Vos pieds de courgettes sont énormes mais ne donnent rien ? Voici pourquoi.
J’ai passé des années dans les potagers, les mains littéralement dans la terre, à apprendre le métier auprès d’anciens et en gérant des parcelles pour des pros. La courgette, tout le monde dit que c’est la plante facile du débutant. Et c’est un peu vrai. Elle pousse vite et pardonne pas mal d’erreurs. Mais franchement, entre avoir trois courgettes pour se donner bonne conscience et en récolter des caisses tout l’été, il y a un monde. Un monde de savoir-faire et d’observation.
Contenu de la page
- Comprendre la courgette avant de planter
- Les techniques qui changent tout (et que peu de gens appliquent)
- Le S.O.S. Courgette : problèmes fréquents et solutions claires
- Passer au niveau supérieur : production en continu et gain de place
- La récolte et la conservation : les questions qu’on oublie toujours
- Avertissement : ce qu’il ne faut JAMAIS faire
- Galerie d’inspiration
Chaque été, c’est la même histoire : je vois des jardiniers dépités. Leurs pieds de courgettes sont magnifiques, avec des feuilles larges comme des parasols, mais quasiment pas de fruits. Ou pire, les mini-courgettes jaunissent et pourrissent avant même d’avoir une chance de grandir. Ce n’est pas une fatalité ! C’est juste le signe que la plante vous envoie un S.O.S. Mon but ici, c’est de vous filer une vraie méthode de travail, basée sur la compréhension de la plante. On va voir les bases, bien sûr, mais on ira surtout piocher dans les gestes qui font toute la différence.

Comprendre la courgette avant de planter
Avant de se jeter sur sa pelle, cinq minutes de réflexion s’imposent. La courgette est une plante dite « gourmande ». On entend ce mot partout, mais qu’est-ce que ça veut dire concrètement ?
Ce qu’elle a vraiment dans le ventre
Une plante gourmande, c’est une sprinteuse. En quelques mois, elle passe d’une graine minuscule à une usine végétale qui produit des kilos de fruits. Pour ça, il lui faut du carburant, et du bon ! Les trois éléments clés sont l’azote (N), le phosphore (P) et le potassium (K).
Pour faire simple : l’azote, c’est pour le vert, les feuilles, la structure. Trop d’azote, et vous aurez une jungle magnifique… mais sans fruits. C’est l’erreur numéro un ! On met plein de compost jeune ou d’engrais « coup de fouet » en pensant bien faire, et on se retrouve avec un monstre de feuilles. Le phosphore, lui, est essentiel pour les racines et les fleurs. Et le potassium (K), c’est LUI, le champion de la fructification. C’est le potassium qui aide les fruits à grossir et à avoir du goût. Une courgette qui jaunit et tombe ? C’est souvent un manque de potassium.

Un bon compost bien mûr (plus d’un an) ou un fumier décomposé est donc parfait au départ, car il libère tout ça lentement et de façon équilibrée.
Le duo essentiel : sol et soleil
Le sol n’est pas qu’un support, c’est son garde-manger. Il doit être léger, profond et bien drainé. Si votre terre est lourde et argileuse, allégez-la avec du compost ou un peu de sable. Les racines de courgette détestent avoir les pieds dans l’eau ; elles suffoquent et pourrissent.
Et le soleil… ce n’est pas une option. Il faut au minimum 6 à 8 heures de soleil direct par jour. C’est non négociable. Sans assez de lumière, pas d’énergie, pas de fleurs, pas de fruits. L’emplacement, c’est votre premier geste technique.
Les techniques qui changent tout (et que peu de gens appliquent)
Maintenant, passons aux gestes qui séparent le jardinier du dimanche du pro. Ça demande un poil plus d’efforts au début, mais les résultats sont incomparables.

La préparation du trou : votre investissement de départ
Oubliez le petit trou vite fait. Pour chaque pied, creusez un trou d’au moins 40 cm en tout sens. Avant même de commencer, prévoyez votre petite liste de courses : un sac de compost mûr (vous en trouverez pour 5-10€ en jardinerie) et un bon terreau de plantation, si possible avec la mention ‘utilisable en bio’ (comptez 8-15€ le sac).
Au fond du trou, mettez une bonne pelle de ce compost. Recouvrez de 10 cm de terre. C’est le garde-manger pour plus tard. Puis, remplissez avec un mélange de votre terre de jardin et du terreau. C’est le meilleur départ que vous puissiez lui offrir.
L’astuce de pro : la plantation sur butte
Planter sur une petite colline de terre de 15-20 cm de haut, c’est une technique ancestrale magique. Pourquoi ? Le drainage est parfait, adieu la pourriture du collet. La terre se réchauffe plus vite au printemps, ce que les racines adorent. Et l’arrosage est ultra-efficace : on crée une cuvette au sommet et l’eau va directement aux racines. Simple et redoutable.

L’arrosage : la qualité, pas la fréquence
N’arrosez JAMAIS sur les feuilles, c’est la porte ouverte à l’oïdium (cette poudre blanche horrible). Toujours au pied. Et arrosez abondamment mais rarement (1 à 2 fois par semaine max, sauf canicule). Ça force les racines à descendre chercher l’eau en profondeur. Pour savoir quand arroser, c’est simple : enfoncez votre doigt dans la terre. Si c’est sec à 5 cm, c’est le moment. Humide ? Attendez encore.
Astuce de radin : les oyas (ces pots en terre cuite à enterrer) sont géniaux mais peuvent coûter cher (entre 15€ et 30€ pièce). L’alternative ? Un simple pot de fleur en terre cuite, le trou de drainage bouché par un caillou, enterré à côté du plant et rempli d’eau. L’eau suintera doucement. Ça fait 80% du boulot pour presque rien !
La taille : osez couper !
Un pied de courgette non taillé devient une masse de feuilles où l’air ne circule pas. C’est un nid à maladies. Il faut tailler ! Mais quoi ? Les vieilles feuilles à la base, celles qui jaunissent ou touchent le sol. Coupez aussi une ou deux grandes feuilles au centre pour laisser passer la lumière. Avant la taille, votre pied est une jungle. Après avoir enlevé 2-3 feuilles, l’air circule, le soleil atteint les fruits, c’est le jour et la nuit ! Utilisez un sécateur propre et coupez la tige à 2-3 cm de la base. Ne tirez jamais dessus.

Le S.O.S. Courgette : problèmes fréquents et solutions claires
On passe au mode pompier. Voici les pannes les plus courantes et comment les réparer.
LE PROBLÈME : « J’ai plein de fleurs, mais pas de fruits ! Ou mes mini-courgettes jaunissent et tombent. »
LE DIAGNOSTIC : À 90%, c’est un défaut de pollinisation. La courgette a des fleurs mâles et femelles, et il faut qu’une abeille transporte le pollen de l’une à l’autre. S’il pleut, s’il fait froid ou s’il n’y a pas assez d’insectes, c’est raté.
LA SOLUTION : Jouez à l’abeille ! Le matin, cueillez une fleur mâle (celle au bout d’une tige fine), retirez les pétales jaunes et tapotez délicatement son cœur plein de pollen à l’intérieur d’une fleur femelle (celle avec une mini-courgette à sa base). C’est tout ! Allez, petit défi : essayez demain, vous verrez le résultat en quelques jours, c’est magique.
LE PROBLÈME : « Il y a une sorte de poudre blanche sur les feuilles. »
LE DIAGNOSTIC : C’est l’oïdium, un champignon qui adore l’humidité stagnante.
LA SOLUTION : Prévenir en arrosant au pied et en taillant. Si c’est déjà là, pulvérisez un mélange de 9 parts d’eau pour 1 part de lait écrémé. Ça stoppe souvent la progression.

LE PROBLÈME : « Ma plante flétrit d’un coup, comme si elle était morte subitement. »
LE DIAGNOSTIC : Aïe. Regardez à la base de la tige. Si vous voyez un petit trou avec de la sciure, c’est la pyrale, une chenille qui a creusé une galerie. C’est souvent fatal.
LA SOLUTION : La prévention est la seule arme. Ne replantez pas de courges au même endroit chaque année. Et surtout, échelonnez vos plantations (on y vient juste après) pour ne pas tout perdre d’un coup.
Passer au niveau supérieur : production en continu et gain de place
La plantation échelonnée : le secret pour des courgettes jusqu’en octobre
Un pied de courgette, ça s’épuise. Au bout de 2-3 mois, il fatigue. Le secret des pros, c’est de ne jamais tout miser sur la première plantation. Je vous conseille de faire un premier semis au chaud en avril, un deuxième directement en terre début juin, et un dernier début juillet. Les derniers plants prendront le relais quand les premiers faibliront. C’est la garantie d’une récolte non-stop.

La culture verticale : idéal pour les petits espaces
Si vous avez un balcon ou un petit jardin, pensez vertical ! Attention, ça ne marche qu’avec les variétés dites « coureuses ». La star de la discipline, c’est la ‘Tromba d’Albenga’, une variété italienne délicieuse. Installez un support solide (grillage, tipi en bambous…) et guidez la tige principale dessus au fur et à mesure. Le gain de place est énorme et, comme la plante est mieux aérée, elle est moins malade.
La récolte et la conservation : les questions qu’on oublie toujours
Une question revient sans cesse : « Je plante combien de pieds ? ». Honnêtement, pour une famille de quatre, deux pieds bien entretenus suffisent LARGEMENT pour être bien fourni tout l’été, voire pour en donner aux voisins.
Et on la cueille quand, cette fameuse courgette ? Oubliez les massues d’un kilo pleines d’eau et de pépins. Le top du top, c’est de la cueillir jeune, quand elle mesure entre 15 et 20 cm de long. Elle est tendre, croquante et pleine de saveur. Plus vous cueillez, plus la plante produit !

Vous serez vite submergé, c’est une certitude. Alors anticipez ! Coupée en dés ou en rondelles et blanchie 2 minutes à l’eau bouillante, elle se congèle très bien. C’est aussi le moment de se lancer dans la production de ratatouille ou de velouté en bocaux pour l’hiver.
D’ailleurs, bon à savoir : ne jetez surtout pas les fleurs mâles ! Cueillies le matin, farcies ou juste trempées dans une pâte à beignet et frites… c’est un délice absolu.
Avertissement : ce qu’il ne faut JAMAIS faire
Un dernier point, et c’est le plus important. Si un jour, en goûtant un petit bout de courgette crue, vous sentez une amertume très forte, Jetez-la immédiatement. Ne la cuisinez pas. Cette amertume est le signe d’une concentration anormale de cucurbitacines, des composés toxiques. C’est rare, mais ça peut arriver après un gros stress de la plante ou une pollinisation croisée avec une courge ornementale. Zéro risque à prendre : si c’est amer, c’est poubelle.

Au final, cultiver la courgette, c’est apprendre à observer. Une feuille qui change de couleur, une fleur qui tombe… c’est un langage. En appliquant ces quelques techniques, vous ne ferez pas que récolter plus de légumes. Vous deviendrez un meilleur jardinier, tout simplement. Et croyez-moi, la fierté de poser sur la table une courgette parfaite qu’on a fait pousser soi-même… ça n’a pas de prix.
Galerie d’inspiration


La récolte est un signal. Cueillir ses courgettes régulièrement, même lorsqu’elles sont encore jeunes, n’est pas juste pour le plaisir. C’est un message clair envoyé à la plante :

- Repoussent naturellement certains pucerons.
- Fixent l’azote de l’air dans le sol, un bonus pour la plante voisine.
- Attirent les insectes pollinisateurs essentiels à la fructification.
Le secret ? L’association de cultures ! Plantez des capucines et des haricots nains à proximité de vos pieds de courgettes pour créer un écosystème vertueux et productif.

Pourquoi mon plant ne produit-il que des fleurs mâles au début ?
Pas de panique, c’est tout à fait normal. La plante produit d’abord une vague de fleurs mâles (celles au bout d’une longue tige fine) pour attirer les pollinisateurs. Les fleurs femelles, reconnaissables à la mini-courgette à leur base, apparaissent quelques jours plus tard, une fois que les insectes butineurs ont pris leurs habitudes. La patience est la première vertu du jardinier !

Le paillage est l’allié numéro un pour conserver l’humidité. Deux écoles s’affrontent :
- Le paillis organique : paille, tontes de gazon séchées, feuilles mortes… Il nourrit le sol en se décomposant. Notre favori : le paillis de miscanthus, comme celui de la marque Secret Vert, qui ne se tasse pas et aide à repousser les limaces.
- Le film synthétique : souvent noir, il réchauffe le sol plus vite au printemps mais n’apporte rien à la vie du sol sur le long terme.

Saviez-vous que botaniquement, la courgette est un fruit ? Et plus spécifiquement une baie. Tout comme la tomate ou l’aubergine, elle est le résultat de la fécondation d’une fleur qui protège les graines.

L’erreur fatale : l’arrosage en

Selon l’IPBES (Plateforme intergouvernementale sur la biodiversité), près de 40% des pollinisateurs invertébrés, notamment les abeilles et les papillons, sont menacés d’extinction.
Ce déclin a un impact direct sur nos potagers. Si vous remarquez que vos fleurs femelles jaunissent et tombent, c’est peut-être un manque de pollinisation. Apprendre à féconder manuellement avec un petit pinceau devient une compétence précieuse pour assurer ses récoltes.

Variété ‘Ronde de Nice’ : Non coureuse, compacte, idéale pour les petits potagers ou la culture en grand pot. Produit de jolis fruits ronds parfaits à farcir.
Variété ‘Tromboncino d’Albenga’ : Coureuse et grimpante, elle peut être palissée sur un grillage pour un gain de place. Ses longs fruits au goût de noisette sont très résistants à l’oïdium.
Le choix dépend donc de votre espace et de vos envies culinaires !
Pour un boost de potassium ciblé, rien de tel qu’un engrais