Pailler avec du journal : l’astuce de jardinier (presque) gratuite qui change tout
Franchement, si on m’avait dit au début de ma passion pour le jardinage qu’une des meilleures armes contre les « mauvaises herbes » se trouvait dans la poubelle de recyclage, j’aurais été sceptique. Et pourtant… Après des années à tester toutes sortes de techniques, des plus modernes aux plus ancestrales, je reviens toujours à cette méthode toute simple : le paillage au papier journal.
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Ce n’est pas une formule magique, mais c’est un outil incroyablement efficace quand on pige le truc. Et le plus beau dans tout ça ? C’est que ça ne coûte quasiment rien. Alors, aujourd’hui, on va voir ensemble non seulement comment faire, mais surtout pourquoi ça marche si bien. C’est la clé pour que vous puissiez l’adapter à votre propre jardin.
Pourquoi un simple journal peut transformer votre potager ?
Ce qui se passe sous cette couche de papier est fascinant. C’est un mélange de biologie et de physique tout simple qui va vous faire économiser un temps fou.

D’abord, le blocage de la lumière. C’est le principe de base. La plupart des graines d’adventices ont besoin de lumière pour germer. En posant une barrière opaque, vous les privez de leur source d’énergie. Les petites pousses déjà sorties, incapables de faire leur photosynthèse, s’épuisent et disparaissent. C’est bien plus doux pour la vie du sol que de tout retourner à la bêche toutes les deux semaines !
Ensuite, le papier agit comme un petit manteau pour votre sol. Il régule la température et l’humidité. En plein été, il garde la terre plus fraîche et limite l’évaporation. Honnêtement, un sol paillé peut rester humide deux à trois fois plus longtemps qu’un sol à nu. Ça veut dire moins d’arrosages, et donc des économies d’eau. C’est un avantage énorme, surtout dans les régions sèches.
Et puis, il y a la vie du sol. Le papier, c’est de la cellulose, donc du carbone. Les petites bêtes du sol (bactéries, champignons) adorent le carbone, mais pour le décomposer, il leur faut de l’azote (présent dans les tontes de gazon, par exemple). C’est pour ça qu’on ne met jamais le papier tout seul, au risque de créer une « faim d’azote » qui pénaliserait vos légumes. On y reviendra.

Le guide pratique : pas à pas pour un paillage réussi
Allez, on passe à la pratique. Réussir son paillage, c’est juste une question de méthode. Voici comment je procède.
Étape 1 : Choisir et trouver le bon papier (l’étape cruciale !)
Tout ce qui ressemble à du papier n’est pas bon à prendre. La règle d’or : simplicité.
- Ce qu’il vous faut : Le papier journal classique, en noir et blanc ou en couleur. Pas de panique, les encres modernes sont à base végétale (soja, eau) et ne posent aucun problème pour le sol.
- À fuir absolument : Tout ce qui brille ! Les magazines, les catalogues, les prospectus glacés… Leur finition contient des produits qui ne se décomposent pas bien et peuvent polluer votre terre. Pensez à toujours retirer les encarts publicitaires des journaux, ils sont souvent sur ce type de papier.
Astuce peu connue : La première fois que j’ai essayé, j’ai fièrement utilisé une pile de vieux magazines. Six mois plus tard, en préparant la saison suivante, je les ai retrouvés presque intacts sous la paille, comme des déchets plastiques. Leçon apprise !

Et la grande question : où trouver autant de journaux ? C’est simple et gratuit ! Demandez à vos voisins, votre famille, le café du coin, ou même aux points de collecte de votre ville. Les invendus de presse sont aussi une mine d’or.
Étape 2 : Préparer le terrain
C’est une étape qu’on a souvent la flemme de faire, mais elle est essentielle. Ne la sautez pas !
- Désherbage express : Un coup de tondeuse ou de débroussailleuse sur les herbes hautes. Pour les coriaces (liseron, chiendent…), un petit coup de fourche-bêche pour retirer le plus gros des racines est un vrai plus. Sinon, elles auront assez de force pour percer votre paillis.
- Le casse-croûte du sol : Avant de poser le papier, c’est le moment idéal pour nourrir la terre. J’étale toujours une fine couche de compost bien mûr (1-2 cm). Ça va donner l’azote nécessaire pour décomposer le papier et éviter la fameuse « faim d’azote ».
- Arrosage : Juste avant de poser le papier, un bon coup d’arrosoir sur le sol. Une terre humide, c’est un buffet ouvert pour les vers de terre !
Bon à savoir : Pour préparer un carré potager de 5m², comptez une bonne heure pour cette étape de préparation si le terrain est déjà relativement propre.

Étape 3 : La pose du journal
Ici, il faut être un peu méticuleux. L’idée est de créer une barrière sans faille.
- La bonne épaisseur : Une ou deux feuilles ne servent à rien. Je recommande une épaisseur de 4 à 8 feuilles de journal DÉPLIÉES. Pour vous donner une idée, pour un carré de 10 m², prévoyez une pile de journaux d’environ 30 cm de haut.
- Le chevauchement : C’est comme poser du papier peint. Faites se chevaucher les bandes de papier de 10 à 15 cm. Le moindre jour laissera passer la lumière, et donc les herbes.
- Le pro-tip qui change la vie : Quand j’ai une grande surface à faire, je remplis une brouette d’eau et j’y trempe directement mes piles de journaux avant de les poser. Ils sont lourds, ne s’envolent pas et collent parfaitement au sol. Fini la galère avec l’arrosoir !
- Autour des plantes : Laissez toujours un petit espace de 5 cm autour de la base de vos plantes. Le papier collé à la tige pourrait faire pourrir le collet.

Étape 4 : La couche de finition (pour l’esthétique et l’efficacité)
Le papier journal seul, c’est efficace mais un peu moche et fragile. Il faut le couvrir.
Pour la finition, vous avez le choix entre des options gratuites et payantes. Dans la catégorie « récup’ et gratuit », vous avez les tontes de gazon (laissez-les sécher un peu avant), les feuilles mortes ou même du carton brun (sans scotch ni étiquettes). Si vous préférez acheter, la paille est une super option ; on trouve des petites bottes en jardinerie pour moins de 10€. Pour un rendu plus durable et esthétique dans un massif, le BRF (Bois Raméal Fragmenté) ou les écorces de pin sont parfaits. C’est un petit investissement (comptez entre 30€ et 50€ le m³), mais ça dure beaucoup plus longtemps.
Une fois cette couche posée (5 à 10 cm), arrosez une dernière fois pour bien tasser le tout.

Adapter la méthode à votre climat et à votre sol
Un bon jardinier sait que ce qui marche à Lille ne s’applique pas forcément à Marseille. En climat humide, attention aux limaces ! Le papier est un hôtel 5 étoiles pour elles. Ne paillez qu’une fois le sol bien réchauffé et utilisez une finition aérée comme la paille. En climat chaud et sec, au contraire, ce paillage est votre meilleur ami pour économiser l’eau. N’hésitez pas à mettre une couche de papier plus épaisse et une bonne couverture de 10-15 cm de paille.
Pour un sol argileux, ne mettez pas une couche trop épaisse pour ne pas l’asphyxier. Pour un sol sableux, c’est le jackpot : le paillis va retenir l’eau et les nutriments, et améliorer votre sol année après année.
Aller plus loin : créer un potager sans effort et dépanner les petits soucis
Créer un nouveau carré de culture sur une pelouse
C’est la technique dite « en lasagnes ». Vous voulez un nouveau potager sans vous casser le dos à bêcher ? Tondez l’herbe au plus ras, arrosez, posez une couche de carton brun, puis votre couche de journaux. Ensuite, alternez des couches de matières vertes (tontes) et brunes (feuilles mortes) sur 20-30 cm. Terminez par du compost. Laissez reposer quelques mois… et voilà ! Un sol riche et meuble, prêt à planter.
Planter dans un paillis déjà en place
C’est très simple. À l’endroit voulu, écartez la paille ou les feuilles. Découpez une croix dans la couche de papier journal avec un couteau ou une petite pelle. Creusez votre trou, placez votre plant, rebouchez et ramenez simplement le paillis de finition autour du pied. L’opération prend 30 secondes !
SOS : les problèmes courants
- Mes plantes jaunissent ! C’est la faim d’azote. Le papier pompe l’azote du sol pour se décomposer. Un petit coup de pouce avec un arrosage au purin d’ortie ou un engrais bio riche en azote et tout rentrera dans l’ordre.
- Des herbes percent quand même ! Votre couche était trop fine ou mal chevauchée. Pas de panique. Soulevez la finition, ajoutez un « patch » de papier journal humide, et recouvrez.
- Mon jardin est envahi de limaces… Le point faible de la méthode, c’est vrai. Agissez en prévention : ne paillez pas trop près des tiges, et utilisez des barrières comme de la cendre ou des coquilles d’œufs pilées.
Pas encore convaincu ? Le mini-défi pour vous lancer
Vous n’êtes pas prêt à pailler tout le potager ? Je vous comprends. Alors, faites ce simple test : paillez un seul pied de tomate. Juste un. Et comparez son besoin en arrosage et la présence d’herbes avec son voisin non paillé. Je parie que le résultat va vous bluffer.
Ce paillis va durer toute la saison de culture. À l’automne, il sera en grande partie décomposé, et les vers de terre auront incorporé toute cette matière organique à votre sol, le rendant plus riche et plus vivant pour l’année suivante. C’est une technique qui travaille pour vous, même quand vous n’êtes pas au jardin. C’est ça, le vrai plaisir : travailler avec la nature, pas contre elle.
Inspirations et idées
Attention à la « faim d’azote » : Le papier journal est très riche en carbone. Pour le décomposer, les micro-organismes du sol puisent de l’azote. Si vous le posez seul, ils risquent de piocher dans les réserves destinées à vos légumes, qui feront alors grise mine. La solution ? Toujours l’associer à un apport riche en azote, comme une fine couche de tonte de gazon fraîche ou du compost jeune, déposé juste avant le papier.
L’encre des journaux est-elle toxique pour mon potager ?
C’est une crainte légitime, mais qui n’a plus lieu d’être. Depuis plusieurs décennies, les encres noires des quotidiens sont majoritairement à base d’huiles végétales (soja, lin…) et de pigments de carbone, sans métaux lourds. Elles sont donc biodégradables et sans danger pour le sol. Par précaution, évitez simplement les pages glacées en couleur des magazines ou des prospectus publicitaires, dont la composition est plus complexe.
« Le meilleur moment pour pailler, c’est hier. Le deuxième meilleur moment, c’est aujourd’hui. »
Cette adaptation d’un proverbe célèbre s’applique parfaitement au jardin. N’attendez pas que les adventices s’installent. La meilleure stratégie est de poser votre paillage de journaux sur une terre propre et humide, juste après la plantation. Vous bloquez ainsi la germination des graines indésirables avant même qu’elle ne commence.
Le journal, c’est efficace mais pas très esthétique. Pour un rendu impeccable, considérez-le comme une sous-couche technique. Une fois vos 4 à 5 feuilles de journal bien humidifiées et posées, recouvrez-les d’un paillis plus décoratif. Quelques centimètres de cosses de cacao (comme celles de la marque Or Brun), de paille de chanvre ou de copeaux de bois (BRF) suffiront à masquer le papier et à offrir une finition soignée à vos massifs.
Journal : Idéal pour les cultures annuelles du potager (tomates, courgettes) ou les massifs de fleurs. Il se décompose en une saison, enrichissant le sol en matière organique.
Carton brun : Plus épais et plus lent à se décomposer, il est parfait pour créer une nouvelle zone de culture sur une pelouse (technique du « jardin en lasagnes ») ou pour un paillage de longue durée au pied des arbustes. Pensez à retirer tout ruban adhésif plastique.
Votre consommation de journaux ne suffit pas à couvrir tout le potager ? Pensez à activer votre réseau pour un approvisionnement gratuit.
- Demandez à vos voisins, votre famille, vos collègues de vous garder leurs vieux quotidiens.
- Passez voir le buraliste du coin, il a souvent des invendus destinés au recyclage.
- Les associations locales ou les bibliothèques peuvent aussi être de bonnes sources.
- Une application plus rapide et précise, notamment entre les rangs de légumes.
- Une bien meilleure résistance au vent lors de la pose.
- Un stockage plus simple des « briques » de papier prêtes à l’emploi.
Le secret ? La technique du pliage-trempage. Au lieu de poser les feuilles une par une, pliez un journal entier en une bande de 15-20 cm de large. Trempez-la rapidement dans un seau d’eau et posez cette bande lourde et compacte directement au sol. C’est un gain de temps incroyable.
Les vers de terre sont les architectes d’un sol vivant. En posant du papier journal, vous leur offrez un véritable festin et un abri contre la sécheresse. Ils viendront aérer la terre sous le paillis et mélanger la matière organique, travaillant pour vous gratuitement.
Pour éviter que votre travail ne s’envole au premier coup de vent, l’humidité est votre meilleure alliée. La méthode la plus simple :
- Posez vos feuilles de journal bien à plat, en les faisant se chevaucher de 10 cm.
- Arrosez-les copieusement juste après la pose avec un arrosoir à pomme fine.
- Le papier mouillé va littéralement se coller au sol, formant une croûte protectrice qui ne bougera plus.
Utiliser du papier journal n’est pas une simple astuce de grand-père. C’est un geste qui s’inscrit pleinement dans la philosophie de la permaculture et du jardinage en « boucle fermée ». Vous recyclez une ressource locale (un « déchet »), vous améliorez la vie de votre sol, vous économisez l’eau et vous réduisez le travail de désherbage. C’est une approche globale où chaque élément profite au système entier.