Vos Pélargoniums en Hiver : Le Guide pour ne Plus Jamais les Perdre
Chaque automne, c’est la même question qui revient sur les forums et dans les discussions entre jardiniers : que faire de nos fameux « géraniums » de balcon ? Avant toute chose, mettons les points sur les i. Ce que l’on bichonne tout l’été est en fait un Pélargonium, une plante originaire d’Afrique du Sud qui ne supporte absolument pas le gel. Le vrai Géranium, lui, est une vivace rustique qui se débrouille très bien toute seule en hiver. Comprendre ça, c’est déjà faire 90% du chemin !
Contenu de la page
- Le Timing Parfait : Quand Faut-il Agir ?
- L’Arrachage et la Taille : Les Gestes qui Sauvent
- Quelle Méthode d’Hivernage Choisir ?
- Méthode 1 : La Conservation à Racines Nues (L’option gain de place)
- Méthode 2 : Le Rempotage en « Mode Survie »
- L’Astuce des Pros : La Flemme de Tout Déterrer ? Pensez aux Boutures !
- Le Réveil au Printemps : C’est Reparti !
- En Cas de Pépin : Le Petit Guide de Secours
- Inspirations et idées
Alors, laisser vos magnifiques pélargoniums en pleine terre, c’est malheureusement les envoyer à une mort certaine dès les premières gelées sérieuses. Mais pas de panique ! Je vais vous partager des techniques éprouvées, pas des théories de livre, pour les mettre au chaud et les voir refleurir de plus belle au printemps. C’est une satisfaction incroyable, vous verrez.
Le Timing Parfait : Quand Faut-il Agir ?
Oubliez le calendrier. Votre meilleur allié, c’est la météo et l’observation de vos plantes. Intervenir trop tôt, alors qu’il fait encore doux, n’est pas bon. La plante n’est pas encore prête à dormir. Trop tard… et c’est le coup de gel fatal. Le vrai signal, c’est l’annonce des toutes premières gelées nocturnes, généralement entre fin octobre et mi-novembre selon où vous habitez.

Personnellement, je commence à préparer mes outils dès que les nuits passent durablement sous la barre des 5-7°C. Regardez vos plantes : le feuillage qui rougit un peu sur les bords, une croissance qui stagne… Ce sont les signes qu’elle se prépare. C’est le moment de se lancer.
L’Arrachage et la Taille : Les Gestes qui Sauvent
C’est l’étape la plus physique, mais elle conditionne tout le reste. Pour une dizaine de pieds, comptez environ une heure et demie pour faire les choses bien. D’ailleurs, petit conseil : arrêtez tout apport d’engrais dès la fin septembre pour ne pas stimuler de nouvelles pousses trop fragiles.
Pour l’outil, oubliez la bêche plate qui tranche les racines net. Le must, c’est la fourche-bêche. Elle permet de soulever la motte en douceur. Piquez à 15-20 cm du pied, faites le tour en soulevant délicatement, puis sortez la plante. Secouez-la un peu pour enlever le surplus de terre, sans chercher à la mettre à nu.

Ensuite, la taille. C’est une étape cruciale pour éviter les maladies. Avec un sécateur propre (un coup d’alcool à 70° dessus, ça ne mange pas de pain), rabattez toutes les tiges pour ne garder que 10 à 15 cm. Essayez de laisser 2 ou 3 « yeux » (les petits renflements où partaient les feuilles) sur chaque tige. C’est de là que ça repartira.
Et surtout, soyez intraitable : enlevez TOUTES les feuilles, fleurs et boutons restants. Une seule feuille qui pourrit peut contaminer toute votre récolte avec la pourriture grise. J’ai vu des collections entières y passer pour un simple oubli… Ne laissez rien !
Quelle Méthode d’Hivernage Choisir ?
Maintenant, deux grandes écoles s’affrontent, chacune avec ses avantages. Franchement, le choix dépend surtout de la place dont vous disposez et du temps que vous voulez y consacrer.
La méthode à racines nues est parfaite si vous manquez de place. C’est l’option la plus compacte. En revanche, elle demande un local vraiment frais et sombre, et un petit coup d’œil une fois par mois. Son principal ennemi ? Le dessèchement.

La méthode en pot est plus simple à surveiller et pardonne un peu plus les écarts de température. Elle est idéale si vous avez une véranda non chauffée ou une pièce fraîche et lumineuse. Son risque majeur ? L’excès d’arrosage qui fait pourrir les racines.
Méthode 1 : La Conservation à Racines Nues (L’option gain de place)
C’est ma technique favorite pour les grandes quantités. Une fois la plante taillée, finissez de retirer la terre des racines avec les doigts, mais ne les lavez surtout pas. Laissez-les sécher 2-3 jours sur du papier journal dans votre garage, jusqu’à ce que les coupes soient bien sèches au toucher. C’est le secret pour éviter la pourriture.
La petite liste de courses : – Une cagette en bois ou en plastique (récup’ ou quelques euros). – Un sac de copeaux de bois non traités. On en trouve pour environ 8€ en animalerie ou jardinerie. C’est ce que je préfère : ça respire bien et c’est moins poussiéreux que la tourbe.

Étalez une couche de copeaux au fond de la caisse, déposez vos pélargoniums sans qu’ils se touchent, et recouvrez-les légèrement. Stockez le tout dans un lieu sombre, hors gel et frais. L’idéal, c’est entre 5 et 8°C (une bonne cave, un garage non chauffé). Si votre garage est plutôt autour de 10-12°C, ça marche aussi, mais surveillez un peu plus le dessèchement.
Méthode 2 : Le Rempotage en « Mode Survie »
Ici, on garde la plante en semi-activité. Après la taille, on rempote dans un pot à peine plus grand que la motte. L’erreur classique est de voir trop grand : trop de terreau reste humide et fait pourrir les racines.
La petite liste de courses : – Des pots en terre cuite (privilégiez-les, ils respirent mieux) d’un diamètre adapté. – Un sac de terreau de rempotage (environ 6€). – Un petit sac de sable de rivière ou de perlite (environ 7€) pour le drainage.

Le substrat parfait ? 50% terreau, 50% sable. C’est la garantie que l’eau ne stagnera jamais. Mettez la plante en pot, arrosez une seule petite fois pour tasser la terre, et c’est tout. Placez le pot dans une pièce fraîche (10-12°C) et lumineuse.
Attention, l’arrosage est LE point critique. On n’arrose que lorsque la terre est sèche sur plusieurs centimètres. Enfoncez votre doigt : si c’est sec, donnez l’équivalent d’un demi-verre d’eau, juste pour humidifier, sans que ça coule dans la soucoupe. Cela peut être une fois toutes les 3, 4, voire 5 semaines. C’est tout !
L’Astuce des Pros : La Flemme de Tout Déterrer ? Pensez aux Boutures !
Honnêtement, si vous avez des pélargoniums basiques et peu de place ou de temps, il existe une solution bien plus simple : les boutures. C’est souvent plus facile que de gérer les gros pieds.
À la fin de l’été, en août ou début septembre, prélevez des extrémités de tiges saines de 10 cm. Retirez les feuilles du bas, ne gardez que les 2-3 du haut. Plantez-les dans des petits pots avec un mélange léger (terreau et sable). Gardez-les à l’intérieur, près d’une fenêtre, et voilà ! Vous n’aurez qu’à hiverner ces jeunes plants qui prennent très peu de place.

Le Réveil au Printemps : C’est Reparti !
Vers la mi-mars, il est temps de réveiller tout ce petit monde. Pour les sujets à racines nues, sortez-les, coupez ce qui est sec ou moisi, et donnez-leur un bon bain : plongez les racines dans l’eau tiède pendant une heure. Ensuite, rempotez-les dans du terreau neuf.
Pour ceux qui étaient en pot, faites une petite taille de formation pour leur redonner une belle forme et changez la terre en surface (surfaçage). Reprenez les arrosages progressivement. Dès que de nouvelles feuilles apparaissent, vous pouvez commencer un peu d’engrais liquide, à demi-dose au début.
L’étape finale à ne JAMAIS sauter : l’acclimatation. Ne passez pas les plantes de l’intérieur au plein soleil direct. Ce serait un coup de soleil assuré ! Pendant 10 jours, sortez-les quelques heures à l’ombre, puis un peu plus chaque jour. Ce n’est qu’après qu’elles pourront retrouver leur place au jardin ou sur le balcon, une fois les risques de gelées passés (après les fameux Saints de Glace, mi-mai).

En Cas de Pépin : Le Petit Guide de Secours
Même avec les meilleurs soins, un petit souci peut arriver. Pas de panique ! – Problème : Ça moisit ! (Taches grises, aspect cotonneux) Solution : Coupez sans pitié la partie atteinte. Sortez la plante de sa caisse ou de son pot, laissez-la s’aérer un jour dans un lieu sec, et changez son substrat de stockage (copeaux, etc.). – Problème : C’est tout sec et ratatiné ! Solution : Le bain de sauvetage ! Plongez les racines (ou la motte pour les pots) dans une bassine d’eau à température ambiante pendant 20-30 minutes, pas plus. Laissez ensuite bien sécher avant de remettre en place.
Voilà, vous avez toutes les cartes en main. Oui, ça demande un peu d’effort, mais la joie de voir repartir une plante à laquelle on tient, une variété rare ou simplement un sujet magnifique… ça n’a pas de prix. Le secret, au fond, c’est l’observation. Vos plantes vous diront toujours ce dont elles ont besoin.
Inspirations et idées
Le saviez-vous ? La confusion entre Géranium et Pélargonium remonte au 18ème siècle. Le botaniste Charles Louis L’Héritier de Brutelle a séparé les deux genres, mais le nom commun « géranium » est resté ancré dans le langage populaire pour désigner le Pélargonium.
Cette distinction n’est pas qu’une coquetterie de botaniste : elle est vitale. Le vrai Géranium est rustique et passe l’hiver dehors, tandis que le Pélargonium, originaire d’Afrique du Sud, gèle et meurt. Connaître son nom, c’est connaître sa nature frileuse.
Le lieu d’hivernage idéal pour vos pélargoniums doit cocher ces trois cases :
- Luminosité : Un maximum de lumière est crucial. Une fenêtre de garage, une véranda non chauffée ou une serre froide sont parfaites.
- Température : Visez une fourchette entre 5°C et 12°C. Plus froid, il y a risque de gel ; plus chaud, la plante ne se met pas en repos et s’épuise.
- Aération : Une bonne circulation de l’air est indispensable pour prévenir l’apparition de maladies comme la pourriture grise (botrytis).
Quelle quantité d’eau pour des plantes au repos ?
C’est la question piège. En dormance, les besoins du pélargonium sont minimes. La règle d’or est de laisser la terre sécher quasi complètement entre deux arrosages. En pratique, cela signifie un petit verre d’eau une à deux fois par mois, pas plus. L’objectif n’est pas d’hydrater, mais simplement d’éviter le dessèchement total de la motte. Observez la terre, pas le calendrier.
Option Terre Cuite : Poreuse, elle laisse les racines respirer et évite l’asphyxie, un avantage majeur en hiver. Le risque : un séchage plus rapide de la motte.
Option Plastique : Léger et retenant mieux l’humidité, il est pratique mais dangereux. Le moindre excès d’eau peut faire pourrir les racines, l’ennemi numéro un de l’hivernage.
Notre conseil : pour l’hivernage, privilégiez toujours la terre cuite qui pardonne bien plus les erreurs d’arrosage.
Même en plein hiver, le pélargonium garde son âme. Lors de votre visite d’inspection mensuelle dans la fraîcheur du garage, frôlez délicatement une feuille d’un pélargonium odorant comme le ‘Attar of Roses’ ou le ‘Citronella’. L’air s’emplit soudain d’un parfum subtil, promesse vivante du printemps et des beaux jours à venir. C’est l’un des petits plaisirs secrets du jardinier en hiver.
- Un gain de place spectaculaire dans l’abri.
- Élimination radicale des œufs de parasites et des maladies présentes dans le terreau.
- Contrôle parfait de l’humidité des racines, évitant toute pourriture.
Le secret ? La méthode de conservation à racines nues. Une fois taillés, les pieds sont simplement enveloppés dans du papier journal et stockés dans une caisse en bois, dans le noir et au frais.
L’erreur la plus fréquente en hivernage n’est pas le froid, mais l’excès d’eau. Un pélargonium pardonnera plus facilement un oubli qu’une motte détrempée qui fait pourrir ses racines.
Le coup de pouce du printemps : Au moment du rempotage, après la dormance, intégrez à votre terreau des mycorhizes. Ces champignons bénéfiques, que l’on trouve dans des produits comme le Myco de Solabiol, forment une symbiose avec les racines. Ils décuplent la capacité de la plante à absorber l’eau et les nutriments, garantissant une reprise vigoureuse et des floraisons explosives dès le début de l’été.