Créer un Jardin Japonais : Le Guide Vrai, sans Blabla (et pour tous les budgets)

Découvrez comment un jardin japonais peut transformer votre espace en un havre de paix et de sérénité, tout en reflétant une profonde philosophie.

Auteur Marion Bertrand

Depuis des années, je passe mon temps les mains dans la terre, à discuter avec les pierres et les plantes pour créer des jardins japonais ici, chez nous. Et, franchement, ce n’est pas juste une question de copier ce qu’on voit sur Pinterest. C’est un vrai dialogue avec la nature, qui demande de la patience et pas mal de respect.

Laissez-moi vous raconter une chose : mon tout premier projet a été un échec monumental. J’avais lu deux ou trois bouquins et je pensais, un peu naïvement, qu’il suffisait de poser du gravier blanc, une lanterne en pierre et un petit érable pour que la magie opère. Le résultat ? Une vraie caricature. Il manquait l’essentiel : l’âme. Cet échec a été ma meilleure leçon. Il m’a poussé à étudier, à observer et surtout, à comprendre.

Aujourd’hui, j’ai envie de vous transmettre le fruit de ces années. Pas des recettes miracles, mais les principes de base et les astuces de terrain. On va parler des réussites, mais aussi des erreurs à ne pas faire. Parce qu’un jardin japonais authentique, ce n’est pas un plan parfait, c’est une série de petites décisions justes, guidées par l’expérience. Le but, c’est de vous aider à créer un espace qui vous ressemble, un lieu de paix qui a du sens.

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D’abord l’esprit, ensuite la pelle !

Avant même de penser aux outils, il faut capter l’idée qui se cache derrière ce type de jardin. On entend souvent le mot « zen » à toutes les sauces, au point qu’il ne veut plus dire grand-chose. Pour nous, les artisans du paysage, ce mot se traduit par des principes très concrets qui guident chaque geste. Ce ne sont pas des règles rigides, mais plutôt des balises pour ne pas se perdre en route.

Les principes qui guident la main

Quand je commence un projet, j’ai toujours ces quelques idées en tête. Elles m’aident à faire des choix, du plus grand au plus petit.

  • Le naturel avant tout (Shizen) : Le jardin doit donner l’impression d’avoir toujours été là. L’idée n’est pas d’en mettre plein la vue, mais de s’intégrer en douceur. La main de l’homme est présente, mais elle se fait discrète. Par exemple, une allée parfaitement droite, ça n’existe pas dans la nature. On préfèrera un sentier qui serpente, qui invite à ralentir le pas, comme en forêt.
  • La beauté du simple (Kanso) : C’est le fameux « moins, c’est plus ». Chaque élément, que ce soit une pierre ou une plante, doit avoir sa place et sa raison d’être. Un jardin surchargé, c’est du bruit visuel, et adieu le calme. Je me souviens d’un client qui voulait à tout prix trois lanternes et une pagode dans son jardin de 50 m². Je lui ai expliqué qu’une seule belle pierre, bien placée, aurait mille fois plus d’impact. On a passé une journée entière à trouver LA bonne pierre et à l’installer. Aujourd’hui, il me dit que c’est le point central de sa contemplation quotidienne.
  • L’équilibre asymétrique (Fukinsei) : La nature est équilibrée, mais jamais symétrique au millimètre près. C’est cet équilibre vivant qu’on cherche à recréer. Oubliez les paires ! Pensez plutôt en groupes de trois, cinq ou sept. C’est particulièrement vrai pour les rochers. Un groupe de trois pierres de tailles et de formes différentes crée une dynamique bien plus intéressante que deux cailloux identiques posés l’un à côté de l’autre.
  • Le charme du mystère (Yūgen) : Un bon jardin ne se livre pas au premier coup d’œil. Il doit suggérer, cacher, intriguer. Un sentier qui disparaît derrière un bosquet, le son de l’eau dont on ne voit pas la source… Ça pique la curiosité et ça invite à l’exploration. Le jardin devient alors une expérience, pas juste un panorama.
  • Le calme absolu (Seijaku) : C’est le but ultime. Le jardin doit être un refuge, un lieu où l’esprit peut enfin se mettre en pause. Le son de l’eau qui coule, le bruissement des feuilles, tout doit concourir à cette atmosphère de sérénité.
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La fondation : Le travail du sol et des roches

C’est l’étape la plus physique et la moins glamour, mais c’est LA plus importante. On ne peut pas tricher là-dessus. C’est un investissement en temps et en sueur qui conditionne tout le reste.

Le sol : L’âme invisible du jardin

La terre de nos régions n’est pas celle du Japon. Il faut donc s’adapter. La plupart des plantes stars des jardins japonais (érables, azalées…) sont des plantes de terre de bruyère. Elles ont besoin d’un sol acide et surtout, bien drainé.

1. L’analyse du sol : La toute première chose à faire. Un simple kit d’analyse de pH, qu’on trouve en jardinerie pour une vingtaine d’euros, est indispensable. Si votre sol est calcaire (pH> 7), il faudra l’amender sérieusement ou changer votre fusil d’épaule sur le choix des plantes. Ignorer cette étape, c’est voir vos beaux érables jaunir et dépérir en deux ou trois ans. C’est garanti.

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2. Le drainage, votre meilleur ami : On m’a appelé plus d’une fois au secours pour des jardins transformés en pataugeoire. Un sol qui retient l’eau est l’ennemi public numéro un. Pour les zones de plantation et les jardins secs, un drainage impeccable est obligatoire. La méthode est un peu lourde, mais elle a fait ses preuves :

  • On décaisse le sol sur 40 à 50 cm.
  • On pose un feutre géotextile au fond et sur les bords.
  • On remplit avec 20-30 cm de gravier grossier (calibre 20/40 mm) ou de pouzzolane.
  • On recouvre d’un autre géotextile.
  • Enfin, on apporte le substrat : un mélange de terre de bruyère, de bon terreau et d’un peu de sable de rivière.

Bon à savoir : Pour une zone de 10m², ce travail peut prendre un bon week-end à deux personnes si vous le faites à la main. La location d’une mini-pelle (entre 200€ et 300€ la journée) peut vous faire gagner un temps fou et vous sauver le dos !

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Les roches : L’ossature du paysage

Les roches, ce sont les os du jardin. Elles donnent la structure et le caractère.

Attention, sécurité d’abord ! Une pierre, c’est lourd. Très lourd. Une roche d’un mètre de haut peut vite dépasser les 500 kg. N’essayez JAMAIS de déplacer une grosse pierre seul. J’ai vu des accidents stupides qui auraient pu être dramatiques. Pour les pièces importantes, on travaille toujours à plusieurs, avec des barres à mine, des sangles, et parfois une mini-grue. Votre sécurité n’a pas de prix.

Le choix des pierres : Oubliez les galets tout ronds de jardinerie. Cherchez des pierres locales, qui ont une histoire, une patine. Elles s’intégreront beaucoup mieux. Visitez les carrières ou les revendeurs de matériaux de votre région. Le top, c’est une pierre avec une texture et une forme qui évoque un paysage naturel.

Le placement : Une pierre ne se « pose » pas, elle s’« ancre ». Pour un effet naturel, on enterre au moins un tiers de sa hauteur. Ça donne l’impression qu’elle sort de terre. On les place souvent en triades asymétriques : une grande pierre verticale (le point focal), une plus basse et large qui la soutient, et une petite pierre plate à l’avant pour finir l’ensemble. Ça peut prendre une journée entière juste pour trouver le bon équilibre pour un groupe de trois rochers.

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Alternative petit budget / petits bras : Vous n’avez pas de grue ? Pas de problème. Une composition de plusieurs petites pierres (5-7) bien agencées peut créer une masse visuelle tout aussi intéressante qu’un seul gros bloc. L’important, c’est la forme et l’harmonie du groupe.

L’eau et le sable : Le mouvement et le vide

L’eau, qu’elle soit réelle ou juste suggérée, c’est le flux de la vie. Elle apporte le son, la lumière et le mouvement.

L’eau réelle : Bassins et cascades

Un point d’eau, ça change tout. Le bruit d’une petite cascade peut suffire à masquer les bruits de la rue. Mais la mise en œuvre est technique.

L’étanchéité : Pour un petit bassin, une bâche EPDM (environ 1mm d’épaisseur) est une super solution. Elle est souple, ultra-résistante et dure des décennies. Pour un bassin de 2m x 3m, comptez entre 100€ et 150€ pour une bâche de qualité chez les revendeurs spécialisés ou en ligne. Pour les grands projets, on passe au bassin maçonné, mais là, le budget et la complexité ne sont plus les mêmes.

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La filtration : Sans filtration, votre étang se transformera vite en soupe d’algues. Le système (pompe, filtre, UV) doit être adapté au volume. Petit conseil d’ami : pensez dès le début à comment vous allez cacher la pompe et le filtre ! Derrière un rocher, dans un coffre en bois dissimulé par des plantes… Rien de pire qu’un gros bloc de plastique noir pour ruiner l’ambiance.

AVERTISSEMENT ÉLECTRIQUE : C’est non négociable. L’eau et l’électricité, ça ne pardonne pas. Toute l’installation (pompe, éclairage…) doit être faite par un pro ou dans le respect absolu des normes (NF C 15-100), avec un disjoncteur différentiel 30mA dédié. Ne prenez AUCUN risque.

Le jardin sec : L’eau suggérée

C’est peut-être la forme la plus pure du jardin japonais. Le gravier représente l’océan, les rochers sont des îles. Et non, ce n’est pas un jardin « sans entretien ». Au contraire, le ratissage du gravier est un rituel qui demande de la concentration.

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Le bon gravier : Oubliez le sable fin qui s’envole au premier coup de vent. Je préfère un gravier concassé (granit, marbre…) de couleur claire, avec un calibre entre 4 et 8 mm. Il est assez lourd pour rester en place et se ratisse bien. On prévoit une couche de 5 à 7 cm sur un géotextile pour bloquer les mauvaises herbes.

Type de gravier Prix indicatif (la tonne) Avantages / Inconvénients Gravier de marbre blanc 150€ – 250€ Très lumineux, mais salissant et peut verdir à l’ombre. Gravier de granit gris 60€ – 100€ Superbe rendu naturel, stable, peu salissant. Mon préféré ! Pouzzolane (rouge/noir) 80€ – 120€ Léger, bon pour le drainage, mais peut être difficile à ratisser uniformément.

Astuce : Achetez en vrac chez un marchand de matériaux plutôt qu’en sacs en jardinerie, le prix peut être divisé par trois ou quatre !

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Le végétal : La touche de vie

Les plantes, c’est la vie du jardin. Elles apportent les couleurs, les textures et rythment les saisons.

Choisir les bonnes plantes

L’erreur classique, c’est de vouloir planter à tout prix des espèces vues en photo, sans penser à notre climat. Il faut être malin.

  • Les arbres de structure : Le Pin sylvestre ou le Pin noir d’Autriche sont de superbes alternatives au pin japonais et se prêtent bien à la taille en nuage. L’Érable du Japon (Acer palmatum) est un must, mais il lui faut un sol acide et un coin à mi-ombre, à l’abri des vents brûlants. Pour les débutants, la variété ‘Bloodgood’ est très robuste. Pour un pot ou un petit espace, ‘Garnet’ est parfait.
  • Les arbustes : Les Azalées et Camélias sont magnifiques, mais exigent de la terre de bruyère. Le Bambou sacré (Nandina domestica) est une option géniale, facile à vivre. Pour les bambous, pitié, choisissez des variétés non traçantes comme les Fargesia (‘Rufa’ ou ‘Jumbo’ sont très fiables) ou alors installez une barrière anti-rhizome en béton si vous tenez à votre terrasse (et à de bonnes relations avec vos voisins).
  • Les couvre-sols : La mousse est difficile à cultiver en plein soleil. L’Helxine à l’ombre ou la Sagine dans les zones plus lumineuses sont de bonnes alternatives. Pensez aussi aux Hostas, Ophiopogons noirs et aux Fougères pour varier les textures.
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La taille en nuage (Niwaki)

C’est un art qui demande des années. Le but est de révéler la beauté du tronc et des branches maîtresses.

Une astuce pour vous lancer sans stress ? La peur de couper est le plus grand frein. Alors, entraînez-vous sur un cobaye ! Achetez un petit Lonicera nitida (ça coûte moins de 10€), et essayez de former 3 ou 4 « nuages ». Le but n’est pas d’atteindre la perfection, mais de vous familiariser avec le sécateur et de dédramatiser le geste.

Pour commencer en douceur : Votre premier jardin zen pour moins de 50€

Tout ça vous semble une montagne ? Commençons petit. Très petit. L’idée est de capturer l’esprit du jardin… dans un espace de 1m².

Votre liste de courses :

  • Un cadre en bois (4 planches suffisent) ou un grand bac plat et peu profond.
  • Un petit morceau de feutre géotextile.
  • 2 ou 3 sacs de gravier gris (environ 40-50 kg).
  • Une ou deux jolies pierres que vous aurez trouvées lors d’une balade.
  • Une petite plante simple et graphique : un Ophiopogon noir, une petite Fougère, un Carex…

Installez votre cadre, mettez le géotextile, versez le gravier, placez vos pierres avec soin, plantez votre unique végétal. Ratissez doucement autour. Voilà. Vous avez créé un microcosme, un point de concentration. Ça vous a coûté moins de 50€ et quelques heures, et ça vous permet de toucher du doigt les principes de base.

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Un jardin qui vit avec vous

Créer un jardin japonais, c’est un projet au long cours. C’est un organisme vivant qui va évoluer, grandir. Il demandera votre attention et vos soins. La taille, le ratissage… ces gestes font partie de l’expérience.

Mon conseil le plus important : commencez petit. Concentrez-vous sur une petite zone, apprenez à connaître votre terre, observez la lumière. Vivez avec cet espace, et laissez-le vous guider. C’est en faisant, en observant et parfois en se trompant qu’on finit par créer un lieu qui n’est pas seulement beau, mais qui est juste.

Allez, un petit défi pour ce week-end ? N’achetez rien. Asseyez-vous simplement dans votre jardin ou sur votre balcon. Essayez de trouver l’endroit parfait pour UNE seule lanterne ou une belle pierre. Où est-ce qu’elle créerait du mystère ? Où est-ce qu’elle attirerait le regard ? Partagez vos réflexions, ça m’intéresse !

Galerie d’inspiration

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Le choix de la pierre : Ne sous-estimez jamais son importance. Chaque pierre doit sembler avoir été déposée là par la nature. Privilégiez les roches locales, moussues si possible, qui racontent déjà une histoire. L’asymétrie est la clé : un trio de pierres de tailles différentes (une grande, une moyenne, une petite) créera une tension visuelle bien plus intéressante qu’une disposition symétrique.

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Saviez-vous que dans le célèbre jardin de Ryoan-ji à Kyoto, sur les 15 pierres disposées, on ne peut jamais en voir plus de 14 à la fois, quel que soit l’angle de vue ?

Ce principe, appelé l’art de la dissimulation (Miegakure), invite le visiteur à se déplacer et à utiliser son imagination pour compléter la scène. Une leçon de subtilité à appliquer, même dans un petit espace.

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Besoin d’une alternative à la mousse qui grille au soleil ?

Pensez à la sagine subulée (Sagina subulata). Souvent appelée ‘mousse irlandaise’, elle forme un tapis vert émeraude, dense et doux au toucher. Elle tolère mieux un ensoleillement partiel que les vraies mousses et se pare de minuscules fleurs blanches au printemps. Parfaite pour créer une illusion de fraîcheur entre les dalles d’un sentier.

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  • Une structure forte et graphique, même en hiver.
  • Une impression de maturité et de permanence.
  • Un entretien limité à une taille de formation annuelle.

Le secret ? L’art du Niwaki. Il s’agit de tailler certains arbres (pins, ifs, houx) pour styliser leur forme, en créant des ‘nuages’ de feuillage et en dégageant la structure du tronc. C’est un travail de patience qui donne une âme incomparable au jardin.

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Le son a son rôle à jouer. L’installation d’un shishi-odoshi (fontaine à bascule en bambou) n’est pas qu’un simple ajout décoratif. Le claquement sec et régulier du bambou sur la pierre était originellement destiné à effrayer les cerfs. Aujourd’hui, il sert à marquer le temps qui passe, à ponctuer le silence et à inviter à la contemplation.

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Point crucial : L’espacement des pas japonais (tobi-ishi). Ils ne doivent jamais former une ligne droite. Leur disposition doit dicter le rythme de la marche, forçant le visiteur à ralentir, à baisser les yeux et à prendre conscience de chaque pas. Alternez les distances pour un cheminement plus naturel et méditatif.

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Pensez à la ‘scène empruntée’ ou Shakkei. C’est l’art d’intégrer un élément du paysage lointain (un bel arbre chez le voisin, une colline, un clocher) dans la composition de votre propre jardin. Une ouverture bien placée dans une haie ou l’orientation d’un banc peut suffire à ‘capturer’ cette vue et à donner une profondeur inattendue à votre espace.

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Gravier blanc : Idéal pour un jardin sec (kare-sansui), il symbolise l’eau et la pureté. Le gravier de marbre de Carrare, bien que non traditionnel, offre une blancheur éclatante. Attention, il est très salissant.

Gravier gris/beige : Plus discret et naturel, il évoque le lit d’une rivière asséchée. Les graviers de granit ou de schiste concassé, comme le ‘Yuki’ ou le ‘Gris Bleu’, s’intègrent plus facilement et vieillissent mieux.

Notre conseil : pour un rendu authentique et facile d’entretien, le gris l’emporte.

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« Un jardin japonais n’est pas quelque chose que l’on fait. C’est quelque chose qui émerge de votre dialogue avec le lieu. » – Inspiré des enseignements de Shunmyo Masuno.

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Pour un point d’eau sans les contraintes d’un bassin, pensez au tsukubai. C’est une simple vasque en pierre, traditionnellement utilisée pour le rituel de purification. Elle apporte la présence de l’eau, son reflet et son murmure. Placez-la bas, près d’une plante remarquable, pour inviter à s’accroupir et à observer les détails.

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L’éclairage nocturne doit être subtil. Il ne s’agit pas d’inonder le jardin de lumière, mais de le sculpter. Un spot orienté vers le haut (type ‘BEGA 84651’) peut révéler la texture d’un tronc d’érable, tandis qu’une lumière rasante mettra en valeur le relief d’un mur en pierre. La sobriété est de mise.

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Ne négligez pas la clôture ! Une simple palissade en bois peut briser l’harmonie. Inspirez-vous des takegaki, les clôtures en bambou.

  • Yotsume-gaki : une structure simple et aérée, idéale pour une délimitation légère.
  • Misu-gaki : un tressage plus dense, parfait pour masquer un vis-à-vis disgracieux.
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Comment choisir le bon érable du Japon ?

L’erreur classique est de ne penser qu’à son feuillage d’automne. Pourtant, son port et son écorce sont visibles toute l’année. L’Acer palmatum ‘Sangokaku’, par exemple, est spectaculaire en hiver grâce à son bois rouge corail. L’Acer griseum, lui, séduit par son écorce cannelle qui s’exfolie. Pensez aux quatre saisons !

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On considère souvent que 70% de la beauté d’un jardin japonais réside dans sa composition de pierres et de vides, et seulement 30% dans ses végétaux.

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Le concept de Wabi-Sabi est au cœur de l’esthétique japonaise. Il célèbre la beauté des choses imparfaites, impermanentes et modestes. Une pierre recouverte de lichen, une vieille lanterne en pierre ébréchée, le bois grisé par le temps… N’essayez pas de tout rendre parfait. C’est dans ces imperfections que réside l’âme du jardin.

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Erreur à éviter : Vouloir tout mettre. Une lanterne, un pont, un bassin, un bambou, un érable… dans un petit espace, l’accumulation d’icônes crée un effet ‘parc à thème’. Un jardin japonais réussi repose sur l’épure (Kanso). Parfois, une seule pierre remarquable et un pin taillé avec soin ont plus d’impact que dix éléments décoratifs.

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  • Utilisez des pierres de récupération trouvées dans votre région.
  • Multipliez vos propres plantes par bouturage (hostas, bambous non traçants).
  • Optez pour un couvre-sol comme l’Helxine, moins onéreux que la mousse à l’achat.

L’astuce ? Un jardin japonais est avant tout une question de composition et de patience, pas de dépenses. La sobriété des moyens renforce l’esprit du lieu.

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Pour un jardin sans entretien ou presque, le jardin sec (kare-sansui) est une option. Mais attention, son entretien est différent : il faut régulièrement passer le râteau pour redessiner les vagues dans le gravier et enlever les feuilles mortes. Utilisez un râteau en bois aux dents espacées, spécifiquement conçu pour ne pas déplacer les granulats.

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Acer palmatum ‘Bloodgood’ : Un classique indémodable. Port érigé, feuillage pourpre foncé qui devient rouge écarlate en automne. Idéal comme point focal.

Acer palmatum ‘Dissectum’ : Port pleureur et feuillage très finement ciselé. Parfait pour retomber sur une rocaille ou au bord d’un bassin. Souvent vert, il vire à l’or et à l’orangé.

Le choix dépend de l’effet recherché : la verticalité et la couleur pour le premier, la texture et la forme pour le second.

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Pensez au-delà des plantes purement japonaises. L’idée est de recréer un esprit, pas de copier un biotope. Des plantes locales peuvent parfaitement s’intégrer. Un houx ou un if de nos régions, taillé en nuage, peut remplacer un pin japonais. Une touffe de Fougère aigle ou de Carex pendula évoquera la fraîcheur d’un sous-bois avec une parfaite adaptation à notre climat.

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Les jardins japonais sont conçus pour être beaux même sous la pluie. Le feuillage mouillé brille, la mousse se gorge d’eau et les couleurs des pierres s’intensifient.

C’est un rappel que la beauté ne se limite pas aux jours de grand soleil. Un bon design prend en compte toutes les météos pour offrir un spectacle constant.

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La tendance ‘Japandi’ (Japon + Scandinavie) s’invite au jardin. Elle se traduit par une simplification des lignes, l’usage de bois clairs (comme dans le mobilier Hay ou Muuto) pour un banc ou une terrasse, et une palette de couleurs très douces. Le minimalisme japonais rencontre la chaleur et la fonctionnalité scandinave pour un espace extérieur apaisant et contemporain.

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Un chemin en pas japonais peut aussi raconter une histoire. Une grande dalle plate invite à la pause, à lever les yeux. Deux pierres rapprochées accélèrent le pas vers un point d’intérêt. Une pierre légèrement de biais oriente subtilement le regard vers une scène cachée. Chaque pierre est un mot dans la phrase que constitue le chemin.

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  • Le bambou Fargesia, non traçant (non invasif).
  • Le Pinus mugo, un pin nain parfait pour la taille en nuage.
  • L’Ophiopogon ‘Nigrescens’, pour des touches de noir graphique au sol.

Point important : Le vide est un élément. Dans la philosophie japonaise, l’espace vide (Ma) entre deux éléments est aussi important que les éléments eux-mêmes. Il permet à chaque pierre, à chaque plante de respirer et d’être appréciée à sa juste valeur. Ne cherchez pas à tout remplir, c’est ce vide qui crée le sentiment de calme et d’espace.

Marion Bertrand

Architecte d'Intérieur & Passionnée de Rénovation
Ce qui l'anime : Mobilier sur mesure, Projets cuisine & bain, Solutions gain de place
Marion a grandi entourée d'artisans – son père était ébéniste et sa mère décoratrice. Cette immersion précoce lui a donné un regard unique sur l'aménagement intérieur. Aujourd'hui, elle partage son temps entre la conception de projets pour ses clients et l'écriture. Sa spécialité ? Transformer les contraintes en opportunités créatives. Chaque petit espace cache selon elle un potentiel insoupçonné. Les week-ends, elle restaure des meubles anciens dans son atelier niçois, toujours accompagnée de son chat Picasso.