Lombricomposteur en Appart : Le Guide Complet Pour (Vraiment) Réussir Sans Stress
Réduisez votre empreinte écologique en apprenant à créer un composteur d’appartement. C’est plus simple et gratifiant que vous ne le pensez !

Chaque jour, je me demande comment faire ma part pour la planète. En découvrant le compostage à domicile, j'ai réalisé que même un petit appartement peut contribuer à un grand changement. En transformant mes déchets alimentaires en or pour mes plantes, j'ai non seulement réduit mes déchets, mais j'ai aussi créé un lien plus profond avec la nature.
J’ai passé des années les mains dans la terre, à observer, à conseiller des pros et, surtout, à beaucoup expérimenter. Aujourd’hui, j’ai envie de vous parler d’une pratique qui change la vie en appartement : le lombricompostage. Oui, je sais, des vers dans la cuisine, ça peut faire tiquer au début !
Contenu de la page
- Au fait, comment ça marche ce truc ?
- Option 1 : Le fabriquer soi-même (la version économique)
- Option 2 : Acheter un modèle tout fait (la version rapide)
- Le démarrage : les 15 premiers jours sont cruciaux
- Nourrir ses vers : tout est une question d’équilibre
- SOS Lombricompost : les problèmes courants et leurs solutions
- La récolte : récupérer l’or noir et son jus
- une aventure fascinante à portée de main
Avec les nouvelles réglementations sur le tri des biodéchets, beaucoup de citadins se posent des questions. Comment faire dans un petit F2 ? Est-ce que ça va sentir mauvais ? Vais-je me retrouver avec une invasion de bestioles ? Ce sont des craintes totalement légitimes, je les ai entendues des centaines de fois.
Alors, oubliez les modes d’emploi rébarbatifs. Ici, on va parler vrai. Mon but, c’est de vous donner les clés pour installer un lombricomposteur qui tourne tout seul, qui ne sent rien (à part une bonne odeur de forêt), et qui vous offrira un engrais incroyable pour vos plantes. C’est un véritable petit écosystème que vous allez accueillir chez vous. Et franchement, c’est beaucoup plus simple qu’on ne l’imagine quand on respecte quelques bases.

Au fait, comment ça marche ce truc ?
Avant de se lancer, il faut comprendre ce qui se passe là-dedans. Un lombricomposteur, ce n’est pas une simple poubelle, c’est une petite usine de transformation biologique. Et les ouvriers de cette usine sont des vers de compost bien spécifiques, pas les vers de terre de votre jardin.
Des travailleurs infatigables (et discrets)
L’équipe est composée de deux types d’acteurs. D’abord, les stars du show : les vers. On parle souvent des fameux « vers tigrés » ou « vers rouges », des espèces qui adorent vivre en surface et se régaler de matière organique en décomposition. Ils mangent vos déchets, et ce qu’ils rejettent, c’est le fameux lombricompost, un super-aliment pour vos plantes.
Mais les vers ne sont pas seuls. Ils collaborent avec des milliards de micro-organismes : bactéries, champignons, et même des acariens. Ce petit monde invisible pré-digère la matière pour les vers. C’est LA clé. Si cet écosystème est bien équilibré, il n’y a aucune odeur. Les mauvaises odeurs, c’est toujours le signe d’un problème, le plus souvent un manque d’oxygène.

Le secret : de l’air, de l’air, de l’air !
Le secret d’un compostage sans odeur, c’est l’oxygène. Le processus doit être aérobie (avec de l’air). C’est ce qui se passe en forêt. À l’inverse, quand il n’y a pas d’air (processus anaérobie), ça produit du méthane et d’autres gaz qui sentent l’œuf pourri. C’est ce qui se passe au fond d’un sac-poubelle bien fermé…
Toute la conception d’un bon lombricomposteur vise à garantir cette aération. Si vous ne devez retenir qu’une seule chose, c’est celle-ci : un lombricomposteur sain sent la terre, l’humus, le sous-bois. Jamais la poubelle.
Option 1 : Le fabriquer soi-même (la version économique)
C’est ma solution préférée, surtout pour débuter. C’est économique, hyper satisfaisant et ça aide vraiment à comprendre le fonctionnement. Pour ça, il vous faut un système vertical avec plusieurs étages.
La liste de courses :
Pas de panique, c’est très simple. Vous trouverez tout ça dans n’importe quel magasin de bricolage comme Leroy Merlin ou Castorama.

- 3 bacs en plastique opaque empilables : Visez une contenance de 15 à 30 litres. Le plastique doit être de qualité alimentaire (cherchez le logo PP 5). L’opacité est vitale, car les vers détestent la lumière. Comptez environ 8€ à 12€ par bac.
- Un couvercle : Celui qui va avec les bacs.
- Un petit robinet en plastique : Le genre de robinet pour fontaine à eau ou cubitainer. Ça coûte environ 5€.
- Une perceuse avec une mèche de 5 mm et une de 8 mm.
Au total, vous vous en sortez pour environ 30€ à 40€. Et pour le montage, prévoyez 45 minutes, perçage compris. C’est un petit projet sympa pour un samedi matin !
Les étapes de fabrication :
1. Le bac du bas (collecteur de jus) : Ce bac sert juste à récupérer l’engrais liquide, qu’on appelle le « thé de compost ». On ne perce qu’un seul trou sur le côté, vers le bas, pour y fixer le robinet. Assurez-vous que le joint est bien mis pour éviter les fuites.

2. Les deux bacs du milieu (les étages de travail) : C’est là que les vers vont bosser. Le fond de ces deux bacs doit être percé de plein de trous (une cinquantaine avec la mèche de 8 mm). Ça permet au surplus d’humidité de s’écouler et aux vers de monter d’un étage à l’autre. Pensez aussi à percer quelques trous d’aération (mèche de 5 mm) sur les côtés, vers le haut.
3. Le couvercle : Percez-y aussi une dizaine de petits trous d’aération.
Et voilà ! Vous avez un système à trois niveaux : un collecteur, deux étages de travail empilés, et un couvercle. Simple, efficace et éprouvé.
Option 2 : Acheter un modèle tout fait (la version rapide)
Si le bricolage, ce n’est pas votre truc, pas de souci. Il existe d’excellents modèles prêts à l’emploi. C’est plus cher, mais souvent plus esthétique pour une cuisine.
Alors, fait maison ou acheté en magasin ? Honnêtement, ça dépend de vos priorités. Le DIY est l’option budget par excellence, on parle d’une trentaine d’euros contre 80€ à plus de 150€ pour un modèle du commerce. L’inconvénient, c’est qu’il faut y passer un peu de temps. Les modèles achetés, eux, sont prêts à l’emploi et souvent plus design, ce qui peut être un vrai plus s’il trône dans votre pièce de vie. Certains sont même en bois, ce qui est très joli et respire bien, mais ils sont plus lourds et moins durables que le plastique recyclé. À vous de voir ce qui prime : le portefeuille, le temps ou l’esthétique !

Si vous achetez, vérifiez quand même la ventilation, la présence d’un robinet pratique et la possibilité d’ajouter des plateaux plus tard.
Le démarrage : les 15 premiers jours sont cruciaux
C’est l’étape la plus délicate, celle où l’on fait le plus d’erreurs. Il faut créer un vrai petit nid douillet pour vos nouveaux colocataires.
Où trouver les vers ?
Surtout, n’allez pas déterrer les lombrics de votre jardin ! Ce ne sont pas les bonnes espèces. Il vous faut des vers de compost. Pour en trouver, vous pouvez bien sûr en commander en ligne, mais ma solution préférée est de loin la plus sympa : le don ! Il existe des réseaux comme Plus2vers.fr ou des groupes sur les réseaux sociaux où des passionnés donnent des souches de leurs propres vers. C’est gratuit, solidaire et vous aurez en prime de précieux conseils.
Pour un foyer de 1 à 2 personnes, une souche de 250g (environ 1000 vers) est parfaite pour commencer. Pour une famille, visez plutôt 500g.

Préparer la litière d’accueil
La litière, c’est le matelas des vers. Ne les mettez jamais directement sur le plastique nu. Dans le premier plateau, préparez un mélange de matières « brunes » :
- Morceaux de carton brun (sans scotch ni encre brillante)
- Boîtes d’œufs déchirées
- Papier journal (encre noire seulement)
- Petit plus : une poignée de fibre de coco ou de vieux terreau pour inoculer de bons micro-organismes.
Humidifiez le tout. L’astuce infaillible, c’est le « test de l’éponge » : prenez une poignée de litière et pressez fort. Quelques gouttes doivent perler entre vos doigts. Si ça coule, c’est trop humide (ajoutez du carton sec). Si rien ne sort, vaporisez un peu d’eau.
Installation et patience…
- Étalez doucement vos vers sur la litière.
- Laissez le couvercle ouvert quelques minutes. Ils détestent la lumière et vont s’enfouir tout seuls.
- ATTENTION : NE LES NOURRISSEZ PAS TOUT DE SUITE ! C’est l’erreur n°1. Laissez-les s’acclimater pendant une bonne semaine. Ils grignoteront la litière en attendant.
- Posez un « tapis d’humidité » sur la litière : un vieux t-shirt en coton, une toile de jute… Ça garde l’humidité et l’obscurité, et ça empêche les moucherons de s’installer.
- Fermez et placez le tout dans un coin tranquille, idéalement entre 15°C et 25°C (cuisine, buanderie…). Évitez le balcon en plein soleil !
Après une semaine, vous pourrez commencer à donner les premiers déchets, mais tout doucement.

Nourrir ses vers : tout est une question d’équilibre
La règle d’or, c’est l’équilibre entre les déchets « verts » (humides, riches en azote) et les matières « brunes » (sèches, riches en carbone).
Les « verts », c’est le carburant : épluchures, marc de café, sachets de thé, restes de salade…
Les « bruns », c’est la structure qui aère le tout : carton, boîtes d’œufs, rouleaux de papier toilette…
Mon conseil de pro : pour chaque portion de déchets de cuisine (« verts »), ajoutez environ la moitié de ce volume en carton déchiré (« bruns »). Gardez un petit stock de carton à côté de votre composteur, c’est le secret d’un système qui ne sent jamais mauvais.
Ce qu’il faut absolument ÉVITER
Mettre ça dans votre lombricomposteur, c’est la garantie d’avoir des ennuis :
- Viande, poisson, produits laitiers, huiles et plats en sauce : ça pourrit, ça sent fort et ça attire les indésirables.
- Ail et oignon (en grande quantité) : ce sont des vermifuges naturels, ils peuvent faire fuir vos vers.
- Agrumes (citrons, oranges…) : en trop grande quantité, ils rendent le milieu trop acide. Une peau de temps en temps, bien coupée, ça passe.
- Pain, pâtes, riz : ça fermente et forme une pâte collante qui étouffe le système.
La bonne technique
Coupez toujours vos déchets en petits morceaux, ça accélère tout. Ensuite, soulevez le tapis d’humidité, creusez un petit trou dans la litière, déposez vos déchets, recouvrez-les avec la litière existante, ajoutez votre carton, et remettez le tapis. En enfouissant les déchets, vous éliminez 99% des risques d’odeurs et de moucherons.
SOS Lombricompost : les problèmes courants et leurs solutions
Même en suivant tout à la lettre, un petit déséquilibre peut arriver. Pas de panique, c’est comme ça qu’on apprend. Croyez-moi, je suis passé par là !
Problème : Ça sent mauvais.
Diagnostic : C’est quasi certain : trop d’humidité et pas assez d’air. Une fois, j’ai mis beaucoup trop de restes de melon en plein été. Le lendemain, c’était la piscine au fond du bac… une vraie bouillie malodorante. J’ai dû tout aérer et ajouter une tonne de carton pour rattraper le coup.
Solution : Stoppez les apports de nourriture pendant une semaine. Incorporez plein de carton sec déchiré et mélangez très doucement pour aérer. Ouvrez le robinet pour vider le surplus de jus.
Problème : J’ai plein de moucherons.
Diagnostic : Des déchets sont restés en surface ou le milieu est trop acide.
Solution : Enfouissez TOUJOURS bien les déchets. Vérifiez que le tapis d’humidité couvre bien tout. Si ça persiste, saupoudrez un peu de coquilles d’œufs broyées en poudre pour réduire l’acidité. Un petit bol de vinaigre de cidre à côté attrapera les adultes.
Problème : Les vers tentent de s’enfuir.
Diagnostic : Le milieu est devenu hostile (trop sec, trop humide, trop acide…). Parfois, c’est juste un changement de pression atmosphérique avant un orage !
Solution : Vérifiez l’humidité avec le test de l’éponge. Si tout semble normal, c’est sûrement la météo. Ils rentreront.
Problème : Les autres habitants (pas de panique !)
D’ailleurs, ne vous affolez pas si vous voyez d’autres petites bêtes. Des petits points blancs qui bougent (acariens) ou des mini-insectes sauteurs (collemboles) sont en fait des alliés ! Ils participent à la décomposition. Tant qu’ils ne pullulent pas, c’est le signe que votre écosystème est vivant et en pleine forme.
Problème : Que faire pendant les vacances ?
C’est LA grande question ! Pour une absence d’une à deux semaines, pas de stress. Avant de partir, donnez-leur un bon repas (avec pas mal de carton), vérifiez que l’humidité est parfaite, et c’est tout. Ils vont gérer. Pour une absence plus longue (plus de 3 semaines), demandez à un voisin de jeter quelques épluchures une fois par semaine. C’est aussi simple que d’arroser une plante.
La récolte : récupérer l’or noir et son jus
Après 3 à 6 mois, votre premier bac sera plein d’un magnifique compost noir et friable. C’est l’heure de la récompense !
Récolter le « thé de compost »
Le liquide dans le bac du bas est un engrais surpuissant. Récoltez-le régulièrement. Mais attention, et j’insiste LOURDEMENT là-dessus car l’erreur est fatale pour les plantes : NE JAMAIS l’utiliser pur ! C’est comme donner un shot de vodka à un nouveau-né, ça brûle tout. La règle, c’est 1 volume de « thé » pour 10 volumes d’eau. Utilisez-le pour arroser vos plantes toutes les 2-3 semaines.
Récolter le compost solide
Quand un bac est plein, posez simplement le bac vide suivant par-dessus. Commencez à nourrir uniquement dans ce nouvel étage. Attirés par la nourriture fraîche, les vers vont monter à travers les trous. Après un ou deux mois, le bac du bas sera plein de compost mûr, presque sans vers. Vous pouvez alors le vider et l’utiliser.
Ce compost est un trésor. Mélangez-en un peu à votre terreau (1 volume de compost pour 4 de terreau) lors des rempotages, ou griffez-en une ou deux cuillères à la surface de vos plantes en pot.
une aventure fascinante à portée de main
Se lancer dans le lombricompostage, c’est bien plus que suivre une règle. C’est réintroduire un petit bout de nature chez soi, réduire ses déchets de façon visible et créer une ressource incroyable. N’ayez pas peur d’essayer. Observez, ajustez, et soyez patient. Votre premier compost ne sera peut-être pas parfait, et c’est tout à fait normal.
Bien sûr, un peu de bon sens est de mise. Gardez votre installation propre et si vous êtes en copropriété, un petit coup d’œil au règlement ne fait jamais de mal. Mais franchement, le plus grand « risque », c’est de devenir complètement accro au spectacle de la nature qui travaille pour vous. Et ça, vos plantes vous le rendront au centuple !