Un mulot dans le jardin : faut-il vraiment s’en débarrasser ?

Auteur Déborah Attias
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Entre vos rangs de légumes, près du composteur ou dans les herbes hautes, un petit visiteur inattendu peut élire domicile : le mulot. Pour beaucoup, la vue d’un rongeur déclenche une réaction de dégoût ou de crainte, et le premier réflexe est de chercher comment s’en défaire. Mais avant de sortir les pièges, il est intéressant de comprendre son rôle. Il s’avère que ce petit mammifère n’est pas aussi nuisible qu’on le pense souvent.

Qui est vraiment le mulot de nos jardins ?

Le mulot sylvestre (Apodemus sylvaticus) est le petit rongeur que l’on croise le plus souvent dans nos jardins. Il se distingue de la souris domestique par ses yeux noirs proéminents, ses grandes oreilles et ses longues pattes arrière qui lui permettent de faire des bonds impressionnants. Son pelage est brun-roux sur le dos et son ventre est blanc. C’est un habitant naturel des lisières de bois, des haies et des jardins, où il trouve abri et nourriture.

Il ne faut pas le confondre avec le campagnol, qui est plus trapu, avec de petites oreilles et une queue courte. Le campagnol cause souvent plus de dégâts car il creuse des galeries et ronge les racines, tandis que le mulot est plutôt un glaneur de surface.

Son régime alimentaire est omnivore. Il se régale de :

  • Graines d’arbres et d’adventices (les « mauvaises herbes »)
  • Fruits tombés au sol (pommes, noisettes)
  • Bourgeons et jeunes pousses
  • Insectes, escargots et limaces, ce qui en fait un auxiliaire utile !

Dans la nature, sa durée de vie dépasse rarement un an. C’est une proie de choix pour les chouettes, les faucons, les renards, les belettes et même les chats, jouant ainsi un rôle essentiel dans l’écosystème local.

Le mulot : ami ou ennemi du jardinier ?

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La réponse dépend vraiment de la situation. Un ou deux mulots dans un grand jardin ne posent généralement aucun problème. Au contraire, en consommant des limaces et des graines d’adventices, ils vous rendent service. Le problème survient lorsqu’une population devient trop importante ou qu’ils s’attaquent à vos cultures les plus précieuses.

Les dégâts les plus courants concernent :

  • Les semis : les graines fraîchement semées de pois, fèves ou courges sont un festin pour eux.
  • Les bulbes : les bulbes de tulipes et de crocus sont particulièrement appréciés en hiver.
  • Les légumes-racines : ils peuvent grignoter carottes et betteraves directement en terre.

Cependant, le problème majeur reste leur intrusion dans la maison, l’abri de jardin ou le garage à l’approche de l’hiver, où ils peuvent s’attaquer aux réserves de nourriture et aux matériaux isolants.

Cohabiter sans être envahi : les solutions préventives

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Avant de penser à l’élimination, la meilleure stratégie est de rendre votre jardin moins accueillant pour une surpopulation. La cohabitation pacifique est tout à fait possible.

Protégez vos cultures sensibles : Pour les semis de graines appétentes (haricots, pois), une astuce consiste à les faire germer à l’intérieur puis à les repiquer. Pour les bulbes de grande valeur, vous pouvez les planter dans des paniers en grillage fin (type grillage à poule) que vous enterrez. Cela coûte quelques euros en magasin de bricolage et sauve vos floraisons.

Sécurisez le compost : Un composteur ouvert rempli de restes de cuisine est une invitation à table. Préférez un modèle en plastique ou en bois fermé. Si vous avez un tas, évitez d’y jeter des restes de viande ou de produits laitiers et recouvrez toujours les nouveaux apports d’une couche de matière sèche (feuilles mortes, broyat).

Favorisez les prédateurs naturels : C’est la solution la plus efficace et la plus écologique. Installez un perchoir en T dans le potager pour les rapaces nocturnes et diurnes. Laissez un tas de bois dans un coin du jardin pour abriter une belette ou un hérisson. Et bien sûr, le chat de la maison est un excellent régulateur.

Utilisez des plantes répulsives : Certaines plantes sont réputées pour éloigner les rongeurs par leur forte odeur. Plantez de la couronne impériale (Fritillaria imperialis) parmi vos autres bulbes. L’ail, la menthe (en pot pour éviter qu’elle n’envahisse tout) ou l’euphorbe épurge (Euphorbia lathyris) peuvent aussi avoir un effet dissuasif.

Quand le mulot entre dans la maison

Si un mulot a trouvé le chemin de votre cuisine ou de votre abri de jardin, il faut agir. Le risque n’est plus seulement quelques graines grignotées, mais des denrées souillées et des dégâts matériels.

Commencez par bloquer tous les accès à la nourriture. Stockez les céréales, la farine et les graines pour oiseaux dans des contenants hermétiques en verre ou en métal. Bouchez les trous et fissures dans les murs avec de la laine d’acier, que les rongeurs ne peuvent pas ronger.

Si la prévention ne suffit pas, utilisez des pièges à capture vivante (environ 5-10€ en jardinerie). Appâtez-les avec du beurre de cacahuète ou des graines de tournesol. Une fois l’animal capturé, relâchez-le à plus de 2 kilomètres de votre domicile, dans un bois ou un champ, pour éviter qu’il ne revienne. Les pièges mortels ne devraient être utilisés qu’en tout dernier recours.

Déborah Attias

Cultivatrice de Plantes Aromatiques & Passionnée d'Herboristerie
Ses jardins secrets : Herbes médicinales, Jardins sensoriels, Tisanes maison
Déborah a découvert le pouvoir des plantes lors d'un voyage en Asie. Depuis, elle cultive avec amour basilic thaï, menthe marocaine et thym citron sur sa terrasse toulousaine. Formée auprès d'herboristes traditionnels, elle allie savoir ancestral et techniques modernes. Son plus grand plaisir ? Créer des mélanges de tisanes personnalisés avec ses propres récoltes. Elle organise régulièrement des ateliers où elle transmet sa passion pour ces plantes qui soignent et enchantent nos papilles.