Tests de personnalité : au-delà des quiz, ce qui se passe VRAIMENT chez le psy
Découvrez ce que vos yeux révèlent de vos peurs les plus enfouies – un test fascinant qui pourrait changer votre perspective.

Il est fascinant de réaliser à quel point notre subconscient peut influencer nos émotions et nos choix. Comme un miroir, chaque image que nous voyons peut dévoiler nos peurs cachées. En explorant ce test psychologique, j'ai découvert des facettes de ma personnalité que je n'aurais jamais imaginées. Et vous, qu'est-ce que votre regard pourrait révéler?
J’ai passé des milliers d’heures dans le calme de mon cabinet, à échanger avec des personnes de tous âges, de tous horizons. Souvent, sur la table entre nous, il n’y a rien de plus qu’une série de cartons avec des taches ou des dessins un peu étranges. Et pourtant, à partir de là, des mondes intérieurs entiers se révèlent. C’est le cœur de mon métier de psychologue, et c’est pour ça que j’ai envie de vous raconter ce que sont vraiment ces fameux « tests projectifs ».
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Vous les avez forcément déjà croisés sur internet. Une image un peu floue apparaît, et hop, on vous demande ce que vous voyez. Un crâne ? Une femme ? Un papillon ? Et la réponse est censée dévoiler votre plus grande peur. C’est amusant, un peu comme un horoscope. Mais, franchement, ça n’a pas grand-chose à voir avec le travail rigoureux qu’on fait en cabinet. C’est un peu comme comparer un jeu de société sur la chirurgie avec une véritable opération à cœur ouvert.

Mon but ici n’est pas de casser l’ambiance, mais de vous ouvrir la porte de mon cabinet. Je veux vous montrer la profondeur et l’utilité de ces outils quand ils sont utilisés par un professionnel. Comprendre la logique derrière, c’est bien plus éclairant que de chercher une réponse toute faite dans une tache d’encre.
Le principe de base : la projection, tout simplement
Pour commencer, il faut saisir une idée clé : la projection. Non, ce n’est pas un concept perché ou mystique. Imaginez un projecteur de cinéma. Il prend une bobine de film (votre monde intérieur, vos émotions, vos souvenirs) et la projette sur un écran blanc et neutre (le matériel du test). L’image qui apparaît sur l’écran vient bien du film, pas de l’écran lui-même.
C’est exactement la même chose ici. Face à un stimulus volontairement ambigu, comme une tache d’encre symétrique, votre cerveau n’a pas de réponse évidente. Alors, il va puiser dans son propre stock de souvenirs, de conflits et de désirs pour essayer de donner un sens à ce « chaos ». Ce que vous « voyez » est donc moins dans la tache que dans votre propre esprit. C’est ce mécanisme, bien connu en psychologie, qui est à la base de tout.

Le but n’est absolument pas de vous piéger, bien au contraire. Si je vous demande directement : « Avez-vous un problème avec l’autorité ? », vous allez réfléchir, filtrer, peut-être me dire ce que vous pensez que je veux entendre. Mais si je vous montre une planche et que vous me décrivez spontanément « deux serveurs qui se disputent en se jetant du vin à la figure », l’information est d’une tout autre nature. Elle est brute, moins contrôlée. Mon travail, c’est de recueillir ça, non pas pour juger, mais pour qu’on puisse le comprendre ensemble.
Les outils du psy : bien plus qu’un simple jeu de cartes
Il existe plusieurs types de tests projectifs, mais les deux plus célèbres sont sans doute celui avec les taches d’encre et celui avec les scènes de vie en noir et blanc.
Le test des taches d’encre : comprendre la structure de la pensée
Le psychiatre suisse qui a popularisé ce test il y a bien longtemps était avant tout un scientifique. Il a simplement remarqué que la manière dont les gens interprétaient des taches d’encre semblait refléter leur fonctionnement psychique. Le test professionnel utilise dix planches bien précises, toujours présentées dans le même ordre. La consigne est d’une simplicité désarmante : « Qu’est-ce que cela pourrait être ? ».

Ce qui m’intéresse, ce n’est pas seulement ce que la personne voit, mais surtout comment elle le voit. Mon travail d’analyse, qui demande des années de formation, se penche sur plusieurs choses. Est-ce que la personne voit la tache en entier, ou est-ce qu’elle se focalise sur de petits détails ? Ça me donne une idée de sa façon d’aborder les problèmes : plutôt globale, analytique, ou peut-être très minutieuse.
Ensuite, qu’est-ce qui a guidé la réponse ? La forme ? (D’ailleurs, si la forme vue correspond bien à la réalité de la tache, c’est souvent un bon indicateur d’un bon contact avec le réel). La couleur ? La manière de gérer la couleur donne des pistes sur la réactivité émotionnelle. Le mouvement ? Percevoir des personnages qui bougent est souvent lié à la créativité et à l’empathie. Les nuances de gris, interprétées comme de la texture ou une ambiance ? Ça peut éclairer la façon de gérer l’anxiété.

Et bien sûr, les contenus. Humains, animaux, objets… Si une personne voit de manière répétée des scènes de conflit, de destruction, ou au contraire de coopération, sur plusieurs planches, un tableau commence à se dessiner. Ce n’est jamais une preuve, mais un faisceau d’hypothèses à explorer.
Le test des scènes de vie (TAT) : explorer la dynamique relationnelle
Mis au point par des chercheurs universitaires, ce test utilise des dessins en noir et blanc montrant des scènes ambiguës : un jeune garçon face à un violon, une femme à la porte d’une chambre… La consigne est de raconter une histoire pour chaque image : qu’est-ce qui s’est passé avant, que se passe-t-il maintenant, et comment ça se termine ?
Là, j’analyse la structure du récit. Le héros s’en sort-il ? Les relations sont-elles conflictuelles ? Les figures d’autorité sont-elles aidantes ou menaçantes ? Je me souviens d’un patient qui, planche après planche, racontait des histoires où le personnage principal finissait seul et abandonné. Pour notre thérapie, ça a été un point de départ bien plus puissant que s’il m’avait simplement dit : « J’ai peur de l’abandon ».

Concrètement, comment ça se passe ? (Et combien ça coûte ?)
Faire passer un bilan psychologique est un acte qui engage ma responsabilité. Tout est encadré par un code de déontologie strict, qui garantit le respect, la confidentialité et la compétence. On ne fait pas ça dans son salon, à la va-vite.
Le parcours, étape par étape
Un bilan projectif ne tombe jamais du ciel. Il s’inscrit toujours dans une démarche globale. Voici comment ça se déroule généralement : 1. Premier contact et entretiens préliminaires : On discute ensemble de votre demande. C’est essentiel pour établir une relation de confiance. On ne sort pas les cartes au premier rendez-vous ! 2. La passation des tests : On se fixe un ou deux rendez-vous dédiés, dans un lieu calme. La passation elle-même peut durer entre 2 et 3 heures. Je note tout : vos mots, mais aussi les silences, les hésitations… Tout est une information. 3. L’entretien de restitution : Après un temps d’analyse de mon côté, on se revoit. Je vous explique ce que j’ai compris, mes hypothèses. C’est un vrai échange, pas une sentence qui tombe. 4. Le compte-rendu écrit : À la fin, vous repartez avec un document écrit qui synthétise le tout. C’est un support précieux pour vous, et éventuellement pour d’autres professionnels qui pourraient vous suivre.

Les questions qu’on n’ose pas poser
Soyons clairs, c’est une démarche qui a un coût et qui prend du temps. Il vaut mieux le savoir !
- Combien ça coûte ? Un bilan psychologique complet, incluant les entretiens, la passation, l’analyse et le compte-rendu, se situe généralement dans une fourchette de 300€ à 600€. C’est un investissement. N’hésitez jamais à demander un devis au psychologue !
- Est-ce remboursé ? Malheureusement, non, pas par la Sécurité Sociale. En revanche, de plus en plus de mutuelles proposent des forfaits pour les consultations psy. Appelez la vôtre, vous pourriez avoir une bonne surprise.
- Combien de temps ça prend en tout ? L’ensemble du processus, du premier appel à la remise du compte-rendu, s’étale souvent sur 3 à 5 semaines.
- Comment trouver un psy compétent ? Le bouche-à-oreille est une bonne piste. Sinon, regardez les annuaires de psychologues en ligne. Le point crucial : vérifiez que le professionnel possède un numéro ADELI, c’est la garantie de son diplôme. Et surtout, le feeling lors du premier contact est primordial. Vous devez vous sentir en confiance.
Attention ! Ces tests ne sont pas des boules de cristal. Ils ne lisent pas dans les pensées. Le plus grand danger, c’est l’interprétation sauvage. Voir un « papillon » et en conclure une « peur de rater des opportunités » est une simplification abusive qui peut créer de l’anxiété pour rien. C’est pourquoi je déconseille fortement de se fier aux tests en ligne pour s’auto-diagnostiquer.

Et finalement, à quoi ça sert ?
Je ne propose pas ces tests à tout le monde. C’est une option quand une situation est complexe et que j’ai besoin d’hypothèses plus fines pour aider la personne.
- Aide au diagnostic : Parfois, les symptômes sont flous. Le bilan peut révéler des fragilités ou des ressources insoupçonnées qui vont orienter la prise en charge.
- Débloquer une thérapie : Quand on a l’impression de tourner en rond en thérapie, le test peut mettre en lumière un conflit inconscient qui, une fois verbalisé, permet de relancer le travail.
- Évaluations spécifiques : Dans des contextes d’expertise (justice, adoption…), ces tests apportent des éléments objectifs. C’est une application très délicate qui exige une éthique irréprochable.
- Et pour les enfants ? Bien sûr, on adapte les outils ! Il existe des versions spécifiques pour les plus jeunes, avec des images d’animaux par exemple (le test C.A.T.) ou des tests basés sur le dessin (le bonhomme, la famille…). L’idée reste la même : leur donner un moyen d’exprimer ce qu’ils n’arrivent pas à dire avec des mots.
Pour finir, revenons à notre image de quiz. Si un patient me dit voir « une petite fille », je ne vais pas penser « traumatisme d’enfance ». Je vais demander : « Que fait-elle ? Comment se sent-elle ? ». Une fille « curieuse qui explore » n’a rien à voir avec une fille « perdue qui pleure ». La richesse est dans l’histoire, pas dans l’objet.

En conclusion, les tests projectifs sont des outils fascinants. Ils exigent du psy de l’humilité, une solide formation et une éthique en béton. Ils nous rappellent que l’essentiel se joue souvent en coulisses. Si la curiosité pour soi-même est une qualité magnifique, le voyage pour se comprendre mérite parfois un guide. Ces tests ne sont qu’une carte possible pour ce voyage, une carte qui n’a de valeur que si elle est lue par un explorateur expérimenté qui marche à vos côtés.