Odeurs de canalisations ? Mon guide pour en finir (sans vous ruiner)

Auteur Léa Bertrand

Franchement, les mauvaises odeurs qui remontent des tuyaux, c’est le genre de truc qui peut gâcher une journée. Et en tant que professionnel qui a passé des années les mains dans les canalisations, je peux vous dire une chose : une odeur n’est jamais le vrai problème. C’est juste le signal d’alarme.

Trop de gens se ruent sur des produits chimiques miracles ou des astuces vues en ligne. Résultat ? L’odeur disparaît… pendant deux jours. Mais le souci de fond, lui, est toujours là, et il s’aggrave en silence. C’est un peu comme prendre un antidouleur pour une fracture sans aller voir le médecin. Ça soulage sur le moment, mais ça ne répare rien.

Ce guide, c’est un concentré d’années d’expérience sur le terrain. L’idée n’est pas de vous vendre quoi que ce soit, mais de vous donner les clés pour poser le bon diagnostic. Car oui, comprendre d’où vient l’odeur, c’est déjà 50% du travail de fait. On va voir ensemble, simplement, comment tout ça fonctionne et surtout, comment s’en débarrasser pour de bon.

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Le B.A.-BA : comprendre vos tuyaux pour mieux agir

Avant de verser n’importe quoi dans un évier, il faut avoir une petite idée de ce qui se passe en dessous. Pas besoin d’être un expert, juste de connaître les deux acteurs principaux : le siphon et l’évent.

Le siphon : le garde du corps de votre plomberie

Jetez un œil sous votre lavabo. Vous voyez ce tuyau en forme de « U » (ou de « S ») ? C’est lui, le siphon. Son job est hyper simple mais crucial : il garde en permanence une petite quantité d’eau propre. Cette eau forme un bouchon liquide qui bloque physiquement les gaz nauséabonds des égouts et les empêche de remonter chez vous. C’est votre première ligne de défense.

Mais parfois, ce garde du corps baisse sa garde. Deux scénarios classiques :

  • Le siphon est sec : Très courant dans une chambre d’amis ou sur un point d’eau que vous n’utilisez jamais. L’eau stagne, puis s’évapore. Le bouchon liquide disparaît, et c’est porte ouverte aux odeurs d’œuf pourri. La solution ? Laisser couler l’eau une petite minute. C’est tout ! Le siphon se remplit et le problème est réglé.
  • Le siphon est sale : Cheveux, savon, restes de nourriture, gras… tout ça forme un amas dégoûtant au fond du « U ». Les bactéries adorent ça, elles s’y développent et produisent des gaz qui sentent le moisi. C’est de loin la cause la plus fréquente des odeurs localisées à un seul appareil.
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L’évent de plomberie : le poumon de vos canalisations

Celui-là, c’est le grand oublié, et pourtant… L’évent est un tuyau qui part de votre réseau et remonte jusqu’au toit. Son rôle ? Laisser l’air entrer dans les canalisations pour équilibrer la pression. Quand vous tirez la chasse, un grand volume d’eau crée une aspiration. Sans l’air de l’évent, cette aspiration va littéralement « aspirer » l’eau de vos siphons. On appelle ça le désiphonnage.

Le signe qui ne trompe pas ? Ce fameux « glouglou » sonore dans le lavabo quand les toilettes se remplissent. C’est le bruit de l’air qui est aspiré à travers votre siphon. Attention, un évent bouché (par des feuilles, un nid d’oiseau…) est un problème plus complexe qui nécessite souvent l’intervention d’un pro. N’allez pas risquer une chute pour ça.

Les astuces de grand-mère : on fait le tri !

On lit tout et son contraire sur les remèdes naturels. Certains sont utiles, d’autres… beaucoup moins. Utilisons-les intelligemment.

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L’eau bouillante : efficace, mais attention danger !
Idéale pour dissoudre un peu de graisse dans l’évier de la cuisine. Mais il y a un gros « MAIS ». Ne versez JAMAIS d’eau bouillante dans du PVC ancien. Il peut se déformer ou se fissurer sous la chaleur. Honnêtement, j’ai vu des fuites apparaître juste après ce genre de nettoyage. Le PVC ancien est souvent gris et plus cassant, le moderne est blanc et plus souple. Dans le doute, utilisez juste l’eau la plus chaude du robinet.

Le duo vinaigre blanc & bicarbonate : la star du nettoyage d’entretien
C’est le grand classique. On verse une demi-tasse de bicarbonate, puis une tasse de vinaigre blanc (chauffé c’est encore mieux, mais pas bouillant !). Ça mousse, ça crépite, on a l’impression d’assister à un miracle. En réalité, la réaction chimique aide à décoller les saletés légères et à désodoriser. C’est parfait pour un entretien hebdomadaire afin de garder les siphons propres, mais ça ne viendra pas à bout d’un vrai bouchon.

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Le marc de café : la fausse bonne idée par excellence
S’il vous plaît, oubliez le marc de café. On vante son côté abrasif, mais dans les tuyaux, il s’agglomère avec le gras et forme des bouchons durs comme de la pierre. Je le déconseille formellement, j’en ai trop retiré de canalisations pour savoir que c’est une catastrophe.

On passe à l’action : les méthodes qui marchent vraiment

Quand l’entretien ne suffit plus, il faut une action mécanique. Pas de panique, c’est souvent plus simple qu’on ne le pense.

Le nettoyage du siphon : la première chose à faire

Si l’odeur ne vient que d’un lavabo, c’est la solution à 80% des problèmes. C’est simple et ça change tout.

Petit conseil matos : prévoyez un seau (environ 5€), des gants en caoutchouc solides (3-4€), une vieille brosse à vaisselle ou à dents, et un joint de rechange pour le siphon (ça coûte 1 ou 2€ chez Castorama ou Leroy Merlin, et ça vous évitera une fuite au remontage). L’opération prend 20 minutes, montre en main.

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  1. Mettez votre seau juste en dessous.
  2. Dévissez les deux bagues du siphon (à la main sur le PVC, parfois avec une pince pour le laiton).
  3. Videz toute la saleté dans le seau. Vous seriez surpris de ce qu’on peut y trouver… Une fois, j’ai même sorti une petite voiture d’enfant ! Le contenu du seau, c’est un déchet solide : dans un sac-poubelle et à la poubelle, surtout pas dans les toilettes.
  4. Brossez bien l’intérieur du siphon, rincez-le, changez le joint, et remontez le tout. Serrez à la main, fermement mais sans forcer.

Faites couler l’eau, vérifiez l’absence de fuite. Et voilà, l’odeur a disparu instantanément.

Le furet : pour sonder un peu plus loin

Si après avoir nettoyé le siphon l’eau s’écoule toujours mal, le bouchon est plus loin. C’est là que le furet entre en scène. C’est un long câble métallique souple qu’on pousse dans le tuyau. Comptez entre 15€ et 30€ pour un furet manuel de base en magasin de bricolage, c’est un bon investissement.

Allez-y doucement, tournez la manivelle quand vous sentez une résistance. C’est un travail de patience, ne forcez jamais.

Les nettoyants enzymatiques : la solution préventive intelligente

Voilà une alternative moderne et efficace. Ce ne sont pas des produits chimiques, mais des bactéries qui « grignotent » la matière organique. C’est sans danger pour vos tuyaux et pour l’environnement. Cherchez en magasin des produits avec la mention « nettoyant enzymatique » ou « biologique » (on en trouve de la marque Starwax par exemple, ou des activateurs pour fosse comme Eparcyl). Ça ne marche pas sur le coup, il faut laisser agir plusieurs heures. C’est parfait en entretien mensuel pour éviter que les problèmes ne s’installent.

Ce qu’il ne faut JAMAIS faire : le carton rouge

Je suis obligé d’insister là-dessus. Les déboucheurs chimiques à base de soude ou d’acide sont des bombes à retardement. Ils génèrent une chaleur intense qui peut endommager le PVC et attaquer les joints. Le pire ? S’ils ne dissolvent pas le bouchon, vous vous retrouvez avec un tuyau plein de liquide ultra-corrosif stagnant. Pour un plombier, intervenir là-dessus est un cauchemar et un vrai risque de brûlure chimique. Un collègue en a fait les frais et a été brûlé au visage. S’il vous plaît, pour votre sécurité, celle de vos tuyaux et l’environnement, n’utilisez pas ces produits.

Quand appeler un professionnel (et combien ça coûte) ?

Parfois, il faut savoir passer la main. Si l’odeur persiste après le nettoyage, si vous entendez des « glouglous » partout ou si l’eau remonte dans la douche, c’est le signe d’un problème plus profond.

Un pro sérieux commencera souvent par une inspection par caméra pour voir exactement ce qui se passe. C’est un gage de transparence. Ensuite, pour les cas sérieux, la solution ultime est l’hydrocurage : un nettoyage à très haute pression qui décape l’intérieur du tuyau et lui redonne son diamètre d’origine. C’est radical.

Bon à savoir : les tarifs. Soyons clairs, ça a un coût, mais ça donne une idée pour éviter les arnaques.

  • Un débouchage manuel simple par un plombier, c’est souvent un forfait qui oscille entre 90€ et 150€.
  • Une inspection par caméra est généralement facturée entre 150€ et 300€.
  • L’hydrocurage avec un camion spécialisé est plus conséquent, il faut compter entre 300€ et 600€ selon la complexité et la longueur à traiter.

Méfiez-vous des tarifs trop alléchants annoncés au téléphone, ils cachent souvent des surprises.

En résumé : la prévention, c’est votre meilleur outil

Alors, pour faire simple : le duo vinaigre-bicarbonate, c’est votre allié pour l’entretien hebdomadaire, ça ne coûte presque rien et c’est sans risque. Le nettoyage du siphon, c’est le premier réflexe en cas d’odeur localisée. Le furet, c’est l’étape suivante pour un petit bouchon, un investissement modeste. Et l’intervention d’un pro ? C’est la solution pour les soucis récurrents ou complexes, avec un coût certain mais une vraie tranquillité d’esprit.

Au quotidien, les gestes les plus simples sont les plus efficaces : ne jetez jamais d’huile ou de graisse dans l’évier (essuyez vos poêles avec du papier absorbant), mettez des petites grilles sur les bondes pour attraper les cheveux et la nourriture, et une fois par semaine, laissez couler de l’eau très chaude une minute. Vos canalisations sont les artères de votre maison. Gardez-les en bonne santé !

Léa Bertrand

Jardinière Passionnée & Cuisinière du Potager
Ses terrains de jeu : Potager bio, Culture en pots, Recettes du jardin
Léa a découvert sa vocation en cultivant son premier potager sur un balcon de 4m². Depuis, elle n'a cessé d'expérimenter et de partager ses découvertes. Issue d'une famille de maraîchers bretons, elle a modernisé les techniques traditionnelles pour les adapter à la vie urbaine. Sa plus grande fierté ? Réussir à faire pousser des tomates sur les toits de Lyon ! Quand elle n'a pas les mains dans la terre, elle concocte des recettes avec ses récoltes ou anime des ateliers de jardinage dans les écoles de son quartier.