits boutons floraux enroulés sur eux-mêmes, prêts à prendre le relais. C’est le gage d’une floraison qui va durer.
Enfin, soulevez le pot. S’il pèse une tonne, c’est qu’il est gorgé d’eau. Mauvais signe. Un bon cyclamen est dense, mais son pot ne doit pas être une éponge.
L’entretien au quotidien : les gestes qui changent tout
Ça y est, il est chez vous. Maintenant, c’est à vous de jouer. Pas de panique, c’est plus simple qu’il n’y paraît.
L’emplacement : Fraîcheur, Lumière, mais JAMAIS de soleil direct
C’est le point le plus important. Le cyclamen déteste la chaleur. Sa température de croisière, c’est entre 13°C et 18°C. Au-dessus de 20°C, il souffre et ses fleurs fanent à vue d’œil.
Les meilleurs spots ? Une chambre peu chauffée, une entrée lumineuse, le rebord d’une fenêtre au nord ou à l’est. Les pires ? À côté d’un radiateur ou d’une cheminée. C’est une condamnation à mort.
Mais… que faire si on vit dans un appartement moderne et surchauffé ? J’ai une astuce pour vous. La journée, gardez-le à l’endroit le plus frais possible. La nuit, s’il ne gèle pas, offrez-lui des vacances sur le rebord d’une fenêtre ouverte ou sur un balcon abrité. Ce coup de frais nocturne peut vraiment faire la différence.
L’arrosage : la technique qui sauve 90% des cyclamens
Attention, lisez bien ceci : n’arrosez JAMAIS un cyclamen par le dessus. L’eau qui stagne au cœur de la plante, sur son tubercule, provoque une pourriture grise fatale. La seule bonne méthode, c’est le bassinage (arrosage par le bas).
C’est simple :
Quand ? Touchez la terre. Quand elle est sèche sur 1 ou 2 cm, c’est le moment.
Comment ? Mettez 2-3 cm d’eau à température ambiante dans une soucoupe ou dans votre évier, et posez le pot dedans.
Combien de temps ? Laissez-le boire tranquillement pendant 15 à 20 minutes.
Et après ? Laissez-le bien s’égoutter, puis videz la soucoupe. Il ne doit jamais, au grand jamais, baigner dans l’eau stagnante.
Nourriture : un peu, mais pas trop !
Un cyclamen n’est pas un goinfre. Pendant sa floraison (automne-hiver), un peu d’engrais liquide pour plantes fleuries (type engrais pour géraniums ou tomates) lui fera du bien. La bonne fréquence ? Un arrosage sur trois, environ. Et surtout, divisez par deux la dose recommandée sur la bouteille. Si l’étiquette dit « 1 bouchon pour 2L », vous mettrez 1 bouchon pour 4L. C’est le secret pour ne pas brûler les racines. Arrêtez tout apport dès que les feuilles commencent à jaunir au printemps.
Pour enlever les fleurs et feuilles fanées, ne coupez pas la tige. Pincez-la à la base, tournez et tirez d’un coup sec. Ça vient tout seul et ça évite que le bout de tige restant ne pourrisse.
Le cycle de vie : le passage au niveau supérieur
C’est ici qu’on sépare les amateurs des vrais passionnés. Réussir cette étape est incroyablement gratifiant.
La mise au repos (Printemps)
Vers mars-avril, la floraison s’arrête, les feuilles jaunissent. Ne jetez rien ! Votre plante est juste fatiguée. Réduisez les arrosages jusqu’à les stopper complètement. Une fois toutes les feuilles sèches, placez le pot dans un endroit frais, sec et sombre (garage, cave…). Et puis… oubliez-le pendant tout l’été.
Le réveil et le rempotage (Fin d’été)
Fin août, début septembre, il est temps de réveiller la belle endormie. C’est le moment parfait pour un rempotage (à faire tous les 2-3 ans). Prévoyez une vingtaine de minutes pour le faire sans stress.
La liste de courses pour un rempotage réussi :
Un pot à peine plus grand (2 cm de diamètre en plus, c’est parfait).
Un sac de billes d’argile pour le fond (environ 4-5€).
Un bon terreau pour plantes fleuries (autour de 5-7€).
Le petit plus qui change tout : un sac de perlite ou de sable grossier (environ 8€, mais un sac vous durera des années).
Le mélange idéal, c’est 2/3 de terreau pour 1/3 de perlite. Ça donne un substrat super aéré que les racines adorent.
(L’astuce pour les pressés : Pas le temps ou l’envie de faire votre mélange ? Cherchez un terreau tout fait pour « cactées et plantes grasses ». Il est déjà très drainant et fera parfaitement l’affaire !)
Au moment de rempoter, le point crucial est de laisser la partie supérieure du tubercule dépasser du terreau. Ne l’enterrez jamais complètement, c’est la meilleure façon de le faire pourrir. Tassez, faites un premier bassinage très léger et placez le pot à la lumière. Les premières feuilles ne tarderont pas à pointer le bout de leur nez !
SOS cyclamen : que faire quand ça va mal ?
Votre plante fait la tête ? Pas de panique, analysons la situation.
Symptôme : Feuilles jaunes et tiges molles qui s’effondrent. Le coupable quasi certain : un excès d’eau ou un coup de chaud. La solution d’urgence est de stopper tout arrosage et de vérifier le tubercule. S’il est encore bien ferme, il y a de l’espoir. Laissez bien sécher la motte avant de reprendre un arrosage très prudent. S’il est mou… c’est trop tard, mais c’est une leçon pour la prochaine fois.
Symptôme : Une sorte de poussière grise à la base des tiges. C’est la pourriture grise, causée par l’humidité. Enlevez vite les parties atteintes, assurez une bonne aération et revoyez votre technique d’arrosage. Plus jamais par le dessus !
Symptôme : Des petits insectes verts ou noirs sous les feuilles. Ce sont des pucerons. Une pulvérisation d’eau avec une cuillère de savon noir liquide fera l’affaire. Laissez agir une heure et rincez. C’est bio et efficace.
Attention : Pour finir, une petite note de sécurité. Le tubercule est toxique s’il est ingéré. Mettez donc votre plante hors de portée des enfants et des animaux curieux (surtout les chats et les chiens). Par précaution, mettre des gants pour le rempotage est une bonne idée.
Et voilà ! Prendre soin d’un cyclamen, c’est un dialogue. Apprenez à l’écouter, et il vous le rendra au centuple. D’ailleurs, le truc à faire MAINTENANT : allez voir votre cyclamen. Y a-t-il de l’eau qui stagne dans la soucoupe ? Videz-la. Est-il trop près d’une source de chaleur ? Décalez-le. C’est le premier pas, et le plus important, vers une longue et belle amitié.
Galerie d’inspiration
Utilisez une eau non calcaire, à température ambiante.
Arrosez par la soucoupe pour ne jamais mouiller le tubercule.
Laissez la plante absorber l’eau pendant 20 minutes, puis videz l’excédent. C’est non négociable !
Le pot idéal : Ne le choisissez pas trop grand ! Un cyclamen aime avoir ses racines un peu à l’étroit. Un pot en terre cuite est parfait : sa porosité assure une excellente aération du terreau et aide à prévenir l’excès d’humidité, l’ennemi numéro un du tubercule.
Comment savoir si mon cyclamen a soif ou s’il est trop arrosé ?
Observez les tiges. Si elles sont molles mais que la terre est sèche, il a soif. Si elles sont molles et que la terre est détrempée, c’est un excès d’eau et un risque de pourriture. Dans le doute, mieux vaut attendre un jour de plus avant d’arroser.
Saviez-vous que le nom Cyclamen vient du grec ancien
Pour une jardinière hivernale spectaculaire, mariez votre cyclamen avec des plantes qui apprécient les mêmes conditions de fraîcheur et de lumière indirecte :
Le lierre à petites feuilles (Hedera helix) pour un effet cascade.
Les heuchères aux feuillages pourpres ou argentés pour le contraste.
Une petite graminée comme la fétuque bleue (Festuca glauca).
Engrais liquide : Idéal pendant la floraison (type Algoflash ou Fertiligène pour plantes fleuries), à ajouter à l’eau d’arrosage tous les 15 jours pour un coup de fouet.
Bâtonnets à libération lente : Plus simples. À planter dans le terreau à l’automne, ils nourriront la plante sur plusieurs mois.
Notre conseil : Le liquide offre un meilleur contrôle des apports, à stopper net dès les premiers signes de dormance.
La tendance est aux micro-cyclamens ! Plus petits et délicats, ils sont parfaits sur un rebord de fenêtre ou en centre de table. Cherchez les variétés ‘Metis’ ou ‘Picola’. Leur taille réduite n’enlève rien à leur généreuse floraison, pourvu qu’ils soient dans un lieu frais et lumineux.
Le tubercule du cyclamen contient des saponines, des substances légèrement toxiques.
C’est un mécanisme de défense naturel contre les prédateurs dans le sol. Pour nous, cela signifie simplement qu’il faut le manipuler avec des gants si on a la peau sensible et le tenir hors de portée des enfants et animaux curieux.
Une floraison qui dure de septembre à mars.
Une résistance au froid jusqu’à -2°C.
Un retour fidèle chaque année dans le jardin.
Le secret ? Ne pas confondre les variétés ! Le Cyclamen de Perse (persicum) est une plante d’intérieur frileuse. Pour le jardin, optez pour le Cyclamen de Naples (hederifolium) ou le Cyclamen de Cos (coum), bien plus rustiques.
L’erreur fatale : Retirer les feuilles qui jaunissent pendant l’été. C’est le signe que votre cyclamen entre en dormance, un repos vital pour lui. Placez le pot dans un endroit frais et sombre, et oubliez-le jusqu’en septembre. Il ne faut surtout pas continuer à l’arroser.
Observez la danse de ses pétales. Souvent décrits comme des ailes de papillon, ils se retournent élégamment vers le ciel. Prenez un instant pour apprécier les détails : les marbrures argentées sur les feuilles en forme de cœur, le dégradé subtil des couleurs, du rose poudré au fuchsia intense. C’est une plante qui invite à la contemplation.
Jardinière Passionnée & Cuisinière du Potager Ses terrains de jeu : Potager bio, Culture en pots, Recettes du jardin
Léa a découvert sa vocation en cultivant son premier potager sur un balcon de 4m². Depuis, elle n'a cessé d'expérimenter et de partager ses découvertes. Issue d'une famille de maraîchers bretons, elle a modernisé les techniques traditionnelles pour les adapter à la vie urbaine. Sa plus grande fierté ? Réussir à faire pousser des tomates sur les toits de Lyon ! Quand elle n'a pas les mains dans la terre, elle concocte des recettes avec ses récoltes ou anime des ateliers de jardinage dans les écoles de son quartier.