Pelures d’Oignon : De la Poubelle au Trésor (Le Guide Complet pour la Teinture, le Jardin & la Cuisine)
Ne jetez plus vos pelures d’oignon ! Découvrez comment ces restes de légumes peuvent enrichir votre cuisine et votre beauté.

Quand j'étais enfant, ma grand-mère utilisait toujours des pelures d'oignon pour ses soupes. Aujourd'hui, je réalise à quel point ces épluchures sont précieuses. Riches en nutriments et incroyablement polyvalentes, elles méritent une seconde chance. Plongeons ensemble dans ce trésor culinaire souvent négligé.
Le jour où j’ai arrêté de jeter de l’or
Franchement, je me souviens encore de mes débuts en cuisine. Comme tout le monde, j’épluchais mes oignons et hop, les peaux allaient direct à la poubelle. C’était un réflexe, un déchet, point. Il a fallu qu’un vieux chef, un de ces cuistots qui a connu l’époque où l’on ne jetait RIEN, me tape sur l’épaule.
Contenu de la page
- Le jour où j’ai arrêté de jeter de l’or
- Avant de commencer : La récolte de votre trésor
- Un peu de science (sans prise de tête)
- L’Art de la Teinture Végétale : Le Guide du Débutant
- Au-delà de la teinture : Les autres talents cachés
- SOS Teinture : Que faire si ça rate ?
- Changez votre regard (et le contenu de votre poubelle)
- Galerie d’inspiration
Il a pointé ma poubelle du doigt et a lâché : « Tu jettes de l’or, gamin ». Sur le moment, j’ai rien compris. Il m’a alors montré comment il gardait précieusement chaque pelure pour donner une couleur ambrée magnifique à ses bouillons. Ce jour-là, un truc a basculé dans ma tête. La valeur des choses n’est pas toujours là où on l’attend.
Depuis, pas une seule pelure d’oignon ne finit à la poubelle chez moi. Que ce soit dans mon petit atelier, dans mon jardin ou en cuisine, elles ont toutes une seconde vie. Et je ne vous parle pas d’« astuces de grand-mère » un peu floues. Ce sont des techniques bien réelles, basées sur la chimie des plantes et des années d’essais (et d’erreurs !). Je veux partager ça avec vous, pour que vous puissiez, vous aussi, voir l’or qui se cache dans vos épluchures.

Avant de commencer : La récolte de votre trésor
Ok, mais on commence comment ? C’est la première question que tout le monde se pose. C’est tout simple.
Prenez un grand bocal en verre ou un sac en papier (surtout pas de plastique, ça moisit) et placez-le sur votre plan de travail. À chaque fois que vous cuisinez avec un oignon, mettez les peaux sèches et propres dedans. C’est tout ! Vous serez surpris de la vitesse à laquelle ça se remplit.
Bon à savoir : Pour avoir une idée, 100g de pelures, c’est à peu près le volume d’un sac à légumes bien rempli. Ça représente les pelures d’une vingtaine d’oignons moyens. Gardez les peaux d’oignons jaunes pour un jaune doré éclatant, et celles des oignons rouges pour des tons plus complexes, tirant vers le kaki ou le vieux rose.
Un peu de science (sans prise de tête)
Alors, qu’est-ce qu’il y a de si spécial dans cette peau fine comme du papier ? En fait, c’est l’armure de l’oignon. Elle le protège et, pour ça, elle est blindée de composés super intéressants.

Dans les oignons jaunes, la star, c’est la quercétine. C’est un pigment naturel qui donne cette superbe couleur jaune-brun, très solide à la lumière et au lavage. Dans les oignons rouges, on trouve en plus des anthocyanes (les mêmes pigments que dans les myrtilles). Ce mélange donne des résultats plus surprenants, plus expérimentaux. C’est ce qui rend la teinture si amusante !
L’Art de la Teinture Végétale : Le Guide du Débutant
La teinture aux pelures d’oignon, c’est la porte d’entrée parfaite dans ce monde merveilleux. C’est fiable, pas cher et les résultats sont souvent bluffants. Mais pour réussir, il faut un peu de méthode.
La liste de courses : Votre kit de teinturier
Avant de paniquer, sachez que vous avez sûrement déjà une partie du matériel. Et pour le reste, pas besoin de se ruiner !
- Une grande marmite non réactive : L’idéal, c’est l’acier inoxydable ou une vieille cocotte émaillée (sans éclats). Une marmite d’occasion à 10-15€ sur Le Bon Coin ou dans un vide-grenier fera parfaitement l’affaire. Attention ! L’alu et le fer réagissent et changent la couleur, donc on évite… sauf si c’est voulu !
- Du mordant (la pierre d’alun) : C’est LE secret pour que la couleur tienne. On en trouve facilement en ligne sur des sites de loisirs créatifs, en droguerie, ou parfois au rayon jardinage des grandes surfaces de bricolage. Comptez entre 5€ et 10€ pour un sachet de 500g, de quoi faire des dizaines de teintures.
- Une balance de cuisine : Pour être précis et pouvoir refaire vos couleurs préférées.
- Des gants en caoutchouc et un tablier : Parce que la teinture… ça tache !

Attention : Ça marche sur quoi ?
C’est une question cruciale : la teinture végétale ne fonctionne que sur les fibres naturelles. Oubliez le polyester, le nylon ou l’acrylique, la couleur ne s’y fixera pas. En gros, si ça vient d’une plante (coton, lin, chanvre) ou d’un animal (laine, soie, alpaga), c’est bon ! Les fibres animales, à base de protéines, sont d’ailleurs les plus faciles à teindre.
Le Mordançage : L’étape secrète que TOUT le monde oublie
Sans cette étape, votre jolie couleur dorée partira au premier lavage. Dommage, non ? Le mordançage, c’est comme préparer un mur avant de le peindre : on crée une surface d’accroche pour la couleur. Faites ça dans une pièce aérée, c’est mieux.
Pour les fibres animales (laine, soie) : C’est super simple. Pesez votre tissu sec. Utilisez 15% du poids en alun (soit 15g d’alun pour 100g de laine). Dissolvez l’alun dans une marmite d’eau chaude, plongez votre fibre mouillée, et laissez frémir doucement (vers 80°C, sans grosses bulles) pendant une heure. Laissez refroidir dans l’eau. C’est prêt !

Pour les fibres végétales (coton, lin) : C’est un peu plus technique, car la cellulose accroche moins bien. Il faut un processus en deux temps.
- Étape 1 (Ouvrir les fibres) : Faites d’abord un bain avec du carbonate de soude (lessive St Marc, par exemple), environ 5g pour 100g de tissu. Chauffez une heure.
- Étape 2 (Le mordançage) : Rincez, puis faites le bain d’alun comme pour la laine (15g pour 100g de tissu).
Le Grand Bain : Créer votre couleur
C’est le moment magique ! Pour une couleur bien riche, la règle est simple : pesez autant de pelures que de tissu (100g de pelures pour 100g de tissu sec).
- Faites le jus : Mettez les pelures dans votre marmite, couvrez d’eau (l’eau de pluie est top car elle est neutre) et laissez mijoter 1h. Ne faites pas bouillir à gros bouillons, ça ternit les couleurs.
- Filtrez : Passez le jus dans une passoire fine pour enlever toutes les pelures. Vous avez maintenant votre bain de teinture.
- Plongez : Mettez votre fibre mordancée et humide dans le bain de teinture.
- Chauffez à nouveau : Laissez frémir doucement (80°C) pendant une heure.
- Le secret des pros : Coupez le feu et… attendez ! Laissez la fibre refroidir complètement dans son bain, idéalement toute une nuit. C’est là que la couleur se fixe le mieux.
- Rincez et séchez : Le lendemain, sortez la fibre, rincez-la à l’eau claire jusqu’à ce que l’eau soit limpide. Essorez doucement et faites sécher à l’ombre.
Le résultat ? Sur la laine et la soie, vous obtiendrez un jaune or incroyable, chaud et vibrant. Le coton et le lin, eux, donneront des jaunes plus doux, plus paille. C’est la beauté du naturel : chaque fibre réagit à sa manière !

Votre Premier Projet Facile : Les Œufs Marbrés Naturels
Envie d’une victoire rapide pour vous motiver ? Essayez la méthode traditionnelle pour colorer les œufs. C’est simple et le résultat est spectaculaire.
Prenez un œuf cru. Enveloppez-le de pelures d’oignon. Pour un effet pochoir, placez une jolie feuille (persil, fougère) entre l’œuf et les pelures. Emballez le tout très serré dans un morceau de vieux collant ou de gaze et nouez bien. Plongez dans une casserole d’eau avec une cuillère de vinaigre et faites cuire 10-15 minutes. Laissez refroidir avant de déballer. Magie !
Au-delà de la teinture : Les autres talents cachés
Les pelures ne sont pas bonnes qu’à teindre ! Voici comment je les utilise au quotidien.
- Soin colorant pour les cheveux : Honnêtement, ne vous attendez pas à couvrir vos cheveux blancs avec ça. Dans mon expérience, ça ne marche pas. Par contre, si vous êtes blonde ou châtain clair, une infusion très concentrée (un grand bol de pelures pour 1L d’eau, que vous faites réduire de moitié) utilisée en dernière eau de rinçage peut donner de sublimes reflets cuivrés au soleil. Testez sur une mèche cachée d’abord !
- Un engrais gratuit pour vos plantes : J’ai arrêté les engrais chimiques. Je remplis un bocal de pelures, je couvre d’eau et je laisse macérer 48h. Je filtre et je dilue ce « thé » (1 volume de thé pour 10 volumes d’eau). C’est un super booster pour les tomates et les géraniums.
- La base d’un bouillon cinq étoiles : Je garde un grand sac au congélateur où je mets toutes mes pelures d’oignons bio, les épluchures de carottes, les verts de poireaux… Quand le sac est plein, tout part dans la marmite avec de l’eau pour 2-3h de mijotage. Le résultat est un bouillon ambré, parfumé et plein de minéraux. Rien à voir avec les cubes industriels !

SOS Teinture : Que faire si ça rate ?
Pas de panique, ça arrive même aux meilleurs ! Voici les problèmes les plus courants :
- « Ma couleur est toute pâle ! » -> Il y a de fortes chances que vous n’ayez pas mis assez de pelures (respectez bien le ratio 1:1) ou que votre bain ait bouilli trop fort, ce qui dégrade les pigments.
- « La couleur part au lavage ! » -> Ah… le coupable est presque toujours le même : vous avez zappé l’étape du mordançage à l’alun. C’est vraiment l’étape non-négociable.
- « J’ai des taches sur mon tissu ! » -> Votre fibre n’était peut-être pas bien immergée, ou vous ne l’avez pas assez remuée délicatement pendant la teinture. Parfois, une bulle d’air peut aussi être la cause.
Changez votre regard (et le contenu de votre poubelle)
Valoriser les pelures d’oignon, c’est plus qu’une simple astuce, c’est une petite révolution personnelle. C’est réapprendre à voir une ressource là où l’on ne voyait qu’un déchet. Une couleur, une saveur, un nutriment pour la terre.

La prochaine fois que vous éplucherez un oignon, regardez sa peau. Sa texture, ses reflets… vous ne tenez pas un déchet, mais une promesse. J’espère vous avoir donné envie de la réaliser.
Alors, cap de commencer votre bocal de pelures cette semaine ? C’est le premier pas vers un monde de possibilités !
Galerie d’inspiration


Saviez-vous que la teinture à la pelure d’oignon est l’une des plus solides à la lumière parmi les teintures végétales ?
Contrairement à d’autres colorants naturels qui peuvent pâlir rapidement au soleil, la quercétine des oignons jaunes offre une excellente tenue. Cela signifie que les textiles que vous teignez, comme un foulard en soie ou des torchons en lin, conserveront leur éclat doré saison après saison. C’est la garantie d’un projet DIY non seulement économique, mais aussi remarquablement durable.

Vos rosiers sont attaqués par le mildiou ou les pucerons ?
Transformez vos pelures en un traitement de choc, 100% naturel. Leur richesse en composés soufrés est un puissant fongicide et répulsif.
- Faites infuser une grosse poignée de pelures dans 1 litre d’eau bouillante pendant 20 minutes.
- Laissez refroidir et filtrez soigneusement le liquide ambré.
- Versez dans un pulvérisateur et vaporisez sur le feuillage de vos plantes une fois par semaine.
Option Jaune Solaire : Les pelures d’oignons jaunes sont la valeur sûre. Elles donnent des jaunes vifs, des ocres chauds et des orangés lumineux, parfaits pour teindre du coton ou de la laine.
Option Kaki Subtil : Les pelures d’oignons rouges, elles, ne donnent pas du rouge ! Leurs pigments instables créent des teintes plus complexes et terreuses : des verts kakis, des bruns doux ou des beiges rosés.
Pour un premier essai, le jaune est plus facile à maîtriser et toujours spectaculaire.