Poules en Hiver : Mon Guide Complet pour les Garder au Top (et Avoir Quelques Œufs !)

Préparez-vous à transformer l’hiver de vos poules en une saison douce et productive. Découvrez les clés d’une alimentation nourrissante !

Auteur Lilou Garnier

Je me souviens encore de mon tout premier hiver avec des poules, il y a bien longtemps. J’avais bâti un poulailler costaud, bien isolé, je pensais vraiment avoir coché toutes les cases. Et puis, les jours ont commencé à rétrécir, le gel s’est installé, et mon panier à œufs est resté désespérément vide. Franchement, j’ai commencé à paniquer. Est-ce que je faisais quelque chose de travers ? C’est là que mon véritable apprentissage a commencé, pas dans les bouquins, mais en observant mes bêtes et en écoutant les conseils des anciens de mon coin.

Aujourd’hui, j’ai envie de vous partager tout ce que ces années m’ont appris. Nourrir ses poules en hiver, ce n’est pas juste doubler les rations. C’est une approche bien plus fine : comprendre leurs besoins, anticiper les galères et leur apporter un soutien ciblé. Le but, ce n’est pas de forcer la ponte à tout prix, la nature a ses cycles. Le véritable objectif, c’est de garder vos poules en super forme, bien au chaud et à l’aise. Des poules heureuses et bien nourries vous offriront quelques œufs, c’est certain. Mais leur bien-être, c’est la priorité numéro un.

comment proteger les poules de l'hiver

Pourquoi leurs besoins changent avec le froid ?

Pour bien nourrir, il faut comprendre le pourquoi du comment. Une poule, ce n’est pas une machine, c’est un petit radiateur sur pattes qui lutte contre les éléments.

La bataille contre le froid : une question d’énergie

Le corps d’une poule maintient une température constante d’environ 41°C. Imaginez une petite chaudière interne. Quand dehors il fait 0°C, cette chaudière doit tourner à plein régime pour compenser. Et le carburant de cette chaudière, c’est la nourriture ! Si l’alimentation n’est pas assez riche, elle va puiser dans ses réserves, maigrir et devenir beaucoup plus fragile face aux maladies. L’alimentation hivernale doit donc être blindée en énergie, surtout en glucides complexes qui se diffusent lentement.

La mue : un marathon pour l’organisme

Souvent, l’automne et le début de l’hiver coïncident avec la fin de la mue. C’est le moment où elles renouvellent leur plumage. Faire pousser des milliers de plumes neuves, c’est un effort colossal ! D’ailleurs, une plume est constituée à plus de 85% de protéines. Pendant cette période, toute l’énergie est redirigée vers la fabrication de ce nouveau manteau d’hiver. La ponte ? Elle s’arrête net. C’est tout à fait normal. Une alimentation riche en protéines est donc vitale pour les aider à passer ce cap sans s’épuiser.

des pondeuses qui mangent des graines a l exterieur

Le garde-manger naturel est fermé

En été, vos poules se régalent de vers, d’insectes, de graines et d’herbes fraîches. C’est un buffet à volonté. Mais en hiver, le sol est gelé, les insectes ont disparu. Elles dépendent donc à 100% de ce que vous mettez dans leur mangeoire. C’est à nous de compenser ce manque.

L’alimentation de base : les fondations

Pas de maison solide sans bonnes fondations. Pour les poules, c’est pareil. L’aliment de base, c’est ce qui doit être disponible à volonté, toute la journée.

Les granulés pour pondeuses : le choix de la sécurité

Je sais que certains ne jurent que par les mélanges de grains, qui ont l’air plus « naturels ». Mais honnêtement, après des années d’essais, un bon granulé complet est la meilleure assurance santé pour vos volailles. Pourquoi ? Chaque granulé est une ration complète et équilibrée. La poule ne peut pas trier et ne manger que ce qu’elle aime (comme le maïs !). Elle a donc tous les nutriments nécessaires à chaque bouchée.

comment prendre soin de ses poules en hiver mangeoire

En hiver, je passe sur une formule contenant au moins 16% de protéines, et même 18% si elles sont en pleine mue. Un sac de 25 kg de granulés de bonne qualité vous coûtera entre 20€ et 30€ en coopérative agricole ou en jardinerie. N’hésitez pas à demander au vendeur : « Quel est le taux de protéines exact ? » ou « Avez-vous une formule spéciale hiver ou mue ? ».

Le maïs : l’ami à consommer avec modération

Le maïs, c’est LA céréale de l’hiver. Riche en glucides, il les aide à produire de la chaleur pour passer la nuit. J’adore leur en donner le soir, une heure avant le coucher. C’est un vrai rituel.

Mais attention, c’est un faux ami. C’est très calorique mais pauvre en protéines et vitamines. Trop de maïs, et vos poules vont engraisser, devenir paresseuses et arrêter de pondre. J’ai fait l’erreur au début, et j’ai dû rectifier le tir.

des poules dans un poulailler

Ma règle d’or : le maïs, c’est une friandise du soir. Une petite poignée par poule, soit l’équivalent d’une grosse cuillère à soupe (15-20g), pas plus. C’est un coup de pouce pour la nuit, pas la base du repas. Un sac de 25 kg de maïs concassé est très abordable, souvent autour de 15€.

La pâtée chaude : le petit plaisir qui change tout

Le petit plus qui fait toute la différence en hiver, c’est la pâtée tiède. Je la sers en fin de matinée. C’est un régal pour elles et un super moyen d’intégrer des nutriments variés et d’utiliser les restes de la cuisine.

Ma recette de base (pour 5-6 poules)

Rien de sorcier, ma pâtée est anti-gaspi !

  • Une base de glucides : Environ 400-500g de restes (pâtes, riz, pommes de terre cuites). Le pain rassis trempé dans de l’eau tiède (jamais de lait !) marche aussi. Attention : ne donnez JAMAIS de pain moisi, c’est mortel.
  • Des protéines : Une grosse cuillère de lentilles cuites, des petits pois, ou les restes d’un bouillon de viande (pas trop salé). Les graines de tournesol noir sont aussi un super ajout.
  • Des légumes : Restes de carottes, courges, brocolis cuits… La courge et le potimarron sont top, plein de vitamines et elles adorent.

Astuce si vous n’avez pas de restes : Pas de panique ! Une base de flocons d’avoine, une petite boîte de maïs doux (bien rincé, sans sucre ajouté) et quelques graines de tournesol avec de l’eau chaude, et le tour est joué en 5 minutes !

alimentation pour poules hiver

Les compléments qui font la différence

En plus de la base, quelques petits ajouts sont cruciaux en hiver.

Le calcium pour des coquilles solides

Même si la ponte ralentit, une poule qui pond a besoin de calcium. J’ai toujours une petite mangeoire à part avec des coquilles d’huîtres concassées. Un sac de 5 kg coûte moins de 10€ et dure très longtemps. Elles se servent selon leurs besoins. Vous pouvez aussi recycler vos coquilles d’œufs : rincez-les, séchez-les, puis passez-les au four 10 minutes à 180°C pour les stériliser. Ensuite, écrasez-les finement.

Un boost de protéines : les insectes séchés

Pour remplacer les petites bêtes du jardin, je leur donne parfois des vers de farine séchés. C’est un peu cher (comptez 15-25€ le seau), donc c’est une friandise pour les jours de grand froid ou pour remonter le moral des troupes. C’est une bombe de protéines !

De la verdure pour le moral

L’ennui en hiver peut mener au picage. Mon astuce anti-déprime la plus simple et efficace ? Le chou suspendu. Ça coûte moins de 2€, vous le percez, vous y passez une ficelle et vous le suspendez dans l’enclos. Ça les occupe pendant des heures !

comment proteger les poules en hiver

L’eau : l’élément vital qu’on oublie parfois

On pense nourriture, mais l’eau est encore plus importante. Le défi en hiver, c’est le gel. Ma routine est simple : je change l’eau matin et soir avec de l’eau fraîche. Pour les régions très froides, un abreuvoir chauffant (une plaque sur laquelle on pose l’abreuvoir) est un bon investissement, ça coûte entre 25€ et 40€. Attention à la sécurité : utilisez du matériel conçu pour l’extérieur et placez-le loin de la paille !

Les erreurs à éviter absolument

Bien nourrir, c’est aussi savoir ce qu’il ne faut PAS donner.

La liste noire des aliments toxiques est simple : jamais d’avocat, de peaux de pommes de terre crues, de chocolat, d’oignon en grande quantité, et surtout, JAMAIS d’aliments moisis ou pourris. De plus, ne donnez pas trop de friandises (pain, maïs…). Elles doivent représenter moins de 10% de la ration totale, sinon vos poules bouderont leur nourriture équilibrée et auront des carences. Et bien sûr, servez toujours la nourriture dans des mangeoires propres, jamais à même le sol souillé.

de mais nouriture pour les poules en hiver

La clé, c’est l’observation

Votre meilleur outil, c’est votre regard. Prenez 5 minutes chaque jour pour les observer. Une poule en forme est active, curieuse, avec une crête bien rouge. Le soir, palpez doucement le jabot d’une poule : il doit être plein et souple. S’il est vide, elle n’a pas assez mangé. S’il est dur, il y a peut-être un souci. Une poule qui reste dans son coin, plumes ébouriffées, est une poule qui ne va pas bien.

En patience et bon sens

Nourrir ses poules en hiver, c’est un mélange de science, d’observation et de bienveillance. N’attendez pas des miracles côté ponte. Attendre 1 ou 2 œufs par semaine de vos meilleures pondeuses est déjà une belle victoire. Acceptez ce ralentissement naturel.

Votre rôle est d’être leur partenaire, de leur fournir tout ce dont elles ont besoin pour passer l’hiver en pleine forme. Une bonne base, des pâtées réconfortantes, de l’eau propre et une attention quotidienne. En retour, vous aurez le plaisir de les voir heureuses et actives, même sous la neige. Et croyez-moi, les quelques œufs que vous trouverez auront une saveur toute particulière.

une poule et un coq orange dans la neige dehors

Inspirations et idées

Faut-il transformer le poulailler en bunker hermétique pour l’hiver ?

C’est une erreur classique ! L’humidité dégagée par la respiration et les fientes est plus dangereuse que le froid sec. Une mauvaise aération concentre l’ammoniac et peut causer des problèmes respiratoires graves, en plus de favoriser les gelures sur les crêtes humides. L’astuce est d’assurer une ventilation haute, au-dessus des perchoirs, pour évacuer l’air vicié sans jamais créer de courants d’air froids sur les poules endormies.

  • Une chaleur douce et constante qui monte du sol.
  • Une litière sèche en surface, même après des semaines.
  • Un ‘compost’ riche à utiliser au potager au printemps.

Le secret ? La méthode de la litière profonde (ou ‘deep litter’). Plutôt que de tout changer, ajoutez simplement une couche de litière fraîche (copeaux de pin, paille hachée) par-dessus l’ancienne tout l’hiver. Le processus de compostage naturel génère de la chaleur et garde le poulailler plus sain.

La race de poule Chantecler, développée au Québec au début du 20e siècle, a été spécifiquement sélectionnée pour sa crête et ses barbillons très réduits afin de minimiser les risques de gelures.

Ce n’est pas un hasard si certaines poules s’en sortent mieux que d’autres. Les races comme la Wyandotte, la Brahma ou la Plymouth Rock, avec leur corps massif et leur plumage dense, sont naturellement mieux armées pour le froid que des races méditerranéennes plus sveltes. Le choix des souches est la première étape d’une hivernation réussie.

Pour les journées de grand confinement, un peu de distraction évite le picage et l’ennui. Voici quelques idées testées et approuvées :

  • La ‘piñata’ à poules : suspendez une simple tête de chou à une ficelle, juste à leur hauteur.
  • Le ‘pâté’ de graines : mélangez des graines de tournesol, du maïs concassé et un peu de gras (comme de l’huile de coco) et calez le tout dans les trous d’une bûche.
  • Le bain de poussière amélioré : dans une caisse basse, mélangez du sable sec avec un peu de cendre de bois (non traitée) pour un soin du plumage 5 étoiles.

Point important : Les crêtes et les barbillons charnus sont les premiers à souffrir du gel. Une inspection visuelle rapide chaque matin est indispensable par temps glacial. Si les appendices deviennent pâles puis présentent des taches noires, c’est le signe d’une gelure. En prévention, lors des nuits les plus froides, une fine couche de vaseline peut offrir une protection efficace.

Face au gel, garder l’eau liquide est un défi quotidien. Deux écoles s’affrontent, chacune avec ses mérites.

Option A : L’abreuvoir chauffant. Des marques comme Farm Innovators ou Gaun proposent des bases électriques qui se placent sous l’abreuvoir et maintiennent l’eau juste au-dessus de 0°C. C’est la solution la plus fiable.

Option B : L’astuce de la bouteille. Remplissez une bouteille en plastique d’eau très salée et placez-la, bien fermée, dans votre abreuvoir. Le mouvement de la bouteille et la chaleur latente de l’eau salée ralentissent la prise en glace de l’eau douce autour.

Le choix dépend de votre accès à l’électricité et de la rigueur de votre climat.

Un petit extra protéiné est un vrai coup de pouce pour affronter l’hiver, surtout en fin de mue. Une poignée de vers de farine séchés ou, encore mieux, de larves de mouche soldat noire (riches en calcium) est un festin qui leur apporte l’énergie nécessaire pour produire de la chaleur et renforcer leur plumage. C’est le petit plaisir qui fait toute la différence.

Une poule a besoin d’environ 14 heures de lumière par jour pour que sa glande pituitaire déclenche le signal de la ponte.

La baisse drastique de la ponte en hiver est donc avant tout une question de lumière, bien plus que de température. Ajouter une simple ampoule LED de faible puissance (4-9W) sur un minuteur pour assurer un total de 14h de luminosité peut relancer la production. C’est un choix personnel : certains préfèrent respecter le cycle naturel, d’autres assurer quelques œufs frais pour le petit-déjeuner.

Vos restes de cuisine peuvent devenir un excellent complément hivernal, à condition de bien choisir. Un peu de porridge tiède le matin, des restes de pâtes ou de riz (non salés), les graines et la chair d’une courge butternut cuite… Ces glucides complexes sont un carburant de choix pour lutter contre le froid. Évitez simplement les agrumes, les peaux de pommes de terre crues, l’avocat et tout ce qui est trop salé ou moisi.

Il y a une magie particulière dans le silence d’un matin d’hiver, seulement brisé par les gloussements feutrés des poules qui s’ébattent dans la neige poudreuse. Voir la buée s’échapper de leur bec, leurs plumes ébouriffées pour se protéger du froid, et leurs petites traces de pattes dessinant des motifs éphémères sur le sol blanc… C’est un spectacle simple qui nous reconnecte au rythme immuable des saisons.

Lilou Garnier

Experte Vie de Famille & Jardinière en Herbe
Ses univers : Jardins familiaux, Déco pour enfants, Activités nature
Maman de trois enfants, Lilou a appris à créer des espaces qui concilient beauté et praticité. Sa maison normande avec son grand jardin est devenue son terrain d'expérimentation favori. Elle y teste toutes ses idées d'aménagements kid-friendly et de projets jardinage en famille. Convaincue que les enfants apprennent mieux au contact de la nature, elle invente sans cesse de nouvelles activités créatives. Le dimanche, toute la famille met la main à la pâte pour entretenir leur potager ou construire des cabanes dans les arbres.