5 secrets de Kühlungsborn que 90% des visiteurs ignorent

Quand j’ai entendu parler de Kühlungsborn pour la première fois, j’ai imaginé une station balnéaire allemande comme les autres sur la mer Baltique : une longue plage, une promenade et quelques hôtels. J’avais tort. Cette charmante petite ville de 8 000 habitants cache bien son jeu. C’est un lieu où l’histoire complexe de la RDA rencontre des standards écologiques modernes, et où une forêt surprenante rivalise avec la mer. Préparez-vous à découvrir une facette de l’Allemagne que peu de voyageurs connaissent.

Pour nous, voyageurs français, s’y rendre est assez simple. Le plus pratique est de prendre un vol pour Hambourg ou Berlin, puis de louer une voiture (environ 2h de route) ou de prendre le train jusqu’à Rostock, puis une correspondance locale. L’effort en vaut la peine pour ce qui vous attend.

1. Le trésor de 133 hectares caché au cœur de la ville

Le choc initial en arrivant à Kühlungsborn n’est pas la plage, mais l’odeur. Un mélange enivrant de pins et d’air salin. Derrière la façade des villas balnéaires se cache un trésor inattendu : une forêt urbaine de 133 hectares, la « Kühlung ». C’est ce qui rend cet endroit si différent des autres stations de la Baltique. On n’est jamais à plus de quelques minutes à pied d’un sentier forestier ombragé.

J’ai passé une matinée entière à m’y promener. Mon conseil : louez un vélo pour la journée (environ 12-15 €) et explorez les chemins sinueux. On y découvre des lieux mystérieux comme le tumulus de Blocksberg, une ancienne tombe de l’âge de bronze, ou le « Findling », un énorme rocher déposé par les glaciers. En automne, la forêt se pare de couleurs spectaculaires, un spectacle qui, combiné à la lumière rasante de la Baltique, est tout simplement magique. C’est un peu comme si la forêt de Fontainebleau avait été déplacée au bord de la mer.

2. Un musée vivant du passé de la RDA

Impossible de comprendre Kühlungsborn sans connaître l’« Aktion Rose ». Dans les années 1950, le régime de la RDA a exproprié de force des centaines d’hôtels et de pensions privées. Ces établissements sont devenus des maisons de vacances pour les syndicats (FDGB). Aujourd’hui, beaucoup de ces bâtiments ont été rénovés en hôtels modernes, mais ils gardent une âme particulière.

J’ai séjourné dans l’un d’eux, le Morada Resort. De l’extérieur, on devine encore la structure fonctionnelle de l’ère socialiste. Mais à l’intérieur, le confort est bien celui du 21e siècle. C’est une expérience fascinante de dormir dans un lieu chargé d’une telle histoire. On ressent le poids du passé tout en profitant du présent. Une nuit peut coûter entre 120 € et 200 € en haute saison, mais c’est bien plus qu’une simple chambre d’hôtel, c’est un cours d’histoire.

3. La surprise bleue sur la plage blanche

La ville arbore fièrement le « Pavillon Bleu » (Blaue Flagge), une récompense pour la qualité exceptionnelle de ses eaux de baignade et sa gestion environnementale. Mais ce n’est pas qu’un simple label. L’eau est d’une clarté surprenante pour une mer nordique. La plage de sable fin s’étend sur près de six kilomètres, et elle est impeccablement entretenue.

Ce que j’ai particulièrement apprécié, c’est que même en plein mois d’août, il suffit de marcher 10 minutes depuis la jetée principale pour trouver un endroit tranquille. Ne manquez pas l’expérience typiquement allemande du *Strandkorb*, cette chaise de plage en osier qui protège du vent. La location coûte environ 15 € la journée. C’est le meilleur moyen de profiter de la plage, un livre à la main, même si une petite brise se lève.

4. Le double plaisir de l’automne : la forêt et la mer

Si vous cherchez la période idéale pour visiter Kühlungsborn, je vous dirais sans hésiter l’automne. Alors que beaucoup d’autres stations balnéaires entrent en hibernation, Kühlungsborn révèle une magie particulière. Imaginez : une randonnée matinale dans les hêtraies aux couleurs flamboyantes, le bruit des feuilles mortes sous vos pieds, puis l’après-midi, admirer le coucher de soleil sur une plage presque déserte, avec le bruit des vagues en fond sonore.

Mon rituel après une telle journée : m’installer dans un café sur la promenade et commander un *Sanddorn-Grog*, une boisson chaude à base de rhum et d’argousier, un fruit local. C’est la boisson réconfortante par excellence, qui coûte environ 7 €. C’est une expérience qui surprend même les habitués de la mer Baltique et qui m’a rappelé certaines journées d’automne sur la côte bretonne, mais avec une touche résolument différente.

5. Les joyaux de l’architecture balnéaire

Au-delà de la plage et de la forêt, Kühlungsborn est un véritable musée à ciel ouvert de l’architecture balnéaire (Bäderarchitektur). Près de 40% des bâtiments du centre sont classés monuments historiques. Prenez le temps de flâner le long de l’Ostseeallee et de la Strandstraße. Levez les yeux et admirez les balcons ciselés, les vérandas en bois blanc et les tourelles élégantes des villas de la Belle Époque.

Un conseil pour une expérience inoubliable : prenez le train à vapeur « Molli ». Oui, c’est touristique, mais le trajet jusqu’à la station voisine de Heiligendamm (surnommée la « ville blanche au bord de la mer ») offre des vues imprenables sur cette architecture unique. Le billet aller-retour coûte environ 16 € et c’est un véritable voyage dans le temps.

Kühlungsborn n’est pas une destination tape-à-l’œil. Elle ne cherche pas à impressionner avec des attractions grandioses. Sa force réside dans ce mélange unique de nature préservée, d’histoire poignante et de charme discret. Pour dîner, évitez les restaurants trop touristiques de la jetée et cherchez des pépites comme le restaurant « Vielmeer », où vous pouvez déguster du poisson frais avec une vue imprenable, pour un budget d’environ 40-50 € par personne. C’est un endroit où l’on vient pour se ressourcer, marcher, lire et comprendre un pan fascinant de l’histoire allemande, loin des foules de Rostock. Êtes-vous prêt à découvrir ses secrets ?