Le Bullet Journal, sans prise de tête : Mon guide d’artisan pour s’organiser pour de bon
Depuis de nombreuses années, mon atelier de reliure est mon univers. Je vis entouré de papier, de cuir et d’outils qui demandent une précision de tous les instants. Franchement, pour gérer les commandes, les idées et les projets persos, c’était un chaos permanent de post-it et de carnets éparpillés. La peur d’oublier un détail important était constante.
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Et puis un jour, un client m’a parlé d’un système tout bête : un carnet, un stylo, et une méthode pour tout centraliser. Au début, j’étais sceptique. Ça semblait trop simple pour mon bazar. Mais la curiosité l’a emporté. J’ai attrapé un de mes prototypes de carnet à points et je me suis lancé.
Ce qui n’était qu’un test est vite devenu le pilier de mon organisation. Attention, ce n’est pas de la magie. C’est un système qui demande un minimum de discipline, mais qui libère une charge mentale incroyable. Aujourd’hui, je veux vous partager mon approche. Pas celle, très artistique et parfois intimidante des réseaux sociaux, mais une méthode robuste pour créer un outil qui fonctionne VRAIMENT au quotidien.

Pourquoi ça marche, concrètement ?
Avant même de penser au matériel, il faut piger le « pourquoi ». Le bullet journal, ce n’est pas juste un joli cahier. C’est un système qui s’appuie sur des mécanismes hyper simples de notre cerveau.
D’abord, l’écriture manuscrite. Taper sur un clavier, c’est rapide, mais écrire à la main, c’est une autre histoire. Le geste de former les lettres ancre l’information bien plus profondément dans la mémoire. En notant une tâche, vous êtes obligé de la reformuler, de la synthétiser. Vous la traitez déjà une première fois. C’est pour ça que je demande toujours à mes apprentis de prendre leurs notes à la main !
Ensuite, ça réduit la charge mentale. Notre cerveau, ce n’est pas un disque dur illimité. Essayer de tout retenir est épuisant. Votre carnet devient une sorte de cerveau externe. En y déposant vos rendez-vous, vos tâches et vos idées, vous libérez de l’espace mental pour réfléchir, créer, ou tout simplement… souffler un peu. Savoir que tout est noté au même endroit, c’est un anti-stress redoutable.

Le matos de base : Le kit du débutant pour bien démarrer
Un bon artisan a de bons outils. Ici, c’est pareil. Le plaisir d’utiliser votre carnet dépendra beaucoup de la qualité de votre matériel. Mais pas de panique, pas besoin de se ruiner !
Mon kit pour démarrer à moins de 25€
Voici une petite liste de courses pour vous lancer sans vous poser de questions :
- Un carnet format A5 (environ 10-15€) : C’est la taille idéale. Assez grand pour être à l’aise, assez petit pour être transporté partout. C’est le standard et ce n’est pas pour rien.
- Un feutre fin noir (environ 3-4€) : Cherchez une pointe de 0.4 ou 0.5 mm avec une encre « archive » à base de pigments. Elle ne bavera pas et résistera à l’eau.
- Un bon stylo pour tous les jours (2-5€) : Que ce soit un stylo-gel ou un stylo-bille, choisissez-en un avec lequel vous aimez écrire et dont l’encre sèche vite.
- Une petite règle de 15 cm (environ 2€) : Indispensable pour tracer des lignes propres.
Où trouver tout ça ? C’est très simple. Vous trouverez ce matériel dans n’importe quelle grande papeterie, dans les magasins de loisirs créatifs comme Cultura ou Rougier & Plé, et bien sûr en ligne.

Le carnet sous la loupe de l’artisan
Allons un peu plus dans le détail du carnet. Le choix du papier est crucial. On parle de grammage (son épaisseur, en g/m²). Pour faire simple : un papier de 80 g/m² est un peu léger, comme celui des imprimantes. L’encre risque de se voir au verso (on appelle ça l’effet « fantôme »).
Franchement, le meilleur compromis, c’est le 90 ou 100 g/m². La plupart des stylos s’y comportent très bien. C’est le standard de qualité qu’on trouve chez les bonnes marques françaises, par exemple. Au-delà de 120 g/m², on entre dans le papier de luxe, idéal si vous voulez faire un peu d’aquarelle, mais ce n’est absolument pas nécessaire pour commencer.
Côté reliure, je conseille toujours la reliure cousue. C’est la seule qui permet au carnet de s’ouvrir parfaitement à plat, ce qui est bien plus confortable pour écrire. La spirale, c’est pratique pour replier, mais ça gêne toujours au milieu de la page.

Enfin, la trame : les pages à points (dotted) sont le top pour débuter. Elles guident l’écriture sans être aussi rigides que des carreaux.
Petit conseil d’ami : Testez TOUJOURS vos nouveaux stylos sur la dernière page du carnet. Ça vous évitera de ruiner une belle mise en page. C’est un réflexe de pro qui sauve des vies (ou du moins, des pages).
La méthode de base : 4 étapes pour un système qui tourne
La méthode originale est géniale car elle est simple. Oubliez les mises en page complexes pour l’instant et concentrez-vous sur ces quatre piliers. Comptez une petite heure pour la configuration initiale, et ensuite, c’est parti !
1. L’Index : Votre table des matières
Prenez les 2 ou 4 toutes premières pages de votre carnet. Écrivez « Index » en haut. À chaque fois que vous créez une nouvelle page importante (un planning, une liste…), notez son titre et son numéro de page ici. C’est ce qui transforme un simple cahier en système de recherche efficace. Ne zappez pas cette étape !

2. Le Future Log : Votre vision à long terme
Juste après l’index, sur 2 ou 4 pages. C’est là que vous noterez les événements futurs : anniversaires, vacances, rendez-vous lointains… Divisez chaque page pour représenter les mois à venir. C’est une vue d’ensemble, pas un planning détaillé.
3. Le Monthly Log : Votre tableau de bord du mois
Au début de chaque mois, préparez une double page. C’est votre QG mensuel.
– Page de gauche : le Calendrier. Listez tous les jours du mois à la verticale (1, 2, 3…) et notez à côté les rendez-vous et événements fixes. Soyez bref : « 15 – 10h Dentiste ».
– Page de droite : la Liste des Tâches. C’est votre « brain dump » du mois. Notez ici tout ce que vous voulez accomplir, sans date précise. Mon astuce : je divise cette page en deux colonnes, « Pro » et « Perso », pour garder un bon équilibre.

4. Le Daily Log : Votre quotidien, au jour le jour
C’est ici que la magie opère. Chaque matin, écrivez la date du jour. En dessous, notez vos tâches et observations au fil de la journée. C’est flexible : un jour chargé prendra une page, un jour calme quelques lignes. Utilisez un système de puces simple :
- ・ (un point) : une tâche à faire
- X (une croix sur le point) : une tâche terminée
- (un chevron sur le point) : une tâche reportée
- O (un cercle) : un événement
- – (un tiret) : une note
Gardez ce code simple. La simplicité, c’est la clé de la longévité.
L’astuce qui change tout : la Migration
À la fin de chaque mois, faites le point. C’est ce qu’on appelle la migration, et ça me prend 20 minutes maximum. Regardez toutes les tâches qui n’ont pas été faites. Pour chacune, demandez-vous :

- Est-ce toujours pertinent ? Si oui, reportez-la dans la liste du mois suivant. Le fait de la réécrire manuellement vous oblige à revalider son importance. C’est un filtre ultra-efficace.
- Est-ce pour plus tard ? Si c’est pour dans 3 mois, hop, dans le Future Log.
- Est-ce que ça ne l’est plus ? Si non, barrez-la sans pitié. C’est incroyablement libérateur !
Cette revue mensuelle, c’est le cœur du système. Elle vous force à être honnête avec vos priorités.
SOS Bujo : les questions qu’on se pose tous
« Mais… je ne sais pas dessiner ! »
Et alors ? C’est la remarque que j’entends tout le temps. Un bullet journal est un outil d’organisation, pas un concours d’art. Un système minimaliste, avec une écriture propre et des lignes droites (la fameuse petite règle !), sera toujours plus efficace qu’un carnet surchargé qui vous prend des heures à maintenir. La fonction avant la forme !

« J’ai fait une énorme rature, c’est fichu ! »
Pas du tout ! Un carnet bien utilisé est un carnet qui a vécu, avec ses imperfections. Voici vos options :
– Le camouflage : Collez une jolie image, un sticker ou un morceau de washi tape par-dessus.
– La rustine : Collez une nouvelle feuille de papier découpée proprement par-dessus la zone du drame.
– L’acceptation : Assumez ! Tirez un trait dessus et continuez. Personne ne vous jugera.
« J’ai arrêté pendant 3 semaines, comment je reprends ? »
La vie arrive, c’est normal. La beauté du système, c’est qu’il pardonne. N’essayez SURTOUT PAS de rattraper les jours manqués. Ouvrez votre carnet à la première page vierge, écrivez la date d’aujourd’hui, et recommencez. C’est tout.
Pour finir : un outil pour vous, avant tout
Rappelez-vous qu’un carnet physique peut être perdu. Pensez à noter une adresse mail ou un numéro de téléphone sur la première page, ça peut sauver la mise. C’est un outil personnel, pas un outil de gestion de projet pour une équipe. S’il devient une source de stress, c’est que vous êtes trop exigeant avec vous-même. Soyez bienveillant.

Au final, le bullet journal est ce que vous décidez d’en faire. Pour moi, c’est un compagnon de travail, un espace de clarté. Alors, n’ayez pas peur d’expérimenter, de raturer, de vous l’approprier.
Votre mission pour cette semaine : Prenez n’importe quel cahier et un stylo. Chaque matin, écrivez la date et trois tâches importantes pour votre journée. C’est tout. Voyez ce qui se passe. Vous pourriez être surpris.
Galerie d’inspiration




Le carnet idéal existe-t-il ?
La question n’est pas tant le carnet, mais son papier. Cherchez une épaisseur d’au moins 90 g/m² pour limiter l’effet de transparence (le



Selon une étude de l’Université de Princeton, prendre des notes à la main favorise une meilleure compréhension conceptuelle et une mémorisation à plus long terme que de taper sur un clavier.
C’est le cœur même du Bullet Journal. En écrivant une tâche, vous ne faites pas que la noter : vous engagez un processus cognitif qui la rend plus concrète et plus facile à retenir. Votre BuJo n’est pas un simple pense-bête, c’est un partenaire de réflexion.




- Une tâche à accomplir : • (un simple point)
- Une tâche terminée : X (on barre le point)
- Une tâche reportée : > (on transforme le point en flèche)
- Un événement : ○ (un cercle)
- Une note ou une idée : – (un tiret)
Le secret ? La simplicité. C’est le système de base, ou



Ne sautez pas l’Index ! Les deux ou trois premières pages de votre carnet sont les plus importantes. Numérotez vos pages au fur et à mesure et reportez dans l’index le contenu de chacune (ex:



Stylo-plume : Pour une glisse incomparable et une expérience d’écriture sensorielle. Idéal avec des encres comme les Iroshizuku de Pilot. Attention au temps de séchage.
Stylo-feutre fin (fineliner) : Pour un trait net, précis et qui ne bave pas. Les Sakura Pigma Micron ou les Faber-Castell Pitt Artist Pen sont les rois de la catégorie, avec leur encre à base de pigments qui résiste à l’eau et au temps.
Le choix dépend de votre patience et de votre papier. Le fineliner est le plus polyvalent pour commencer.




“Le Bullet Journal vous aide à passer du statut de passager à celui de pilote de votre propre vie.” – Ryder Carroll



Votre carnet commence à se remplir de listes thématiques qui n’ont pas leur place dans un calendrier ? Bravo, vous créez des




L’une des plus grandes angoisses du débutant est la peur de



Comment gérer les tâches et rendez-vous lointains ?
C’est le rôle du



- Permet de créer des titres et des bannières propres sans talent de dessinateur.
- Assure une cohérence visuelle d’une page à l’autre.
- Idéal pour les icônes (météo, sport, rendez-vous) et les trackers.
Le secret ? Un bon pochoir en plastique ou en laiton. Des marques comme Midori ou des créateurs sur Etsy en proposent des dizaines, spécialement conçus pour le format des carnets A5. Un petit investissement pour un gain de temps et une satisfaction immédiate.




La Migration mensuelle : C’est le rituel qui fait la puissance du système. À la fin du mois, parcourez toutes les tâches non cochées. Pour chacune, demandez-vous : est-elle encore pertinente ? Si oui, reportez-la au mois suivant (avec le symbole



L’effet Zeigarnik, identifié en 1927, démontre que notre cerveau retient beaucoup mieux les tâches inachevées que celles terminées.
Le fait de noter une tâche dans votre BuJo agit comme une promesse faite à votre cerveau :



Nul besoin de se ruiner pour démarrer. Un carnet scolaire basique (type Clairefontaine 1951) et un bon stylo bille qui ne bave pas (comme un Pilot G2 ou un Uni-ball Signo) suffisent amplement. L’important est la méthode, pas le matériel. Vous pourrez toujours investir plus tard si le système vous convient et que vous souhaitez vous faire plaisir.




Je n’ai pas écrit dans mon carnet depuis trois jours, j’ai tout fichu en l’air ?
Absolument pas. C’est la beauté du Bullet Journal : il s’adapte à vous. Laissez simplement la page blanche, et reprenez à la date du jour. Il n’y a pas d’espace perdu, car il n’y a pas de structure pré-imprimée. Le BuJo attend patiemment que vous reveniez, sans jugement.



Le Washi Tape, ce ruban adhésif décoratif japonais, peut être plus qu’un simple ornement. Utilisez une couleur spécifique sur la tranche de vos pages mensuelles pour créer un repère visuel. Ou collez un petit morceau pour marquer une page importante à laquelle vous revenez souvent. C’est un système D à la fois joli et pratique pour naviguer dans votre carnet.




- Un tracker d’habitudes : pour visualiser la régularité (sport, lecture, méditation).
- Un suivi de l’humeur : pour prendre conscience de votre état émotionnel sur le long terme.
- Une liste de gratitudes : pour noter chaque jour une petite chose positive.
- Un suivi du sommeil : pour corréler la qualité de vos nuits avec votre énergie diurne.



Le pointillé (dot grid) : C’est le favori des adeptes du BuJo. Il offre la structure d’un quadrillage sans l’oppression visuelle des lignes. Il guide l’écriture, facilite le traçage de tableaux et de séparateurs, mais reste assez discret pour laisser la place au dessin.
Le quadrillage (grid) : Plus strict, idéal pour ceux qui aiment l’ordre et la symétrie absolue, notamment pour des plannings très structurés.
Le pointillé offre la meilleure flexibilité entre structure et liberté.



Astuce d’artisan : Avant d’utiliser un nouveau stylo ou une nouvelle encre, allez à la toute dernière page de votre carnet et créez un




Les tampons encreurs ne sont pas réservés aux enfants. Des marques comme Aladine ou des créateurs indépendants proposent des kits de micro-tampons parfaits pour le BuJo : jours de la semaine, icônes, cadres… C’est la solution idéale pour obtenir un résultat propre et répétable sans effort. Un encreur Versafine noir est un excellent point de départ.



- Votre cerveau est libéré du besoin de tout retenir.
- Vous avez une vision claire de vos priorités pour la journée.
- Vous réduisez la procrastination en décomposant les grosses tâches.
Le secret ? La



Puis-je combiner mon BuJo avec des outils numériques ?
Bien sûr ! C’est même une approche très efficace. Utilisez votre calendrier numérique (Google Calendar, iCal) pour les alertes et les rendez-vous partagés, et votre Bullet Journal pour la planification quotidienne, la prise de notes et le suivi de vos objectifs personnels. Le numérique gère les rappels, le BuJo gère la réflexion et l’intention.




Pour une touche de couleur fonctionnelle sans surcharger, adoptez un code simple. Par exemple : le bleu pour le travail, le vert pour les tâches personnelles, le rose pour les rendez-vous. Utilisez un simple surligneur (les Zebra Mildliner sont très populaires pour leurs teintes douces) pour marquer vos entrées. Cela permet une lecture visuelle très rapide de votre planning.



Quand un carnet est terminé, ne le jetez pas. C’est une archive précieuse de votre vie sur une période donnée. Étiquetez simplement la tranche avec les dates (ex:


Le minimalisme : Se concentre sur la fonction pure. Stylo noir, mise en page simple. L’objectif est la rapidité et l’efficacité maximale. Parfait pour les environnements professionnels ou pour ceux qui sont intimidés par le dessin.
L’approche créative : Intègre dessins, autocollants, calligraphie. Le carnet devient aussi un exutoire artistique et un objet de plaisir visuel. Le risque est de passer plus de temps à décorer qu’à organiser.
Il n’y a pas de bonne ou de mauvaise méthode. Le plus important est de trouver le juste équilibre qui vous motive à ouvrir votre carnet chaque jour.