Tailler Votre Mûrier Platane : Le Guide Pas à Pas pour un Parasol Parfait

Ah, le mûrier platane… On l’adore pour son ombre généreuse en plein été, mais franchement, il peut vite devenir une source d’angoisse quand on pense à la taille. C’est un arbre que je connais par cœur pour l’avoir taillé des centaines de fois. Sa plus grande qualité, sa croissance fulgurante, est aussi ce qui peut le rendre fragile, voire dangereux, s’il est laissé à lui-même.

Pas de panique ! Loin des manuels théoriques, je vais vous partager ma méthode, celle que j’applique sur le terrain. L’objectif ? Que vous puissiez sculpter un parasol non seulement magnifique, mais aussi sain et robuste pour des décennies.

Pourquoi est-il si important de le tailler ?

Avant de sortir le sécateur, il faut comprendre à qui on a affaire. Ce mûrier, qui n’a de platane que le nom, est une véritable force de la nature. Chaque printemps, il est capable de lancer des nouvelles pousses de plus de deux mètres en une seule saison !

Si on ne fait rien, on se retrouve avec une masse de feuillage tellement dense que le vent s’y engouffre comme dans une voile de bateau. Les jours de grand vent, la pression sur les branches charpentières devient énorme et le risque de casse est bien réel. En plus, le cœur de l’arbre, privé de lumière, s’affaiblit et se dégarnit. La taille n’est donc pas juste une question d’esthétique, c’est une question de santé et de sécurité.

D’ailleurs, une question qui revient tout le temps : les fruits qui tachent ? Bon à savoir : la quasi-totalité des mûriers platanes vendus aujourd’hui sont d’une variété stérile, spécialement sélectionnée pour ses grandes feuilles et son absence de fruits. Vous pouvez donc installer votre salon de jardin en dessous sans craindre les taches violettes !

Le bon matos : un investissement, pas une dépense

Franchement, essayer de bien tailler avec de mauvais outils, c’est comme essayer de cuisiner un grand plat avec un couteau qui ne coupe pas. C’est frustrant et le résultat est décevant. Pour le mûrier platane, trois outils suffisent, mais choisissez la qualité.

1. Le sécateur : Votre outil principal pour les branches fines (moins de 2 cm). Optez pour un modèle à coupe « bypass » (les lames se croisent), qui fait une coupe nette. Niveau budget, un bon sécateur de marque professionnelle reconnue est un investissement à vie. Comptez entre 40 € et 70 €.

2. L’ébrancheur : Avec ses longs manches, il vous donnera la puissance nécessaire pour couper les branches jusqu’à 4-5 cm de diamètre sans forcer. C’est l’outil roi pour la taille annuelle. Prévoyez un budget de 50 € à 100 € pour un modèle robuste.

3. La scie d’élagage : Indispensable pour tout ce qui est plus gros. Je ne peux que vous recommander les scies japonaises à lame tirante. Elles coupent en tirant, demandent moins d’effort et la coupe est d’une propreté chirurgicale. On en trouve d’excellentes entre 25 € et 50 €.

Petit défi pour vous : Allez chercher votre sécateur. MAINTENANT. Regardez les lames. Sont-elles parfaitement propres et affûtées ? Si la réponse est non, vous savez ce qu’il vous reste à faire ! Un coup de chiffon avec de l’alcool à 70° avant de commencer, c’est le geste le plus simple pour protéger votre arbre des maladies.

La taille de formation : sculpter l’avenir de votre arbre

Les premières années sont cruciales. C’est là que vous décidez de la structure de base. L’objectif est simple : créer un tronc solide et dégagé sur une hauteur suffisante pour pouvoir circuler dessous (en général 2 m à 2,50 m), surmonté de 4 à 6 branches maîtresses bien réparties.

• La première année après la plantation, en hiver, soyez patient. Contentez-vous de choisir la tige principale la plus droite et de supprimer les éventuelles autres pousses partant de la base. Ne touchez à rien d’autre.
• L’année suivante, commencez à relever la couronne en supprimant les 2 ou 3 branches les plus basses, proprement, au ras du tronc.
• La troisième année, continuez ce travail de remontée progressive jusqu’à obtenir la hauteur de tronc désirée. C’est aussi le moment de sélectionner vos futures branches charpentières, en veillant à ce qu’elles soient harmonieusement réparties tout autour du tronc.

Cette approche douce évite de créer de grosses blessures et assure une base solide pour le futur.

Le rituel annuel : la fameuse taille en « tête de chat »

Une fois la structure en place, on passe à la taille d’entretien. Elle se pratique chaque année pendant le repos de l’arbre, idéalement en fin d’hiver (février-mars), juste avant le redémarrage. Évitez juste les jours de gel intense (quand le thermomètre reste sous les -5°C).

La technique est simple mais doit être rigoureuse. Elle consiste à rabattre toutes les pousses de l’année précédente très court, sur les bourrelets de cicatrisation qui se sont formés au bout des branches charpentières. C’est ce renflement, qui grossit d’année en année, qu’on appelle la « tête de chat ».

Concrètement, vous prenez votre sécateur ou ébrancheur et vous coupez chaque rameau en ne laissant qu’un ou deux bourgeons à la base (soit 1 à 2 cm). Pour un débutant, le bourgeon en hiver ressemble à un petit renflement sur l’écorce. N’ayez pas peur, le résultat paraît radical, mais c’est ce qui va forcer l’arbre à produire les longues et belles pousses qui formeront votre parasol d’été.

Combien de temps ça prend ? Pour un arbre de taille moyenne et bien entretenu, comptez entre une et trois heures, en prenant le temps de bien faire le tour et de nettoyer.

Et les déchets, on en fait quoi ?

Une fois la taille finie, on se retrouve souvent avec un joli tas de branches. Plusieurs options s’offrent à vous :

• Le broyage : C’est la solution idéale. Vous pouvez louer un broyeur pour une demi-journée (environ 80-120€) et transformer vos branches en un excellent paillage (BRF) à étaler au pied de vos haies ou de vos massifs.
• Le fagot : Si vous avez une cheminée, les branches de taille moyenne font un excellent petit bois d’allumage une fois séchées.
• La déchetterie : La solution la plus simple, mais pensez à vérifier les volumes autorisés.

SOS Rattrapage : comment sauver un mûrier abandonné ?

On m’appelle souvent pour des arbres qui n’ont pas été taillés depuis 5 ou 10 ans et qui ressemblent à une jungle. L’erreur serait de vouloir tout tailler d’un coup. C’est le meilleur moyen de traumatiser l’arbre.

Il faut y aller par étapes, sur 2 ou 3 ans. Je me souviens d’un mûrier près de Lyon, complètement délaissé… La première année, on a juste fait un gros nettoyage : bois mort, branches qui se croisent, et on a aéré le centre pour que la lumière puisse à nouveau toucher le sol. Le propriétaire n’en revenait pas du changement ! L’année suivante, on a pu sélectionner une nouvelle charpente parmi les nouvelles pousses, et la troisième année, on reprenait enfin une taille normale en tête de chat.

Et si vous devez couper une grosse branche ? Jamais en une seule fois ! Utilisez la technique en 3 coupes pour éviter de déchirer l’écorce : une entaille en dessous, une coupe complète un peu plus loin, puis on supprime le moignon restant proprement. Et s’il vous plaît, oubliez les mastics à cicatriser, c’est une vieille idée. Une coupe nette sur un arbre sain se défend très bien toute seule.

La sécurité avant tout (et quand appeler un pro)

On termine par le plus important : votre sécurité. Portez toujours des gants et des lunettes. Un escabeau bien stable, c’est la base. Mais si vous devez commencer à monter sur une échelle simple appuyée contre le tronc ou à travailler les bras en l’air en déséquilibre, STOP !

C’est le moment de passer le relais à un professionnel. Un arboriste-grimpeur n’est pas un luxe, c’est une assurance-vie. Pour une taille annuelle, un pro vous facturera en général entre 250 € et plus de 500 € selon la taille et l’accessibilité de l’arbre. C’est un coût, mais c’est toujours moins cher qu’une visite aux urgences ou la réparation d’une toiture…

Voilà, vous avez toutes les clés en main. Ce rendez-vous annuel avec votre mûrier peut devenir un vrai plaisir, une sorte de méditation active. En échange de vos bons soins, il vous offrira le plus beau des cadeaux : un coin de fraîcheur parfait pour les siestes d’été.