Transformer un Touret en Bois : Le Guide pour Créer un Meuble Unique (et éviter les galères)
On les voit partout, sur les chantiers, sur les sites de petites annonces… ces grosses bobines de bois qu’on appelle des tourets. Et franchement, difficile de ne pas y voir un potentiel de dingue. Plutôt que de finir à la benne, ces objets ont une âme et n’attendent qu’une seconde chance pour devenir une pièce maîtresse de votre déco.
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J’ai bricolé mon premier touret il y a bien des années. C’était un monstre, récupéré sur un chantier électrique. Lourd, sale, mais avec un bois magnifique dessous. C’est ça, la magie du touret : c’est du bois massif, souvent du pin ou du sapin, qui a déjà vécu. Le transformer, c’est super gratifiant. Mais attention, ce n’est pas juste un coup de ponçage et c’est fini. Il y a quelques règles à connaître pour que le résultat soit à la hauteur de vos espérances.
Alors, oubliez les listes d’idées vues et revues. Ici, on va parler concret : comment dénicher la perle rare, la préparer comme un pro, et la transformer sans y laisser un doigt ou votre patience.

Trouver le Graal : Où et Comment Choisir son Touret ?
Première étape, et pas des moindres : mettre la main sur la bête. Oubliez les magasins de bricolage, les tourets sont des équipements professionnels.
Où chercher ?
Votre meilleur pari, c’est de vous rapprocher des chantiers. Pensez aux entreprises d’électricité, de télécoms (le déploiement de la fibre optique est une mine d’or pour ça !) ou de travaux publics. Parfois, ils les stockent en extérieur. La règle d’or, et elle n’est pas négociable : on ne se sert jamais sans autorisation. Un chantier est un lieu privé. Allez voir le chef de chantier, un sourire et une explication polie de votre projet font souvent des miracles. Pour eux, c’est un déchet coûteux à évacuer, donc ils sont souvent ravis de s’en débarrasser gratuitement.
Sinon, un petit tour sur les sites de dons en ligne (comme Geev ou Donnons.org) ou LeBonCoin peut donner de bons résultats. Certaines boîtes y postent des annonces pour s’en défaire.

L’œil de l’expert : les points à vérifier avant d’embarquer
Tous les tourets ne sont pas bons à prendre. Un mauvais choix peut vite tourner au cauchemar. Voici ma checklist perso :
- L’état du bois : Cherchez des zones sombres, molles, signe de pourriture. Mon test infaillible ? Piquez le bois avec un tournevis ou une clé. S’il s’enfonce comme dans du beurre, fuyez ! Regardez aussi les grosses fissures sur les plateaux. Une petite est charmante, une énorme peut fragiliser toute la structure.
- Attention aux produits chimiques ! C’est LE point critique. Certains vieux tourets ont enroulé des câbles enduits de produits peu sympathiques (goudron, créosote…). Fiez-vous à votre nez. Si ça pue le produit chimique même après des années sous la pluie, laissez tomber, surtout si c’est pour un meuble d’intérieur. Pour info, les tourets de fibre optique sont généralement bien plus « propres ».
- Les tiges filetées : Sont-elles rouillées au point d’être soudées ? Si vous comptez démonter le touret, ça peut être un vrai casse-tête. Petit conseil si c’est bloqué : une bonne dose de dégrippant (type WD-40), laissez agir une nuit, et réessayez. En dernier recours, une meuleuse d’angle peut en venir à bout, mais c’est une autre paire de manches.
- La taille (et la logistique) : Un petit touret de 60 cm de diamètre est parfait pour une table de chevet. Un modèle de 1,20 m fait une super table basse. Mais attention au transport ! J’ai déjà vu des gens essayer de faire rentrer un touret de 1m dans une Clio… Spoiler : ça ne marche pas. Si vous n’avez pas de camionnette, demandez si vous pouvez le démonter sur place (avec l’accord du chef de chantier, bien sûr).

Préparation et Sécurité : Les Gestes qui Changent Tout
Ne zappez JAMAIS cette étape. Un touret brut est sale, plein d’échardes et parfois piégeux. La préparation, c’est 50% de la réussite du projet.
La sécurité d’abord
On ne rigole pas avec ça. Un touret, c’est lourd et instable quand on le fait rouler. Pour le basculer ou le soulever, soyez à deux ! Je connais quelqu’un qui s’est retrouvé avec le pied coincé dessous… plusieurs semaines d’arrêt. Alors, on s’équipe :
- Gants épais : Indispensables. Entre les échardes et les vieilles agrafes cachées, vos mains vous remercieront.
- Lunettes de protection : Non négociable pour le brossage et le ponçage.
- Masque anti-poussière (FFP2) : La poussière de ponçage du pin est fine et résineuse. Protégez vos poumons.
Le grand nettoyage
- Brossage à sec : Avec une brosse métallique, on y va franco pour virer la terre, la mousse et tout ce qui n’a rien à y faire.
- Lavage : De l’eau chaude, du savon noir (ou de la lessive St Marc), et on frotte. Le nettoyeur haute pression ? Oui, mais avec une buse large et pas trop près, sinon vous allez creuser le bois.
- Séchage : C’est l’étape la plus longue mais la plus importante. Le bois doit être SEC à cœur. Laissez-le plusieurs semaines dans un garage ou un abri de jardin bien aéré. Si vous le rentrez trop vite au chaud, il va se tordre et se fendre. Patience !

Projet de Base : La Table Basse Touret
C’est le grand classique, parfait pour débuter. Alors, concrètement, on s’y prend comment ?
Bon à savoir : Pour un projet de table basse, prévoyez un budget de 40€ à 70€ en fournitures (disques de ponçage, vernis, pinceaux…), si vous avez déjà la ponceuse. Côté temps, sans compter le séchage, comptez un bon week-end de travail si vous partez de zéro.
Le ponçage : la métamorphose
C’est l’étape qui transforme un bout de bois de chantier en meuble. L’outil idéal est une ponceuse excentrique. On commence par un gros grain pour décaper, puis on affine.
- Grain 80 : Pour enlever les taches, les inscriptions et aplanir la surface. N’appuyez pas comme un forcené.
- Grain 120 : Pour gommer les rayures du grain 80 et commencer à lisser.
- Grain 180 (ou 240) : La touche finale. Le bois doit être tout doux après ça.
N’oubliez pas les arêtes ! Un petit coup de ponçage pour les adoucir, c’est plus joli et ça évite de s’accrocher.

La finition : Quel look pour votre table ?
Le choix dépend de l’usage et du style que vous voulez. Voici un petit comparatif pour vous aider à y voir plus clair :
- Look Naturel (Huile) : Nourrit le bois, garde un toucher très naturel. Parfait pour un style brut. Inconvénient : demande un peu d’entretien (une couche tous les ans) et protège moins des taches d’eau.
- Look Protégé (Vernis) : Crée un film protecteur très résistant aux chocs et aux liquides. Idéal pour une table basse familiale ! Je recommande un vernis polyuréthane mat pour un rendu moderne. Appliquez 2 ou 3 couches fines, avec un léger ponçage (égrenage au grain 240) entre chaque couche sèche.
- Look Coloré (Peinture) : Si vous voulez de la couleur, la sous-couche est votre meilleure amie. Le pin est un bois résineux qui peut faire ressortir des taches jaunâtres même à travers la peinture. Il faut donc absolument une sous-couche spéciale bois « bloquante » ou « anti-tanins » pour éviter la catastrophe.

Les Petits Plus qui Font TOUTE la Différence
Astuce Pro : Mettre des roulettes
Une table basse touret, c’est lourd. Des roulettes, ça change la vie ! C’est super simple :
- Choisissez 4 roulettes robustes, dont au moins 2 avec un frein. Vous les trouverez dans n’importe quel magasin de bricolage.
- Positionnez-les sur le plateau du bas, en formant un carré, pas trop près du bord.
- Pré-percez les trous avec une mèche à bois plus petite que le diamètre de vos vis.
- Vissez ! Et voilà, votre table est mobile.
Que faire avec le trou central ?
C’est LA grande question ! Plusieurs options s’offrent à vous :
- Le laisser vide : Pour un look industriel et authentique.
- Y glisser un pot de fleurs ou un vase.
- Le boucher avec une découpe de bois ronde sur mesure.
- Le remplir de résine époxy (transparente ou colorée) pour un effet très moderne.
- Y intégrer un seau à champagne pour l’apéro. Chic, non ?

Les Erreurs de Débutant à Éviter (Absolument)
Pour finir, quelques erreurs que je vois tout le temps et qui peuvent gâcher votre travail :
- Appliquer une couche de vernis trop épaisse en pensant gagner du temps. Résultat : ça sèche mal, ça coule, ça fait des bulles. Mieux vaut deux couches fines qu’une grosse.
- Zapper l’égrenage (le petit ponçage léger) entre les couches de vernis. C’est ce qui donne un fini parfaitement lisse.
- Être trop pressé pour le séchage du bois après lavage. Je le répète, c’est la clé pour éviter les déformations.
Et voilà ! Vous avez toutes les clés en main pour transformer ce « déchet » en un meuble qui a une histoire et que vous serez fier d’avoir fait vous-même. Alors, lancez-vous !
Galerie d’inspiration



Avant même le premier coup de ponceuse, le dégraissage est une étape non négociable. Ces tourets ont souvent baigné dans des graisses de câbles ou des huiles de chantier. Une bonne lessive type Saint-Marc ou un dégraissant pour bois appliqué à la brosse dure révélera la véritable nature du bois et garantira l’adhérence de votre finition.


- Un look brut et protégé : L’huile de lin, mélangée à 50% avec de l’essence de térébenthine, nourrit le bois en profondeur et lui donne une teinte chaude et ambrée, tout en le protégeant de l’humidité.
- Un rendu naturel : Parfait pour un style scandinave ou bohème, un vernis mat incolore comme le V33 Total Protect préserve la couleur claire du pin poncé sans aucun effet brillant.


Comment créer un effet ‘bord de mer’ patiné ?
Le secret réside dans le brossage et la cire. Après un ponçage grossier pour ouvrir les fibres, appliquez une cire à céruser blanche. Frottez énergiquement avec un chiffon pour que la cire ne reste que dans les veines du bois. Le résultat est un aspect blanchi et vieilli par le temps, idéal pour une ambiance côtière.


Plus de 75% des tourets industriels sont fabriqués en sapin ou en pin, des bois tendres qui marquent facilement. C’est un avantage : chaque choc ou éraflure raconte une histoire et ajoute au caractère unique de votre meuble.



Le dilemme du trou central : Le voir comme un problème est une erreur. C’est une opportunité !
- Version pratique : Intégrez-y un seau à glace en zinc pour vos apéritifs d’été.
- Version déco : Placez-y un grand vase dame-jeanne garni de quelques branches d’eucalyptus.
- Version jardin : Transformez-le en mini-jardinière pour des plantes aromatiques.


Point important : La stabilité. Un touret, surtout un grand modèle, peut être bancal. Avant toute finition, posez-le sur une surface plane et vérifiez. Si besoin, fixez trois ou quatre patins réglables sous le plateau inférieur. C’est invisible et ça change tout pour le confort d’utilisation.


Pour un effet graphique et moderne, osez la couleur, mais avec parcimonie. Peignez uniquement l’intérieur du


Résine époxy : Pour un plateau ultra-lisse, résistant et spectaculaire, couler une résine époxy transparente (type Resinence ou Gédéo) est une option de luxe. Elle comble toutes les fissures, crée une surface vitrifiée parfaite et peut même servir à incruster des objets : capsules de bière, sable, fleurs séchées…


- Une protection exceptionnelle contre les UV et l’humidité.
- Une couleur noire charbon intense et texturée.
- Un traitement 100% écologique sans aucun produit chimique.
Le secret ? La technique japonaise du Shou Sugi Ban (ou Yakisugi) qui consiste à brûler la surface du bois au chalumeau avant de la brosser et de la huiler.



Faut-il le démonter entièrement ?
Pas forcément. Le démonter facilite le ponçage des zones difficiles d’accès et permet de peindre les plateaux et le fût de couleurs différentes. Mais si vous visez un look brut et authentique, travailler sur le touret assemblé préserve son aspect


« Le meilleur design est celui qui utilise les contraintes comme des atouts. Le touret, avec sa forme brute et fonctionnelle, est l’exemple parfait de l’objet industriel qui devient une toile pour la créativité. » – Propos attribués à un designer anonyme de la scène ‘upcycling’.


Pour une table basse mobile, le choix des roulettes est crucial. Oubliez les petites roulettes de bureau en plastique.
Option Indus’ : Des roulettes pivotantes en fonte noire, avec un bandage en caoutchouc pour ne pas rayer le sol.
Option Discrète : Des roulettes extra-plates à 360°, qui se fixent directement sous le plateau sans trop surélever la table.
Assurez-vous qu’au moins deux d’entre elles possèdent un frein.


Erreur de débutant : Utiliser un vernis d’intérieur pour un meuble de jardin. Après une saison dehors, il va cloquer, jaunir et s’écailler. Pour un usage extérieur, investissez dans un vernis marin ou un saturateur bois spécial extérieur qui résiste aux UV et aux intempéries.


Envie d’un style bohème ? Utilisez les tiges filetées qui traversent le touret comme support pour un habillage en corde ou en macramé. Enroulez la corde autour du fût central pour un effet texturé et naturel qui se marie parfaitement avec des plantes vertes et des tapis berbères.


L’astuce pour un ponçage parfait : Commencez par un grain grossier (40 ou 60) pour enlever les aspérités et la saleté incrustée. Passez ensuite à un grain moyen (80 ou 120) pour lisser la surface. Terminez par un grain fin (180 ou 240) pour un toucher soyeux, surtout si vous prévoyez une finition huilée ou un vernis.



- Une bibliothèque circulaire ultra-originale.
- Un bar de jardin stylé.
- Un fauteuil ou un banc en découpant une section.
- Une table de chevet compacte pour les plus petits modèles.
- Un poulailler ou une niche pour animal de compagnie.


Saviez-vous qu’un touret de grande taille peut peser plus de 50 kg ? C’est le poids du bois massif qui a séché pendant des années. Assurez-vous d’être deux pour le manipuler et de disposer d’un véhicule adapté le jour de la récupération.


Pour un plateau personnalisé, pensez au pochoir. Après avoir peint ou verni votre surface, utilisez des pochoirs de grande taille pour peindre un motif (mandala, rose des vents, citation…). Une peinture en bombe ou appliquée au tampon mousse donnera un résultat net et sans bavure.


Mon touret a de vilaines inscriptions au feutre ou à la peinture. Comment m’en débarrasser ?
Un ponçage intensif est la solution la plus évidente. Si les marques sont profondes, vous pouvez tenter un décapant chimique (avec les précautions d’usage) avant de poncer. Autre option : assumer ! Intégrez ces inscriptions industrielles comme un élément de caractère de votre meuble.



Peinture à la craie (Chalk Paint) : Parfaite pour un look vintage ou shabby chic, la peinture à la craie, comme celle de la marque Annie Sloan, a l’avantage d’adhérer sur presque tous les supports sans sous-couche. Un léger ponçage sur les arêtes après séchage donne un effet usé très convaincant.


- Les fissures profondes peuvent être comblées avec de la pâte à bois ton sur ton pour un rendu discret.
- Pour un look audacieux, utilisez une pâte à bois de couleur contrastée, ou même un mélange de sciure et de résine colorée.
L’idée ? Transformer un défaut en détail esthétique qui rend votre pièce unique.


Le touret n’est pas qu’une table. En le posant à la verticale et en le fixant solidement au mur, il se transforme en une étagère murale unique. Les plateaux deviennent des supports parfaits pour des livres, des plantes tombantes ou vos objets de décoration favoris.


Option A : Finition brillante. Reflète la lumière, donne un aspect moderne et lisse. Facile à nettoyer mais sensible aux rayures.
Option B : Finition mate ou satinée. Absorbe la lumière, donne un aspect plus naturel et authentique. Masque mieux les petites imperfections.
Notre conseil : pour un touret, le mat ou le satiné valorise mieux le côté brut et l’histoire du bois.


Un seul touret en bois réutilisé, c’est en moyenne 0,15 m³ de déchets industriels évités et un arbre qui n’a pas besoin d’être abattu pour fabriquer un nouveau meuble. L’upcycling, c’est un geste concret pour la planète.

Pensez à l’éclairage ! Intégrer une bande de LED adhésive sous le rebord du plateau supérieur ou autour du fût central crée une lumière d’ambiance douce et indirecte le soir. C’est une touche high-tech discrète qui sublime la forme rustique du touret et transforme votre création en véritable pièce de designer.