Installer un Récupérateur d’Eau : Le Guide Complet pour un Raccordement Parfait à votre Gouttière

Auteur Lilou Garnier

Pourquoi l’eau de pluie est un véritable trésor pour votre jardin

On pense souvent aux économies sur la facture d’eau, et c’est vrai, c’est un excellent point. Mais honnêtement, les vrais bénéfices sont ailleurs. L’eau de pluie est naturellement douce, sans ce chlore et ce calcaire qu’on trouve dans l’eau du robinet. Ces additifs, nécessaires pour la consommation humaine, peuvent à la longue fatiguer vos plantes et compacter la terre.

D’ailleurs, petit fait amusant : l’eau de pluie a un pH légèrement acide, autour de 6, ce qui est parfait pour la plupart des végétaux. Ils l’absorbent beaucoup mieux. J’ai vu de mes propres yeux des passionnés d’hortensias qui ne juraient que par elle. Leurs fleurs avaient des couleurs incroyablement vives. La raison est simple : le calcaire de l’eau du robinet fait monter le pH du sol, ce qui empêche les hortensias d’absorber les éléments qui leur donnent cette fameuse couleur bleue. Avec l’eau de pluie, le sol reste acide et les fleurs sont juste… magnifiques. C’est un exemple, mais c’est valable pour vos tomates, vos salades, vos rosiers…

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Enfin, il y a un aspect citoyen dont on parle peu. En stockant l’eau lors d’un gros orage, votre cuve agit comme un petit bassin de rétention. Elle soulage les réseaux d’évacuation et participe, à son échelle, à réduire les risques d’inondation. Pas mal, non ?

Comprendre le parcours de l’eau : de la tuile à la cuve

Avant de sortir la scie, il faut comprendre que tout est lié. Un système de récupération, c’est une chaîne. Si un maillon est faible, tout le système perd en efficacité. La qualité de l’eau que vous allez récolter dépend entièrement de ce parcours.

1. Le point de départ : votre toiture

L’eau se charge de tout ce qu’elle touche. Votre toiture est donc le premier contact, et sa nature est primordiale.

  • Les toits à éviter absolument : Ne récupérez JAMAIS l’eau d’un toit en amiante-ciment (le vieux fibrociment) ou en plomb. Ces matériaux libèrent des particules toxiques, c’est un danger pour la santé et c’est tout simplement interdit pour n’importe quel usage. Au moindre doute, faites appel à un diagnostiqueur.
  • Les champions de la récupération : L’idéal, c’est une toiture inerte. L’ardoise naturelle, la tuile (en terre cuite ou béton), ou même le verre sont parfaits. Le zinc, l’acier galvanisé et l’aluminium sont également de très bons choix.
  • Les cas à surveiller : Un toit-terrasse avec une étanchéité bitumineuse (goudron) peut relâcher des hydrocarbures, surtout les premières années. Quant aux toits végétalisés, c’est superbe, mais l’eau sera chargée en matières organiques et souvent colorée. Il faudra prévoir une filtration plus sérieuse.
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2. La gouttière, bien plus qu’un simple tuyau

Une gouttière propre, c’est la base. Si elle est remplie de feuilles et de mousses, votre eau sera de mauvaise qualité dès le départ. Pensez à installer une crapaudine ou un pare-feuilles, c’est un petit accessoire pas cher qui change tout.

Bon, et si votre descente n’est pas un simple tube rond en PVC ? C’est une excellente question. La plupart des collecteurs sont prévus pour des diamètres standards de 80 ou 100 mm. Mais si vous avez une descente carrée ou rectangulaire, sachez qu’il existe des collecteurs spécifiques, un peu plus difficiles à trouver mais disponibles en ligne ou dans les magasins de bricolage bien achalandés. Pour le zinc, on verra la technique de découpe un peu plus loin, car c’est plus délicat.

L’installation du collecteur : mes conseils de pro

On y est ! C’est le moment de mettre les mains dans le cambouis. L’opération est simple, mais la méthode fait toute la différence entre une installation qui dure 15 ans et une qui fuit au premier orage. Honnêtement, pour un bricoleur qui prend son temps, comptez un bon samedi matin, soit environ 2 à 3 heures, préparation du sol comprise.

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La liste de courses pour ne rien oublier

Avant de foncer chez Castorama, Leroy Merlin ou dans votre jardinerie locale, voici ce dont vous aurez besoin :

  • Un collecteur de gouttière : Prenez un modèle avec filtre intégré et position été/hiver. C’est un peu plus cher (comptez entre 25€ et 50€), mais ça vous sauvera la mise. Vérifiez bien le diamètre !
  • Une cuve de récupération : En polyéthylène (PEHD) opaque pour éviter la prolifération d’algues. Pour une cuve aérienne de 500L, le budget se situe entre 50€ et 100€.
  • Un support de cuve : C’est INDISPENSABLE. Une cuve pleine pèse une tonne. Le support (entre 30€ et 60€) assure la stabilité et surélève le robinet.
  • Le kit de raccordement : Tuyau, embouts, joints… Il est souvent vendu avec le collecteur.
  • Les outils : Un mètre, un niveau, une scie à métaux, du papier de verre, et un tournevis.
  • Sécurité : Une bonne paire de gants. Les bords du métal ou du PVC coupé sont très vifs. Croyez-moi sur parole.
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Le pas-à-pas pour une pose sans stress

Étape 1 : La base, c’est la base !
Une cuve de 500L pèse 500 kilos une fois pleine. Le sol doit être parfaitement stable et plat. L’idéal, c’est une petite dalle en béton. Sinon, un lit de sable bien tassé recouvert de dalles de ciment fera l’affaire. J’ai déjà dépanné quelqu’un dont la cuve de 800L s’était affaissée, arrachant la gouttière au passage. On ne plaisante pas avec la stabilité.

Étape 2 : Le traçage, le moment de vérité
Positionnez la cuve. Le collecteur sur la gouttière doit être légèrement plus haut que l’entrée d’eau de la cuve pour que la gravité fasse son travail. Présentez le collecteur contre la descente et marquez au crayon les repères de découpe haut et bas. La notice vous donnera la longueur exacte à enlever. Le dicton de l’atelier est vrai : mesurez deux fois, coupez une fois.
Petite astuce de pro : collez un tour de ruban de masquage pour marquer votre ligne de coupe. C’est bien plus net qu’un trait de crayon et ça aide à guider la lame.

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Étape 3 : La découpe (on respire un bon coup)
Pour du PVC, une scie à métaux suffit. Allez-y doucement, bien droit. Une fois la section enlevée, un petit coup de papier de verre pour ébavurer les bords garantira une bonne étanchéité. Pour du zinc ou de l’alu, c’est plus technique. La scie à métaux peut tordre le métal. Les pros utilisent une grignoteuse, qui « mange » le métal sans le déformer. Si vous n’avez pas ça, percez des trous le long de votre tracé et finissez avec une petite cisaille à tôle. Patience et gants obligatoires !

Étape 4 : L’insertion du collecteur
Écartez légèrement la descente et insérez le collecteur. Les joints en caoutchouc doivent parfaitement plaquer. Surtout, ne mettez pas de silicone ! Un bon collecteur est conçu pour un montage à sec. Le silicone vieillit mal et rend impossible tout démontage pour le nettoyage.

Étape 5 : Le raccordement final
Il ne reste plus qu’à relier le collecteur à la cuve avec le tuyau fourni. Pour percer la cuve, utilisez une scie cloche du bon diamètre pour un trou propre. Vissez le passe-paroi avec son joint, fermement mais sans écraser le plastique. Et voilà !

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Bon à savoir : la plupart des collecteurs modernes ont une fonction de trop-plein automatique. Quand la cuve est pleine, l’eau est automatiquement redirigée vers la descente. C’est un système génial et indispensable.

Les galères classiques (et comment s’en sortir !)

  • « Au secours, ça fuit après l’installation ! » : Pas de panique. 9 fois sur 10, le collecteur est mal emboîté ou les joints sont pincés. Démontez, vérifiez que les bords de la gouttière sont propres et réassemblez tranquillement.
  • « Ma coupe n’est pas parfaitement droite… » : Si c’est léger, un coup de lime peut rattraper. Sinon, pas d’inquiétude, les collerettes du collecteur sont conçues pour masquer les petites imperfections.
  • « Ma cuve est devenue un hôtel à moustiques ! » : C’est pour ça qu’il faut une cuve OPAQUE et bien fermée. Le filtre du collecteur empêche les feuilles (et les moustiques) d’entrer. Si le problème persiste, un petit morceau de moustiquaire sur le trop-plein de la cuve est une solution radicale.
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Filtration et entretien : les secrets d’une eau qui reste saine

Avoir de l’eau, c’est bien. Avoir une eau de qualité, c’est mieux. La filtration n’est pas une option, c’est une nécessité pour éviter les odeurs, les bouchons et les larves de moustiques.

Pensez la filtration en trois étapes : d’abord, la crapaudine dans la gouttière qui bloque les grosses feuilles. Ensuite, le filtre du collecteur qui affine le travail. Et pour les puristes, une aspiration flottante dans la cuve permet de pomper l’eau la plus propre, juste sous la surface. C’est un petit plus qui fait une grande différence.

Le calendrier d’entretien facile

  • À l’automne : Grand nettoyage des gouttières et des filtres. C’est l’étape clé de l’année.
  • Avant le gel : CRUCIAL ! L’eau gelée peut faire exploser votre cuve. Passez le collecteur en mode « hiver ». L’idéal est de vider la cuve. Sinon, laissez le robinet ouvert et déconnectez le tuyau de liaison.
  • Au printemps : On repasse le collecteur en mode « été », on vérifie les joints, et on peut donner un petit coup de brosse à l’intérieur de la cuve si besoin (jamais de détergent !).
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Aller plus loin : quelle taille de cuve et pour quelles économies ?

Le choix entre une cuve aérienne (de 300 à 2000 L) et une cuve enterrée (plus de 1500 L) dépend de votre place et de votre budget. La cuve aérienne est parfaite pour le jardinage. La cuve enterrée, c’est un autre projet, mais elle permet de stocker d’énormes volumes pour alimenter les WC ou le lave-linge.

Alors, comment choisir le bon volume ? Une petite règle simple pour commencer : multipliez la surface de votre toit en m² par un coefficient de pluviométrie. Pour une région comme Lyon, un coefficient de 40 est un bon début. Par exemple : 100 m² de toit x 40 = 4000 litres potentiels par an. Cela vous aide à voir si une cuve de 500L ou 1000L est plus adaptée.

Et les économies, concrètement ? Prenons ce toit de 100 m² dans une région à pluviométrie moyenne. Vous pouvez espérer récupérer entre 30 000 et 50 000 litres par an. Au prix moyen de l’eau en France, ça représente facilement une économie de 120€ à plus de 200€ par an. De quoi rentabiliser votre installation en un ou deux ans !

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Un dernier mot sur la réglementation

Récupérer l’eau, c’est encouragé, mais c’est aussi encadré pour des raisons de santé publique. C’est très simple :

  • Ce qui est autorisé : Arroser le jardin, laver la voiture, nettoyer la terrasse. À l’intérieur, c’est possible pour les WC et le lavage des sols, mais cela impose un réseau séparé et une signalisation « Eau non potable ».
  • Ce qui est INTERDIT : Boire cette eau, cuisiner avec, se doucher, ou remplir une piscine.

Voilà, vous avez toutes les cartes en main. C’est un projet vraiment gratifiant, accessible à tous les bricoleurs un peu soigneux. Prenez le temps de bien faire les choses, et votre jardin vous remerciera pendant des années.

Galerie d’inspiration

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Que faire de sa cuve à l’approche de l’hiver ?

C’est la question que tout propriétaire de récupérateur se pose. Le gel est l’ennemi numéro un de votre installation. Une cuve pleine qui gèle peut se fissurer sous la pression de la glace. Pour éviter la casse, la règle est simple : videz-la presque entièrement. Laissez juste un fond d’eau pour qu’elle ne soit pas emportée par le vent. Déconnectez le tuyau de raccordement à la gouttière et ouvrez le robinet en position basse pour purger le circuit. Si votre collecteur, comme les modèles de chez Graf ou Garantia, possède une position

Lilou Garnier

Experte Vie de Famille & Jardinière en Herbe
Ses univers : Jardins familiaux, Déco pour enfants, Activités nature
Maman de trois enfants, Lilou a appris à créer des espaces qui concilient beauté et praticité. Sa maison normande avec son grand jardin est devenue son terrain d'expérimentation favori. Elle y teste toutes ses idées d'aménagements kid-friendly et de projets jardinage en famille. Convaincue que les enfants apprennent mieux au contact de la nature, elle invente sans cesse de nouvelles activités créatives. Le dimanche, toute la famille met la main à la pâte pour entretenir leur potager ou construire des cabanes dans les arbres.