Cultiver le basilic en pot : Le guide pour ne plus JAMAIS en racheter

Auteur Léa Bertrand

Je crois que j’ai du basilic dans les veines. Ça a commencé tout petit, dans le jardin de mon grand-père en Provence. Il me disait, avec son accent chantant : « Le basilic, c’est le soleil en feuille. Respecte-le, et il te le rendra. » Et franchement, il avait tout compris. Ces quelques mots résument l’essentiel.

Aujourd’hui, après des années à en cultiver, je vois encore les mêmes erreurs revenir. Surtout avec ce basilic de supermarché, tout pâle et fragile, qui n’a rien à voir avec la puissance d’une plante qu’on a chouchoutée soi-même. Mais la bonne nouvelle, c’est que ce n’est pas si compliqué. Il faut juste comprendre ce que la plante essaie de vous dire. Je vais vous partager mes techniques, celles qui fonctionnent vraiment, que ce soit sur mon balcon ou votre rebord de fenêtre.

1. Comprendre le basilic : Un peu de bon sens avant tout

Avant même de penser au pot, il faut se mettre dans la tête de la plante. Le basilic vient de régions chaudes et ensoleillées. Tout part de là. Il a besoin de trois choses : de la lumière à gogo, un sol qui respire et un arrosage intelligent.

bouture basilic pour faire son propre potager

La lumière, son plat principal : Le basilic est une véritable usine à soleil. Ses feuilles larges sont comme des panneaux solaires qui transforment la lumière en goût. La règle est simple : pas assez de soleil, pas assez de goût. Visez au minimum 6 heures de soleil direct par jour. En dessous, vous aurez une plante chétive avec des feuilles pâles. C’est juste de la biologie, pas un caprice !

Et si on n’a pas de balcon plein sud ? C’est la question qu’on me pose tout le temps. Tout le monde n’a pas une exposition parfaite. Si vous avez moins de 4-5 heures de soleil, le basilic va survivre, mais ne vous attendez pas à un buisson énorme. Pour compenser, vous pouvez investir dans une petite lampe de croissance horticole. On en trouve des très correctes en ligne pour environ 25-40€. C’est un petit budget, mais si vous voulez vraiment du basilic frais toute l’année, ça peut valoir le coup.


Le sol, son garde-manger : Les racines du basilic sont fines et détestent avoir les pieds dans l’eau. Un sol trop lourd, argileux, c’est la noyade assurée. C’est d’ailleurs la cause numéro un de la mort du basilic chez les débutants. Le terreau idéal doit être riche, mais surtout très léger et drainant.

L’eau, un équilibre fragile : Un basilic qui a soif, ça se voit tout de suite : ses feuilles pendent lamentablement. Un bon coup d’eau et hop, il se redresse en quelques heures. Par contre, un basilic trop arrosé, c’est plus vicieux. Il ne dit rien, ses racines pourrissent en silence, et quand les feuilles jaunissent… il est souvent trop tard. L’excès est bien plus dangereux que le manque !

2. Bien démarrer : Le matériel qui fait la différence

Un bon départ, c’est la moitié du travail de fait. Ne zappez pas cette étape, c’est là que tout se joue.

plantation du basilic en pot conseils

Quelle variété choisir ? Ne vous limitez pas au basilic standard ! Il y a tout un monde de saveurs à découvrir. Voici mes préférés :

  • Le ‘Grand Vert’ (ou ‘Genovese’) : C’est le classique, le couteau suisse du basilic. Idéal pour le pesto avec ses grandes feuilles tendres. C’est le plus simple pour commencer.
  • Le Basilic Thaï : Indispensable si vous aimez la cuisine asiatique. Son goût anisé et poivré est unique. En plus, ses tiges violettes sont super jolies. Il tient un peu mieux la cuisson.
  • Le Basilic Citron : Une merveille avec le poisson, dans les salades de fruits ou même en tisane. Un parfum frais et vivifiant, vraiment surprenant.
  • Le Basilic Pourpre : Superbe pour décorer un plat. Son goût est plus épicé, presque poivré. Il est un peu moins productif, mais quel look !

SOS : Comment sauver un basilic de supermarché

On l’a tous fait. On achète ce petit pot touffu en se disant « chouette, du basilic frais ! ». En réalité, ce n’est pas UNE plante, mais des dizaines de jeunes pousses entassées, forcées en serre pour être vendues vite. Elles sont programmées pour mourir. Mais on peut les sauver !

comment couper le basilic pour qu il repousse

Mission sauvetage, étape par étape :

  1. Sortez délicatement la motte du pot. Vous allez voir un enchevêtrement de racines.
  2. Plongez la motte dans une bassine d’eau tiède pendant 10 minutes pour défaire la terre.
  3. Séparez TRÈS doucement les petites plantules. Essayez de former 3 ou 4 petits groupes de 3-4 tiges chacun, en conservant un maximum de racines. Acceptez d’en sacrifier quelques-unes, c’est inévitable.
  4. Rempotez chaque petit groupe dans son propre pot (ou plusieurs dans une grande jardinière, bien espacés).
  5. Arrosez et placez-les à un endroit lumineux mais sans soleil direct pendant quelques jours, le temps qu’ils se remettent du choc.

C’est un peu de la chirurgie de plante, mais le jeu en vaut la chandelle !

Le bon pot et le bon terreau : votre investissement de départ

Le basilic a besoin d’air. Oubliez les mini-pots. Il lui faut un diamètre d’au moins 20-25 cm et autant de profondeur. Un pot en terre cuite est idéal, car il respire. Comptez entre 5€ et 15€ selon la taille. Assurez-vous qu’il y ait bien des trous au fond. C’est non négociable.

basilic en pot créer un potager

Pour le terreau, fuyez les premiers prix. Voici mon mélange « maison » qui ne m’a jamais déçu. Pas besoin d’être au gramme près ! Pour un pot de 25 cm, imaginez :

  • 5-6 grosses poignées d’un bon terreau horticole (bio si possible, ça coûte 8-12€ le sac).
  • 3 grosses poignées de compost bien mûr (le carburant longue durée).
  • 2 grosses poignées de perlite (ces petites billes blanches qui aèrent le tout. Un sac coûte environ 5-7€ chez Castorama ou en jardinerie et vous en aurez pour des années).

Mélangez bien le tout. Ce substrat, c’est un vrai palace pour votre basilic.

3. L’entretien au quotidien : Observer plus qu’agir

L’arrosage juste : La pire erreur, c’est d’arroser un petit peu tous les jours. La bonne méthode ? Arroser généreusement, mais moins souvent. Enfoncez votre doigt dans la terre sur 2-3 cm. C’est sec ? Alors on arrose. C’est encore humide ? On attend. Quand vous arrosez, versez l’eau au pied de la plante (jamais sur les feuilles !) jusqu’à ce qu’elle s’écoule par les trous. Videz la soucoupe après 20 minutes. Bon à savoir : en plein été, il faudra sûrement arroser tous les 2-3 jours. Au printemps, ce sera peut-être une fois par semaine. Observez la plante, pas le calendrier !

conserver du basilic plus longtemps

La faim du basilic : En pot, la nourriture s’épuise vite. De mai à septembre, donnez-lui un petit coup de pouce toutes les 3-4 semaines avec un engrais liquide organique (type engrais pour légumes ou à base d’algues). Mais attention, n’en abusez pas : trop d’engrais donne de grandes feuilles… sans goût.

4. Le secret des pros : Pincer pour densifier

C’est LE geste qui change tout. Un basilic qu’on ne pince pas va monter en une seule tige, faire une fleur, et mourir. Un basilic bien pincé devient un buisson dense et productif.

Dès que votre plant atteint 15 cm, repérez la tige principale. Juste au-dessus d’une paire de feuilles, vous verrez deux minuscules départs de nouvelles feuilles. Pincez avec vos ongles (ou coupez avec des ciseaux propres) la tige juste 1 cm au-dessus de cette paire de feuilles. En coupant la « tête », vous forcez la plante à envoyer son énergie sur les côtés. Les deux petits départs vont se transformer en deux nouvelles branches principales. Avant de pincer, vous aviez une tige. Trois semaines après, à cet endroit précis, vous aurez deux nouvelles branches qui partent en V. Votre plant va commencer à ressembler à un petit buisson !

arrosage basilic astuces et conseils

Et dès que vous voyez des épis de fleurs apparaître, coupez-les sans pitié ! Si vous le laissez fleurir, la plante arrête de faire des feuilles et leur goût devient amer.

5. Au secours, mon basilic a un problème !

Feuilles jaunes : Si ce sont juste les feuilles du bas, c’est un petit manque de nutriments. Un peu d’engrais et ça repart. Si toutes les feuilles jaunissent et que la terre est mouillée, c’est un excès d’eau. Stoppez tout arrosage et laissez bien sécher.

Les petites bêtes : Des pucerons ? Un jet d’eau ou une pulvérisation d’eau avec une cuillère de savon noir liquide (à rincer après 15 min) règlent souvent le problème. Astuce de grand-mère : plantez une gousse d’ail au pied de votre basilic, son odeur a tendance à les repousser naturellement.

La maladie redoutée (le mildiou) : Un duvet gris sous des feuilles qui jaunissent ? Honnêtement, quand le mildiou est là, c’est souvent la fin de la partie. Il adore l’humidité. La meilleure solution est préventive : arroser au pied et bien espacer les plants pour que l’air circule. Si une plante est touchée, il vaut mieux la jeter (pas au compost !) et repartir sur de bonnes bases.

comment cueillir le basilic pour cuisiner

6. Récolter et conserver : Le plaisir toute l’année

Vous allez vite avoir plus de basilic que vous ne pouvez en manger frais. Le séchage ? Oubliez, ça perd tout son parfum. Les deux meilleures méthodes sont de loin la congélation et l’huile.

  • La congélation en glaçons : Ciselez les feuilles, mettez-les dans un bac à glaçons, couvrez d’huile d’olive et congelez. Un cube direct dans la poêle, c’est magique.
  • L’huile aromatisée : Mettez des feuilles fraîches et bien sèches dans une bouteille, couvrez d’huile d’olive. Laissez infuser une semaine, filtrez. Attention, cette huile se conserve impérativement au frigo.
  • Le pesto maison : La conservation la plus gourmande ! Le secret, c’est de piler au mortier (ail, pignons, basilic, parmesan, sel, huile d’olive). Ça libère les arômes comme aucun mixeur ne peut le faire. Pour le conserver au frigo, recouvrez toujours la surface d’une fine couche d’huile d’olive.

Astuce peu connue : le basilic gratuit à l’infini !

conserver du basilic et d autres fines herbes

Saviez-vous que vous pouvez créer une nouvelle plante à partir d’une simple tige ? C’est ce qu’on appelle le bouturage. Coupez une belle tige de 10 cm (sans fleur). Enlevez les feuilles du bas et plongez la tige dans un verre d’eau sur le rebord de la fenêtre. En 10-15 jours, de petites racines blanches vont apparaître. Il ne vous reste plus qu’à la planter dans un pot. Et voilà, un nouveau plant de basilic… gratuit !

Alors, cap ou pas cap de transformer ce petit pot de basilic qui fait la tête en un buisson luxuriant ? N’ayez pas peur d’essayer, et même de rater. Chaque plante est une leçon. La récompense, ce parfum frais qui envahit la cuisine, vaut tous les efforts du monde.

Galerie d’inspiration

conserver du basilic sous forme de pesto
entretien basilic en pot à la maison

Mon basilic monte en fleurs, que faire ?

Pas de panique, c’est un signe que votre plante se porte bien ! Cependant, la floraison signale à la plante de concentrer son énergie sur la production de graines, au détriment des feuilles qui deviennent plus amères. Le réflexe à avoir : pincez délicatement les bourgeons floraux dès leur apparition. Ce geste simple redirige l’énergie vers la création de nouvelles feuilles, prolongeant ainsi votre récolte et conservant la saveur intense que vous aimez tant.

plantation du basilic en pot et d autres fraîches herbes

Saviez-vous que le basilic est originaire d’Inde ? Il y est considéré comme une plante sacrée, le Tulsi (ou basilic sacré), utilisé depuis plus de 5000 ans en médecine ayurvédique pour ses propriétés apaisantes et purifiantes.

Cette origine tropicale explique tout de ses besoins : beaucoup de chaleur, une lumière vive et une aversion pour les courants d’air froids. En le cultivant, vous hébergez un petit bout d’histoire botanique sur votre rebord de fenêtre.

comment couper le basilic astuces

Le choix du pot, un détail qui change tout.

Terre cuite : Poreuse, elle laisse les racines respirer et évite l’excès d’eau, le pire ennemi du basilic. Idéale pour les débutants qui ont tendance à trop arroser. Inconvénient : le substrat sèche plus vite.

Plastique ou céramique émaillée : Retient mieux l’humidité, ce qui peut être un avantage en plein été. Privilégiez les modèles de marques comme elho, souvent en plastique recyclé et toujours dotés de trous de drainage efficaces.

Notre conseil : la terre cuite reste la valeur sûre pour un équilibre parfait.

comment couper le basilic et faire du pesto

Pour obtenir un plant de basilic dense et buissonnant, et non une simple tige qui file vers le ciel, la taille est reine. La technique est précise : ne coupez jamais les grosses feuilles du bas. Ciblez plutôt la tête de la tige principale. Pincez-la juste au-dessus d’une paire de petites feuilles naissantes. De là, deux nouvelles tiges vont se développer, doublant ainsi la production de feuilles à cet étage.


  • Basilic ‘Grand Vert’ : Le classique, puissant et poivré, star du pesto.
  • Basilic ‘Citron’ : Ses notes d’agrumes sont incroyables avec le poisson, les salades de fruits ou dans une eau aromatisée.
  • Basilic ‘Pourpre’ : Spectaculaire, il colore les salades et les huiles. Son goût est plus doux, légèrement anisé.
  • Basilic ‘Cannelle’ : Étonnant, avec des notes épicées qui subliment les plats d’inspiration mexicaine ou les desserts aux pommes.
faire pousser du basilic conseils

L’erreur fatale : Utiliser un terreau universel bas de gamme, trop compact. Les racines du basilic ont besoin d’air pour se développer et détestent l’humidité stagnante. Un sol lourd est la première cause de pourrissement. Investissez quelques euros de plus dans un terreau de qualité pour plantes aromatiques ou potager (marques type Fertiligène, Or Brun) auquel vous pouvez ajouter une poignée de perlite pour un drainage optimal. C’est le meilleur investissement pour votre plante.

  • Infusé dans de l’huile d’olive pour des vinaigrettes maison.
  • Ciselé sur des fraises avec quelques gouttes de vinaigre balsamique.
  • Mixé avec de l’ail, du parmesan et de l’huile pour créer un beurre de basilic à faire fondre sur une viande grillée.

Le point commun ? Le basilic frais, cultivé par vos soins, transforme instantanément les plats les plus simples en une expérience gustative.

Léa Bertrand

Jardinière Passionnée & Cuisinière du Potager
Ses terrains de jeu : Potager bio, Culture en pots, Recettes du jardin
Léa a découvert sa vocation en cultivant son premier potager sur un balcon de 4m². Depuis, elle n'a cessé d'expérimenter et de partager ses découvertes. Issue d'une famille de maraîchers bretons, elle a modernisé les techniques traditionnelles pour les adapter à la vie urbaine. Sa plus grande fierté ? Réussir à faire pousser des tomates sur les toits de Lyon ! Quand elle n'a pas les mains dans la terre, elle concocte des recettes avec ses récoltes ou anime des ateliers de jardinage dans les écoles de son quartier.