Se débarrasser d’une souche de laurier : Le guide complet pour ne pas y laisser son dos (ni son portefeuille)
Ah, la souche de laurier… L’ennemi juré de quiconque a déjà voulu réaménager son jardin. Franchement, j’ai arrêté de compter combien j’en ai arrachées en plus de vingt ans de métier. Qu’il s’agisse d’un laurier-cerise qui a décidé de coloniser la moitié du terrain, d’un vieux laurier-sauce qui bloque le passage ou d’un laurier-rose mal placé, le problème est toujours le même une fois l’arbre à terre : comment on se débarrasse de ce truc ?
Contenu de la page
- Avant de foncer tête baissée : l’analyse, c’est la clé
- Manuelle, chimique, mécanique : quelle méthode choisir ?
- La méthode manuelle : la force et la ruse
- La méthode chimique : l’art de la patience
- La méthode mécanique : rapide et radicale
- L’étape cruciale : la dévitalisation
- Et après ? On fait quoi de tout ça ?
- Inspirations et idées
Et ce n’est pas juste une question de look. Une souche qui reste, c’est la porte ouverte aux ennuis. Elle peut balancer des rejets partout, devenir un nid à champignons ou à bestioles qui adorent le bois, et surtout, elle vous bloque. C’est un obstacle bien réel à votre projet de terrasse, de pelouse ou de nouveau massif.
Alors, comment on fait ? Il n’y a pas de solution miracle, mais il y a toujours une bonne solution pour VOTRE situation. Tout dépend de la taille du bestiau, de son emplacement, de votre budget et, soyons honnêtes, de votre motivation !

Avant de foncer tête baissée : l’analyse, c’est la clé
Stop ! Ne sautez pas sur votre pelle tout de suite. Un bon pro prend toujours cinq minutes pour évaluer le chantier. Ça peut vous sauver des heures de galère et pas mal d’argent.
Quel laurier avez-vous en face de vous ?
C’est la base, car tous les lauriers ne se valent pas sous terre. C’est une erreur classique du débutant.
- Le laurier-cerise : Le champion des haies. Ses racines sont plutôt superficielles mais s’étalent partout. C’est le roi pour faire des rejets. Avec lui, il faut être méticuleux.
- Le laurier-sauce : Celui de nos plats mijotés. Il a une racine principale qui plonge plus profond (on appelle ça une racine pivotante), ce qui le rend parfois plus coriace à extraire. La bonne nouvelle, c’est qu’il est moins obsédé par l’idée de repousser.
- Le laurier-rose : Attention, on change de catégorie. Je dois insister lourdement là-dessus : TOUT est toxique dans cette plante. La sève, les feuilles, le bois… et même la fumée si vous avez la mauvaise idée de le brûler. J’ai déjà vu un collègue finir avec de méchantes irritations juste pour avoir taillé une haie sans manches longues. Pour lui, c’est précautions maximales.

Évaluer la taille de l’adversaire
Le diamètre de la souche au ras du sol vous donne une idée de la bagarre à venir. Voici ma petite règle perso :
- Moins de 20 cm : C’est du sport, mais ça se fait à la main avec les bons outils. Un bon projet pour un weekend. Comptez 2 à 3 heures de travail intense pour une souche de 15 cm.
- Entre 20 et 40 cm : Là, ça devient un vrai défi. On est plus sur 4 à 6 heures de boulot et la certitude d’avoir besoin d’un bon anti-douleurs le lendemain ! On peut commencer à penser à louer du matos ou à la méthode chimique si on n’est pas pressé.
- Plus de 40 cm : Honnêtement, oubliez la méthode manuelle. Vous allez y laisser votre dos. Il faut passer à la vitesse supérieure avec des moyens mécaniques.
L’environnement : le piège à éviter
Regardez autour de la souche. Y a-t-il des tuyaux (eau, gaz), des câbles (électricité, fibre) ? Un muret, une terrasse, les fondations de la maison ? Un client m’a appelé un jour, complètement paniqué. Il avait joué les gros bras avec une barre à mine près de sa clôture et avait fissuré la semelle en béton. La réparation lui a coûté trois fois le prix d’un dessouchage pro… En cas de doute, surtout en lotissement, faites une DICT (Déclaration d’Intention de Commencement de Travaux). C’est gratuit et ça peut vous éviter une catastrophe.

La sécurité n’est PAS une option.
L’équipement de base, c’est :
- Gants épais : Contre les échardes et la sève (surtout celle du laurier-rose !).
- Lunettes de protection : Un éclat de bois ou un caillou dans l’œil, ça arrive vite.
- Chaussures de sécurité : Un outil lourd ou la souche qui bascule sur vos orteils, non merci.
Pour le laurier-rose, j’ajoute un masque et des manches longues. Et je le redis : NE JAMAIS BRÛLER DU LAURIER-ROSE. Les fumées sont un vrai poison.
Manuelle, chimique, mécanique : quelle méthode choisir ?
Avant de détailler, faisons un petit tour d’horizon pour que vous puissiez choisir votre camp. Franchement, il y a trois grandes approches.
D’abord, la méthode manuelle. C’est l’huile de coude, la sueur et la satisfaction du travail accompli. Côté budget, c’est imbattable : quasi gratuit si vous avez déjà les outils. Par contre, l’effort physique est très élevé et ça prend du temps. C’est parfait pour les petites souches (jusqu’à 20-25 cm) et si vous avez envie de faire du sport.

Ensuite, il y a la méthode chimique. C’est la solution des gens patients. L’effort physique est quasi nul et le coût est modéré, on parle d’une quinzaine d’euros pour un produit. Le gros inconvénient ? C’est leeeeent. On parle de plusieurs mois, voire un an ou deux. C’est une bonne option pour une souche coincée contre un mur où vous ne pouvez pas creuser.
Enfin, la méthode mécanique. C’est la grosse artillerie, l’efficacité pure. Le résultat est immédiat, même sur une souche monstrueuse, et ça ne demande aucun effort de votre part si vous faites appel à un pro. Forcément, c’est la solution la plus chère. C’est l’idéal pour les grosses souches, quand on en a plusieurs, ou si on veut un résultat propre et net sans attendre.
La méthode manuelle : la force et la ruse
Idéale pour les petites et moyennes souches. C’est écolo, économique et très gratifiant.

La petite liste de courses
N’y allez pas avec votre matériel de jardinage du dimanche. Il vous faut du solide. Si vous partez de zéro, vous en aurez pour environ 75€ dans n’importe quel magasin de bricolage type Castorama ou Leroy Merlin :
- Une bêche robuste (environ 25€)
- Une pioche (environ 30€)
- Une hachette ou une bonne scie égoïne (environ 20€)
- Optionnel mais génial : une barre à mine pour faire levier et une herminette (c’est comme une pioche mais avec une lame de hache à l’horizontale, parfaite pour couper les racines en dessous).
La technique, pas à pas
Le secret, c’est de travailler intelligemment, pas comme un bourrin. Je me souviens de ma première grosse souche, j’ai cru que j’allais y laisser mon dos… jusqu’à ce qu’un ancien m’explique l’astuce du point de levier. Ça a tout changé !
- Creusez une tranchée : Faites un cercle large (50-60 cm) autour de la souche. Creusez sur 40-50 cm de profondeur pour exposer les grosses racines latérales. Une erreur courante est de creuser un trou trop petit. Prévoyez toujours la largeur de vos épaules pour être à l’aise.
- Coupez les racines latérales : Une fois exposées, coupez-les net à la hache ou à la scie. Plus vous coupez loin de la souche, mieux c’est.
- Faites levier : Glissez la barre à mine ou le manche de la pioche le plus loin possible sous la souche. Utilisez une grosse bûche comme point d’appui pour démultiplier votre force. Balancez la souche d’avant en arrière pour fatiguer la racine principale qui plonge droit dessous.
- Sortez-la ! Continuez de balancer et de couper ce qui résiste. À un moment, vous sentirez que ça lâche. C’est gagné !
Petit conseil d’ami : La veille, arrosez copieusement tout autour de la souche. Une terre humide est mille fois plus facile à travailler. Ça change la vie.

La méthode chimique : l’art de la patience
Honnêtement, en tant que pro, ce n’est pas ma préférée car j’aime mes sols vivants. Mais elle a son utilité dans certains cas bien précis.
Oubliez les remèdes de grand-mère !
Le gros sel, l’eau de Javel… C’est une très, très mauvaise idée. Oui, ça va tuer la souche, mais ça va aussi stériliser votre sol pour des années. Vous créerez un mini désert dans votre jardin. À proscrire !
Comment ça marche vraiment ?
Les produits du commerce (cherchez « destructeur de souches » ou « dévitalisant », comptez entre 15€ et 30€ la boîte) sont le plus souvent à base de nitrate de potassium. Ils ne « dissolvent » pas le bois. En fait, ils apportent de l’azote, la nourriture préférée des champignons qui décomposent le bois. Vous ne faites qu’accélérer un processus naturel qui prendrait sinon dix ans.
- Percez des trous : Avec une grosse mèche à bois, faites des trous profonds (15-20 cm) et espacés de 10 cm sur toute la surface de la souche.
- Remplissez : Versez le produit dans les trous.
- Ajoutez de l’eau : Pour activer le produit et le faire pénétrer.
- Couvrez ! C’est l’étape que tout le monde oublie. Mettez une bâche noire dessus. Ça garde l’humidité, protège le produit de la pluie et, surtout, met le tout hors de portée des enfants et des animaux.
Et maintenant… attendez. Entre 6 mois et 2 ans. La souche deviendra spongieuse et vous pourrez la démolir à la hache sans effort.

La méthode mécanique : rapide et radicale
Pour les grosses souches, ou si vous avez plusieurs chantiers, c’est la seule option raisonnable.
La rogneuse de souche
C’est une machine avec un disque à dents qui vient grignoter la souche en copeaux, jusqu’à 20-30 cm sous le niveau du sol. Le résultat est propre et immédiat.
Alors, location ou pro ? La location d’une rogneuse, ça se trouve, et il faut compter entre 150€ et 300€ la journée. Mais attention, c’est une machine puissante et potentiellement dangereuse. Faire appel à un professionnel coûte souvent entre 100€ (pour une petite souche facile) et plus de 400€ pour un monstre mal placé. C’est un budget, mais c’est la garantie d’un travail rapide, sûr et assuré.
La mini-pelle
Pour les très grosses souches (+ de 60cm) ou pour nettoyer tout un terrain, c’est l’arme absolue. Elle arrache tout en quelques minutes. Par contre, ça laisse un cratère et ça tasse le sol. C’est vraiment réservé aux chantiers d’envergure.

L’étape cruciale : la dévitalisation
Surtout pour le laurier-cerise ! Même après un rognage, les racines restantes peuvent repartir de plus belle. Juste après avoir abattu l’arbre, quand la sève circule encore, peignez la coupe fraîche avec un dévitalisant. Insistez sur le pourtour, juste sous l’écorce. Le produit sera absorbé et tuera tout le système racinaire. C’est radical.
Et après ? On fait quoi de tout ça ?
Le travail n’est pas tout à fait fini.
Une souche, ça va à la déchetterie, dans la benne des déchets verts. Les copeaux de la rogneuse, par contre, c’est de l’or ! Vous pouvez les utiliser en paillage. Bon à savoir : en se décomposant, le bois frais consomme de l’azote. Pensez à mélanger vos copeaux avec un peu de compost ou une poignée d’engrais « coup de fouet » pour ne pas affamer les plantes voisines.
Enfin, pour combler le trou, mélangez la terre extraite avec du bon compost ou du terreau. Tassez, arrosez, et voilà ! Votre sol est prêt pour une nouvelle vie.

En résumé, dessoucher un laurier, c’est un vrai projet. Prenez le temps d’analyser, choisissez la méthode qui vous correspond et surtout, ne lésinez jamais sur la sécurité. Et si la souche vous semble trop grosse, trop compliquée… appeler un pro n’est pas un échec, c’est faire preuve de bon sens !
Inspirations et idées
Arrachage manuel : L’option sportive ! Idéale pour les souches de taille modeste et si vous avez de l’énergie à revendre. L’avantage est un sol immédiatement propre et prêt à être replanté.
Dévitalisation chimique : La patience est votre alliée. Parfait pour les grosses souches inaccessibles. Le produit (souvent à base de triclopyr) agit en plusieurs mois mais demande un effort physique quasi nul.
Le choix dépend de votre calendrier et de votre motivation !
Le saviez-vous ? Les racines d’un laurier-cerise mature peuvent s’étendre sur une surface équivalente à deux fois la hauteur de l’arbre. C’est un véritable réseau souterrain qui explique sa ténacité et sa capacité à produire des rejets loin du pied initial.
Avec le laurier-rose, la protection n’est pas une option. Votre kit indispensable :
- Gants épais et imperméables, type nitrile ou cuir.
- Lunettes de protection intégrales pour éviter les projections de sève dans les yeux.
- Vêtements à manches longues et pantalons pour couvrir toute la peau.
- Un masque FFP2 si vous créez de la sciure, pour ne pas en inhaler les particules toxiques.
Et une fois la souche sortie, on en fait quoi ?
Surtout, ne brûlez jamais le bois de laurier-rose, ses fumées sont très toxiques ! Pour les autres lauriers (sauce, cerise), vous pouvez laisser le bois sécher un an ou deux pour en faire un excellent bois de chauffage. Sinon, la solution la plus simple reste le dépôt en déchetterie, dans la benne des déchets verts. Certaines communes proposent même un service d’enlèvement sur rendez-vous.
Certains dévitalisants chimiques à base de glyphosate peuvent persister dans le sol pendant plus de 6 mois avant de se dégrader.
Cela signifie que la zone traitée peut devenir temporairement inhospitalière pour de nouvelles plantations. Les micro-organismes essentiels à la vie du sol sont aussi affectés. Pensez-y si vous rêvez d’un potager à cet emplacement : une solution mécanique ou manuelle, bien que plus exigeante, préserve la santé immédiate de votre terre.
Pour les souches de plus de 40 cm de diamètre, ne vous acharnez pas. La location d’une rogneuse de souche est la solution des pros accessible à tous. Des enseignes comme Loxam ou Kiloutou proposent des modèles compacts, comme la FSI B22, qui passent par un portillon de jardin standard. En moins d’une heure, le problème est littéralement réduit en copeaux.
Le détail qui change tout : Une fois la souche principale retirée, ne criez pas victoire trop vite. Prenez le temps de fouiller la terre avec une fourche-bêche sur un rayon d’un mètre pour extraire les moindres fragments de racines. Un seul morceau de racine de laurier-cerise oublié, et c’est la garantie de voir apparaître des rejets au printemps suivant.
- Aucun effort physique intense.
- Enrichit le sol en se décomposant.
- Totalement gratuit et écologique.
Le secret ? La méthode douce. Percez de larges trous dans la souche avec une grosse mèche à bois, remplissez-les de marc de café ou d’ail écrasé (réputés pour accélérer la décomposition) et recouvrez le tout d’une bâche noire pour maintenir l’humidité. La nature fera le travail en 1 à 2 ans.
La place est libre ! Avant de replanter, aérez bien la terre et amendez-la avec un bon compost pour compenser les nutriments puisés par le laurier. C’est l’occasion parfaite pour repenser cet espace :
- Pour un effet structurant, optez pour un Osmanthus ou un Photinia ‘Red Robin’, moins envahissants.
- Pour une touche fleurie et légère, un massif de graminées comme le Pennisetum et de vivaces comme les gauras sera du plus bel effet.
Le piège classique est de sous-estimer la partie immergée de l’iceberg. Une petite souche en surface peut cacher un système racinaire tentaculaire. Avant de choisir votre méthode, creusez toujours un peu autour du collet pour évaluer le diamètre réel des racines principales. Cela vous évitera de commencer un travail manuel épuisant pour finalement devoir louer une machine.