Conserver vos tomates sans stérilisateur : mes 2 techniques infaillibles (et sûres !)

Auteur Lilou Garnier

Chaque fin d’été, c’est le même rituel. L’atelier embaume la tomate mûre, celle qui a profité du soleil d’août jusqu’à la dernière minute. Les cagettes s’entassent et, franchement, c’est à la fois une joie et une angoisse. Comment diable vais-je pouvoir conserver tout ce trésor pour les longs mois d’hiver ?

Après des années à bidouiller en cuisine, j’ai testé pas mal de choses. Les gros stérilisateurs, les conserves qui prennent des heures… Au final, je reviens toujours à des méthodes plus directes, presque ancestrales. Des techniques qui ne demandent pas un équipement de pro, mais qui exigent une chose : de la rigueur. On ne parle pas d’astuces de grand-mère, mais de vrais savoir-faire.

Aujourd’hui, je vous partage mes deux méthodes fétiches. La lacto-fermentation, pour des tomates vivantes et pétillantes. Et la conservation à l’huile, pour un concentré de saveur intense. On va voir ensemble le processus, les erreurs à ne pas commettre, et surtout, les règles de sécurité que je ne transgresse JAMAIS. Car conserver sans stérilisateur, ça ne veut pas dire faire n’importe quoi.

conserve de tomates en bocaux sans stérilisation un bocal avec des tomates

Les bases avant de se lancer : comprendre pour réussir

Avant même de laver le premier bocal, il faut comprendre le jeu. D’un côté, nos adversaires : les moisissures et les mauvaises bactéries qui adorent faire pourrir nos belles tomates. De l’autre, nos alliés : l’acidité et le sel. En maîtrisant ces deux-là, on crée un environnement où les bons microbes bossent pour nous, et où les mauvais ne peuvent tout simplement pas s’installer.

L’acidité (le pH), votre garde du corps

Imaginez une échelle de 0 à 14. C’est le pH. Sous 7, c’est acide. La plupart des bactéries dangereuses, y compris celle qui cause le botulisme, détestent l’acidité. Elles sont K.O. si le pH est inférieur à 4,6. C’est notre chiffre magique, le chiffre de la sécurité.

Les tomates sont déjà naturellement acides (souvent entre 4,2 et 4,9), ce qui est un bon début. Mais parfois, on frôle la limite. C’est pour ça qu’on ajoute un peu de vinaigre ou de citron dans certaines recettes, histoire d’être tranquille. Avec la fermentation, c’est encore mieux : les bonnes bactéries fabriquent leur propre acide (l’acide lactique), qui fait chuter le pH et sécurise naturellement la conserve.

puree de tomates conservation pour l hiver bocaux sauce rouge

Le sel, le grand manitou

Le sel n’est pas là que pour le goût. C’est un véritable sélectionneur. Grâce à un processus appelé osmose, il pompe l’eau hors des légumes et des microbes, ce qui ralentit ou tue les indésirables. Surtout, il prépare le terrain pour nos stars du jour : les lactobacilles, les championnes de la fermentation.

Bon à savoir : le choix du sel est crucial. Prenez toujours du sel de mer gris non raffiné, sans iode ni anti-agglomérants. Vous en trouverez facilement en magasin bio ou au rayon sel de votre supermarché pour environ 3 à 5€ le sachet. L’iode peut tuer nos bonnes bactéries, et les autres additifs peuvent rendre la saumure toute trouble. La pureté, c’est déjà une garantie.

Technique N°1 : La Lacto-Fermentation, la conserve pleine de vie

C’est ma méthode chouchou pour les tomates cerises ou les tomates coupées en quartiers. Elle ne cuit rien, elle transforme. Le résultat ? Une tomate légèrement acidulée, un peu pétillante, avec un goût incroyable et super digeste. C’est un processus vivant, qu’il faut observer avec un peu d’attention.

conservation mini tomates rouges sans strelisation

La liste des courses et le matériel :

  • Des tomates : Choisissez des variétés fermes, bien saines. Les tomates cerises sont top car elles restent entières. Pour vous donner une idée, pour un bocal de 1L, il vous faudra environ 700g de tomates.
  • Des bocaux en verre : Ceux à joint en caoutchouc (type Le Parfait) sont parfaits, car ils laissent le gaz s’échapper tout seuls. Un bocal à vis classique marche aussi, mais il faudra le surveiller. Comptez 5 à 7€ pièce pour un bon bocal, c’est un investissement vite rentabilisé. Propreté impeccable exigée !
  • De l’eau : JAMAIS d’eau du robinet directe, à cause du chlore. Prenez de l’eau de source en bouteille ou faites bouillir l’eau du robinet 10 minutes et laissez-la refroidir complètement.
  • Un poids pour maintenir le tout sous l’eau : C’est la règle d’or, rien ne doit flotter. Des poids en verre existent, sinon un petit ramequin en céramique ou une soucoupe font l’affaire.
recettes des tomates en saumure bocaux avec differents legumes

La recette précise : la saumure à 3%

Pas de place pour l’à-peu-près ici. On vise la sécurité.

  1. Préparez la saumure : Pesez 30 grammes de sel pour 1 litre d’eau non chlorée. Mélangez jusqu’à dissolution complète. C’est le ratio parfait. D’ailleurs, avec 1 litre de saumure, vous pouvez généralement faire 2 grands bocaux (comptez 400-500 ml de liquide par bocal de 1L déjà rempli de légumes).
  2. Remplissez le bocal : Tassez bien vos tomates (et quelques gousses d’ail ou du basilic si le cœur vous en dit) en laissant 4-5 cm de libre en haut.
  3. Versez la saumure froide : Les tomates doivent être COMPLÈTEMENT immergées.
  4. Placez le poids : Assurez-vous que tout est bien sous l’eau. J’insiste, c’est essentiel.
  5. Fermez : Fermez le bocal à joint. Si c’est un bocal à vis, serrez sans forcer comme un fou.

La fermentation : le spectacle commence !

Posez vos bocaux sur une assiette (ça peut déborder un peu) à température ambiante, loin du soleil. Idéalement entre 18°C et 22°C.

bocal avec des tomates
  • Les 3 premiers jours : De petites bulles apparaissent, la saumure devient trouble. C’est bon signe ! Si vous utilisez un bocal à vis, dévissez-le un court instant chaque jour pour laisser le gaz s’échapper.
  • Jusqu’au 7ème jour : L’activité est à son maximum, ça bulle bien.
  • Après 7 jours : Ça se calme. Vous pouvez goûter. Si c’est à votre goût, placez le bocal au frais (cave ou frigo) pour stopper la fermentation active. Les saveurs continueront de s’affiner.

Apprendre à reconnaître les signes

Faites confiance à votre nez et à vos yeux. Si vous voyez un léger voile blanc et plat en surface, c’est une levure (Kahm) sans danger. Enlevez-la simplement. Mais si vous voyez des taches poilues (vertes, noires, roses), c’est de la moisissure. Là, pas de discussion : on jette tout. La sécurité passe avant tout. L’odeur doit être fraîche et acidulée. Si ça sent le moisi ou le pourri, direction la poubelle sans hésiter.

plein de bocaux en verre de legumes et fruits sans sterlisation

Et on les mange comment ? Ah, la meilleure partie ! Ces tomates sont incroyables dans une salade, coupées en deux sur une tartine de chèvre frais, ou juste comme ça à l’apéro. C’est une petite bombe de saveur umami.

Technique N°2 : Tomates Séchées à l’Huile, le concentré de soleil

Ici, on change de stratégie. On ne cultive rien, on élimine. Le but est de retirer l’eau et d’ajouter de l’acidité pour bloquer tout développement bactérien. C’est délicieux, mais attention : cette méthode comporte un risque de botulisme si elle est mal faite. L’huile protège de l’air, ce qui est super contre les moisissures, mais c’est justement dans un milieu sans air qu’une bactérie spécifique (Clostridium botulinum) peut se développer si le milieu est humide et peu acide. Pas de panique, la méthode est sûre si on suit les étapes.

Étape 1 : Le séchage

Il faut retirer un maximum d’eau. Les tomates de type Roma sont parfaites pour ça. Une petite info pour se projeter : attendez-vous à une sacrée réduction ! Il faut compter environ 2 à 3 kilos de tomates fraîches pour remplir un petit bocal de 500 ml une fois séchées.

des bocaux en verre avec des tomates entieres sans sterelisation
  • Au four (la plus simple) : Coupez les tomates en deux, disposez-les sur une plaque, côté coupé vers le haut. Un peu de sel. Four à la plus basse température (80-90°C), porte entrouverte avec une cuillère en bois. C’est long : entre 6 et 12 heures. Elles sont prêtes quand elles sont souples comme du cuir, sans jus quand on presse.
  • Astuce gain de temps : Si vos tomates sont très juteuses, pressez-les doucement après les avoir coupées pour enlever l’excès de jus et réduire le temps de séchage de quelques heures.
  • Au déshydrateur : C’est l’idéal. Suivez juste les instructions de l’appareil.

Étape 2 : L’acidification (OBLIGATOIRE !)

C’est l’étape que beaucoup oublient, et pourtant c’est votre assurance-vie. Faites chauffer doucement du vinaigre de vin blanc. Plongez-y vos tomates séchées pendant 1 à 2 minutes (sans faire bouillir). Égouttez-les bien et séchez-les avec un linge propre. Ce bain rapide de vinaigre acidifie la surface et neutralise les risques.

mettre de l'eau dans un bocal tomates sans sterelisation

Étape 3 : La mise en bocal

  1. Préparez les bocaux : Propres et parfaitement secs.
  2. Remplissez : Tassez les tomates avec des herbes SÈCHES (romarin, thym…). JAMAIS d’ail frais ou d’herbes fraîches dans une conserve à l’huile gardée à température ambiante, c’est trop risqué. Si vous voulez un goût d’ail, utilisez de l’ail en poudre.
  3. Couvrez d’huile : Versez une bonne huile d’olive jusqu’à 1 cm au-dessus des tomates. Une huile d’olive vierge extra est délicieuse, mais une bonne huile d’olive classique (non extra vierge) fait très bien l’affaire et est plus économique. Tapotez pour chasser les bulles d’air.
  4. Stockage : Pour une sécurité absolue, je vous conseille de conserver ces bocaux au réfrigérateur. Le froid est une barrière de plus. L’huile va sûrement figer, c’est normal, elle redeviendra liquide à température ambiante.

Lacto-fermentation ou Huile : comment choisir ?

Alors, quelle méthode est faite pour vous ? C’est avant tout une question de goût et du temps que vous avez. Pour résumer, la lacto-fermentation est très rapide à préparer (moins de 30 minutes), mais demande une semaine de patience. Elle donne un goût vif, acidulé, et le risque est très faible si on est propre. Les tomates à l’huile, c’est un autre délire : la préparation est longue (à cause du séchage qui dure des heures !), mais le résultat est un goût doux, confit et très concentré. Par contre, la rigueur sur l’acidification est non-négociable. C’est un peu le sprint contre le marathon de la conserve !

comment conserver des tomates entières en bocaux un bocal un verre de type le parfait

Un dernier mot sur le coulis et la fausse bonne idée…

On voit souvent passer la technique du coulis versé bouillant dans un bocal, qu’on retourne immédiatement. C’est la « stérilisation par inversion ». Honnêtement ? Je ne le fais plus et je ne le conseille plus pour une longue conservation. Ce n’est tout simplement pas fiable à 100%. J’ai trop vu d’amis jeter des bocaux à cause d’une moisissure qui s’est développée sous le couvercle des mois plus tard. Pour un coulis qui se garde plus d’un an en toute sécurité, il n’y a pas de secret : il faut un traitement thermique dans un bain d’eau bouillante pendant au moins 45 minutes.

Le mot de la fin : à vous de jouer !

Conserver ses récoltes, c’est un savoir-faire incroyablement gratifiant. Ces méthodes sans matériel complexe nous reconnectent à l’essentiel. Elles demandent juste de l’attention et le respect de quelques règles d’or.

lacto fermentation tomates un bocal en verre ouvert avec des tomates

N’ayez pas peur d’expérimenter avec les saveurs, mais ne jouez jamais avec la sécurité. Le sel, l’acidité, le séchage… ce sont vos outils. Maîtrisez-les.

Pas prêt à remplir toute une étagère ? Lancez-vous un petit défi : cette semaine, préparez juste un unique petit pot de tomates cerises fermentées. C’est rapide, et c’est le meilleur moyen de voir si le goût vous plaît. C’est comme ça qu’on apprend, et qu’on transforme une simple cagette de tomates en véritables trésors d’hiver.

Galerie d’inspiration

deux bocaux en verre avec des tomates la tete en bas
tomates sechees a l huile sans sterelisation

Le bocal, premier garant de la réussite : Ne sous-estimez jamais le pouvoir d’un bon contenant. Pour ces techniques sans stérilisation, le choix est crucial. Optez pour des bocaux à fermeture mécanique avec une rondelle en caoutchouc neuve, comme les emblématiques Le Parfait ou Kilner. Le

tomates sechees preparation au four

En France, on estime que chaque foyer jette en moyenne 29 kg de nourriture par an, dont une part non négligeable de fruits et légumes abîmés ou en surplus durant l’été.

Conserver ses tomates, c’est donc bien plus qu’une simple recette ; c’est un geste concret pour valoriser chaque fruit du potager et lutter contre le gaspillage, tout en s’assurant des saveurs estivales en plein hiver.

comment faire des tomates sechees

Quid des tomates vertes ou pas tout à fait mûres ?

Bonne nouvelle, elles sont parfaites pour la lacto-fermentation ! Plus fermes, elles conservent une texture croquante très agréable. Leur acidité naturelle est aussi un atout pour la sécurité de la conserve. N’hésitez pas à les mélanger avec des tomates cerises pour un bocal aussi beau que bon, plein de couleurs et de textures variées.

lacto fermentation tomates bocaux avec des tomates cerises rouges et jaunes
  • Utiliser un sel de table iodé ou traité, qui peut inhiber les bonnes bactéries de la fermentation.
  • Tenter de conserver des tomates déjà abîmées, présentant des traces de moisissure.
  • Remplir les bocaux à ras bord, sans laisser l’espace de tête nécessaire à la fermentation ou à la dilatation de l’huile.
  • Utiliser de l’eau du robinet chlorée pour la saumure, qui peut tuer les micro-organismes utiles.
comment faire des conserves sans sterlisation bocaux en verre avec de la sauce tomate

Pour aromatiser vos huiles et saumures, pensez local et de saison. Quelques gousses d’ail rose de Lautrec, une branche de romarin frais du jardin, des grains de poivre de Timut pour une note d’agrume ou quelques graines de fenouil sauvage… Chaque bocal devient une création unique, une véritable capsule de saveurs qui se diffuseront lentement au fil des mois.

conserve de tomates sans sterlisation une image d'une tomate avec du sel et de leau

Huile d’olive vierge extra : Son goût fruité et prononcé se marie divinement avec la tomate, mais elle peut se figer au froid. Idéale pour des conserves à consommer dans les 6 mois.

Huile de tournesol bio : Plus neutre en goût, elle laisse toute la place à la saveur de la tomate et de ses aromates. Elle reste liquide au réfrigérateur, ce qui la rend très pratique.

Notre conseil : un mélange 70% tournesol / 30% olive pour le meilleur des deux mondes.

conserves de tomates vertes sans sterelisation dans un bocal en verre

Le saviez-vous ? La fermentation lactique augmente la biodisponibilité de certaines vitamines, notamment la vitamine K et plusieurs vitamines du groupe B.

Au-delà de la conservation, vous enrichissez donc nutritionnellement vos tomates. Les probiotiques naturels générés soutiennent également la santé de votre microbiote intestinal. C’est une conservation

conservation tomates naturelle bocaux en verre avec sauce rouge ketchup

Une fois que vos tomates lacto-fermentées sont prêtes, leur potentiel est infini. La saumure, acidulée et pleine d’umami, est un ingrédient secret : utilisez-la pour déglacer une poêle, relever une vinaigrette ou comme base pour un

comment conserver les tomates du jardin pour l'hiver des bocaux remplies avec des légumes différents
  • Une saveur qui se complexifie avec le temps.
  • Une texture qui reste ferme et agréable.
  • Des bocaux qui se conservent plus d’un an.

Le secret ? Un stockage irréprochable. Une fois la fermentation active terminée, placez vos bocaux dans un endroit frais (moins de 15°C), sec et surtout, à l’abri de la lumière directe qui pourrait altérer la couleur et le goût. Une bonne cave est l’idéal.

une branche de tomates rouges et vertes conservation tomates avec du sel

L’étiquette n’est pas qu’un détail esthétique. C’est votre carnet de bord. Notez-y non seulement la date de fabrication, mais aussi la variété des tomates utilisées et les aromates ajoutés. Vous pourrez ainsi affiner vos recettes d’année en année et vous souvenir de cette association particulièrement réussie de

tomates entieres dans un bocal en verre`conserves sans sterelisation

Le choix du sel est primordial : optez impérativement pour un sel de mer non raffiné et sans additifs (anti-agglomérants, iode). Un sel gris de Guérande ou un sel fin de Camargue, riche en minéraux, nourrira idéalement les bonnes bactéries nécessaires à une fermentation saine et savoureuse.

Au-delà de la promesse gustative, contemplez vos étagères. Ces bocaux alignés, rubis et or, ne sont pas de simples conserves. Ce sont des trophées, le témoignage tangible de votre travail, la capture en verre d’un été généreux. Chaque pot raconte une histoire, celle d’un après-midi en cuisine, et promet de futurs festins.

Lilou Garnier

Experte Vie de Famille & Jardinière en Herbe
Ses univers : Jardins familiaux, Déco pour enfants, Activités nature
Maman de trois enfants, Lilou a appris à créer des espaces qui concilient beauté et praticité. Sa maison normande avec son grand jardin est devenue son terrain d'expérimentation favori. Elle y teste toutes ses idées d'aménagements kid-friendly et de projets jardinage en famille. Convaincue que les enfants apprennent mieux au contact de la nature, elle invente sans cesse de nouvelles activités créatives. Le dimanche, toute la famille met la main à la pâte pour entretenir leur potager ou construire des cabanes dans les arbres.