Nourrir son Olivier sans se Tromper : Le Guide Pratique du Passionné
J’ai passé plus de trente ans dans les oliveraies, les mains dans la terre, à observer ces arbres incroyables. J’ai planté des jeunots et soigné des géants centenaires. Et si j’ai appris une chose, c’est celle-ci : un olivier est résistant, mais il a son petit caractère. Le nourrir, ce n’est pas juste lui jeter de l’engrais. C’est un dialogue. C’est comprendre ce dont il a besoin, et surtout, QUAND il en a besoin.
Contenu de la page
Honnêtement, la plupart des erreurs que je vois viennent d’un excès de zèle. On donne trop, ou au mauvais moment, et on fait plus de mal que de bien. Alors, dans ce guide, on va oublier les formules compliquées. Je vais vous partager des principes simples et des astuces de terrain, que votre olivier soit en pleine terre dans le jardin ou dans un pot sur le balcon.
Avant l’Engrais, Pensez au Sol : Les Fondations de Votre Arbre
On ne le répétera jamais assez : tout commence par le sol. C’est la maison de votre olivier. L’olivier aime les sols dits « pauvres », c’est vrai, mais ce qu’il déteste par-dessus tout, c’est d’avoir les pieds dans l’eau. Il lui faut un sol qui respire, où l’eau s’écoule bien. Un sol lourd et argileux qui retient l’eau, c’est la noyade assurée pour ses racines.

Le test du drainage, c’est tout bête : quand vous plantez, remplissez le trou d’eau. Si une heure après, l’eau est toujours là, le drainage est mauvais. Dans ce cas, pas de panique. Il suffit de mélanger à votre terre de jardin du sable grossier, des petits graviers, ou même un bon terreau de plantation. Pour un olivier en pot, c’est encore plus simple : une bonne couche de billes d’argile au fond du pot (un sac coûte environ 5-7€ chez Castorama ou Leroy Merlin) et c’est une véritable assurance vie pour votre arbre !
Et le pH, on en parle ? L’olivier est tolérant, mais il préfère un sol qui n’est ni trop acide, ni trop calcaire, idéalement entre 6 et 7,5. Un sol trop calcaire, par exemple, peut bloquer l’absorption du fer, et vous verrez apparaître une « chlorose » : les feuilles jaunissent, mais les nervures restent vertes. Pour une dizaine d’euros en jardinerie, vous pouvez acheter un petit kit de test de pH. C’est un mini-investissement qui peut vous éviter bien des soucis.

Le Carburant de l’Olivier : Comprendre le Fameux NPK
Sur tous les sacs d’engrais, vous voyez ces trois lettres : N-P-K. C’est le trio gagnant de la nutrition. Comprendre leur rôle, c’est la clé pour choisir le bon produit au bon moment.
L’Azote (N), c’est le moteur. Il fait pousser les feuilles et les branches, et donne cette belle couleur verte. On l’apporte surtout au printemps, au réveil de l’arbre. Mais attention ! C’est l’erreur classique du débutant : mettre trop d’azote pour avoir un arbre touffu très vite. J’ai vu un client le faire. Résultat ? Un feuillage magnifique, mais quasiment aucune olive. L’arbre met toute son énergie dans les feuilles, et en plus, ces jeunes pousses gorgées d’eau deviennent un festin pour les pucerons.
Le Phosphore (P), c’est l’architecte. Il s’occupe des racines, de la floraison et de la transformation des fleurs en fruits. Un bon compost maison suffit souvent à couvrir les besoins.

Le Potassium (K), j’aime l’appeler le bouclier. Il est crucial pour avoir de belles olives bien charnues, mais surtout, il rend l’arbre plus fort. Plus résistant à la sécheresse, au gel et aux maladies. Un manque de potassium se voit au bord des feuilles qui brunit, comme si on les avait brûlées. C’est un signe à ne pas ignorer.
Au-delà de ce trio, il y a les oligo-éléments. Le plus vital pour l’olivier, c’est le Bore (B). Sans lui, pas de fécondation des fleurs. Vous pouvez avoir un arbre couvert de fleurs… qui tomberont toutes sans donner un seul fruit. Un bon engrais complet pour plantes méditerranéennes ou agrumes en contient généralement.
Le Calendrier Idéal : Agir au Bon Rythme
Nourrir un olivier, c’est comme suivre un calendrier saisonnier. Il y a un temps pour tout.
1. Au début du printemps (mars-avril) : Le grand réveil
C’est l’apport le plus crucial. L’arbre sort de sa sieste hivernale et a besoin d’énergie. On lui donne un engrais équilibré pour booster les nouvelles pousses et préparer les fleurs. Idéalement, cherchez un engrais avec un ratio NPK du style 12-8-16. C’est un bon équilibre entre croissance et préparation des fruits.

2. En fin de printemps/début d’été (mai-juin) : Le soutien à la production
Une fois que les petites olives sont formées, un deuxième apport, plus léger et plus riche en potassium (K), peut être utile. Ça aide les fruits à grossir. C’est surtout conseillé pour les jeunes arbres, ceux en pot, ou si vous visez une grosse récolte.
3. En automne (après la récolte, octobre-novembre) : La préparation au repos
L’arbre est fatigué. Mais attention, on ne donne surtout pas d’azote à ce moment-là ! Ça lancerait de nouvelles pousses qui gèleraient en hiver. En automne, on mise sur les amendements organiques : un bon compost bien mûr ou un fumier décomposé au pied de l’arbre. Ça nourrira le sol tout l’hiver, en douceur.
La règle d’or : JAMAIS d’engrais en plein été (stress hydrique) ni au cœur de l’hiver (dormance).
La Technique : Le Geste qui Fait la Différence
Avoir le bon produit c’est bien, l’appliquer correctement, c’est mieux.

Pour un olivier en pleine terre : L’erreur typique est de mettre l’engrais au pied du tronc. Mauvaise pioche ! Les racines qui nourrissent l’arbre se trouvent à l’aplomb du feuillage. Imaginez un cercle au sol, juste sous le bout des branches les plus lointaines. C’est là qu’il faut nourrir !
Pour un arbre de taille moyenne (2-3 mètres), une bonne poignée d’engrais en granulés (environ 50 à 100 grammes) suffit. Étalez-la bien sur ce cercle, griffez légèrement la surface pour l’incorporer et, étape non négociable, arrosez abondamment pour le faire descendre jusqu’aux racines.
Pour un olivier en pot : Il est en circuit fermé et dépend à 100% de vous. Le plus simple et le plus sûr, c’est un engrais liquide pour agrumes ou plantes méditerranéennes (comptez 8-15€ pour une bouteille qui vous fera la saison). Mon conseil : divisez par deux la dose recommandée sur la bouteille, mais faites un apport tous les 15 jours d’avril à juillet. C’est plus doux et plus efficace. Les bâtonnets d’engrais à libération lente sont aussi une super option pour les plus pressés.

Les Recettes de Grand-Mère et Astuces de Pro
On entend de tout sur les remèdes miracles. Faisons le tri !
- Le marc de café ? Oui, mais avec modération. Il est légèrement acide et riche en nutriments. Vous pouvez en mettre une fine couche au pied de votre olivier de temps en temps, surtout si votre sol est un peu calcaire. Mais n’en abusez pas.
- Les cendres de bois ? Attention ! C’est très riche en potasse (le fameux K), ce qui est bon, mais c’est aussi très alcalin. Ça peut faire grimper le pH de votre sol en flèche. À n’utiliser qu’en très petite quantité et uniquement si vous êtes certain que votre sol est acide.
- Les coquilles d’œuf ? Elles apportent du calcium, mais se décomposent trèèès lentement. Ne comptez pas dessus pour un effet rapide. C’est un petit plus, sans plus.
Astuce peu connue : si vos feuilles jaunissent malgré l’engrais (la fameuse chlorose), surtout en sol calcaire, il vous faut du « chélate de fer ». C’est du fer super assimilable pour la plante. Vous trouverez ça en jardinerie, au rayon des « soins des plantes ». Quelques pulvérisations sur le feuillage et le résultat est souvent spectaculaire en quelques semaines.

En Observez et Ayez la Main Légère
Nourrir son olivier, finalement, c’est assez simple. C’est un marathon, pas un sprint. Il faut éviter le surdosage à tout prix, car il brûle les racines et fait plus de dégâts qu’une petite carence.
Rappelez-vous : un sol bien drainé, un apport principal au printemps, un amendement doux en automne, et surtout, beaucoup d’observation. Votre arbre vous parlera. Apprenez à l’écouter, et il vous offrira sa beauté et, qui sait, peut-être quelques olives pour l’apéro, pendant de très longues années.
Galerie d’inspiration

Engrais organique : Pensez-y comme à un repas complet et durable. Des amendements comme la corne broyée, le compost bien mûr ou les formules du commerce (type Or Brun) libèrent leurs nutriments lentement. Ils nourrissent l’arbre sur le long terme et, surtout, améliorent la structure et la vie biologique du sol.
Engrais chimique : C’est le shot d’énergie, l’intervention d’urgence. Un engrais liquide (comme ceux d’Algoflash ou Fertiligène) est assimilé très vite, idéal pour corriger une carence visible rapidement. Le risque est le surdosage, qui peut