Ce lac de 41m cache un village englouti : le secret d’Allemagne

Imaginez-vous au bord d’un lac immense, d’un bleu profond, entouré de pins et de landes. L’eau est calme, le soleil brille. C’est une scène paisible, presque idyllique. Pourtant, sous cette surface tranquille, à 41 mètres de profondeur, repose un secret que peu de visiteurs connaissent : les vestiges d’un village entier. Ce n’est pas une légende, c’est la réalité fascinante du Partwitzer See, au cœur du Lausitzer Seenland, une région d’Allemagne que j’ai eu la chance d’explorer et qui m’a profondément marqué par sa transformation.
Ce que les scientifiques et les historiens ont confirmé, les 180 habitants du village voisin de Klein Partwitz le savent depuis des décennies. Ce lac spectaculaire, l’un des plus profonds lacs artificiels de l’est de l’Allemagne, n’est pas une création de la nature, mais le résultat direct d’une immense mine de lignite à ciel ouvert. Une cicatrice du passé industriel, métamorphosée en paradis pour les amoureux de la nature.
L’histoire engloutie du village de Scado
Le village qui dort sous les eaux s’appelait Scado. Dans les années 1960, il a été sacrifié sur l’autel de l’industrie du charbon, une histoire poignante partagée par de nombreuses communautés de la région. Les habitants ont été déplacés, et les bulldozers ont tout rasé pour extraire le lignite. Après la fermeture de la mine, la nature a lentement repris ses droits. L’immense cratère s’est rempli d’eau souterraine, un processus qui a duré des années, créant ce lac de plus de 1100 hectares.
Lors de ma visite, en discutant avec un local dans un petit café, il m’a raconté que certains anciens habitants reviennent parfois, se tenant sur la rive, regardant l’eau en silence. C’est un lieu de mémoire autant qu’un lieu de loisirs. Ce n’est pas quelque chose que vous lirez dans un guide touristique, et cette dimension humaine donne une profondeur incroyable à l’expérience.
Le vrai secret des locaux : quand et comment visiter

Les brochures touristiques vantent les étés animés, les plages et les sports nautiques. Et c’est vrai, l’été y est vibrant. Mais le véritable secret, celui que les habitants ne partagent qu’à voix basse, c’est que la meilleure période pour découvrir le Partwitzer See est le début de l’automne. J’y suis allé en octobre, et je peux vous le confirmer : c’est magique.
Les foules estivales ont disparu, laissant place à une quiétude absolue. L’air est vif, la lumière dorée, et les landes qui entourent le lac se parent de couleurs chaudes, allant du pourpre au bronze. C’est le moment idéal pour s’attaquer au sentier de 21 kilomètres qui fait le tour du lac. Je l’ai fait à vélo, et c’est une expérience que je recommande à tout le monde. La location d’un bon vélo vous coûtera environ 15 € pour la journée, un investissement minime pour la liberté que cela procure. Le chemin est presque entièrement plat et sans voitures, parfait pour les cyclistes, les rollers ou même une longue promenade.
Mon conseil d’ami : Ne vous contentez pas des plages officielles. En chemin, vous trouverez de petits sentiers discrets qui descendent vers l’eau. Ce sont les accès secrets des locaux, parfaits pour une pause contemplative ou une photo loin de tout.
Une nature surprenante et une architecture unique

Ce qui m’a le plus surpris, c’est la qualité de l’eau. D’une clarté étonnante, elle le doit aux minéraux des anciennes couches minières qui agissent comme un filtre naturel. Les scientifiques confirment que ces lacs artificiels développent souvent une biodiversité plus riche que les lacs naturels. La péninsule de Scado, une réserve naturelle interdite au public, en est la preuve vivante, un sanctuaire où la faune et la flore ont prospéré.
Mais le Partwitzer See n’est pas seulement un lieu de mémoire et de nature. C’est aussi un laboratoire d’architecture. Depuis 2006, on y trouve les premières maisons de vacances flottantes de la région. J’avoue avoir été tenté. Vivre littéralement sur l’eau, même pour quelques jours, doit être une expérience inoubliable. C’est un vrai luxe (attendez-vous à payer plus de 250 € la nuit), mais si votre budget le permet, c’est une façon unique de s’immerger dans ce paysage en pleine mutation.
Conseils pratiques pour votre séjour
Pour explorer la région du Lausitzer Seenland, une voiture est quasi indispensable. Depuis la France, le plus simple est de prendre un vol pour Berlin ou Dresde, puis de louer un véhicule (comptez environ 1h30 à 2h de route).
- Où manger : Pour une expérience authentique, je vous conseille de vous éloigner un peu du lac pour trouver un restaurant traditionnel. À Senftenberg, la ville voisine, le restaurant « Der LUSANO » propose une excellente cuisine locale pour un budget raisonnable (environ 25-35 € pour un plat principal et une boisson).
- Où dormir : Si les maisons flottantes sont hors budget, la région regorge de Pensionen (chambres d’hôtes) charmantes. J’ai séjourné dans une petite auberge à Senftenberg pour environ 90 € la nuit, petit-déjeuner inclus. C’est une base parfaite pour rayonner.
- À ne pas manquer : Le projet de connecter plusieurs lacs par des canaux navigables est en cours. D’ici quelques années, on pourra naviguer sur près de 4 000 hectares d’eau. C’est une région en devenir, et c’est passionnant d’en être le témoin.
Le Partwitzer See est bien plus qu’une simple destination de vacances. C’est un puissant témoignage de la capacité de la nature et de l’homme à guérir les blessures du passé pour créer un avenir prometteur. C’est une leçon d’histoire à ciel ouvert, une aventure en pleine nature et une vision du tourisme de demain. En vous tenant sur ses rives, en pensant au village de Scado sous vos pieds, vous ne regarderez plus jamais un lac de la même manière.