Bye Bye la Haie de Lauriers ! Le Guide Complet pour s’en Débarrasser une Bonne Fois pour Toutes

Auteur Chloé Lambert

Franchement, si je devais compter le nombre de jardins que j’ai transformés en virant une haie de lauriers… je serais encore en train de compter ! C’est LA demande classique, et aussi l’un des chantiers les plus physiques qui soient. On m’appelle souvent à la rescousse, après qu’un courageux propriétaire ait tenté l’aventure et y ait laissé son dos et son moral. Il faut le dire, le laurier-cerise, c’est un adversaire coriace. Il pousse à une vitesse folle, il est hyper dense et, surtout, ses racines sont un véritable enfer. Mais pas de panique, avec la bonne méthode et un peu d’huile de coude, on s’en sort très bien.

Ce que je vous propose ici, ce n’est pas juste un tuto. C’est un concentré d’années d’expérience sur le terrain. Je vais vous filer les vraies techniques, celles que j’enseigne à mes gars, les erreurs à éviter absolument et les astuces qui font toute la différence.

haie de laurier rose verte

Avant de démarrer : Connaître son ennemi (et le bon moment pour l’attaquer)

Avant même de penser à la tronçonneuse, il faut comprendre à qui on a affaire. Le laurier-cerise, ce n’est pas un petit arbuste de salon. Son truc, c’est un système de racines dit « fasciculé ». En gros, au lieu d’une grosse racine qui plonge droit vers le bas, il tisse une sorte de tapis ultra dense de milliers de petites racines juste sous la surface. C’est ça, le piège. Quand vous tirez sur la souche, vous tirez en fait sur tout ce réseau qui s’agrippe à la terre comme un désespéré.

Et puis, il y a un détail crucial pour votre sécurité. Attention ! Les feuilles et le bois du laurier-cerise, quand on les coupe ou qu’on les broie, libèrent une substance toxique : l’acide cyanhydrique. Vous connaissez cette petite odeur d’amande amère quand vous taillez ? Eh bien, c’est ça. Donc, règle d’or : ne JAMAIS brûler les déchets de laurier dans un brasero. Les fumées sont vraiment nocives. Le broyat frais, lui, ne doit pas aller direct au potager. Laissez-le composter dans un coin à part pendant au moins un an.

un grand tronc d arbre dan le jardin

Le meilleur moment pour se lancer ? Sans hésiter, l’automne. La terre est encore un peu chaude mais surtout, elle est humide grâce aux premières pluies. Ça la rend beaucoup plus facile à travailler. Et puis, la plante commence à entrer en dormance, c’est toujours un peu plus simple. Évitez l’été en pleine canicule, la terre sera dure comme du béton et vous allez souffrir mille morts.

Dois-je le faire moi-même ou appeler un pro ?

Soyons honnêtes, c’est la question qui fâche. J’ai vu trop de gens se blesser ou abandonner, découragés, au milieu du chantier. Voici de quoi vous aider à décider.

Vous pouvez y aller en solo (ou avec un ami, c’est mieux) si :

  • Votre haie est jeune (moins de 7 ans) et les troncs sont plus fins qu’une canette.
  • Vous avez moins de dix pieds à enlever.
  • Vous êtes en bonne forme physique (et votre dos est d’accord !).
  • L’accès est facile pour une brouette.
  • La haie est loin des murs, terrasses et surtout des canalisations enterrées.

Faites appel à un pro si :

tracteur orange en train d extraire la souche
  • La haie est vieille, avec des troncs larges comme votre cuisse.
  • Elle fait plus de 10 mètres de long. C’est un travail de titan.
  • Elle est proche d’une construction. Les racines ont pu causer des dégâts cachés.
  • Vous avez le moindre doute sur la présence de réseaux (eau, gaz, électricité). Un pro fera les déclarations obligatoires pour connaître leur emplacement exact. Croyez-moi, percer une canalisation de gaz, ça coûte infiniment plus cher qu’un devis…
  • Et, tout simplement, si vous n’avez ni le temps, ni l’énergie. Payer un professionnel, c’est aussi s’acheter la tranquillité d’esprit. Pour vous donner une idée, un devis de pro se situe souvent entre 50€ et 100€ le mètre linéaire, évacuation des déchets comprise.

L’équipement : On ne plaisante pas avec la sécurité

Sur mes chantiers, la sécurité, c’est la base. Un accident est si vite arrivé. Voici votre « panoplie du combattant » :

  • Gants de travail épais : Indispensables contre les échardes.
  • Lunettes de protection : Les projections de terre et de bois, c’est constant.
  • Chaussures de sécurité : Une souche qui roule, un outil qui tombe… Protégez vos pieds.
  • Casque anti-bruit : Si vous sortez la tronçonneuse ou un broyeur.
  • Pantalon anti-coupure : C’est NON NÉGOCIABLE avec une tronçonneuse. C’est un investissement (comptez entre 80€ et 150€) qui peut littéralement vous sauver une jambe.
extraire la souche d une haie

Méthode 1 : À la main, pour les guerriers

C’est la méthode pour les jeunes haies, la plus économique. Elle demande de la sueur, mais c’est hyper formateur. On apprend à connaître son sol ! Pour une haie de 10 mètres, prévoyez un week-end complet, et je suis optimiste.

Étape 1 : La coupe. Coupez toutes les branches mais laissez un tronc d’environ 1 à 1,5 mètre de haut. Il vous servira de levier. L’erreur de débutant, c’est de tout couper à ras.

Étape 2 : La tranchée. Avec une bonne bêche (et une pioche si la terre est dure), creusez un cercle à 40-50 cm autour du tronc. Le but est de couper les premières racines et de vous faire de la place.

Étape 3 : Sectionner les racines. C’est le moment le plus physique. Plongez dans la tranchée et coupez tout ce que vous trouvez avec une hachette ou, mon outil préféré, une scie sabre avec une lame pour bois de démolition. C’est moins fatigant et plus précis.

tracteur rouge en face d une pile de sable

Étape 4 : Le levier. Poussez, tirez, balancez le tronc que vous avez laissé. Ça va craquer. Si ça résiste, une grosse racine tient encore. Un petit conseil : arrosez copieusement la veille, ça aide énormément.

Méthode 2 : L’aide mécanique avec le tire-fort

Le tire-fort, c’est un treuil manuel qui démultiplie votre force. C’est le compromis parfait entre le tout-manuel et la grosse artillerie. Vous pouvez en louer un pour environ 40€ à 50€ la journée chez des loueurs comme Kiloutou ou Loxam. Avec ça, une haie de 10 mètres peut être réglée en une grosse journée de travail.

Attention, un câble sous tension est une arme. Si l’ancrage ou le câble lâche, c’est l’accident grave assuré. Choisissez un point d’ancrage hyper solide (un gros arbre sain, loin de la zone de travail) et protégez son écorce avec une sangle large. Ensuite, attachez le câble à la base de la souche et mettez en tension doucement. Personne ne doit se tenir dans l’axe ! Souvent, la tension suffit à faire céder les dernières racines récalcitrantes.

Méthode 3 : La manière forte, la mini-pelle

Pour les grosses haies ou si vous voulez un résultat rapide et impeccable, c’est la solution reine. C’est ce qu’on utilise 9 fois sur 10. L’affaire est pliée en une demi-journée. La location d’une mini-pelle de 1,5 tonne coûte environ 250€ à 350€ par jour, sans compter la livraison. Si vous n’en avez jamais conduit, prenez l’option avec chauffeur, ça vaut le coup.

Avec la mini-pelle, le processus est d’une efficacité redoutable. Le godet pousse, tire, soulève la souche en quelques secondes. Mais le vrai travail de pro, c’est l’après : on utilise le godet pour « peigner » le sol sur 30-40 cm de profondeur et extraire tout le tapis de racines. C’est cette étape qui garantit qu’il n’y aura pas de repousse. C’est une solution complète qui laisse un terrain propre et prêt à être réaménagé.

La solution chimique : Vraiment en dernier recours

Parfois, on ne peut pas sortir la souche (trop près d’un mur, etc.). On peut alors la « dévitaliser ». Personnellement, je ne suis pas fan pour des raisons écologiques, mais l’option existe. Il faut percer de gros trous dans la souche coupée à ras et y verser un produit dévitalisant acheté en jardinerie. C’est lent (plusieurs mois) et la souche pourrira sur place.

Et après ? On fait quoi de tout ce bazar ?

Le chantier n’est pas fini ! Vous allez avoir un volume de déchets impressionnant.

Gérer les déchets : Renseignez-vous auprès de votre déchetterie, certaines refusent les souches. Si c’est le cas, une option est de les laisser sécher pendant un an ou deux, puis de les couper en morceaux pour la cheminée (le bois de laurier sec n’est plus toxique à la combustion). Sinon, des entreprises spécialisées peuvent venir les chercher.

Remettre le sol en état : Le sol est retourné et fatigué. Rebouchez les trous en mélangeant la terre avec du bon compost. Laissez tasser quelques semaines. Vous verrez sans doute quelques petites repousses, c’est normal. Arrachez-les à la main. Après ça, le terrain sera enfin prêt pour la suite.

Et on plante quoi à la place ? Pitié, pas une autre plante envahissante ! Pensez à des arbustes plus sympas et utiles. Pourquoi pas une haie champêtre avec du noisetier, du cornouiller ou du sureau ? C’est magnifique, ça change au fil des saisons et c’est un paradis pour les oiseaux. Ou alors, des panneaux de bois pour une occultation immédiate, devant lesquels vous planterez quelques jolis arbustes à fleurs.

Voilà, vous savez tout. Arracher une haie de lauriers, c’est un gros projet, mais quel plaisir à la fin ! Se tenir devant cet espace reconquis, imaginer la future terrasse ou le potager… et se dire : « C’est moi qui l’ai fait, et je l’ai bien fait. » Ça, ça n’a pas de prix.

Chloé Lambert

Décoratrice Contemporaine & Chasseuse de Tendances
Ses spécialités : Design moderne, Éclairage d'ambiance, Mobilier design
Chloé a l'œil pour repérer les tendances avant qu'elles n'arrivent dans les magazines. Après plusieurs années dans le merchandising visuel pour de grandes enseignes, elle s'est lancée dans le conseil déco. Son appartement lyonnais est un véritable showroom où elle teste toutes ses idées avant de les partager. Fascinée par l'impact de la lumière sur nos émotions, elle collectionne les luminaires vintage qu'elle mélange avec des pièces ultra-modernes. Son secret ? Ne jamais suivre les règles à la lettre.