Carrelage Marocain : Le Guide Complet Pour Ne Pas Se Planter (Et Sans Se Ruiner)

Salut à tous ! Si vous êtes ici, c’est que le charme du carrelage marocain vous a tapé dans l’œil. Et franchement, je vous comprends. Ça fait des années que je pose du carrelage, et j’ai un faible pour ces matériaux qui ont une âme. Le zellige qui vibre sous la lumière, les motifs des carreaux de ciment… c’est autre chose que du carrelage industriel, on est d’accord.

Mais voilà, c’est aussi là que les ennuis peuvent commencer. Sur le papier, ça a l’air simple, mais dans la réalité, j’ai vu beaucoup trop de projets tourner au vinaigre à cause d’erreurs bêtes. Des poses mal préparées, des mauvais produits, et surtout, de grosses déceptions à l’arrivée.

Mon but ici, c’est de vous donner les clés. Pas de blabla commercial, juste les conseils d’un pro, les astuces du terrain et les avertissements honnêtes pour que votre projet soit une réussite. On va parler zellige, carreaux de ciment et terre cuite. Comment les choisir, combien ça coûte vraiment, comment les poser et, surtout, comment les entretenir pour qu’ils restent beaux toute une vie.

Zellige, Ciment, Terre Cuite : Lequel est Fait Pour Vous ?

Avant de foncer, petit tableau rapide pour y voir plus clair. C’est le genre de truc que j’aurais aimé avoir à mes débuts !

• Zellige :
  Prix : Élevé (100€ – 250€/m²).
  Pose (pour un amateur) : Difficile. La pose sans joint demande de la précision.
  Entretien : Très facile (surface émaillée).
  Idéal pour : Crédence de cuisine, murs de douche, pièces déco.
  Attention : Peut être glissant au sol.
• Carreau de Ciment :
  Prix : Moyen à élevé (70€ – 150€/m²).
  Pose (pour un amateur) : Moyenne. Le poids des carreaux et la gestion des joints demandent de la méthode.
  Entretien : Exigeant. Traitement obligatoire et nettoyage avec des produits doux.
  Idéal pour : Sol d’entrée, cuisine (avec un bon traitement), sol de salle de bain (hors douche).
  Attention : Très poreux et sensible aux acides (citron, vinaigre…).
• Terre Cuite (Bejmat, etc.) :
  Prix : Abordable (40€ – 80€/m²).
  Pose (pour un amateur) : Moyenne. Il faut penser à tremper les carreaux.
  Entretien : Exigeant. Même combat que le carreau de ciment, traitement indispensable.
  Idéal pour : Sols intérieurs pour un look rustique et chaleureux.
  Attention : Souvent non résistant au gel, donc à proscrire en extérieur dans la plupart des régions.

Partie 1 : Reconnaître la Qualité (et éviter les arnaques)

Le terme « carrelage marocain » est un peu un fourre-tout. Pour ne pas se tromper, il faut comprendre ce qu’on achète.

Le Zellige : L’art de l’imperfection

Le vrai zellige, c’est de l’argile spécifique, extraite traditionnellement dans une certaine région du Maroc, qui est façonnée à la main, séchée au soleil, puis cuite une première fois. Ensuite, on applique un émail à base de pigments métalliques (ce qui donne ces couleurs incroyables) et on repasse le tout dans un four à bois. La chaleur n’étant jamais parfaitement homogène, chaque carreau sort avec une nuance unique. C’est ça, la magie du zellige !

L’œil du pro : Un vrai zellige n’est jamais parfait. Sa surface est légèrement ondulée, ses bords sont biseautés au dos pour permettre une pose bord à bord. C’est ce qui fait que le mur accroche la lumière de manière si vivante. Si on vous propose un zellige parfaitement plat avec des bords hyper réguliers, c’est probablement une imitation industrielle. Le rendu ne sera jamais le même, franchement.

Conseil budget : Méfiez-vous des zelliges à prix cassé (en dessous de 80€/m²). C’est souvent le signe que la qualité de l’émail est médiocre. J’ai déjà vu des crédences où l’émail s’est rayé ou a terni en moins de deux ans. Ça ne vaut pas l’économie.

Les Carreaux de Ciment : La beauté pressée

Ici, pas de cuisson ! C’est une technique fascinante où l’on coule une pâte colorée (ciment, poudre de marbre, pigments) dans un moule en métal, le « diviseur ». Cette couche de couleur, qui fait 3 à 5 mm, c’est la couche d’usure. C’est elle qui garantit que le motif ne s’effacera pas avec le temps. Le tout est ensuite pressé hydrauliquement puis mis à sécher (on appelle ça la « cure ») pendant plusieurs semaines.

L’œil du pro : Un bon carreau de ciment est lourd, dense, et fait entre 16 et 20 mm d’épaisseur. Le vrai test, c’est quand on doit en couper un. On voit tout de suite si la couche de couleur est généreuse ou si c’est juste une fine pellicule qui disparaîtra au premier ponçage.

Attention ! Je ne le répéterai jamais assez : le carreau de ciment est une éponge. Il est poreux par nature. Sans le bon traitement, la moindre goutte de vin, de café ou de jus de citron, et c’est une tache à vie. On en reparle plus bas.

La Terre Cuite : La chaleur brute

C’est le plus simple et le plus ancien des trois. De l’argile moulée, séchée et cuite une seule fois. Pas d’émail. Sa couleur, du rose au rouge brique, vient de la composition de l’argile. Sa grande qualité, c’est sa porosité, qui lui permet de « respirer » et de réguler un peu l’humidité. Mais c’est aussi son plus grand défaut si on ne la protège pas.

L’œil du pro : Pour juger une terre cuite, tapez doucement dessus. Le son doit être clair. Un son sourd, c’est mauvais signe, ça peut indiquer une fissure ou une mauvaise cuisson. Les dimensions varient toujours un peu, c’est normal et un bon poseur saura gérer ça.

L’erreur de débutant à ne PAS faire : Ne jamais poser une terre cuite sans l’avoir fait tremper dans l’eau avant ! Un jour, un jeune sur un de mes chantiers a fait ça… Les carreaux secs ont bu toute l’eau de la colle en quelques secondes. Résultat : la colle n’a pas pris, et une semaine plus tard, la moitié des carreaux sonnaient creux.

Partie 2 : Où Poser Quoi ? Le Bon Carreau au Bon Endroit

L’esthétique c’est bien, la praticité c’est mieux. Chaque pièce a ses contraintes.

Dans une Salle de Bain

Ici, on ne rigole pas avec l’eau et la glissance.

Murs de la douche : Le zellige est parfait. Il ne craint pas l’eau et le rendu est spectaculaire. Un coup d’éponge et c’est propre.

Au sol : PRUDENCE. Un zellige émaillé au sol, c’est une patinoire potentielle. Si vous y tenez, optez pour des petits formats (5×5 cm par exemple), car les nombreux joints font office d’antidérapant. Les carreaux de ciment sont possibles mais le traitement hydrofuge doit être absolument impeccable et refait régulièrement. La terre cuite non émaillée a une bonne adhérence, mais demande aussi un traitement parfait.

Dans une Cuisine

Le champ de bataille des taches de graisse et de sauce tomate !

Crédence : Le zellige est le roi incontesté. Beau, facile à nettoyer, résistant à la chaleur près des plaques. C’est le choix de la tranquillité.

Au sol : Le carreau de ciment est très tendance. Mais il faut savoir qu’il déteste les acides. Une goutte de citron ou de vinaigre peut attaquer le ciment et laisser une marque mate. Il faut donc être vigilant et avoir un traitement au top. Une alternative intéressante, c’est le grès cérame imitation carreau de ciment. On trouve des modèles bluffants pour 30€ à 60€ le m², avec l’esthétique sans les contraintes d’entretien. Pour une famille avec des enfants, c’est un compromis intelligent.

En Extérieur : Le Piège Mortel du Gel

C’est là que je vois les pires catastrophes. La plupart des zelliges, carreaux de ciment et terres cuites traditionnels ne sont PAS ingélifs (résistants au gel). L’eau s’infiltre dans le carreau poreux, gèle, augmente de volume et fait tout éclater. L’émail saute, le carreau se fissure… J’ai dû remplacer une terrasse entière à cause de ça, le client était dévasté.

Mon conseil : Pour une terrasse ou une allée, exigez un produit certifié ingélif par le fabricant. Point final. Ne croyez jamais un vendeur qui vous assure qu’un simple produit hydrofuge suffira. C’est faux.

Partie 3 : La Liste de Courses et la Pose

Ok, on passe à l’action. Avant de se lancer, il faut les bons outils et comprendre les bases. La qualité de votre travail dépend à 90% de ce qu’il y a sous les carreaux.

La Boîte à Outils du Carreleur en Herbe

• Les indispensables : Un malaxeur pour la colle (un embout sur une perceuse, ça fait le job), un peigne à colle (denture de 8mm pour un mur, 10mm pour un sol), une truelle, un niveau à bulle, une carrelette ou une meuleuse avec un disque diamant, un maillet en caoutchouc BLANC, des croisillons (pour carreaux de ciment et terre cuite), un seau, une éponge.
• Le conseil qui sauve la vie : Des genouillères ! Croyez-moi, après deux heures à genoux sur le sol, vous comprendrez pourquoi.
• Les produits :
  • Colle : Prenez une colle flex de qualité, type C2S1. La couleur blanche est un passe-partout, surtout pour le zellige. Les marques comme Weber ou Mapei sont des valeurs sûres.
  • Joint : Un mortier à joint fin. Pour les carreaux de ciment, TOUJOURS un joint clair (blanc, gris perle) pour éviter les taches.
  • Traitement : Pour les carreaux poreux, il vous faudra un bouche-pores et un hydrofuge/oléofuge. Des marques comme Fila ou Lithofin sont spécialisées et très efficaces.

  ASTUCE EN OR : Prévoyez TOUJOURS 10 à 15% de carreaux en plus ! Pour les coupes, pour la casse éventuelle, et pour en garder quelques-uns en cas de réparation future. C’est non négociable.

  
  

  Les Étapes Clés de la Pose

  1. La préparation du support : Le sol (ou le mur) doit être propre, sec, et surtout, parfaitement PLAT. Passez une grande règle dessus, si vous avez plus de 3-5 mm de creux, un ragréage (pour le sol) est obligatoire. Zapper cette étape, c’est la garantie d’avoir des carreaux qui bougent ou qui fissurent.

  2. Les techniques spécifiques :

  • Zellige : On le pose bord à bord, sans croisillons. La technique pro, c’est le double encollage : de la colle sur le mur avec le peigne, et une fine couche de colle au dos du carreau. C’est OBLIGATOIRE pour une bonne adhérence.
  • Carreaux de Ciment : Ne les trempez JAMAIS. On les pose en tapotant doucement avec la main ou le maillet en caoutchouc. Laissez un joint de 2-3 mm.
  • Terre Cuite : On la trempe dans l’eau avant la pose. Les joints sont plus larges (5-10 mm) pour un style rustique.

  
  

  3. Le jointoiement : C’est la finition qui tue… ou qui sauve. Pour les carreaux de ciment, c’est une étape CRITIQUE. Utilisez un joint clair et nettoyez l’excédent IMMÉDIATEMENT avec une éponge humide. Si vous laissez le mortier sécher sur le carreau, même 10 minutes, vous risquez de le tacher à vie.

  Partie 4 : Le Traitement et l’Entretien au Quotidien

  La pose est finie ? Bravo, mais le travail n’est pas terminé ! Pour les carreaux de ciment et la terre cuite, le traitement est une assurance vie.

  Le traitement initial (l’armure) : Une fois les joints bien secs (attendez une bonne semaine), lavez le sol avec un nettoyant neutre. Ensuite, vient le traitement. Voilà comment je procède :

  1. Le bouche-pores : C’est la première couche, celle qui va saturer le carreau en profondeur. J’en verse un peu sur un chiffon propre en microfibre (jamais directement au sol !) et j’applique en mouvements circulaires. Le carreau doit « boire » le produit.
  2. La finition hydrofuge/oléofuge : Une fois le bouche-pores sec, on applique la couche de protection de surface. Même technique. Quand le carreau n’absorbe plus et que le produit reste en surface, c’est qu’il est saturé. On essuie bien le surplus pour éviter les traces brillantes et on laisse sécher.

  L’entretien de tous les jours :
  – Zellige : De l’eau et du savon noir. C’est tout. – Carreaux de ciment et terre cuite traités : La règle d’or, c’est un savon au pH neutre. Le savon noir est parfait car il nettoie et nourrit. Bannissez l’eau de Javel, le vinaigre, et tous les produits agressifs qui attaqueraient la protection.

  
  

  Bon à savoir : Tous les 3 à 5 ans, il faudra sûrement réappliquer une couche de protection. Le test est simple : déposez une goutte d’eau sur un carreau. Si elle perle, tout va bien. Si elle est absorbée, il est temps de ressortir votre produit de traitement.

  Partie 5 : Bricoleur du Dimanche ou Pro ?

  J’adore voir les gens se lancer, mais il faut être lucide. Parfois, faire appel à un pro n’est pas un aveu de faiblesse, mais une décision intelligente.

  Appelez un pro si : – Votre sol n’est pas droit et vous n’avez jamais fait de ragréage. – Le chantier concerne une douche (l’étanchéité est trop importante pour risquer un dégât des eaux). – Vous avez des motifs complexes à poser. – Vous n’avez tout simplement pas le temps ou la confiance.

  Alors, ça coûte combien ? Pour ce type de carrelage technique, un artisan qualifié vous facturera la pose entre 60€ et plus de 100€ le mètre carré, hors fournitures. Oui, c’est un budget. Mais ce que vous payez, c’est son expérience, ses outils, et la garantie d’un travail bien fait. C’est le prix de la tranquillité.

  
  

  Voilà, vous avez toutes les cartes en main. Ce type de carrelage, c’est un choix du cœur. En le comprenant, en le posant avec soin et en l’entretenant avec douceur, vous n’aurez pas juste un nouveau sol, mais un véritable morceau d’artisanat qui vivra et se patinera avec vous.

  Galerie d’inspiration

  
  

  
  

  Pourquoi ne faut-il jamais commencer la pose de zelliges tête baissée ?

  Parce que chaque carreau est unique ! Avant de coller quoi que ce soit, faites une

  
  

  Le véritable carreau de ciment n’est pas cuit, mais fabriqué à l’aide d’une presse hydraulique. C’est ce qui lui donne sa texture mate et veloutée si caractéristique.

  Cette technique de fabrication explique sa porosité. Contrairement à un grès cérame, il

  
  

  Au-delà du visuel, le carrelage marocain est une expérience. La fraîcheur d’un sol en bejmat sous les pieds nus en été, la surface imparfaite d’un mur en zellige qui capte la lumière différemment à chaque heure du jour… C’est un revêtement qui vit et dialogue avec son environnement, apportant une âme que les matériaux industriels peinent à imiter.

  
  

  
  

  • Pour préserver les couleurs vives des carreaux de ciment, le savon noir est votre meilleur allié.
  • Pour protéger la terre cuite des taches, une saturation à l’huile de lin suivie d’une application de cire est une méthode traditionnelle efficace.

  Le point commun ? Jamais de produits acides ou de javel, qui

  
  

  Le bon geste pour vos carreaux de ciment : oubliez les nettoyants agressifs. Pour préserver leurs couleurs, le savon noir ou un produit au pH neutre est idéal. Pour la protection initiale, les traitements hydrofuges de marques spécialisées comme Lithofin ou Fila Solutions sont des références pour imperméabiliser la surface en profondeur sans la dénaturer.

  Option A – Le total look : Recouvrir un mur entier ou un sol de motifs marocains pour un impact visuel maximal. Un choix audacieux et luxueux.

  Option B – L’accent subtil : Intégrer une frise de zelliges ou quelques carreaux de ciment à motifs au milieu d’un carrelage plus sobre.

  L’option B est parfaite pour une crédence de cuisine ou une niche de douche, offrant le charme de l’artisanal avec un budget maîtrisé.