Bye-bye la souche ! Le guide complet pour s’en débarrasser (sans ruiner son jardin)

J’ai commencé dans ce métier il y a un bon paquet d’années. La première chose qu’on apprend, c’est à faire tomber un arbre sans aplatir la cabane du voisin. La deuxième, c’est que le boulot est loin d’être fini une fois que le tronc est par terre. Et là, la question qui tue revient à chaque fois : « Maintenant, comment je m’assure que ça ne repousse pas ? »

Excellente question. Parce qu’une souche, ce n’est pas juste un bout de bois. C’est une batterie pleine à craquer, prête à balancer de nouvelles pousses avec une énergie qui peut surprendre. Franchement, j’ai tout vu : des gens qui pensaient avoir réglé l’affaire avec du gros sel et qui se sont retrouvés avec un mini-désert stérile autour. D’autres qui ont passé des années à se battre contre les rejets de laurier ou de robinier… un vrai cauchemar.

Alors, mettons les choses au clair. Il y a « dévitaliser » (tuer la souche) et « dessoucher » (l’enlever physiquement). Ce n’est pas la même chose. Aujourd’hui, on va décortiquer les options, sans jargon, juste le concret, pour que vous puissiez choisir la meilleure stratégie pour vous.

Avant tout : connaître son ennemi

Pour choisir la bonne arme, il faut savoir à qui on s’attaque. L’arbre que vous venez de couper a passé des années à faire des réserves dans ses racines. Ce réseau souterrain, c’est son assurance-vie. Quand vous coupez le tronc, c’est le signal de panique générale ! La souche va alors puiser dans ses dernières forces pour lancer des « rejets » (des pousses sur la souche) ou des « drageons » (des pousses qui sortent de terre, parfois à plusieurs mètres).

D’ailleurs, tous les arbres ne sont pas logés à la même enseigne. Un sapin ou un pin, une fois coupé, ne fera généralement pas d’histoires. Par contre, beaucoup de feuillus sont de vrais survivants. Pensez au robinier, à l’ailante, au peuplier, mais aussi à des classiques de nos jardins comme le figuier, le lilas ou le sumac de Virginie. Eux, ce sont les champions du drageonnement. Tuer la souche ne suffira pas toujours à calmer les ardeurs de leurs racines.

Option 1 : La méthode pro, rapide et nette

Quand un client veut un résultat immédiat, sans produits chimiques, il n’y a pas trente-six solutions : c’est le rognage de souche. Nous, les professionnels, c’est ce qu’on fait dans 90 % des cas. On débarque avec une machine, la rogneuse (ou dessoucheuse), qui est équipée d’un disque hyper costaud qui vient littéralement grignoter la souche.

Concrètement, la machine transforme la souche en copeaux jusqu’à 20 ou 30 cm sous le niveau du sol. C’est suffisant pour pulvériser le cœur de la souche et les grosses racines de surface, là où tout repart. Le mélange de terre et de copeaux peut ensuite être étalé, et vous pouvez remettre de la terre végétale par-dessus pour semer du gazon. En une heure, une souche de 50 cm peut disparaître. C’est propre et efficace.

Ok, mais ça coûte combien ?

C’est LA question que tout le monde se pose. Forcément, ça a un coût. Pour vous donner une fourchette, attendez-vous à payer entre 150 € et 400 € pour une souche de taille moyenne (40-60 cm de diamètre). Le prix varie selon la difficulté d’accès et la région. Le meilleur conseil que je puisse vous donner : faites faire deux ou trois devis !

Et si je loue la machine moi-même ?

C’est une option, mais réfléchissez bien. La location d’une rogneuse à la journée vous coûtera dans les 200-300 € chez les grands loueurs. Mais attention, ces engins sont lourds, vibrent énormément et peuvent être dangereux si on ne les a jamais manipulés. Sans compter qu’un pro fera le travail en une heure, alors que vous y passerez peut-être une demi-journée. Le calcul n’est pas toujours rentable.

Petit conseil sur les copeaux : Vous pouvez les utiliser en paillis pour vos haies ou vos massifs. C’est top ! Mais évitez de les mettre dans le potager la première année. En se décomposant, le bois frais consomme de l’azote, et vos légumes n’apprécieraient pas du tout.

Option 2 : La dévitalisation chimique, avec d’infinies précautions

Abordons le sujet qui fâche… les produits chimiques. Honnêtement, ce n’est pas ma tasse de thé. Mais il y a des cas où c’est la moins mauvaise des solutions, par exemple si la souche est collée à un mur ou si l’accès est impossible pour une machine.

En France, les produits vraiment puissants sont réservés aux professionnels certifiés. Ce que vous trouverez en jardinerie (cherchez les produits type « destructeur de souche ») est beaucoup moins concentré. N’allez surtout pas utiliser des recettes de grand-mère à base de produits non autorisés, c’est un danger pour vous et pour tout l’écosystème de votre jardin.

Si vous optez pour cette voie, voici comment faire pour maximiser l’efficacité :

1. Agissez vite : Le produit doit être appliqué sur du bois frais, idéalement dans les heures qui suivent la coupe. Si la souche est ancienne, il faut la rafraîchir en coupant une tranche sur le dessus.
2. Visez juste : Inutile de badigeonner tout le bois. Le produit doit atteindre le cambium, la fine couche verte juste sous l’écorce. C’est là que circule la sève. Appliquez le produit pur au pinceau uniquement sur cette zone périphérique.
3. Percez des trous : Pour les grosses souches, complétez en perçant des trous verticaux (10-15 cm de profondeur) avec une grosse mèche, à quelques centimètres du bord. Remplissez ensuite ces trous de produit.

Cette méthode prend du temps. La souche mettra plusieurs semaines, voire des mois, à mourir. Patience…

Option 3 : Les méthodes « naturelles », le tri entre le vrai et le faux

Sur internet, on lit de tout. Faisons le ménage.

Le sel : LA fausse bonne idée. Je vais être direct : n’utilisez jamais de sel. Oui, ça va tuer la souche. Mais la pluie va le diffuser partout dans votre sol. Il va tout cramer : l’herbe, les fleurs, les vers de terre… Vous allez stériliser votre terre pour des années. C’est une bombe écologique qui cause plus de dégâts que de bien. À proscrire.

La bâche noire : pour les très, très patients. L’idée est de priver la souche de lumière. On la couvre avec une bâche opaque bien fixée au sol. Ça marche ? Oui. Mais on ne parle pas de quelques mois. Comptez au minimum un an, et plus probablement deux ou trois ans pour que la souche s’épuise et commence à pourrir. C’est efficace, mais ça n’empêche pas les drageons de sortir plus loin.

L’ail et autres remèdes de bonne femme… Insérer des gousses d’ail dans la souche ? Honnêtement, sur le terrain, je n’ai jamais vu le moindre résultat probant sur une souche en bonne santé. C’est une perte de temps. C’est sans risque, mais l’efficacité est proche du néant.

L’alternative maligne : donner un coup de pouce à la nature

Il existe une voie médiane, un super compromis : aider la nature à faire son boulot plus vite. Pour pourrir, le bois a besoin d’humidité et d’azote. Or, il est naturellement pauvre en azote. L’idée, c’est de lui en donner !

1. Quadrillez la souche : Avec une perceuse et la plus grosse mèche que vous avez, faites un maximum de trous partout sur le dessus. Donnez aussi quelques coups de hache sur les côtés. Plus il y a de portes d’entrée, mieux c’est.
2. Nourrissez-la : Remplissez les trous et couvrez la souche avec une matière riche en azote. Vous avez le choix : du marc de café (gardez celui du matin !), des tontes de gazon fraîches (une bonne couche de 10-15 cm), du compost jeune, ou même un activateur de compost du commerce.
3. Gardez-la au frais : Arrosez bien le tout, puis couvrez avec de la paille ou une vieille bâche pour maintenir l’humidité.

Cette méthode ne tue pas la souche sur-le-champ, mais elle va accélérer sa décomposition de manière spectaculaire. Une souche qui aurait mis dix ans à disparaître peut devenir friable en 2 à 5 ans. Vous transformez un problème en ressource pour votre sol.

Le truc que vous pouvez faire AUJOURD’HUI : Même si vous n’avez rien sous la main, allez percer une dizaine de gros trous dans votre souche. Rien que ça, ça va l’affaiblir et permettre à la pluie de commencer son travail.

La sécurité avant tout, toujours !

Peu importe la méthode, ne jouez pas avec votre sécurité.

• Outils : Une tronçonneuse près du sol, c’est un coup à avoir un rebond violent. Portez toujours des lunettes, des gants, et des chaussures de sécurité.
• Produits : Lisez les étiquettes ! Mettez des gants, ne traitez pas juste avant une pluie, et tenez les enfants et les animaux à l’écart.
• Bon sens : Une grosse souche près d’une fondation ou d’une canalisation ? N’hésitez pas, appelez un pro. Ce n’est pas un aveu de faiblesse, c’est une décision intelligente. Vous achetez de la tranquillité d’esprit.

Au final, il n’y a pas de solution miracle. La meilleure approche dépend de votre arbre, de votre jardin, de votre budget et, surtout, de votre patience. Un arbre a mis du temps à pousser, lui dire adieu correctement demande un peu de méthode et de respect.

Inspirations et idées

Dévitalisant chimique : Souvent à base de glyphosate (ex: Destructeur de Souches Roundup), il empoisonne la souche et ses racines pour stopper net toute repousse. Idéal contre les espèces très drageonnantes.

Accélérateur de décomposition : À base de nitrate d’ammonium ou d’urée, il nourrit les champignons et bactéries qui décomposent le bois. Une approche plus lente et biologique.

Le choix dépend de votre urgence et de l’agressivité de la souche.

Saviez-vous que 90% des plantes terrestres dépendent d’un réseau de champignons souterrains (mycorhizes) pour se nourrir ?

Arracher une grosse souche, c’est créer un cratère dans cet

Si l’extraction n’est pas une option, transformez la contrainte en atout. Une souche bien plate peut devenir un superbe support naturel. Poncez la surface, traitez-la avec une huile de lin pour la protéger de l’humidité et posez-y une grande poterie en terre cuite remplie de graminées, un bain d’oiseaux en fonte ou même un cadran solaire. La souche devient alors un piédestal rustique qui ancre la nouvelle composition dans le jardin.

• L’écorçage immédiat : Juste après l’abattage, pelez l’écorce de la souche sur toute sa circonférence jusqu’au sol avec une hachette. Cela coupe les canaux de sève et accélère son dessèchement.
• La traque des rejets : Dès l’apparition des premières pousses, arrachez-les manuellement. Ne les coupez pas, arrachez-les pour endommager le bourgeon de départ et épuiser plus vite les réserves.

L’erreur à ne pas commettre : Tenter de brûler la souche. C’est une méthode rarement efficace et risquée. Le feu ne pénètre que très peu dans le bois humide. Le plus souvent, vous obtiendrez une souche carbonisée en surface mais intacte en profondeur, qui peut couver pendant des jours et propager le feu aux racines voisines.

Louer une rogneuse de souche, est-ce vraiment rentable ?

Pour une seule petite souche, rarement. La location d’une dessoucheuse professionnelle (type FSI, Vermeer…) coûte entre 150€ et 300€ la journée, sans compter le transport. C’est une machine lourde et qui demande un certain savoir-faire. Si vous avez plusieurs souches, l’option peut être intéressante. Sinon, le coût de l’intervention d’un professionnel est souvent plus judicieux.

Une seule souche d’ailante (Ailanthus altissima) peut produire des drageons dans un rayon de 15 mètres et survivre à la plupart des traitements. C’est l’un des arbres les plus invasifs au monde, capable de percer le bitume pour se frayer un chemin.

Et si la souche devenait productive ? La fungiculture est une méthode écologique pour accélérer sa décomposition tout en récoltant de délicieux champignons.

• Pour les feuillus durs (chêne, châtaignier) : Inoculez des chevilles de Shiitaké (Lentinula edodes).
• Pour les bois tendres (peuplier, bouleau) : Les pleurotes (Pleurotus ostreatus) donnent d’excellents résultats.

• Un paillage 100% naturel et gratuit.
• Une excellente structure pour les allées rustiques.
• Une source de matière carbonée pour votre compost.

Le secret ? Les copeaux issus du rognage de la souche ! Attention : utilisez-les en paillage de surface ou laissez-les composter au moins 6 mois avant de les incorporer au sol, pour éviter qu’ils n’absorbent l’azote disponible au détriment de vos plantations.

Là où il n’y avait qu’un obstacle, la lumière revient. Cet espace reconquis est une promesse. Imaginez un rosier ‘Pierre de Ronsard’ grimpant sur le mur que la souche assombrissait, ou un érable du Japon ‘Bloodgood’ dont le feuillage pourpre contrastera avec le vert du gazon. Ne voyez pas un trou à combler, mais une page blanche à écrire.