Pavés sans mauvaises herbes : Le guide honnête pour en finir (vraiment)
Je passe mes journées sur des chantiers de pavage depuis un bail, plus de vingt ans pour être précis. Des terrasses en pierre naturelle aux allées en autobloquants, j’ai vu à peu près toutes les situations. Et la question qui revient, sans exception, c’est toujours la même : comment on fait pour se débarrasser de ces satanées herbes qui poussent entre les pavés ?
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Franchement, ces herbes, c’est bien plus qu’un simple caprice esthétique. C’est souvent le symptôme d’un problème plus profond. Avec le temps, leurs racines peuvent déchausser les pavés, fragiliser toute l’installation et garder l’humidité. Une allée pleine d’herbes, c’est une allée qui vieillit prématurément. Mon but ici, c’est pas de vous vendre des astuces miracles qui tiennent deux semaines. C’est de vous partager la logique du métier, les méthodes qui marchent sur le long terme et, surtout, celles qu’il faut fuir.
On va décortiquer ça ensemble. D’abord, pourquoi vos joints sont un véritable palace pour les mauvaises herbes. Ensuite, comment on nettoie une zone déjà envahie. Et le plus important : comment on prépare des joints blindés qui bloqueront la repousse. C’est là que se cache le vrai secret des pros.

Pourquoi vos joints sont un vrai paradis à mauvaises herbes ?
Pour gagner une bataille, il faut connaître son ennemi. Les interstices entre vos pavés sont un micro-écosystème de rêve pour les plantes que vous ne voulez pas voir. C’est la base de tout.
Imaginez le joint : c’est une petite tranchée protégée. Le vent y amène de la poussière, des débris de feuilles, un peu de terre et, bien sûr, une tonne de graines. Tout ça se décompose et forme un terreau fin mais super nutritif.
En plus, les pavés stockent la chaleur du soleil et la diffusent doucement. Le joint reste donc tiède et confortable. Ajoutez à ça l’eau de pluie ou d’arrosage qui s’y infiltre, et vous obtenez le combo parfait : chaleur, humidité et nutriments. C’est une mini-serre à germination, ni plus ni moins.
Il faut aussi comprendre qu’il y a deux types d’envahisseurs. Les herbes annuelles, comme le pâturin, ont des racines courtes et sont faciles à arracher. Le vrai problème, ce sont les vivaces. Un pissenlit, avec sa racine pivotante, peut s’enfoncer très profondément. Le liseron ou la prêle, eux, sont capables de voyager sur des mètres sous terre pour ressortir où on ne les attend pas. Leur capacité à repartir d’un simple bout de racine les rend très coriaces.

Comprendre ça, c’est crucial. Arracher juste la partie verte ne sert à rien. Le vrai travail consiste à éliminer la racine et à rendre leur habitat – le joint – complètement inhospitalier.
Phase 1 : L’opération nettoyage sur une zone déjà envahie
Si votre terrasse ressemble déjà à une prairie, il faut commencer par un grand ménage. Il y a plusieurs approches, de la plus manuelle à la plus technique. Voici celles que je recommande, avec leurs avantages et leurs limites.
1. Le désherbage manuel : la méthode reine (et sous-estimée)
Ça peut sembler archaïque, mais c’est souvent la méthode la plus efficace, surtout contre ces fameuses vivaces à racines profondes. Ça demande de la patience, c’est sûr, mais le résultat est là.
Les bons outils, c’est la moitié du travail :
- Le couteau à désherber : Mon chouchou. Sa lame fine et crochetée se glisse dans le joint pour aller chercher la racine en profondeur. Vous en trouverez dans n’importe quel magasin de bricolage pour moins de 15€. C’est le meilleur investissement que vous puissiez faire.
- Le grattoir à joints : Une lame en V ou une brosse en fil d’acier très dur. Idéal pour la mousse et les petites pousses en surface.
- La brosse métallique sur manche long : Pratique pour un nettoyage général rapide, mais moins précise pour extraire les racines tenaces.
Mon astuce de pro : J’attaque toujours le lendemain d’une bonne pluie. La terre est meuble et les racines viennent toutes seules, sans casser. S’il fait sec, j’arrose généreusement la zone une heure avant. Pour un pissenlit, je glisse la lame du couteau le long de la racine, je fais levier doucement, et je tire. Si la racine casse, c’est perdu, elle repoussera.

Honnêtement, c’est un travail de longue haleine. Pour une terrasse de 30 m² bien envahie, prévoyez un bon après-midi, genre 4 à 5 heures de boulot à genoux. Mais c’est la seule technique qui retire physiquement la racine. Les autres méthodes la tuent, mais elle reste en place, se décompose et… nourrit les graines suivantes.
2. Le choc thermique : l’eau bouillante ou la flamme
Le principe est simple : on inflige un coup de chaud si violent que les cellules de la plante explosent. C’est efficace, mais il faut l’utiliser intelligemment.
L’eau bouillante (l’astuce de grand-mère 2.0) : Verser de l’eau bouillante, ça marche. Mais l’eau de cuisson des pâtes ou des pommes de terre, c’est encore mieux ! L’amidon qu’elle contient forme un film qui retient la chaleur plus longtemps. C’est une astuce de vieux briscard du paysage.
Action ! Ce soir, gardez l’eau de cuisson de vos pâtes et versez-la sur un pissenlit tenace. C’est votre test gratuit. Vous verrez demain s’il fait la tête.

Attention, petit rappel de sécurité qui a son importance : l’eau bouillante, c’est une brûlure grave quasi assurée si on n’est pas prudent. Portez des chaussures fermées et un pantalon, pas des tongs. Et faites gaffe aux plantes que vous voulez garder ! J’ai vu des clients anéantir de superbes rosiers en voulant juste désherber la bordure…
Le désherbeur thermique : C’est un super outil, mais beaucoup de gens l’utilisent mal. Ils essaient de carboniser l’herbe jusqu’à ce qu’elle soit noire. C’est une perte de gaz, de temps et c’est dangereux.
La bonne technique : Un passage rapide, 2-3 secondes, à 10 cm au-dessus de la plante. Le but n’est pas de brûler, mais de chauffer. La plante se flétrit instantanément, signe que ses cellules ont éclaté. Elle mourra dans les jours qui suivent. C’est bien plus efficace.
AVERTISSEMENT SÉCURITÉ MAJEUR : Chaque année, des haies et des abris de jardin prennent feu à cause de ça. N’utilisez JAMAIS cet outil par temps venteux ou sur un sol sec plein de feuilles. Gardez un tuyau d’arrosage à portée de main. Et pensez aussi à la semelle de vos chaussures ! J’en ai vu faire fondre leurs baskets en s’approchant trop près du sol.

Ce que je n’utilise JAMAIS : le vinaigre et le sel
On lit ça partout, mais en tant que pro, je vous le déconseille formellement.
- Le vinaigre : C’est un acide. Il brûle les feuilles, oui. Mais il attaque aussi les pierres calcaires (travertin, pierre de Bourgogne…). Franchement, j’ai vu des catastrophes. Je me souviens d’un client qui avait flingué sa terrasse toute neuve avec du vinaigre. Des taches blanches partout, irrécupérables. Une vraie leçon.
- Le sel : Encore pire. Il stérilise le sol, c’est un poison. Rien ne repoussera, c’est sûr, mais il va aussi tuer toute la vie souterraine et peut contaminer les parterres de vos voisins par ruissellement. C’est non.
Phase 2 : La prévention, la seule vraie solution durable
Nettoyer, c’est bien. Empêcher la repousse, c’est l’objectif final. Le vrai secret d’une allée nickel, c’est la qualité de ses joints. Quand je fais un chantier, j’y consacre autant de soin qu’à la pose elle-même.

Le sable polymère : la solution quasi magique
Pour des pavés avec des joints réguliers (entre 3 et 15 mm), c’est de loin la meilleure solution moderne. C’est un sable mélangé à un liant qui durcit avec l’eau. Il forme un joint solide mais qui reste un peu souple.
Une fois durci, le joint est comme une barrière. Les graines ne peuvent plus s’y loger, et les racines ne peuvent plus le percer. Problème réglé.
La méthode d’application qui ne pardonne pas l’à-peu-près :
- Préparation obsessionnelle : C’est 80% du succès. La surface et les joints doivent être PARFAITEMENT secs. J’insiste. La moindre humidité et c’est la cata. Utilisez un souffleur pour vider les joints sur au moins 3-4 cm de profondeur. Attention : on ne saupoudre pas le sable polymère sur l’ancien ! Il faut vraiment vider les joints. C’est la partie la plus pénible, mais elle est non négociable.
- Météo : Vérifiez qu’il n’y aura pas de pluie pendant 24 à 48 heures. C’est impératif.
- Remplissage : Versez le sable et faites-le pénétrer avec un balai doux.
- Compactage (l’étape secrète) : L’idéal est de passer une plaque vibrante. Pas de panique, ça se loue à la journée pour environ 50-70€ chez les loueurs spécialisés (Kiloutou, Loxam…). C’est un petit budget, mais ça change tout. Si ce n’est pas possible, l’astuce de bricoleur est d’utiliser une cale en bois et un maillet pour tasser le sable joint par joint. C’est moins parfait, mais c’est mille fois mieux que rien ! Vous verrez qu’après le tassage, il manque du sable. Il faut alors en rajouter.
- Nettoyage final : Avec le souffleur à faible puissance, chassez le moindre grain de sable de la surface des pavés. S’il en reste, vous aurez un voile de ciment quasi impossible à enlever.
- Activation : Avec un pistolet d’arrosage en mode « brume » fine, arrosez doucement jusqu’à saturation.
Bon à savoir : Le sable polymère est plus cher, c’est un fait. Comptez entre 30€ et 50€ pour un sac de 25 kg, qui couvrira entre 3 et 8 m² selon vos joints. On en trouve dans les grandes surfaces de bricolage ou chez les revendeurs de matériaux. Privilégiez les marques reconnues, la qualité du liant fait toute la différence. C’est un investissement, mais sur 10 ans, il est plus que rentabilisé.

Le jointoiement au mortier : la solution traditionnelle et robuste
Pour de la pierre naturelle, des opus ou un style plus rustique, le joint au mortier reste un classique. Mais attention, on passe dans le domaine de la maçonnerie.
Je le recommande sur des supports rigides, comme une dalle béton. À éviter sur des pavés posés sur sable, qui ont besoin de bouger un peu.
Mon mélange fétiche pour un joint qui dure :
- 1 volume de ciment
- 1 volume de chaux hydraulique (elle apporte de la souplesse)
- 4 à 5 volumes de sable fin (0/2 mm)
- De l’eau, ajoutée petit à petit pour obtenir une consistance de purée bien ferme.
C’est un travail minutieux qui demande une truelle langue de chat, un fer à joint pour bien tasser, et une éponge pour nettoyer les bavures au fur et à mesure. Un joint mortier mal fait va se fissurer au premier gel. Si vous n’êtes pas sûr de vous, c’est un travail qu’il vaut mieux confier.

Quelques alternatives pour des cas spécifiques
Parfois, on ne veut pas d’une solution aussi radicale. Pour une allée secondaire avec des joints larges (plus de 2 cm), on peut faire le contraire : végétaliser les joints ! On y met des plantes couvre-sol comme le thym serpolet ou la sagine. Elles occupent l’espace et empêchent les indésirables de s’installer.
Et pour une allée en gravier ? Là, il n’y a pas de secret. La seule solution viable est de poser un bon feutre géotextile (100 g/m² minimum) sous les graviers. Sans ça, c’est une bataille perdue d’avance.
Le mot de la fin
En finir avec les mauvaises herbes, ce n’est pas une histoire de produit miracle, mais de méthode. La meilleure approche est toujours préventive : un joint bien conçu, c’est la clé de la tranquillité.
Si vous rénovez, prenez le temps de bien faire les choses. Videz ces vieux joints, ne vous contentez pas de cacher la misère. Choisissez la bonne solution pour votre type de pavé et votre usage. Le travail manuel peut sembler ingrat, mais c’est souvent la première étape vers un résultat impeccable. Un bel extérieur, c’est un investissement. Le soigner, c’est s’assurer d’en profiter pleinement, sans passer ses week-ends à genoux, un couteau à la main.

Inspirations et idées
Sable classique : Idéal pour les petits budgets et facile à poser, mais il se vide avec la pluie et invite les graines à s’installer. Entretien constant requis.
Sable polymère : Un investissement de départ plus élevé, mais une fois activé par l’eau, il forme un joint solide et flexible qui bloque les herbes et résiste à l’érosion. La paix d’esprit pour des années.
Notre verdict : Pour une solution durable, le sable polymère, comme le HP NextGel de Techniseal, est un choix incontournable.
Une seule plante de pissenlit peut produire jusqu’à 2 000 graines, capables de voyager sur plusieurs centaines de mètres avec le vent.
Cela signifie que même une pelouse parfaitement entretenue chez vous et vos voisins ne garantit rien. Vos joints de pavés agissent comme des filets, capturant ces voyageurs aériens et leur offrant un abri idéal pour germer. La prévention, en scellant les joints, est donc la seule stratégie véritablement efficace.
Au-delà de la simple propreté, des joints nets et sans herbe transforment radicalement la perception de votre terrasse. Les lignes de fuite sont pures, le dessin des pavés est mis en valeur, et l’ensemble respire l’ordre et le soin. C’est le détail qui fait passer un espace extérieur de « fonctionnel » à « élégant », invitant à marcher pieds nus et à profiter d’une surface qui semble aussi soignée que votre intérieur.
- Le désherbeur de pavés : Une lame en L ou en crochet, parfaite pour gratter les joints sans rayer les dalles.
- La brosse métallique fine : Idéale pour déloger les mousses tenaces et les racines peu profondes. Optez pour un modèle en laiton, moins agressif que l’acier.
- Un souffleur de feuilles : Essentiel pour évacuer tous les débris avant de poser le nouveau joint.
L’erreur à ne jamais commettre : Utiliser le jet rotatif (rotabuse) de votre nettoyeur haute pression directement sur les joints. Vous pensez nettoyer, mais en réalité vous pulvérisez le sable, créez des cavités sous les pavés et fragilisez toute la structure. Préférez un jet plat, tenu à distance et orienté en biais pour balayer la surface sans creuser.
- Il laisse passer l’eau, évitant les flaques et le verdissement.
- Il résiste au gel, au sel de déneigement et au nettoyage haute pression.
- Disponible en plusieurs teintes (Basalte, Ton Pierre, Gris…) pour s’accorder à vos pavés.
Le secret ? Le mortier de jointoiement drainant à base de résine, comme le Rompox-Easy de Romex. Une solution professionnelle désormais accessible aux particuliers pour une finition impeccable et ultra-durable.
L’eau bouillante, versée lentement et directement sur les herbes, est un désherbant thermique efficace. À plus de 95°C, elle provoque un choc thermique qui détruit les cellules de la plante, racines comprises pour les plus jeunes pousses. Une méthode écologique, mais à renouveler régulièrement.
Une fois les joints propres et vides, l’application du sable polymère est cruciale. Deux techniques s’opposent :
- La pose à sec : On balaye le sable dans les joints secs, on compacte, puis on arrose délicatement pour activer le produit. C’est la méthode la plus courante.
- La pose en coulis : On pré-mouille la surface, on étale le sable puis on le pousse dans les joints avec une raclette et un jet d’eau. Cette technique, plus rapide pour les pros, assure un remplissage optimal.
Puis-je simplement rajouter une couche de sable polymère par-dessus l’ancien joint ?
C’est une tentation courante pour gagner du temps, mais c’est une mauvaise idée. Pour être efficace, le nouveau joint doit adhérer aux pavés et remplir l’espace sur au moins 2 à 3 cm de profondeur. Un simple « saupoudrage » en surface créera une fine croûte qui craquera à la première pluie, sans offrir aucune protection contre la repousse des herbes déjà installées en dessous.
Inspirés par les calades anciennes, les joints larges (plus de 5 mm) reviennent en force pour un look authentique. Longtemps un cauchemar d’entretien, cette esthétique est aujourd’hui possible sans les inconvénients grâce aux mortiers de jointoiement à base de résine, comme ceux de Sika. Ils offrent la robustesse nécessaire pour stabiliser les pavés tout en créant une surface dure, imperméable aux herbes. Le charme de l’ancien, la tranquillité du moderne.