Vos fraisiers font grise mine ? Offrez-leur des amis ! Le guide complet du compagnonnage réussi
Franchement, si on m’avait dit il y a des années que mes plus belles récoltes de fraises dépendraient des voisins que je leur choisis, j’aurais souri. Et pourtant ! Comme beaucoup de jardiniers, j’ai commencé par faire des erreurs toutes bêtes. Je plantais mes fraisiers en rangs impeccables, bien espacés, en me disant que c’était propre et efficace. Les récoltes étaient… correctes, sans plus. Puis, la remarque d’un vieux maraîcher du coin a tout changé : « Tes fraises, elles s’ennuient. Donne-leur des copines. »
Contenu de la page
Ce n’était pas de la magie, mais du bon sens : le compagnonnage. L’idée est simple : créer un mini-écosystème où les plantes s’entraident. Certaines vont repousser les nuisibles, d’autres vont carrément nourrir le sol pour leurs voisines, et d’autres encore vont jouer les entremetteuses en attirant les pollinisateurs. Après pas mal d’essais (et quelques ratages mémorables, on ne va pas se mentir), j’ai fini par trouver les associations qui marchent vraiment. Je vous partage ici tout ce que j’ai appris sur le terrain.

Pourquoi ça marche ? La petite science derrière le potager
Avant de se lancer, il faut comprendre le pourquoi du comment. Ce n’est pas du folklore de grand-mère, mais de la pure biologie. Une fois qu’on a saisi les mécanismes, on ne se contente plus de suivre des conseils, on devient le stratège de son propre jardin.
La guerre des parfums pour brouiller les pistes
Le premier truc, c’est le camouflage olfactif. Les pucerons, par exemple, repèrent les fraisiers à leur odeur. Si vous plantez juste à côté une plante qui sent très fort, comme l’ail ou la ciboulette, vous créez une sorte de brouillard de parfums. Le parasite est complètement paumé, il peine à trouver sa cible. C’est une barrière invisible mais redoutablement efficace. J’ai vu des colonies de pucerons faire demi-tour net devant un rang d’ail !
Dérouler le tapis rouge aux bons insectes
Ensuite, il faut savoir inviter les bonnes personnes. Pour avoir de belles fraises bien charnues, il faut que les fleurs soient pollinisées. Sans abeilles et bourdons, vous aurez des fruits tout petits et mal formés. C’est là que des plantes comme la bourrache entrent en jeu : ce sont de vrais aimants à pollinisateurs. Leurs fleurs débordent de nectar, les abeilles rappliquent en masse et, une fois sur place, elles en profitent pour visiter aussi les fleurs plus discrètes de vos fraisiers. Bingo !

Et n’oublions pas les gardes du corps ! Les coccinelles, par exemple, sont des prédatrices voraces de pucerons. En plantant de l’aneth ou une ou deux capucines, vous leur offrez le gîte et le couvert. Elles s’occuperont de faire le ménage sur vos fraisiers.
Un garde-manger directement dans le sol
Enfin, le troisième pilier, c’est le sol. Les fraisiers sont de vrais gourmands, ils pompent vite les nutriments, surtout l’azote. La solution ? Les légumineuses (haricots nains, pois…). Elles ont un super-pouvoir : elles capturent l’azote de l’air et le stockent dans leurs racines, le rendant disponible pour les autres plantes. Planter des haricots nains à côté de vos fraisiers, c’est leur installer un distributeur d’engrais naturel, gratuit et continu.
Les meilleurs amis de vos fraisiers : mes associations validées
Allez, on passe à la pratique. Voici les plantes que j’installe systématiquement autour de mes fraises. C’est testé et approuvé !

L’ail, l’oignon et la ciboulette : la garde rapprochée anti-maladies
Ce trio est non-négociable. Leur odeur soufrée repousse les pucerons, mais surtout, ils ont une action antifongique qui aide à prévenir la pourriture grise (le fameux Botrytis), le cauchemar du fraisier par temps humide.
- La bonne technique : Ne vous contentez pas de les planter en bordure. Intercalez-les ! Je plante un caïeu d’ail ou un petit oignon tous les 40 cm, pile entre deux pieds de fraisiers. La ciboulette, en petites touffes aux quatre coins de la parcelle.
- Petit conseil : Si vous voyez quand même quelques pucerons, préparez un spray express : mixez une tête d’ail avec 1L d’eau, laissez macérer une journée, filtrez et pulvérisez le soir. Appliquez tous les 3 jours si l’attaque est là, ou une fois par semaine en prévention. Pensez à recommencer après une grosse pluie !
Les haricots nains : les fournisseurs d’engrais
Ils enrichissent le sol en azote, ce qui donne des plants plus vigoureux et plus de fruits. C’est un vrai coup de pouce.
- La bonne technique : Choisissez des variétés qui ne montent pas trop haut, comme le ‘Contender’ ou le ‘Talisma’, pour ne pas faire d’ombre. Semez un rang de haricots entre deux rangs de fraises, à environ 30 cm de distance. Un sachet de graines coûte entre 3€ et 5€ et vous en aurez pour toute la saison.
- Attention ! Les limaces adorent les jeunes pousses de haricots. Surveillez bien au démarrage et n’hésitez pas à utiliser des pièges à bière ou des granulés de phosphate ferrique (autorisés en bio).

L’épinard : le paillage vivant et malin
On y pense rarement, mais c’est un allié de choix. Ses larges feuilles gardent le sol frais et humide en été (les fraisiers adorent ça) et limitent la concurrence des mauvaises herbes.
- La bonne technique : Semez une ligne d’épinards (‘Géant d’Hiver’ est parfait pour ça) au début du printemps entre les rangs de fraises. Récoltez les feuilles au fur et à mesure. Quand la chaleur arrive et qu’ils montent en graines, coupez-les à la base et laissez-les sur place : un paillis nutritif gratuit !
La bourrache : la star des pollinisateurs
Si je ne devais en garder qu’une, ce serait elle. Ses fleurs bleues sont un véritable aéroport pour abeilles et bourdons, garantissant une pollinisation parfaite. En plus, elle puise le potassium en profondeur, un minéral essentiel pour le goût sucré des fraises.
- La bonne technique : Attention, elle se ressème PARTOUT. Un ou deux pieds par parcelle, c’est largement suffisant. Placez-la en bout de rang. Un sachet de graines coûte moins de 3€ et vous serez tranquille pour des années. Coupez les fleurs fanées avant qu’elles ne fassent toutes leurs graines si vous voulez garder le contrôle.

Les associations à éviter : ce que mes erreurs m’ont appris
Savoir qui inviter, c’est bien. Savoir qui refouler à l’entrée, c’est encore mieux. Voici les associations qui, sur le papier, semblent bonnes, mais qui sont une catastrophe en vrai.
1. La famille des choux (brocolis, choux-fleurs, radis…)
Ne faites JAMAIS ça. Ils sont aussi gourmands que les fraisiers en eau et en nutriments. C’est une compétition directe et féroce, et devinez qui perd à chaque fois ? Vos fraisiers. Ils resteront chétifs et sans saveur. Gardez au moins 1,5 mètre de distance entre eux.
2. La famille des tomates et pommes de terre
Ceci est l’avertissement le plus important. C’est une règle d’or. Tomates, pommes de terre, aubergines et poivrons sont sensibles à la verticilliose, un champignon qui reste dans le sol des années et qui anéantit les fraisiers. Il n’y a aucun traitement. Ne plantez jamais de fraisiers là où vous avez cultivé ces légumes les 3-4 années précédentes. C’est la base de la rotation des cultures. Un point, c’est tout.

3. Le fenouil : le grand solitaire
Certains disent que son odeur repousse les insectes. Peut-être, mais le fenouil est surtout « allélopathique » : ses racines libèrent des substances qui empêchent les autres plantes de pousser. C’est sa façon d’avoir la paix. Vos fraisiers plantés à côté resteront nains. Le fenouil, on lui donne son propre coin de potager, loin de tout le monde.
Concrètement, on s’organise comment ?
Maîtriser les associations, c’est une chose. Les agencer intelligemment, c’en est une autre. Voici un plan de bataille pour un premier carré réussi.
La liste de courses pour 1m² de fraises gourmandes
Pour un petit carré de 1m x 1m, voici ce qu’il vous faut. Ça démystifie le projet !
- Pieds de fraisiers : 9 à 12 pieds (comptez 1,50€ à 2,50€ le plant de bonne variété comme la ‘Gariguette’ ou la ‘Ciflorette’). Soit environ 15-25€.
- Ail : 2 têtes d’ail violet ou rose (environ 2€).
- Graines : 1 sachet de haricots nains ‘Contender’ (3-4€), 1 sachet de graines d’épinards ‘Géant d’Hiver’ (2-3€), 1 sachet de bourrache (2-3€).
- Pour le sol : 1 sac de bon compost (environ 8-10€) et 1 petite botte de paille (5-7€).
Total : Pour un budget d’environ 35-50€, vous mettez en place un carré de fraises productif, résilient et presque autonome !

Le plan de plantation pour votre carré d’1m²
Pas besoin de dessin, imaginez simplement :
- Préparez le sol : Ameublissez la terre et mélangez généreusement votre compost.
- Les fraisiers : Plantez vos 9 fraisiers en 3 rangs de 3, en laissant environ 30-40 cm entre chaque plant.
- La garde rapprochée : Entre chaque fraisier d’un même rang, enfoncez un caïeu d’ail.
- Les rangs d’appoint : Dans l’espace entre les rangs de fraisiers, semez une ligne de haricots nains d’un côté, et une ligne d’épinards de l’autre.
- La touche finale : Plantez un seul pied de bourrache dans un des coins du carré.
Et voilà ! Votre petit écosystème est en place.
Quelques dernières règles d’or pour finir
Paillez, paillez, et paillez encore. Dès que le sol est réchauffé, mettez une bonne couche de 5 à 7 cm de paille. Ça garde les fruits propres, maintient l’humidité, bloque les mauvaises herbes et dérange les limaces. C’est magique.

Arrosez au pied, jamais sur les feuilles. L’eau sur le feuillage, c’est la porte ouverte aux maladies. Un goutte-à-goutte est un super investissement (on en trouve des kits pour moins de 30€ chez Castorama ou en jardinerie) qui vous fera gagner un temps fou.
Observez. Le meilleur conseil, c’est celui-là. Passez 5 minutes chaque jour à regarder ce qu’il se passe. Qui butine ? Est-ce que la terre est sèche ? C’est en dialoguant avec votre jardin que vous obtiendrez les meilleurs résultats. Le compagnonnage, c’est une conversation permanente avec la nature.
Galerie d’inspiration


Le saviez-vous ? Les légumineuses, comme les haricots nains ou les pois, sont de véritables usines à engrais naturelles.
Grâce à une symbiose avec des bactéries, leurs racines captent l’azote de l’air pour le fixer dans le sol, le rendant disponible pour leurs voisines. En plantant quelques pieds de haricots nains (la variété ‘Contender’ est parfaite car compacte) entre vos rangs de fraisiers, vous leur offrez un apport nutritif continu et gratuit. C’est l’assurance d’un feuillage plus vert et de fruits plus généreux, sans avoir à sortir votre bidon d’engrais.

Attention aux faux amis ! Si de nombreuses plantes sont bénéfiques, certaines peuvent au contraire nuire à vos fraisiers. Évitez absolument de planter à proximité :
- La famille des choux : chou-fleur, brocoli, chou de Bruxelles… Ils sont gourmands et entrent en compétition directe pour les nutriments du sol.
- Le fenouil : il libère des substances dans le sol qui peuvent inhiber la croissance de nombreuses plantes, y compris les fraisiers.
- Le tournesol : son ombre dense et son système racinaire puissant peuvent étouffer et affamer les fraisiers plantés trop près.
Comment créer un coin de fraisiers aussi beau que productif ?
Pensez en termes de tableau vivant. Mariez la texture délicate des fraisiers ‘Mara des Bois’ avec la structure graphique de la ciboulette. Ses fines tiges vertes créeront un contraste saisissant tout en repoussant les pucerons. Ajoutez ensuite quelques plants de bourrache : ses fleurs d’un bleu intense attireront une armée de pollinisateurs, et ses feuilles veloutées apporteront une touche de douceur au tableau. Vous obtenez un trio visuellement harmonieux et d’une efficacité redoutable.