Hivernage de Piscine Hors Sol : Le Guide Complet Pour Ne Rien Casser Cet Hiver

Chaque automne, c’est la même histoire. En tant que pro des piscines, la question qui revient sans cesse est : « Comment je prépare ma piscine hors sol pour l’hiver sans tout casser ? ». Franchement, beaucoup pensent qu’il suffit de jeter une bâche dessus et de prier. J’ai vu les dégâts de cette méthode… Pompes fissurées, tuyaux éclatés, liners déchirés. Des réparations qui coûtent cher et qui sont, honnêtement, évitables avec un peu de méthode.

Mon but ici, c’est de vous passer les bons tuyaux, ceux que j’ai appris sur le terrain. Un bon hivernage, ce n’est pas sorcier. C’est juste une suite logique d’étapes pour protéger votre installation. On va voir ensemble qu’il y a deux écoles : l’hivernage actif et le passif. Le choix dépendra uniquement du climat de votre région.

Comprendre le VRAI risque : pourquoi l’hivernage n’est pas une option

Avant de se mouiller, il faut savoir contre quoi on se bat. L’ennemi numéro un de votre piscine en hiver, c’est le gel. Tout simplement.

La puissance destructrice de la glace

On l’a tous appris à l’école, mais on oublie vite. Quand l’eau gèle, son volume augmente d’environ 9%. Cette force d’expansion est silencieuse et redoutable. Pensez à une bouteille en verre que vous oubliez au congélateur… elle explose. Eh bien, c’est exactement la même chose pour vos équipements.

Le corps de votre pompe, votre filtre, les tuyaux et surtout le skimmer sont en plastique rigide. Ils ne sont absolument pas faits pour encaisser cette pression. J’ai dû remplacer des dizaines de skimmers qui avaient littéralement explosé de l’intérieur. Une simple négligence peut transformer une pompe à 300 € en un presse-papier hors de prix.

Le piège de l’eau stagnante au printemps

L’autre risque, c’est biologique. Si vous coupez tout trop tôt, quand l’eau est encore au-dessus de 12-15°C, vous créez un véritable bouillon de culture. Les algues et les bactéries adorent l’eau tiède et stagnante. Même si l’hiver les endort, elles sont là, prêtes à bondir.

Au premier redoux, c’est l’invasion. L’eau devient verte, opaque, et sent mauvais. J’ai été appelé sur des chantiers où il était impossible de récupérer l’eau. La seule solution : tout vider, nettoyer pendant des heures et remplir à nouveau. Une perte de temps, d’eau et d’argent. Un bon hivernage, c’est la garantie d’une eau claire et d’une remise en route facile au printemps.

Le Timing Parfait : Quand Faut-il s’y Mettre ?

La règle d’or est simple et non négociable. On commence l’hivernage quand la température de l’eau se stabilise durablement sous les 12°C. Je parle bien de la température de l’EAU, pas de l’air. Investissez dans un thermomètre de piscine fiable, ça vaut le coup.

Pourquoi 12°C ? C’est le seuil magique sous lequel les algues n’arrivent plus à se développer. Si vous commencez trop tôt, vous risquez d’avoir une piscine verte sous la bâche. Si vous attendez trop tard, une gelée surprise peut arriver et endommager le matériel avant même que vous ayez pu le protéger. Surveillez la météo, et quand le thermomètre affiche 12°C ou moins pendant 3-4 jours d’affilée, c’est le signal. Action !

La Préparation : la base d’un hivernage réussi

On n’hiverne jamais une piscine sale. C’est la base. Un bon nettoyage maintenant, c’est beaucoup de problèmes en moins au printemps. Prévoyez deux à trois heures pour faire ça bien.

1. La surface : Un coup d’épuisette pour enlever feuilles, insectes et tout ce qui flotte. Ne négligez rien, car tout ce qui reste va couler et potentiellement tacher le liner.
2. Les parois : Prenez une brosse spéciale liner (surtout pas une brosse trop dure !) et frottez de haut en bas pour que les saletés tombent au fond.
3. La ligne d’eau : C’est souvent là que la crasse s’incruste. Utilisez un produit nettoyant spécifique pour ligne d’eau. Un petit conseil : n’utilisez jamais le côté vert d’une éponge de cuisine, ça raye le liner à vie. Une microfibre ou une éponge magique fait des merveilles.
4. Le fond : Une fois que tout est au fond, passez l’aspirateur manuel ou votre robot. Le fond doit être impeccable.

Ne pas oublier le filtre !

Le filtre, c’est le poumon de votre piscine. Il a besoin d’un bon décrassage avant sa pause hivernale.

• Pour un filtre à sable : Faites un long contre-lavage (backwash) de 3 à 5 minutes, jusqu’à ce que l’eau du témoin soit claire, puis un rinçage (rinse) d’une minute. Ensuite, un petit détartrage avec un produit spécifique ne lui fera pas de mal.
• Pour un filtre à cartouche : Sortez la cartouche, rincez-la au jet, puis laissez-la tremper une nuit dans une solution nettoyante. Elle ressortira comme neuve. Rincez-la bien avant de la ranger au sec.

Le Traitement de l’Eau : la touche finale

Maintenant que tout est propre, on traite l’eau pour qu’elle passe un hiver tranquille.

1. Équilibrez le pH : Testez l’eau et ajustez le pH entre 7,2 et 7,4. C’est crucial pour que les autres produits soient efficaces.
2. Faites un traitement choc : C’est une super-chloration pour tuer tout ce qui reste. Utilisez du chlore choc en granulés. Bon à savoir : portez des gants et des lunettes, et dissolvez toujours les granulés dans un seau d’eau de la piscine avant de verser (jamais l’inverse, pour éviter les projections !).
3. Filtrez non-stop : Laissez la filtration tourner pendant 24 heures pour que le chlore se répartisse partout.

Voilà, votre piscine est prête pour la grande décision.

Hivernage Actif ou Passif : Lequel Choisir ?

C’est LA question. Et la réponse ne dépend pas de vous, mais de l’endroit où vous vivez. Soyons clairs :

• L’hivernage actif, où la pompe tourne au ralenti, est uniquement pour les régions à hiver très doux, comme le pourtour méditerranéen, où les fortes gelées sont rares. C’est moins de travail à l’automne, mais ça demande une surveillance constante.
• L’hivernage passif, où l’on arrête tout, est la méthode la plus sûre pour partout ailleurs. Nord, Est, Centre, en montagne… si les températures peuvent descendre sous 0°C pendant plusieurs jours, c’est passif. Point final.

En cas de doute, optez TOUJOURS pour l’hivernage passif. C’est un peu plus de boulot en automne, mais c’est une assurance tranquillité. Le risque financier en cas de casse n’en vaut pas la peine.

Avant de commencer : La liste de courses pour un hivernage passif réussi

Pour un hivernage passif, il vous faudra un peu de matériel. C’est un petit investissement qui vous sauvera la mise. Vous trouverez tout ça dans les magasins de bricolage type Leroy Merlin ou Castorama, chez les piscinistes spécialisés, ou bien sûr en ligne.

• Produit d’hivernage : Un bidon de 5L coûte entre 20€ et 30€.
• Gizzmos : Un par skimmer. C’est une bouteille spéciale qui absorbe la pression de la glace. Comptez environ 10-15€ pièce. Indispensable.
• Bouchons d’hivernage : Un par buse de refoulement et pour la prise balai. Environ 3-5€ pièce.
• Flotteurs d’hivernage : Ils se placent en diagonale pour protéger la structure. Comptez environ 8-12€ par flotteur. Il en faut une dizaine pour une piscine de 8x4m.
• Une bâche d’hiver opaque : C’est l’investissement le plus important, entre 100€ et 400€ selon la taille et la qualité. Ne lésinez pas sur l’opacité !

Méthode 1 : L’Hivernage Actif (pour les chanceux des climats doux)

L’idée est de faire circuler l’eau pour éviter qu’elle ne gèle dans les tuyaux. Simple, mais demande de la vigilance.

Après votre traitement choc, versez le produit d’hivernage. Ensuite, programmez votre filtration : la règle est de diviser la température de l’eau par 3 pour avoir le nombre d’heures de filtration par jour (ex: eau à 9°C = 3h de filtration).

Le top du top, c’est d’installer un coffret hors-gel (ça coûte entre 50€ et 100€). C’est un boîtier qui démarre la pompe automatiquement dès que la température de l’air frôle 0°C. Sans ça, c’est à vous de vous lever la nuit pour lancer la pompe… bon courage !

Méthode 2 : L’Hivernage Passif (la tranquillité d’esprit)

C’est la méthode la plus sûre et la plus courante. Prévoyez un bon après-midi pour tout faire tranquillement, mais après, vous êtes libre jusqu’au printemps. C’est la garantie d’une protection totale.

1. Abaissez le niveau de l’eau : Videz l’eau jusqu’à environ 10 cm SOUS les buses de refoulement. Cela met hors d’eau les skimmers et les tuyaux. Attention, astuce cruciale : on abaisse le niveau, on ne vide SURTOUT PAS la piscine entièrement ! Une piscine hors-sol vide peut s’affaisser ou être endommagée par la pression du sol.
2. Vidangez et purgez TOUT : C’est l’étape la plus importante. Coupez l’électricité au disjoncteur avant de toucher à quoi que ce soit ! Dévissez les raccords de la pompe, ouvrez son bouchon de purge. Faites pareil pour le filtre. Déconnectez tous les tuyaux et videz-les. Idéalement, démontez la pompe et stockez-la au sec et à l’abri du gel (garage, cave…).
3. Protégez les pièces dans le bassin : Placez un Gizzmo dans le skimmer. Vissez les bouchons d’hivernage sur les buses de refoulement et la prise balai. C’est simple, rapide, et ça sauve vos pièces en plastique.
4. Installez les flotteurs d’hivernage : Disposez-les en diagonale sur la surface. Ils vont absorber la pression de la glace sur les parois. Ne faites pas l’impasse là-dessus !
5. Dernier traitement : Versez le produit d’hivernage directement dans l’eau.
6. Installez la couverture d’hiver : Mettez en place votre bâche d’hiver. Elle doit être OPAQUE pour bloquer la lumière et empêcher les algues de se développer. Tendez-la bien, c’est le bouclier final de votre piscine.

Pour résumer, les 3 gestes qui sauvent pour l’hivernage passif : 1. Videz l’eau de TOUS les équipements. 2. Bouchez les buses et mettez un Gizzmo. 3. Utilisez une bâche 100% OPAQUE.

Les Erreurs à Ne Surtout Pas Faire

Je vois les mêmes erreurs tous les ans, alors autant vous prévenir.

• Utiliser des bouteilles d’eau comme flotteurs : C’est la fausse bonne idée par excellence. Elles ne sont pas lestées, se remplissent d’eau, gèlent et n’absorbent aucune pression. Je me souviens d’un client qui a fait ça… Au printemps, le liner de sa piscine était tout déformé sur un côté. Une galère qui aurait été évitée avec 80€ de vrais flotteurs.
• Laisser la pompe dehors : Même vidangée, l’humidité résiduelle peut suffire à gripper les roulements avec le gel. Mettez-la à l’abri, c’est plus sûr.
• Poser une bâche non opaque : Une simple bâche bleue translucide laisse passer la lumière. C’est la garantie de retrouver une soupe verte au printemps, même avec un bon produit d’hivernage.

D’ailleurs, pour les piscines tubulaires ou autoportantes, le plus simple et le plus sûr reste le démontage complet. Videz, nettoyez, séchez bien le liner pour éviter les moisissures et rangez tout au sec.

Oui, l’hivernage demande quelques heures de votre temps. Mais voyez ça comme un investissement. Le travail que vous faites maintenant vous fera économiser de l’argent, du temps et beaucoup de stress au printemps. C’est la promesse de retrouver une piscine en parfait état, prête pour les premiers plongeons.