Virer une souche d’arbuste : le guide du jardinier malin pour ne pas s’épuiser
Après des années les mains dans la terre, à transformer des terrains vagues en petits paradis, j’ai compris un truc : la nature, c’est tenace. Quand on coupe un arbuste, il ne disparaît pas comme par magie. Non, il vous laisse un souvenir : une souche et son labyrinthe de racines, bien décidés à s’accrocher. Et franchement, enlever cette souche, ce n’est pas juste pour faire joli. C’est souvent indispensable si vous voulez replanter, éviter que des rejets envahissent votre pelouse, ou simplement ne plus trébucher dessus en passant la tondeuse.
Contenu de la page
- 1. L’état des lieux : à qui a-t-on affaire ?
- 2. La méthode manuelle : de l’huile de coude et de la méthode
- 3. La dévitalisation : la patience est une vertu (et ça évite de suer)
- 4. Accélérer la décomposition : faites de la souche un super compost !
- 5. Alors, on choisit quoi ? Le récap’ pour décider
- 6. La dernière étape : que faire de la souche et préparer l’avenir ?
- Galerie d’inspiration
Beaucoup s’imaginent qu’il faut sortir l’artillerie lourde, des produits chimiques de l’apocalypse ou des machines qui coûtent un bras. Faux ! Avec un peu de jugeote, de la patience et les bonnes techniques, on s’en sort très bien. Je vais vous livrer les méthodes que j’ai testées et approuvées sur le terrain, celles que je transmets aux plus jeunes. On va parler de l’arrachage à l’huile de coude, mais aussi des astuces plus douces qui laissent la nature bosser pour vous. Chaque souche est un petit défi, et bien comprendre son adversaire, c’est déjà la moitié du travail de fait.

1. L’état des lieux : à qui a-t-on affaire ?
Avant même de penser à votre pioche, stop ! On observe. C’est le réflexe du pro. On ne fonce jamais tête baissée, car chaque situation est unique.
Quel était cet arbuste ?
La première question à se poser, c’est de savoir qui habitait là avant. Un vieux lilas, avec ses racines qui partent dans tous les sens et drageonnent, ne se combat pas comme un forsythia dont les racines sont plus sages et superficielles. Un laurier-palme, connu pour sa vitalité, va s’accrocher à la vie avec une force incroyable, bien plus qu’un simple groseillier.
Pour faire simple, il y a trois grands styles de racines :
- Le style « chevelu » (fasciculé) : Imaginez une tignasse dense de petites racines partant de la base. C’est le cas de beaucoup de rhododendrons ou d’azalées. C’est souvent plus simple à sortir manuellement car il n’y a pas de grosse racine d’ancrage.
- Le style « piquet » (pivotant) : Moins fréquent chez les arbustes, mais certains peuvent avoir une racine principale qui plonge droit dans le sol. C’est le plus galère à arracher complètement.
- Le style « envahisseur » (drageonnant) : Eux, ce sont les plus coriaces. Lilas, symphorine… ils envoient des racines horizontales qui peuvent ressortir plus loin pour faire de nouveaux pieds. Là, enlever la souche ne suffit pas, il faut partir à la chasse aux racines vagabondes.

L’environnement immédiat, ça compte !
Jetez un œil autour de la souche. Une terrasse juste à côté ? Un muret ? Et surtout, des canalisations ? J’ai déjà vu un arrachage un peu trop enthousiaste fissurer une évacuation en PVC. Bonjour la galère et la facture de plomberie ! En cas de doute, vérifiez les plans de votre maison. Normalement, les réseaux sont à plus de 60 cm de profondeur, mais la prudence est votre meilleure amie. Si la souche est collée à un autre arbre que vous adorez, oubliez direct les méthodes chimiques.
Votre première mission, si vous l’acceptez : dès que vous avez fini de lire, allez voir votre souche. Essayez de vous souvenir de l’arbuste, mesurez le diamètre du tronc au ras du sol. C’est votre premier pas vers la victoire !
2. La méthode manuelle : de l’huile de coude et de la méthode
C’est la solution la plus rapide si vous avez besoin de la place tout de suite. C’est physique, mais c’est propre, efficace et ça ne pollue pas le sol. Idéal pour les souches jusqu’à 15-20 cm de diamètre. Au-delà, ça devient un sport de haut niveau.

La liste de courses du guerrier de la souche
Oubliez la petite pelle de mamie, il faut s’équiper sérieusement. Voici votre kit de survie :
- Une pioche : L’indispensable. Le pic pour casser la terre compacte, la panne pour trancher et déblayer. Comptez entre 25€ et 40€ pour un outil de qualité.
- Une bêche solide : Pour des coupes nettes sur les petites racines.
- Une barre à mine : Votre meilleure alliée, vraiment. Elle sert de levier pour soulever la bête et de piochon de précision. Un investissement d’environ 20-30€ chez Castorama ou Leroy Merlin que vous ne regretterez pas.
- Un ébrancheur et/ou une scie sabre : Pour les racines plus sérieuses (2 à 5 cm). La scie sabre avec une lame « bois de démolition » est d’une efficacité redoutable. Vous pouvez en louer une pour environ 30€ la journée.
- Gants et lunettes de sécurité : Non négociable. Une projection de caillou dans l’œil, c’est vite arrivé.

La technique, pas à pas (et sans s’épuiser)
Le secret, ce n’est pas la force, c’est la ruse. J’ai vu des costauds s’épuiser pour rien.
- Laissez une prise : Ne coupez JAMAIS l’arbuste à ras du sol avant de commencer. Laissez au moins 50-60 cm de tronc. Ce sera votre levier naturel pour faire bouger la souche.
- Le bon timing : Le moment idéal, c’est un ou deux jours après une bonne pluie. La terre est meuble mais pas boueuse.
- Creusez la tranchée : À 30-40 cm de la souche, creusez un cercle sur 30 à 50 cm de profondeur. Le but est de mettre à nu les grosses racines qui partent sur les côtés.
- Coupez les amarres : Une fois les racines visibles, coupez-les à la scie ou à l’ébrancheur, le plus loin possible du tronc. Le petit « clac » d’une grosse racine qui cède est incroyablement satisfaisant !
- Le jeu du levier : Poussez sur votre tronc-poignée d’un côté. Vous verrez les racines qui se tendent de l’autre côté. Dégagez-les, coupez-les. Faites le tour comme ça, patiemment.
- Le coup de grâce : Une fois que ça bouge bien, glissez la barre à mine dessous et faites levier. Alternez les points d’appui. Petit à petit, elle va se soulever. Il reste souvent une racine pivot en dessous à sectionner.
Pour une souche de 15 cm dans une terre classique, prévoyez un bon après-midi d’efforts. Pour une de 25-30 cm… bloquez le week-end, et préparez les anti-douleurs !

3. La dévitalisation : la patience est une vertu (et ça évite de suer)
Si l’effort physique vous rebute et que vous n’êtes pas pressé, c’est l’option parfaite. Le principe est simple : on va affamer la souche pour qu’elle meure et se décompose toute seule. Ça prend entre 6 mois et 2 ans, mais ça demande très peu de travail.
La méthode de la bâche : simple et écolo
C’est ma préférée. Coupez la souche le plus ras possible. Recouvrez-la d’une bâche noire bien épaisse (ou un vieux bout de moquette, ça marche aussi !), en laissant déborder de 50 cm tout autour. Bloquez bien avec des pierres ou de la terre. Plus un rayon de lumière ne doit passer. Privée de lumière et d’eau, la souche s’épuise et les champignons s’en donnent à cœur joie. C’est lent, mais 100% naturel.
Le sel : l’arme à utiliser avec une extrême précaution
C’est très efficace, mais potentiellement dévastateur pour votre sol. Franchement, à n’utiliser qu’en dernier, dernier recours, sur une souche isolée loin de tout.

Bon à savoir : Le gros sel de cuisine (chlorure de sodium) est un vrai poison pour la terre et peut la stériliser pour des années. Le sel d’Epsom (sulfate de magnésium), lui, est moins nocif. C’est un nutriment à haute dose qui tue la souche, mais il est beaucoup moins persistant dans le sol. Si vous devez choisir, prenez celui-là.
La technique pro, si vous y tenez vraiment : percez de gros trous (20-25 mm) et profonds dans la souche. Remplissez-les de sel d’Epsom. Versez quelques gouttes d’eau, puis bouchez les trous avec de la cire de bougie. Ça confine le sel et l’empêche de se répandre partout à la première pluie.
L’ail : le remède de grand-père
C’est une méthode traditionnelle et douce. L’ail, en se décomposant, libère des substances qui sont toxiques pour les cellules de la souche. La technique est la même : on perce des trous, on y enfonce des gousses d’ail écrasées, et on rebouche avec de la terre. C’est lent, mais ça ne coûte rien et ça respecte votre jardin.

4. Accélérer la décomposition : faites de la souche un super compost !
Cette approche est géniale car elle travaille avec la nature. On va donner un coup de pouce aux bactéries et champignons qui décomposent le bois.
Le principe est celui du compost : le bois de la souche est riche en carbone, mais les décomposeurs ont besoin d’azote pour travailler. On va donc leur en fournir !
- Percez la souche de partout avec une grosse mèche à bois. Plus il y a de trous, plus ça ira vite.
- Remplissez les trous avec une matière riche en azote : du marc de café (gratuit et super efficace !), des tontes de gazon fraîches, du fumier de poule ou un engrais bio type sang séché (environ 10€ le kilo en jardinerie).
- Recouvrez le tout d’une épaisse couche de ces matériaux, puis de feuilles mortes ou de compost.
- Gardez le tas humide en l’arrosant de temps en temps.
Avec cette technique, une souche qui aurait mis 7 ans à disparaître peut se transformer en un riche humus en 2 ou 3 ans. Vous transformez un problème en une ressource !

5. Alors, on choisit quoi ? Le récap’ pour décider
Pas de panique, voici un petit résumé pour vous aider à choisir la méthode qui vous convient, sans tableau compliqué.
Si vous êtes pressé et en forme, la méthode manuelle est pour vous. Le résultat est immédiat et écologique. C’est parfait pour les souches de moins de 20 cm. Le coût ? Le prix des outils si vous ne les avez pas, soit entre 50€ et 100€.
Si vous êtes patient et que vous préférez le zéro effort, optez pour la dévitalisation à la bâche ou la décomposition naturelle. C’est très lent (plusieurs années), mais ça ne demande aucun travail et c’est excellent pour la vie du sol. Le coût est quasiment de zéro euro.
Pour les cas désespérés et les très grosses souches (plus de 25-30 cm), il faut être réaliste. S’acharner dessus à la pioche, c’est risquer de se faire mal. L’option la plus sage est souvent de faire appel à un professionnel qui viendra avec une rogneuse de souche (ou dessoucheuse). Cette machine va littéralement grignoter la souche en copeaux, sur place. C’est ultra rapide (souvent moins d’une heure) et très efficace. Côté budget, comptez entre 100€ et 300€ selon la taille de la souche et l’accessibilité.

6. La dernière étape : que faire de la souche et préparer l’avenir ?
Bravo, vous avez réussi ! Mais le travail n’est pas tout à fait fini. Il reste un trou à combler et une question : on en fait quoi, de cette satanée souche ?
Pour la souche elle-même, plusieurs options :
- La déchetterie : C’est la solution la plus simple. Renseignez-vous auprès de votre déchetterie locale, certaines acceptent les souches dans les déchets verts.
- Laisser pourrir dans un coin : Si vous avez un coin de jardin un peu sauvage, laissez-y la souche. En se décomposant, elle deviendra un refuge formidable pour les insectes et la petite faune. C’est un super geste pour la biodiversité !
- Le bois de chauffage : Mauvaise idée, en général. Les racines sont pleines de terre et de petits cailloux. C’est un enfer à nettoyer et un désastre pour la chaîne de votre tronçonneuse et l’encrassement de votre cheminée.
Pour le trou, ne vous contentez pas de remettre la vieille terre. Vous vous retrouveriez avec une cuvette. Retirez les derniers morceaux de racines, puis mélangez la terre avec du bon compost ou du terreau. Remplissez le trou en tassant légèrement et terminez par une petite butte. Avec la pluie, le niveau s’égalisera parfaitement.

Voilà, vous avez toutes les cartes en main. Se débarrasser d’une souche n’est pas une course de vitesse. Que vous choisissiez la force de vos bras ou la patience de la nature, l’important est de bien faire les choses. C’est le secret d’un jardin qui vous le rendra au centuple.
Galerie d’inspiration


Le bois mort n’est pas mort pour tout le monde. Il peut accueillir jusqu’à 40% de la biodiversité d’un écosystème forestier, notamment des insectes xylophages et des champignons essentiels au sol.
Plutôt que de l’éradiquer totalement, pourquoi ne pas transformer la souche en un élément vivant ? C’est le principe de la « stumpery », très chic dans les jardins anglais. Laissez la nature faire son œuvre : la souche deviendra un refuge pour les carabes, de précieux auxiliaires, et un support pour les mousses. Plantez à son pied des fougères comme la scolopendre (Asplenium scolopendrium) ou des heuchères pour un tableau évolutif et 100% écologique.
Quel outil pour quelle bataille ?
La guerre des racines se gagne avec le bon équipement. Pour les souches modestes aux racines superficielles (type forsythia), le duo classique suffit : une pioche pour dégager et sectionner, et une barre à mine pour faire levier. En revanche, face à une souche dense et profonde, envisagez un tire-fort. Ce treuil manuel, une fois arrimé à un point d’ancrage solide (un arbre sain, un mur), décuple votre force et permet d’extraire le cœur de la souche sans y laisser votre dos.