Phobies : Et si on arrêtait d’avoir peur d’avoir peur ?
Saviez-vous qu’il existe des phobies aussi étranges que fascinantes ? Découvrez celles qui pourraient bien vous surprendre !

Il y a quelque temps, en discutant avec un ami, j'ai réalisé à quel point nos peurs peuvent être inattendues. Nous avons tous entendu parler des phobies classiques, mais qu'en est-il de celles qui semblent tout droit sorties d'un film ? Entre la peur des miroirs et celle des mots longs, plongeons dans l'univers des phobies les plus insolites qui nous entourent.
Je me souviens d’un cas qui m’a particulièrement marqué. Un homme costaud, la quarantaine, chef de chantier, qui débarque dans mon cabinet. Son problème ? Il ne pouvait plus aller aux anniversaires de ses propres enfants. La simple vue d’un ballon de baudruche le mettait en panique totale : sueurs froides, cœur qui s’emballe, une seule envie, fuir. On appelle ça la globophobie. Franchement, pour beaucoup, ça peut sembler anodin, mais pour lui, c’était un véritable enfer qui le coupait de sa famille.
Contenu de la page
Au fil de ma carrière de psychologue spécialisé en anxiété, j’en ai vu, des peurs. Des plus classiques, comme celle des araignées ou des ascenseurs, aux plus singulières comme celle-ci. Mais au fond, le mécanisme est toujours le même. Une phobie, ce n’est pas un caprice ou une faiblesse. C’est juste le système d’alarme de notre cerveau qui est devenu beaucoup, beaucoup trop sensible.
Loin de moi l’idée de vous faire une simple liste de peurs étranges. Mon but, c’est de vous montrer comment ça se passe concrètement, de l’intérieur. On va décortiquer ce qu’est une vraie phobie, comment elle s’installe dans notre tête, et surtout, quelles sont les techniques qui fonctionnent VRAIMENT pour s’en libérer. Oubliez les solutions miracles ; c’est un vrai travail, qui demande du courage, mais qui mène à une libération durable.

Au fait, c’est quoi la différence entre une simple peur et une phobie ?
Avoir peur, c’est normal. C’est même vital. C’est l’émotion qui nous crie « Attention, danger ! » et nous prépare à réagir. Une phobie, c’est tout autre chose. C’est une peur qui a complètement déraillé, qui a perdu toute son utilité pour devenir intense, irrationnelle et surtout, très handicapante au quotidien.
En tant que professionnels, on ne balance pas le mot « phobie » à la légère. Pour qu’une peur soit considérée comme un trouble clinique, elle doit cocher plusieurs cases :
- Une anxiété quasi-immédiate : L’objet de la peur (le chien, l’avion, le ballon…) déclenche une angoisse intense et quasi systématique. Ce n’est pas une petite inquiétude passagère.
- L’évitement à tout prix : La personne met en place des stratégies complexes pour éviter ce qui lui fait peur. Changer de trottoir, refuser un job de rêve qui implique de prendre l’avion, ne plus aller aux fêtes…
- Une peur totalement disproportionnée : Intellectuellement, la personne sait bien qu’un pigeon ne va pas l’attaquer mortellement. Mais émotionnellement, impossible de contrôler la réaction de panique.
- Ça dure, ça dure… : En général, on parle de phobie si la peur persiste depuis plus de six mois.
- La souffrance avant tout : C’est LE critère clé. La phobie gâche la vie. Elle cause une détresse réelle et a un impact négatif sur la vie sociale, pro ou perso. C’est ça, la vraie différence.
Si vous détestez les serpents mais que ça ne vous empêche pas de vivre, ce n’est pas une phobie. Si vous annulez vos vacances en famille dans le sud par crainte d’en croiser un, là, on parle d’autre chose.

Le saviez-vous ? Votre cerveau en état d’alerte maximum
Pour faire simple, imaginez que votre cerveau a un détecteur de fumée ultra-sensible : c’est l’amygdale. Son job, c’est de sonner l’alarme à la moindre suspicion de danger. C’est un réflexe, quasi instantané. À côté, vous avez le chef des pompiers : le cortex préfrontal. Lui, il analyse la situation plus calmement. Il reçoit l’alerte et se demande : « Ok, est-ce que la maison brûle vraiment ou c’est juste un toast un peu trop cuit ? ».
Dans une phobie, le système est déréglé. Le détecteur de fumée (l’amygdale) est hypersensible et se déclenche pour un rien. Et le chef des pompiers n’arrive plus à le calmer, il est comme court-circuité. La panique démarre avant même que la raison ait pu dire son mot. Le truc génial, c’est que le travail en thérapie consiste précisément à ré-entraîner ce système pour que le chef des pompiers reprenne le contrôle. D’ailleurs, une chose importante à savoir pour déculpabiliser : l’amygdale ne fait pas la différence entre une menace réelle et une menace imaginée. C’est pour ça que le simple fait de penser à l’objet de votre peur peut suffire à déclencher l’angoisse.

Comment on s’en sort ? Les techniques qui marchent
La super bonne nouvelle, c’est que les phobies spécifiques sont parmi les troubles anxieux qui se soignent le mieux. L’approche la plus reconnue et efficace est la Thérapie Comportementale et Cognitive (TCC). Ce n’est pas une analyse qui dure des années ; c’est une thérapie brève, active, et très concrète, centrée sur le « comment on change ça, maintenant ».
L’exposition graduée : affronter sa peur, mais intelligemment
Le cœur du réacteur, c’est l’exposition. Pour ne plus avoir peur de quelque chose, il faut s’y confronter. Mais attention ! Pas n’importe comment. Se jeter dans le vide pour vaincre sa peur du vide est la PIRE des idées et le meilleur moyen d’aggraver le problème. C’est une erreur classique que je vois chez les gens qui essaient de s’en sortir seuls.
En thérapie, on y va pas à pas. D’abord, on construit ensemble une « échelle de la peur », de 0 (aucune angoisse) à 100 (la panique totale). Pour mon patient qui avait peur des ballons, ça donnait quelque chose comme ça : on a commencé tout doucement, par l’étape notée 10/100, qui était de regarder une simple photo de ballon. Puis, une fois qu’il pouvait le faire avec une anxiété minime, on est passé à une vidéo d’une fête avec des ballons au loin (25/100). Chaque étape est validée avant de passer à la suivante : être dans la même pièce qu’un ballon dégonflé (40/100), le toucher (55/100), regarder quelqu’un d’autre le gonfler (70/100), le tenir soi-même (85/100) et enfin, l’épreuve finale à 100/100, le gonfler soi-même.

À vous de jouer (juste sur le papier pour l’instant !) : Prenez une feuille et essayez de lister 5 à 10 situations liées à votre peur. Classez-les de la plus facile à la plus terrifiante. Rien que cet exercice peut déjà vous aider à y voir plus clair. C’est souvent le premier pas qu’on fait en cabinet.
D’ailleurs, aujourd’hui, la technologie nous aide beaucoup. La réalité virtuelle, par exemple, est un outil fantastique pour la peur de l’avion ou des hauteurs. Elle permet de s’exposer en toute sécurité, dans un environnement contrôlé, avant de passer à la confrontation dans la vie réelle.
Changer son dialogue intérieur : la restructuration cognitive
S’exposer, c’est bien, mais il faut aussi s’attaquer aux pensées qui nourrissent la peur. Face à un ballon, mon patient ne pensait pas « tiens, un ballon ». Son cerveau criait : « Il va exploser ! Le bruit sera insupportable ! Je vais faire une crise cardiaque ! ». Mon rôle, c’est de l’aider à devenir un détective de ses propres pensées, de les mettre à l’épreuve des faits. Quelle est la probabilité réelle que ça arrive ? Et si ça arrive, quelles sont les conséquences réelles ? Petit à petit, on apprend à remplacer ces pensées catastrophes par des pensées plus réalistes. Ce travail sur les pensées rend l’exposition beaucoup plus facile et efficace.

Votre parcours vers la sérénité : conseils pratiques
Savoir que ça se soigne, c’est une chose. Oser faire le premier pas, c’en est une autre. Voici quelques infos pour vous aider à démarrer.
Quand est-ce qu’il faut vraiment consulter ?
Le signal est simple : quand votre peur vous coûte plus cher qu’elle ne vous protège. Posez-vous ces questions, honnêtement :
- Est-ce que j’organise ma vie (mes vacances, mes sorties, mon boulot) autour de cette peur ?
- Ai-je renoncé à des choses que j’aime à cause d’elle ?
- Est-ce que ça pèse sur mes relations avec mes proches ?
- Est-ce que je ressens de la honte ou de la culpabilité ?
Si vous avez répondu « oui » à l’une de ces questions, il est sans doute temps d’en parler. N’attendez pas que la phobie s’enkyste. Plus on agit tôt, plus c’est simple.
Ma boîte à outils « anti-panique » : 3 choses à essayer dès maintenant
En attendant un rendez-vous, vous n’êtes pas démuni. Voici quelques outils pour gérer les montées d’angoisse :

- La respiration carrée : C’est tout bête mais hyper efficace. Inspirez par le nez pendant 4 secondes, retenez votre souffle poumons pleins pendant 4 secondes, expirez par la bouche pendant 4 secondes, retenez votre souffle poumons vides pendant 4 secondes. Répétez 5 à 10 fois. Ça calme le système nerveux en un temps record.
- Les applications de méditation : Des applis comme Petit BamBou ou Headspace proposent des méditations guidées pour l’anxiété. C’est une super béquille pour apprendre à observer ses pensées sans se laisser emporter.
- S’informer avec des sources fiables : Des livres comme « La Peur d’avoir peur » de Christophe André peuvent déjà vous donner énormément de clés pour comprendre ce qui vous arrive et dédramatiser.
Comment trouver le BON pro (et combien ça coûte) ?
Le professionnel de choix pour une phobie, c’est un psychologue formé aux TCC. Pour en trouver un, le plus simple est de consulter l’annuaire de l’AFTCC (Association Française de Thérapie Comportementale et Cognitive), c’est un gage de sérieux.

Au téléphone, n’hésitez pas à poser des questions : « Pratiquez-vous bien les TCC ? », « Avez-vous l’habitude de traiter les phobies ? », « Comment se déroule une première séance avec vous ? ». Le feeling est super important !
Côté budget, il faut être clair : c’est un investissement. Comptez entre 50€ et 90€ la séance en libéral. Mais des solutions existent ! Renseignez-vous sur le dispositif « Mon Soutien Psy » qui permet un remboursement de 8 séances sur adressage de votre médecin traitant (attention, le psychologue doit être partenaire du dispositif). Le meilleur réflexe : appelez votre mutuelle et demandez quel est votre « forfait psychologie ». De plus en plus de contrats en proposent un, et on a souvent de bonnes surprises.
Attention : les limites de vouloir s’en sortir seul
Je dois être très clair sur ce point : tenter une thérapie d’exposition en solo, c’est une très mauvaise idée. J’ai vu des patients arriver encore plus traumatisés après avoir tenté des « thérapies de choc » maison. Je pense à cette jeune femme, terrifiée par les araignées, qui s’est forcée à rester dans une pièce avec une grosse araignée dans un bocal. Résultat ? Elle a fait une crise de panique monumentale, a fui en hurlant, et son cerveau a enregistré une seule chose : « J’ai eu raison d’avoir peur, c’était vraiment l’horreur, la fuite m’a sauvée ». Sa phobie a été renforcée.

Le rôle du thérapeute est d’être un guide et un filet de sécurité. Il vous aide à calibrer l’exercice, à gérer l’anxiété et à vous assurer que votre cerveau tire la bonne « C’était inconfortable, mais je suis en sécurité ».
Reprendre le pouvoir sur sa peur, c’est possible
La phobie des ballons de mon patient n’avait rien de ridicule. C’était juste le symptôme d’un mécanisme cérébral qui avait déraillé. Après une dizaine de séances, il a pu organiser l’anniversaire de son fils. La dernière séance, il a lui-même gonflé un ballon dans mon bureau, jusqu’à ce qu’il éclate. Il n’a même pas sursauté. Il a souri. Il n’avait pas « vaincu » sa peur ; il avait réappris à son cerveau qu’il n’y avait plus de raison d’avoir peur.
Quelle que soit votre phobie, qu’elle concerne les poules, les miroirs ou les fonds marins, sachez que ce n’est pas une fatalité. C’est un schéma appris, et tout ce qui s’apprend peut se désapprendre. Comprendre comment ça marche est le premier pas. Chercher une aide compétente est le second. C’est un chemin qui demande du courage, oui, mais au bout, il n’y a pas une vie sans peur, mais une vie où la peur a enfin retrouvé sa juste place : celle d’une simple émotion, et non plus celle d’un tyran.

Inspirations et idées
Près de 12,5% de la population adulte connaîtra une phobie spécifique à un moment de sa vie.
Ce chiffre, issu d’études épidémiologiques comme celles du National Institute of Mental Health (NIMH), montre que les phobies ne sont pas une rareté. Elles sont l’un des troubles anxieux les plus courants. Vous n’êtes donc absolument pas seul(e) face à cette épreuve, loin de là.
La thérapie par exposition en réalité virtuelle (TERV) révolutionne le traitement des phobies. Des entreprises comme C2Care ou des applications comme oVRcome permettent de s’exposer progressivement et en toute sécurité à sa peur (prendre l’avion, parler en public, affronter des araignées) dans un environnement immersif et entièrement contrôlé par le thérapeute. C’est un pont rassurant entre le cabinet et le monde réel.
Une phobie est-elle toujours la conséquence d’un événement traumatisant ?
Pas nécessairement. Si certaines phobies naissent d’une mauvaise expérience (morsure de chien, vol agité), beaucoup se développent par d’autres biais. L’apprentissage par observation (voir un parent paniquer face aux orages) ou la transmission d’informations (entendre des récits terrifiants) peuvent suffire à créer et ancrer une phobie, sans aucun souvenir traumatique direct.
- La technique 5-4-3-2-1 : Un exercice d’ancrage pour les montées d’angoisse. Nommez mentalement 5 choses que vous voyez, 4 que vous touchez, 3 que vous entendez, 2 que vous sentez et 1 que vous goûtez.
- La respiration carrée : Inspirez sur 4 temps, retenez sur 4, expirez sur 4, puis retenez de nouveau sur 4. Répétez.
L’erreur à ne pas commettre : Forcer une personne phobique à une confrontation brutale avec l’objet de sa peur. Loin d’être une
Commencez par créer une
- Palpitations ou cœur qui s’emballe
- Transpiration excessive et soudaine
- Tremblements ou secousses musculaires
- Impression d’étouffer ou de manquer d’air
- Sentiment de danger imminent
Le secret ? Il n’y en a pas. C’est la réaction
Thérapie TCC : Elle se concentre sur la modification des pensées irrationnelles (
Je ne suis pas ce qui m’est arrivé, je suis ce que je choisis de devenir.
Cette célèbre pensée de Carl Gustav Jung rappelle que, même si la phobie semble dicter votre vie, le pouvoir de la surmonter et de redéfinir votre futur vous appartient.
Vaincre une phobie, c’est comme réapprendre à faire du vélo après une grosse chute. Une fois la technique acquise et la confiance revenue, il faut continuer à