L’Art de Tailler l’Olivier : Mon Guide pour un Arbre Plein de Vie (et d’Olives !)
Découvrez comment donner à votre olivier la taille parfaite pour une floraison éclatante et des récoltes abondantes !

Tailler un olivier n'est pas qu'une simple tâche de jardinage, c'est un véritable art. En février, alors que l'hiver s'efface, l'arbre se prépare à s'épanouir. Je me souviens de ma première taille, un mélange d'angoisse et d'excitation, craignant de commettre une erreur. Mais avec les bonnes techniques, cet arbre majestueux peut devenir le cœur de votre jardin, symbole de paix et de sagesse.
J’ai grandi au rythme des oliviers. On ne m’a pas appris à les tailler dans les livres, mais directement sur le terrain, les mains dans la terre et le sécateur à la ceinture. J’ai vu des arbres qu’on croyait perdus reprendre une vigueur incroyable après quelques coupes bien pensées. Et, à l’inverse, des jeunes plants gâchés par des gestes trop hâtifs…
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La taille, ce n’est pas juste une corvée de jardinage. C’est une vraie conversation avec l’arbre. Il faut apprendre à le lire, à sentir sa force et ses faiblesses. Chaque branche coupée a une conséquence. Mon but ici, c’est de vous partager ce que des années de pratique m’ont enseigné, pour que vous puissiez prendre soin de votre olivier avec confiance et respect.
Pourquoi diable faut-il tailler ? La logique de l’arbre
Avant même de penser à couper, il faut comprendre ce qui se passe sous l’écorce. Un olivier, comme n’importe quelle plante, est un grand fan de soleil. C’est son carburant ! Si vous le laissez faire, il va devenir une boule de feuilles très dense. Sympa, mais… seul l’extérieur profite de la lumière. À l’intérieur, c’est l’ombre, l’humidité, et le début des ennuis.

La taille a donc trois buts très simples et logiques :
- Faire entrer la lumière : En ouvrant le cœur de l’arbre, on permet à l’air et au soleil de circuler partout. Un arbre bien aéré sèche vite après une averse, ce qui limite énormément le développement des champignons, comme le fameux œil de paon, un vrai fléau dans les coins humides. La lumière qui touche le vieux bois va même le stimuler à créer de nouvelles pousses.
- Canaliser l’énergie : Bon à savoir : un olivier fait ses fruits sur le bois de l’année précédente. Une branche qui a donné des olives ne redonnera jamais au même endroit. Si on ne taille pas, l’arbre s’épuise à nourrir du vieux bois qui ne sert plus à rien. Tailler, c’est donc faire le tri pour que la sève aille là où elle est utile : vers les jeunes pousses qui porteront les futures olives.
- Donner une belle structure : On guide l’arbre pour qu’il ait une charpente solide, capable de supporter le poids des fruits et les coups de vent. Et franchement, c’est aussi beaucoup plus simple pour la récolte. Un arbre de 3 mètres de haut, c’est plus pratique qu’un monstre de 6 mètres !
Ne voyez pas la taille comme une agression. C’est un coup de main que vous donnez à votre arbre pour qu’il reste en pleine forme et productif pour longtemps.

Le bon timing : plus important que le calendrier
On lit partout qu’il faut tailler en février-mars. C’est un raccourci qui peut coûter cher ! La seule vraie règle, c’est : on taille après les dernières grosses gelées et avant que les fleurs n’apparaissent.
Cette période varie énormément. Dans le sud, près de la côte, fin février est souvent possible. Mais dans les régions plus fraîches ou en altitude, je ne touche jamais à un olivier avant mi-mars, voire début avril. Une coupe fraîche, c’est une porte ouverte pour le gel. Le bois peut se fendre, la sève geler… et la branche mourir.
Alors, comment savoir ? Observez la nature ! Quand les bourgeons des amandiers ou des abricotiers commencent à gonfler, le plus gros du risque est passé. Jetez aussi un œil à la météo sur 10 jours. Si on annonce une vague de froid, attendez. La patience, c’est la première qualité du tailleur.

La floraison, elle, a lieu vers mai. Il faut avoir fini de tailler au moins 3 à 4 semaines avant. Pourquoi ? La taille est un stress. Si vous taillez juste avant la floraison, l’arbre peut paniquer et décider de sacrifier ses futures fleurs pour se concentrer sur la fabrication de bois. Résultat : zéro olive.
Au fait, et la lune ? Les anciens juraient qu’il fallait tailler en lune descendante, quand la sève est moins dans les branches. Scientifiquement, ce n’est pas prouvé. Personnellement, je me fie bien plus à la météo qu’à la lune, mais je respecte la tradition. Si ça vous rassure, faites-le, ça ne fera aucun mal.
Les bons outils : n’économisez pas là-dessus !
Travailler avec de mauvais outils, c’est frustrant pour vous et dangereux pour l’arbre. C’est LE poste où il ne faut pas chercher à économiser. Franchement, vous n’avez besoin que de trois outils, mais ils doivent être impeccables.

D’abord, le sécateur. C’est votre meilleur ami pour les branches jusqu’à 2-3 cm. Prenez un modèle à coupe franche (deux lames qui se croisent), pas un modèle à enclume qui écrase le bois. Un bon sécateur de marque professionnelle vous coûtera entre 40 € et 70 €, mais c’est un investissement pour la vie. Ensuite, l’ébrancheur, pour les branches de 3 à 5 cm. C’est un grand sécateur à deux mains qui donne de la force sans s’épuiser. Comptez entre 50 € et 90 €. Enfin, pour tout ce qui est plus gros, il vous faut une scie d’élagage, idéalement une scie japonaise à lame tirante. C’est magique, ça coupe net et sans effort pour environ 30 € à 50 €.
Petit conseil d’ami : en achetant votre sécateur, prenez aussi une petite pierre à affûter (quelques euros). Un petit coup d’affûtage avant chaque session, ça change la vie et garantit une coupe saine pour l’arbre.

La règle d’or : la désinfection
C’est le geste que 90% des amateurs oublient, et pourtant, il est VITAL. Les maladies se transmettent d’un arbre à l’autre via les lames. Entre chaque arbre, prenez 10 secondes pour passer un chiffon imbibé d’alcool à brûler ou d’alcool à 90° (ça se trouve partout en supermarché ou magasin de bricolage) sur vos outils. Si vous coupez une branche qui vous paraît malade, désinfectez juste après.
Et le mastic cicatrisant ? Oubliez. Les pros ne l’utilisent quasiment plus. Des études ont montré qu’il pouvait piéger l’humidité et les champignons, faisant pire que mieux. Une coupe nette sur un arbre sain cicatrise très bien toute seule.
Les techniques de taille, pas à pas
Il n’y a pas une seule méthode, mais plusieurs, selon l’âge de l’arbre et ce que vous voulez en faire. Voyons les 3 cas principaux.
1. La taille de formation : on sculpte l’avenir
C’est la taille la plus importante de la vie de votre olivier, à faire durant ses 3 à 5 premières années. L’objectif est de lui créer une charpente solide en forme de « gobelet ». Imaginez une coupe de champagne : un tronc qui sert de pied, et 3 à 5 branches principales qui partent en éventail, laissant le centre de l’arbre complètement vide et ouvert à la lumière. C’est la forme traditionnelle provençale, et ce n’est pas pour rien !

- La première année : On ne fait RIEN. On laisse l’arbre s’installer tranquillement.
- La deuxième ou troisième année : Quand le tronc atteint environ 1,20 m à 1,50 m, on coupe sa cime. Oui, ça fait mal au cœur, mais c’est ce qui va le forcer à créer des branches sur les côtés.
- L’année d’après : Vous allez avoir plein de nouvelles pousses. C’est là qu’il faut choisir. Gardez 3 à 5 des branches les plus fortes et les mieux réparties autour du tronc. Elles doivent former un angle assez ouvert (45° environ) avec le tronc. Supprimez TOUTES les autres, à ras.
- Les années suivantes : Continuez de chouchouter ces branches principales (les charpentières). Raccourcissez-les d’un tiers chaque année pour les encourager à se ramifier et supprimez systématiquement tout ce qui pousse sur le tronc ou vers l’intérieur du gobelet.
2. La taille de fructification : pour une belle récolte
C’est la taille annuelle (ou tous les deux ans) sur un arbre adulte. L’adage des anciens dit qu’« un oiseau doit pouvoir traverser l’arbre sans se blesser les ailes ». Ça résume tout.
Si vous débutez et que tout ça vous fait peur, commencez par ce geste facile et sans risque : enlevez tous les rejets qui poussent au pied de l’arbre et les branches très droites qui filent vers le ciel (les gourmands). Rien que ça, votre arbre respirera déjà beaucoup mieux !
Ensuite, l’ordre est toujours le même :
- Le nettoyage : On enlève les gourmands et les rejets, comme on vient de le voir.
- L’ouverture : Le but est de voir le ciel à travers le centre de l’arbre. Supprimez les branches qui poussent vers l’intérieur, celles qui se croisent ou se frottent.
- La coupe parfaite : C’est le détail qui change tout. Ne coupez JAMAIS à ras du tronc en laissant une grosse plaie. Repérez le petit « col » d’écorce à la base de la branche (le bourrelet cicatriciel) et coupez juste après. C’est cette zone qui contient les cellules capables de refermer la blessure. La coupe doit être légèrement en biais, pour que l’eau de pluie s’écoule.
- Le renouvellement : Repérez les rameaux qui ont porté des fruits l’an dernier. On en supprime une partie pour forcer l’arbre à en créer de nouveaux. On raccourcit les branches qui ont porté les fruits, juste au-dessus d’un jeune rameau bien orienté vers l’extérieur. C’est lui qui prendra le relais.
Attention ! Ne jamais enlever plus d’un tiers du feuillage en une seule fois. Une taille trop sévère choque l’arbre, qui répondra en faisant une tonne de bois… mais pas de fruits.
3. La taille d’entretien : juste pour le plaisir des yeux
Si votre olivier est purement décoratif, la taille est plus simple. On garde les mêmes principes de nettoyage et d’ouverture, mais on se concentre sur l’harmonie de la forme. On supprime le bois mort, les branches mal placées et on éclaircit un peu chaque année pour garder cette transparence qui fait son charme.
Problèmes courants et solutions
Mon olivier a gelé, que faire ?
Surtout, ne vous précipitez pas ! Même si tout semble grillé, attendez la fin du printemps. L’arbre a des réserves. Il va repartir là où il est encore vivant. C’est seulement à ce moment-là que vous couperez ce qui est resté définitivement sec au-dessus des nouvelles pousses. L’olivier est un survivant.
Mon olivier n’a pas été taillé depuis 10 ans…
N’essayez pas de tout rattraper en une fois ! Procédez sur 2 ou 3 ans. La première année, fixez-vous un objectif simple : enlever tout le bois mort, les rejets au pied, et 2 ou 3 des plus grosses branches qui s’étouffent au centre. C’est tout. C’est déjà une immense victoire pour lui. L’année suivante, vous continuerez le travail d’ouverture, et la troisième année, vous pourrez commencer une taille plus fine.
Et pour un olivier en pot ?
La logique est la même, mais en plus léger et plus régulier (chaque année). On maintient une petite structure bien aérée. Pensez aussi à tailler les racines tous les 3-4 ans lors du rempotage, en réduisant la motte d’un quart pour renouveler la terre.
Quelques infos pratiques pour finir
Combien de temps ça prend ?
Pour un jeune olivier un peu touffu, prévoyez une bonne heure. Pour un vieil arbre un peu à l’abandon, ça peut vite devenir un projet sur plusieurs après-midis, répartis sur deux ans comme on l’a vu. Ne soyez pas trop pressé.
Que faire des branches coupées ?
Excellente question ! Si vous avez un broyeur, c’est l’idéal : vous obtenez un super paillage pour vos massifs. Sinon, vous pouvez les laisser sécher et les utiliser pour allumer le barbecue ou la cheminée. Attention, le brûlage de déchets verts est très réglementé, renseignez-vous auprès de votre mairie.
Un dernier mot sur la sécurité : un sécateur bien affûté ne fait pas la différence entre une branche et un doigt. Portez toujours de bons gants. Si vous utilisez une échelle, assurez-vous qu’elle soit stable et ne vous penchez jamais trop. Pour les très grosses coupes, si vous ne le sentez pas, n’hésitez pas à faire appel à un professionnel. Mieux vaut la prudence que les regrets.
Voilà, vous avez toutes les clés. Tailler un olivier, c’est un acte de respect. Prenez le temps de l’observer, et avec un peu de pratique, vous développerez votre propre sensibilité. La plus belle récompense sera de le voir s’épanouir, et de cueillir, peut-être, quelques olives gorgées du soleil que vous aurez su lui apporter.