Novembre au jardin : oubliez la pause, c’est maintenant que tout se joue !
Préparez votre jardin pour l’avenir : novembre est le moment idéal pour planter fleurs, légumes et arbres fruitiers. Êtes-vous prêt à vous lancer ?

En novembre, le jardin se transforme en un espace de promesse. Je me souviens avoir toujours attendu avec impatience ce mois, impatient de voir la terre se préparer pour le printemps. Chaque graine que l'on plante est une petite aventure qui attend de fleurir. Quelles surprises votre jardin vous réserve-t-il cette année ?
Beaucoup de gens pensent que le jardinage s’arrête net en novembre. On range les outils, on ferme la porte du cabanon et on attend sagement le printemps. Franchement, après plus de trente ans passés les mains dans la terre, je peux vous dire que c’est une sacrée erreur.
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Novembre, ce n’est pas la fin. C’est un mois de préparation, un véritable investissement pour l’année à venir. C’est maintenant qu’on pose les fondations pour des récoltes généreuses et des fleurs à couper le souffle. Le sol est encore tiède en profondeur, et la nature nous offre une fenêtre parfaite pour agir. Alors, oubliez le grand nettoyage frénétique et voyons plutôt ce mois comme un passage de relais entre la saison qui s’achève et celle qui se prépare. Chaque geste compte, vous allez voir.
La terre avant tout : le secret d’un sol en pleine forme
Tout part du sol. Un sol sain et bien préparé, c’est la meilleure assurance vie pour vos futures cultures. En novembre, la terre est souvent humide, ce qui la rend bien plus facile à travailler qu’en plein été ou en plein hiver gelé. C’est le moment idéal pour l’aérer et lui donner à manger.

L’arme secrète de l’hiver : le gel !
Quand on travaille la terre en automne, on ne fait pas que la retourner. On expose les mottes au gel de l’hiver. Et ça, c’est un allié incroyable, surtout si votre terre est lourde et argileuse. L’eau contenue dans la terre va geler, se dilater et… pouf ! Elle fait éclater les blocs d’argile. Au printemps, sans effort, vous retrouvez une terre à la structure fine, aérée et parfaite pour les jeunes racines. Ce simple geste améliore aussi le drainage, évitant que les racines ne pourrissent pendant un hiver pluvieux.
Fourche-bêche : l’outil qui respecte la vie du sol
Pendant des années, j’ai vu tout le monde retourner sa parcelle à la bêche classique, laissant un sol tout plat et net. Je l’ai fait aussi au début ! Mais la bêche tranche tout : la terre, les précieux vers de terre, et ça casse toute la structure verticale du sol. Mon outil fétiche, c’est la fourche-bêche. Ses dents soulèvent et aèrent sans tout chambouler.

La technique est simple : enfoncez la fourche, soulevez la motte, et laissez-la retomber. Pas besoin de la réduire en miettes, laissez de gros morceaux. Le gel s’occupera du reste. Pour une parcelle d’environ 10 m², comptez une bonne heure de travail tranquille, en prenant votre temps.
Comment nourrir la terre pour l’année à venir
Après avoir bien travaillé toute la saison, votre sol a faim. C’est le moment de lui rendre ce qu’il vous a donné. J’utilise principalement du compost maison et du fumier bien décomposé. Une couche de 3 à 5 cm de compost et une bonne brouette de fumier pour 10-15 m² suffisent.
Bon à savoir : le fumier doit avoir au moins un an. S’il est trop frais, il est trop fort en azote et va « brûler » les racines. J’ai fait l’erreur une fois, pensant gagner du temps… Résultat : un potager envahi de mauvaises herbes et des plantations qui ont peiné à démarrer. Une leçon apprise à la dure ! On trouve du fumier décomposé en sacs dans toutes les jardineries, ça coûte entre 8€ et 15€ le sac. Une autre astuce, c’est de contacter les centres équestres près de chez vous. Souvent, ils sont ravis de s’en débarrasser gratuitement !

Étalez simplement ces amendements en surface. Les pluies et les vers de terre feront le travail d’incorporation tout l’hiver, de façon bien plus naturelle.
Au potager : planter maintenant pour récolter plus tôt
Oui, on peut planter en novembre ! Certaines cultures ont même besoin de ce passage au froid pour bien se développer. En les mettant en terre maintenant, vous gagnez plusieurs semaines au printemps.
L’ail : la plantation incontournable
S’il n’y a qu’une chose à planter, c’est l’ail (les variétés d’automne, blanches ou violettes). Il a besoin du froid pour que son bulbe se divise bien en gousses (les caïeux). Si vous le plantez au printemps, vous risquez de ne récolter qu’un seul gros bulbe tout rond.
Attention, le piège classique : n’utilisez JAMAIS l’ail du supermarché ! Il est souvent traité pour ne pas germer. Filez en jardinerie acheter de l' »ail à planter ». C’est la seule garantie d’une bonne récolte. Plantez les plus gros caïeux, pointe vers le haut, à 3-4 cm de profondeur, en laissant 15 cm entre eux.

Fèves et pois : un pari sur l’avenir
Planter des fèves et des pois rustiques en novembre, c’est un peu un pari, mais il est souvent gagnant dans les régions à hiver doux. L’idée est qu’ils germent avant les grands froids, puis ils repartiront de plus belle au printemps, bien avant ceux que vous sèmerez en mars. Si vous tentez le coup dans une région plus froide, un bon paillage de feuilles mortes est indispensable.
Au verger : le moment idéal pour les arbres
Le dicton « À la Sainte-Catherine, tout bois prend racine » est plein de bon sens. Novembre est LE meilleur mois pour planter les arbres et arbustes fruitiers vendus en « racines nues ».
Pourquoi planter un arbre en racines nues ?
L’arbre est en dormance, il ne s’occupe plus de ses feuilles. Toute son énergie va se concentrer sur ses racines. Dans le sol encore tiède, il va commencer à s’installer tranquillement avant l’hiver. Au printemps, il aura une longueur d’avance !

Et puis, il y a l’aspect financier. Franchement, c’est un super bon plan. Un arbre en racines nues est souvent 30 à 50 % moins cher que le même en pot. Un pommier qui vous coûterait 40 € en conteneur peut se trouver entre 20 € et 25 € en racines nues. Si vous en plantez plusieurs, l’économie est vraiment intéressante. La reprise est aussi souvent meilleure, car les racines ne sont pas contraintes dans un pot.
La plantation parfaite en 4 étapes
Planter un arbre correctement prend environ 45 minutes à une heure. C’est un investissement en temps qui garantit sa bonne santé pour des décennies. Voici les étapes clés :
- Le trou : Creusez un trou large, au moins deux fois le diamètre des racines, mais pas plus profond. L’arbre ne doit pas s’enfoncer avec le temps.
- Le pralinage : C’est l’étape que beaucoup oublient, à tort. Avant de planter, on trempe les racines dans un mélange boueux qui les protège et favorise la reprise. On en trouve du tout prêt, mais le faire soi-même, c’est facile : un tiers de terre, un tiers de compost… et si vous n’avez pas de bouse de vache sous la main (ce qui est assez probable, on est d’accord !), un peu d’argile bentonite en poudre fait parfaitement l’affaire.
- La mise en place : Placez un tuteur avant l’arbre pour ne pas blesser les racines. Attention, le point de greffe (le petit bourrelet à la base du tronc) doit rester bien au-dessus du niveau du sol. C’est crucial !
- L’arrosage : Rebouchez, tassez doucement avec le pied et arrosez très généreusement (15-20 litres), même s’il pleut. L’eau va chasser les poches d’air et bien coller la terre aux racines.
Un dernier conseil : n’achetez pas votre fruitier au hasard en grande surface. Allez voir un pépiniériste local. Il connaît le climat, le sol de votre région et, surtout, il saura vous conseiller le bon porte-greffe, cette partie racinaire qui détermine la future taille de l’arbre et son adaptation à votre terre.

Au jardin d’ornement : préparez les couleurs du printemps
Planter des bulbes, c’est un acte de foi. On enterre ces petites choses sèches et on espère un miracle… Pour un effet spectaculaire et qui dure, essayez la plantation en lasagne dans un grand pot.
L’idée est simple : on superpose des couches de bulbes qui fleurissent à des moments différents. C’est comme une recette de cuisine ! Par exemple, pour un pot de 30 cm de diamètre :
- Couche du bas (la plus profonde) : 5 bulbes de tulipes tardives (type ‘Reine de la Nuit’). Recouvrez de 10 cm de bon terreau.
- Étage du milieu : 7 bulbes de narcisses plus précoces (les ‘Tête-à-tête’ sont parfaits). Recouvrez de nouveau.
- Tout en haut : Une quinzaine de petits muscaris ou de crocus. Une dernière couche de terreau, et voilà !
Vous aurez ainsi un pot fleuri sans interruption de février à mai. C’est magique !
Les derniers gestes avant l’hiver
Le travail de novembre ne s’arrête pas là. Pensez à nettoyer vos outils. Un coup de brosse, un chiffon imbibé d’un peu d’huile de lin pour protéger le métal de la rouille, et un bon affûtage. Un outil entretenu, c’est un plaisir à utiliser et il durera une vie.
Et surtout, ne jetez pas les feuilles mortes ! C’est de l’or en barres. Utilisez-les comme paillage au pied de vos plantes fragiles ou mettez-les au compost. C’est la meilleure matière sèche pour équilibrer vos apports.
Alors, prêt à enfiler vos bottes ? Le jardin en novembre est un lieu calme, mais rempli de promesses. C’est maintenant que vous préparez le spectacle du printemps. Le jardinier patient est toujours récompensé.