Mufliers : Le Guide Complet Pour Des Fleurs Tout l’Été (Même Si Vous Débutez)
Ah, le muflier ! Pour moi, c’est bien plus qu’une simple fleur. Ça me rappelle le jardin un peu fou de ma grand-mère, où on s’amusait à pincer les fleurs pour les faire « parler ». On les appelait les « gueules-de-loup », et elles semblaient pousser toutes seules, dans une joyeuse pagaille de couleurs.
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Des années plus tard, en devenant pépiniériste, j’ai redécouvert cette plante. Et franchement, j’ai réalisé que pour avoir des tiges droites, une floraison dense qui dure des mois, il y a quelques techniques à connaître. Ce ne sont pas des « secrets », juste du bon sens et des gestes de pro. Alors, si vous voulez des mufliers qui fleurissent de mai jusqu’aux premières gelées, suivez le guide. Je vais vous partager tout ce que j’ai appris sur le terrain, sans chichis.
Avant tout : comprendre ce que veut votre muflier
Avant même de penser à planter, il faut comprendre la plante. Le muflier, ou Antirrhinum majus pour les intimes, vient du bassin méditerranéen. Rien que cette info, c’est de l’or. Ça nous dit tout sur ses besoins : du soleil, de la chaleur et, surtout, un sol qui ne garde pas l’eau. Garder ça en tête, c’est déjà 50% du travail de fait.

Vivace ou annuelle ? La grande question
On entend souvent dire que c’est une vivace qu’on cultive comme une annuelle. C’est plus ou moins vrai. Dans le sud de la France, avec un hiver doux et un sol bien drainant, il peut survivre et repartir. J’ai même quelques pieds qui tiennent depuis trois ans en Touraine, mais ils sont contre un mur plein sud dans une terre très sableuse. C’est l’exception qui confirme la règle.
Pour faire simple : au nord de la Loire, considérez-le comme une annuelle. Ça vous évitera des déceptions. Au sud, tentez le coup dans un endroit très protégé !
D’ailleurs, il faut comprendre le but d’une plante annuelle : faire des graines pour se reproduire. Une fois que c’est fait, elle se dit « mission accomplie » et arrête de faire des fleurs. Notre boulot de jardinier, c’est de l’en empêcher ! En coupant les fleurs fanées, on lui envoie un message clair : « Hé, tu n’as pas encore fait de graines, au travail ! ». Et hop, elle nous refait des fleurs. C’est ce cycle qu’on va exploiter.

Les techniques qui font VRAIMENT la différence
Allez, on passe à la pratique. De la plantation à la taille, chaque étape compte pour avoir un résultat spectaculaire.
La plantation : des fondations en béton
Tout part de là. Ne bâclez surtout pas cette étape.
- Le sol, le critère N°1 : Le drainage est non négociable. Si votre terre est argileuse et colle aux bottes, il faut absolument l’alléger. Incorporez du sable de rivière (pas du sable de construction, trop fin) et une bonne poignée de compost bien mûr par trou de plantation. Mon astuce perso : j’ajoute une petite pelle de gravillons fins au fond du trou. Ça crée une poche de drainage qui change tout.
- L’exposition : C’est plein soleil, point final. Il faut au minimum 6 à 8 heures de soleil direct par jour. Moins, et vous aurez des tiges toutes molles qui s’écroulent et trois fleurs qui se battent en duel.
- Quand et comment planter : Vous avez deux options. Soit le semis en intérieur dès fin février, soit l’achat de plants. Honnêtement, pour débuter, l’achat de plants en godets début mai est plus simple et vous fait gagner un temps fou. Comptez entre 1€ et 3€ par plant en jardinerie, c’est un bon investissement. Pour les plus patients, un sachet de graines coûte entre 2€ et 5€ et vous donnera des dizaines de plants. Attention : si vous semez vous-même, n’oubliez pas l’étape CRUCIALE de l’acclimatation ! Ne passez jamais vos plants directement de votre salon au jardin. Sortez-les quelques heures par jour pendant une semaine, en augmentant progressivement la durée. C’est le piège classique qui grille les jeunes pousses.
Lors de la plantation, espacez vos plants de 25-30 cm. Ça peut paraître énorme au début, mais une bonne circulation de l’air est la meilleure assurance-vie contre les maladies.

L’entretien au quotidien
Une fois en terre, c’est assez simple.
- L’arrosage : Toujours au pied, jamais sur les feuilles pour éviter les maladies. Arrosez moins souvent mais généreusement. Attendez que la terre soit sèche sur 3-4 cm avant de ressortir l’arrosoir. Le muflier préfère un petit coup de soif à des bains de pieds constants.
- L’engrais : Allez-y mollo. Trop d’azote (N) donne de belles feuilles, mais pas de fleurs. J’utilise un engrais pour plantes fleuries, type 4-8-12, une fois toutes les trois semaines de juin à août, mais je le dilue de moitié. Astuce concrète : si la bouteille recommande un bouchon pour 1 litre d’eau, mettez ce même bouchon dans 2 litres d’eau. C’est largement suffisant.
Le pincement : le geste magique pour un buisson de fleurs
C’est LE geste qui transforme un muflier banal en une plante exceptionnelle. Il ne faut pas en avoir peur ! La première fois que j’ai zappé cette étape, j’ai eu une seule grande tige qui a cassé à la première pluie… Croyez-moi, on ne fait l’erreur qu’une fois !

Le Pincement pour les Nuls en 3 étapes faciles :
- Attendez que votre jeune plant fasse environ 15 cm et ait au moins 6 vraies paires de feuilles.
- Repérez la tige principale, tout en haut.
- Avec vos ongles ou un petit ciseau propre, coupez cette tige juste au-dessus de la 4ème ou 5ème paire de feuilles en partant du bas.
C’est tout ! Ce geste, qui semble un peu barbare, va forcer la plante à créer plein de nouvelles tiges sur les côtés. Au lieu d’une seule tige florale, vous en aurez 4, 6, voire plus. C’est la clé d’un massif dense et fleuri.
La taille d’entretien pour une floraison non-stop
De juin à octobre, votre mission est de couper les fleurs fanées. Dès que les deux tiers d’une tige sont défleuris, n’attendez pas !
L’erreur à ne pas faire : ne coupez pas juste la fleur. Suivez la tige vers le bas jusqu’à trouver une nouvelle petite pousse ou une paire de feuilles. Coupez juste au-dessus. C’est de là que repartira la prochaine fleur. Pour ça, un petit sécateur à fleurs ou de bons ciseaux de cuisine font l’affaire. Mon petit truc de pro : j’ai toujours une lingette imbibée d’alcool dans la poche pour nettoyer ma lame entre deux massifs. Ça prend deux secondes et ça évite de propager les maladies.

Et si vers le mois d’août, vos plants semblent fatigués et dégingandés, n’hésitez pas. Taillez tout d’un bon tiers, arrosez bien, un petit coup d’engrais, et ils repartiront de plus belle pour l’automne !
Quel muflier pour quel usage ?
Le choix est vaste, alors autant choisir le bon !
Franchement, tout dépend de votre projet. Pour des massifs bien fournis et colorés, partez sur des variétés de taille moyenne, qui montent à 40-50 cm. Elles ont une bonne tenue et créent un bel effet de volume. Si vous voulez fleurir un balcon, une jardinière ou une bordure, les variétés naines (15-20 cm) sont parfaites. Elles forment de véritables tapis de fleurs.
Maintenant, si comme moi vous adorez faire des bouquets, il vous faut du lourd ! Tournez-vous vers les variétés hautes, dites « à couper », qui peuvent atteindre 70 à 90 cm. Leurs longues tiges sont solides et magnifiques en vase. Il existe même des variétés à fleurs doubles qui ressemblent à de petites pivoines. Vous trouverez de très bons choix chez les semenciers spécialisés en ligne ou même parmi les marques de confiance en jardinerie.

Au secours ! Mon muflier a un problème
- Feutre blanc sur les feuilles (Oïdium) : C’est un champignon qui adore l’humidité et le manque d’air. La meilleure prévention, c’est l’espacement à la plantation. Si c’est déjà là, coupez les feuilles atteintes (ne les mettez pas au compost !) et pulvérisez un mélange d’eau et de lait écrémé (1 volume de lait pour 9 volumes d’eau).
- Taches de rouille sous les feuilles (Rouille) : C’est la pire ennemie du muflier. Malheureusement, il n’y a pas de remède miracle. Si une plante est très atteinte, la décision la plus sage est de l’arracher et de la jeter pour sauver ses voisines. C’est dur, mais nécessaire.
- Tiges qui s’affaissent : Soit un manque de soleil, soit vous avez choisi une variété haute qui a besoin d’un tuteur. Pour les variétés de plus de 60 cm, un tuteurage discret avec des bâtons de bambou est presque indispensable.
- Pucerons : Un jet d’eau un peu puissant suffit souvent. Sinon, une pulvérisation d’eau avec une cuillère de savon noir liquide fera le ménage.
Bon à savoir : à la fin de la saison, laissez quelques belles tiges monter en graines. Quand les capsules sont sèches et brunes (elles ressemblent à de minuscules crânes, c’est assez marrant), récoltez-les. Vous aurez vos propres graines pour l’année suivante !

Voilà, vous avez toutes les cartes en main. Le muflier est une plante incroyablement généreuse si on lui accorde un minimum d’attention. Ce petit rituel de la coupe des fleurs fanées est le secret pour un jardin éclatant tout l’été.
Pour bien démarrer, voici votre liste de courses : – Des graines (2-5€) ou des plants en godet (1-3€ pièce) – Du terreau pour plantes fleuries et/ou du compost – Du sable de rivière ou des petits gravillons si votre terre est lourde – Un petit sécateur à fleurs ou des ciseaux bien aiguisés – Un engrais liquide pour plantes fleuries (riche en P et K)
Dernier conseil : attention avec les outils, un sécateur qui dérape, ça coupe ! Restez concentré. Et même si on lit parfois que les fleurs sont comestibles, soyez prudent. Ne consommez jamais de fleurs qui ont reçu un traitement chimique. Pour la déco d’assiette, n’utilisez que des plantes que vous avez cultivées vous-même, en mode 100% bio.
Inspirations et idées
Astuce de pro pour des touffes denses : Au printemps, lorsque vos jeunes plants de mufliers atteignent environ 10-15 cm et possèdent 4 à 6 vraies feuilles, pincez la tige principale juste au-dessus d’une paire de feuilles. Ce geste, un peu contre-intuitif, stoppe la croissance en hauteur au profit de nouvelles tiges latérales. Résultat : une plante plus buissonnante, plus robuste et qui produira beaucoup plus de fleurs.
Le nom botanique du muflier, Antirrhinum, vient du grec ancien ‘anti’ (semblable à) et ‘rhin’ (nez ou museau), en référence à la forme de la fleur qui ressemble à un museau.
Vos mufliers peuvent-ils parfumer votre jardin ?
Oui, mais pas tous ! Si beaucoup de variétés modernes ont perdu leur parfum au profit de la couleur, certaines lignées anciennes ou spécifiques comme la série ‘Aromas’ de chez Syngenta Flowers ont été sélectionnées pour leur fragrance douce et fruitée. Le parfum est souvent plus perceptible en fin de journée, lorsque la chaleur diminue. Une belle surprise à humer lors des soirées d’été.
Pour un massif au charme intemporel, mariez les mufliers à des plantes qui partagent leurs besoins en soleil et en sol drainant. Les associer permet de créer des volumes et des contrastes de textures saisissants.
- Cosmos : Leur feuillage vaporeux et leurs fleurs simples apportent de la légèreté.
- Sauge farineuse ‘Victoria Blue’ : Ses épis d’un bleu intense créent un contraste de couleur et de forme magnifique avec les mufliers roses ou jaunes.
- Pétunias retombants : Idéals au pied des mufliers hauts pour habiller la base du massif.
La rouille du muflier (Puccinia antirrhini) est la maladie la plus redoutable pour cette plante. Elle est favorisée par une humidité stagnante.
Concrètement, surveillez l’apparition de petites pustules couleur rouille sous les feuilles. Pour la prévenir, évitez d’arroser le feuillage, assurez une bonne circulation de l’air entre les plants et n’hésitez pas à pulvériser préventivement une décoction de prêle, riche en silice, qui renforce les tissus de la plante.
Semis maison : L’option la plus économique, offrant un large choix de variétés (comme les magnifiques ‘Chantilly’ ou ‘Madame Butterfly’ qu’on ne trouve pas toujours en plants). Demande de la patience et un peu de matériel (terrine, terreau fin). Idéal pour les jardiniers curieux et prévoyants.
Plants en godet : Le choix de la facilité et de la rapidité. Parfait pour combler un trou dans un massif ou pour les débutants. Le coût est plus élevé et le choix de variétés souvent limité aux classiques.
Notre conseil : semez quelques variétés spéciales et complétez avec des plants achetés en pépinière pour un résultat immédiat.
Le muflier n’est pas seulement une fleur de massif, c’est aussi une excellente fleur à couper qui tient bien en vase. Pour prolonger la fraîcheur de vos bouquets, suivez ces quelques gestes simples :
- Coupez les tiges le matin, à la fraîche.
- Utilisez un sécateur propre pour une coupe nette en biseau.
- Retirez toutes les feuilles qui pourraient tremper dans l’eau.
- Ajoutez une goutte d’eau de Javel ou un sachet de conservateur pour fleurs coupées dans l’eau du vase.
Loin des traditionnelles gueules-de-loup, de nouvelles variétés renouvellent totalement l’allure du muflier. Les séries ‘Madame Butterfly’ F1, par exemple, offrent des fleurs doubles à l’aspect froufroutant, semblables à des fleurs d’azalée. Les ‘Twinny’, eux, proposent des fleurs doubles papilionacées sur des plants nains, parfaits pour les potées et les bordures. Osez ces nouvelles formes pour surprendre !
- Une meilleure résistance à la sécheresse estivale.
- Un enracinement profond et vigoureux.
- Moins de risques de pourriture au niveau du collet.
Le secret ? Un sol parfaitement drainé. Si votre terre est argileuse, incorporez généreusement du sable de rivière ou des graviers fins au fond du trou de plantation. Votre muflier vous remerciera.
Vers la fin de l’été, laissez quelques fleurs faner sur un ou deux de vos plus beaux pieds. De petites capsules remplies de graines se formeront. Une fois qu’elles sont sèches et brunes (on entend les graines bouger à l’intérieur), récoltez-les et conservez-les dans une enveloppe en papier dans un endroit sec et frais. Vous aurez ainsi vos propres semences gratuites pour l’année suivante, parfaitement adaptées à votre jardin !