Rovinj : 5 erreurs que 90% des touristes commettent

Rovinj, ce joyau de la péninsule d’Istrie en Croatie, est une ville qui me tient particulièrement à cœur. J’y suis retourné plusieurs fois, à différentes saisons, mais y être pendant la fête de Sainte-Euphémie, autour du 16 septembre, est une expérience à part. La première fois, j’ai failli commettre toutes les erreurs classiques. Fort de cette expérience, et après avoir discuté avec de nombreux locaux, je peux vous confirmer que la plupart des visiteurs tombent dans les mêmes pièges. Voici comment les éviter pour vivre l’âme véritable de Rovinj et non pas seulement sa façade de carte postale.
Erreur n°1 : Le mauvais timing pour la cérémonie d’ouverture
Le 16 septembre, l’instinct pousse tout le monde à se ruer vers l’église Sainte-Euphémie à 10h pour le début des festivités. C’est l’erreur la plus courante. Vous vous retrouvez coincé dans des ruelles pavées, à jouer des coudes dans une foule compacte, voyant à peine la procession. L’atmosphère devient vite étouffante et vous passez à côté de la magie.
Mon conseil d’initié : Faites exactement l’inverse. Levez-vous tôt, vers 7h du matin. L’air est encore frais, la lumière dorée caresse les façades colorées du port. C’est mon moment préféré. Installez-vous à la terrasse d’un café sur le quai, comme le charmant Viecia Batana, et commandez un kava s mlijekom (un café au lait local). Pour environ 2,50 €, vous vous offrez une heure de pure tranquillité, observant les pêcheurs préparer leurs filets. Puis, vers 11h, quand la foule de la cérémonie commence à redescendre pour déjeuner, montez tranquillement vers l’église. Vous pourrez alors admirer le sarcophage de la sainte patronne et l’intérieur de l’édifice dans un calme relatif.
Erreur n°2 : Tomber dans le piège culinaire du port

Les restaurants alignés sur le port principal sont tentants. La vue est magnifique, c’est indéniable. Mais, soyons honnêtes, la plupart proposent des menus touristiques standardisés à des prix gonflés. Vous mangerez un plat correct, mais vous n’aurez aucun aperçu de la gastronomie istrienne authentique.
La véritable expérience se trouve dans les ruelles. Éloignez-vous de la foule et cherchez les enseignes discrètes des konobas, ces tavernes familiales. L’article original mentionne Konoba Jure, qui est une bonne option. Personnellement, j’ai eu un coup de cœur pour Konoba Veli Jože, un peu cachée, où l’on mange un poisson grillé d’une fraîcheur absolue. Attendez-vous à payer entre 30 et 50 € par personne pour un repas complet avec du vin, ce qui est souvent moins cher et infiniment meilleur que sur le port. Goûtez absolument aux pâtes locales, les fuži, servies avec des truffes noires de la région, et accompagnez le tout d’un verre de Malvazija, ce vin blanc sec et fruité si typique de l’Istrie.
Erreur n°3 : Le manque de respect dans l’église Sainte-Euphémie

C’est un point qui me touche particulièrement. J’ai vu de mes propres yeux des touristes en short et débardeur essayer de se frayer un chemin avec des perches à selfie pendant une prière. Le malaise était palpable. Pour les habitants de Rovinj, la messe de Sainte-Euphémie est le moment le plus important et le plus solennel du festival. Ce n’est pas un spectacle.
Faites preuve de sensibilité culturelle. L’église est un lieu de culte actif. Si vous souhaitez la visiter, ce que je vous recommande vivement, faites-le en dehors des heures de messe (les horaires sont affichés à l’entrée). Une tenue correcte est de rigueur : couvrez vos épaules et vos genoux. C’est une simple marque de respect qui vous ouvrira les portes d’un accueil bien plus chaleureux. Prenez le temps de vous intéresser à la légende de la sainte, dont le sarcophage en marbre serait miraculeusement arrivé par la mer jusqu’à Rovinj. C’est cette histoire qui donne toute sa dimension à la fête.
Erreur n°4 : Ignorer la Place de la Riviera, plus discrète
Beaucoup de visiteurs se concentrent sur le port principal et la place Maršala Tita, où se trouvent les plus grandes scènes. Ils manquent ainsi ce qui est, pour moi, le cœur battant et authentique du festival : la Place de la Riviera. Comme elle est un peu en retrait, elle paraît moins animée au premier abord.
Quelle erreur ! C’est ici que se produisent les groupes locaux, les chanteurs de klapa (chants polyphoniques traditionnels a cappella) et les danseurs folkloriques. L’ambiance y est plus intime, presque comme une fête de village. Prévoyez d’y passer une soirée, après le coucher du soleil. Asseyez-vous sur les marches avec une boisson et laissez-vous porter. C’est là que j’ai ressenti le véritable esprit de la communauté de Rovinj, bien loin de l’agitation purement touristique.
Erreur n°5 : Se faire piéger par les transports à la fin de la soirée
Après une longue journée de fête, la tentation est grande de sauter dans le premier taxi venu pour rentrer à son hôtel ou à son parking. C’est une très mauvaise idée. J’ai entendu des histoires de touristes payant 30 ou 40 € pour une course qui en vaut à peine 10. Les prix s’envolent la nuit pendant le festival.
La solution intelligente et économique existe. La municipalité met en place un service de navettes gratuites qui fonctionnent tard dans la nuit, généralement jusqu’à 2h du matin. Elles relient le grand parking de Valdibora à l’entrée de la vieille ville et desservent aussi les principales zones hôtelières. Renseignez-vous sur les points d’arrêt à l’office de tourisme. Sinon, Rovinj est une ville extrêmement sûre. Si votre logement n’est pas trop loin, la meilleure option reste de rentrer à pied, en flânant une dernière fois dans les ruelles désertées. C’est une fin de soirée magique. Un dernier avertissement : n’essayez jamais de conduire dans la vieille ville, c’est une zone piétonne et l’amende est très dissuasive !
Conclusion : Vivre Rovinj en invité, pas en simple touriste
En évitant ces cinq erreurs, vous ne ferez pas qu’économiser de l’argent et du temps. Vous changerez complètement votre perspective sur la fête de Sainte-Euphémie. Vous passerez du statut de spectateur passif à celui d’invité respectueux. Rovinj n’est pas juste un décor de film, c’est une communauté vivante et fière de ses traditions. En vous adaptant à son rythme, en faisant preuve de curiosité et de respect, vous découvrirez une richesse et une chaleur humaine que la plupart des visiteurs ne font qu’effleurer.