Arrêtez les tests bidons : LA vraie méthode pour trouver ce qui compte pour vous

Vous avez forcément déjà vu passer ce petit test en ligne. Le scénario classique : le bébé pleure, le linge sèche sous une averse, le robinet fuit, quelqu’un sonne à la porte et le téléphone n’arrête pas de sonner. Votre premier réflexe définirait votre priorité numéro un dans la vie. On aime même parfois associer ce genre de quiz à de grands noms de la psychologie pour lui donner un air sérieux.

Franchement ? Après des années à accompagner des gens qui cherchent à y voir plus clair, je peux vous le dire : c’est une distraction amusante, rien de plus. La vie est bien trop riche pour être résumée par un choix fait sous une pression imaginaire. Ce que ce test révèle, c’est surtout votre capacité à gérer l’urgence, pas la hiérarchie de votre âme.

Un bébé qui pleure, c’est un signal de détresse biologique programmé pour nous alerter. Un robinet qui fuit, c’est un dégât matériel imminent. Ce sont des réflexes, pas une lecture de vos valeurs profondes. Le vrai travail pour identifier ce qui vous anime est un cheminement, une exploration plus lente et plus honnête. Oublions les astuces magiques, et parlons des approches concrètes qui fonctionnent vraiment.

Pourquoi le test des 5 tâches nous égare complètement

Pour faire simple, notre cerveau, face à ce scénario, ne se demande pas « qu’est-ce qui est le plus important philosophiquement ? ». Il se demande « quelle est la menace la plus immédiate ? ». C’est ce qu’un célèbre psychologue a décrit comme notre pensée « Système 1 » : rapide, instinctive, émotionnelle. Mais nos valeurs, elles, relèvent du « Système 2 » : lent, réfléchi, logique.

Chaque élément du test est un déclencheur différent :

• Le bébé qui pleure : C’est une alerte sonore et biologique. Le choisir en premier ne signifie pas que « la famille est tout pour vous ». J’ai vu des bourreaux de travail, obsédés par leur carrière, choisir le bébé simplement parce que le bruit strident leur était insupportable.
• Le robinet qui déborde : C’est une menace visible et pragmatique. Stopper la fuite, c’est contenir un problème. L’associer à « l’argent » est un raccourci simpliste. C’est surtout une question de préservation de son environnement.
• Sonnette et téléphone : Ce sont des interruptions sociales. Elles créent une attente de l’extérieur. Votre choix dépendra plus de votre anxiété sociale ou du fait que vous attendiez un coup de fil important que d’une valeur profonde comme « l’amitié ».
• Le linge sous la pluie : C’est un simple désagrément. Choisir cette option en premier pourrait indiquer un grand besoin d’ordre, pas forcément une priorité pour « l’amour ». L’interprétation est totalement arbitraire.

En bref, une réaction instinctive n’est pas une valeur. Une valeur, c’est une conviction durable qui guide vos choix au quotidien, loin de la panique simulée. Alors, comment on fait pour la trouver ?

Les vrais outils pour identifier vos valeurs

En cabinet, on utilise des méthodes structurées qui obligent à une vraie réflexion. Voici deux de mes préférées, que vous pouvez tout à fait commencer à explorer chez vous.

1. L’exercice des cartes de valeurs

C’est un de mes favoris car il rend les choses très concrètes. L’idée est de manipuler physiquement des concepts pour mieux les trier.

Comment faire ?

1. Listez vos valeurs. Prenez une cinquantaine de petits papiers (ou post-its). Sur chacun, écrivez une valeur. Pour vous faciliter la vie, vous trouverez facilement des listes en ligne en cherchant « liste de valeurs personnelles ». Pensez à des mots comme : Sécurité, Aventure, Liberté, Connexion, Créativité, Stabilité, Apprentissage, Compétition, Harmonie, Justice, Humour, Richesse, Santé…
2. Faites un premier tri. Étalez tout devant vous. Créez trois piles : « Très important pour moi », « Important pour moi », et « Pas si important ». Soyez honnête. Ne pensez pas à ce que vous devriez choisir, mais à ce qui résonne vraiment en vous.
3. Le tri final (le plus dur !). Prenez la pile « Très important » et fixez-vous l’objectif de n’en garder que 5 à 10. C’est ici que la magie opère.

Petit conseil pour départager : la méthode du duel. Vous hésitez entre « Liberté » et « Sécurité » ? Posez-vous cette question : « Si je ne pouvais honorer qu’une seule de ces deux valeurs pendant un an, laquelle ce serait ? Laquelle me manquerait le plus ? ». Le choix devient souvent plus évident. Les 5 à 10 valeurs qui restent forment votre noyau dur.

2. La Roue de la Vie : la cartographie de votre présent

Cet outil est génial pour avoir une photo instantanée de votre satisfaction actuelle. Il révèle les décalages entre vos valeurs et votre réalité.

Dessinez un grand cercle, divisez-le en 8 quartiers (comme une pizza). Nommez chaque quartier : Carrière, Finances, Santé, Relations (famille/amis), Amour, Développement perso, Loisirs, Environnement de vie. Ensuite, pour chaque domaine, notez votre satisfaction de 0 (au centre) à 10 (sur le bord). Reliez les points.

Une roue large et équilibrée, c’est super. Mais souvent, elle est cabossée. Imaginez une roue avec un pic à 8/10 en « Carrière » mais un creux abyssal à 2/10 en « Loisirs & Plaisir ». Si vous avez identifié la « Créativité » ou la « Joie » comme une valeur clé, vous tenez là une source évidente de votre frustration ! La roue ne ment pas.

Et maintenant, on en fait quoi ? Passer de la découverte à l’action

Super, vous avez une liste de 5 valeurs. Et après ? C’est là que le vrai travail commence. Il faut transformer cette connaissance en boussole pour vos décisions quotidiennes.

D’abord, un petit audit s’impose. Votre calendrier et votre relevé de compte sont les miroirs les plus fidèles de vos priorités ACTUELLES. Pendant une semaine, analysez où partent vraiment votre temps et votre argent (celui qui reste après les charges fixes). Le résultat peut être surprenant ! Vous valorisez la « Santé » mais n’y consacrez que 15 minutes par jour, alors que 2h partent sur les réseaux sociaux ? Vous valorisez l’« Apprentissage » mais vos dépenses discrétionnaires vont majoritairement dans des sorties ? Cet écart est votre point de départ.

Alors, comment utiliser ces valeurs pour décider ? Prenons un exemple. Imaginons que votre valeur numéro un soit la « Liberté ». Vous recevez deux offres d’emploi :

• Job A : Super salaire, poste prestigieux dans une grande boîte, mais avec des horaires fixes, peu d’autonomie et beaucoup de reporting.
• Job B : Salaire 20% moins élevé, poste dans une plus petite structure, mais avec des horaires flexibles, du télétravail et une grande liberté dans vos projets.

Sans cette boussole, le choix est difficile. Mais en filtrant la décision par votre valeur « Liberté », le Job B, même moins payé, devient une évidence pour votre épanouissement. Vos valeurs deviennent votre critère de décision ultime.

Les nuances de la vraie vie : conflits de valeurs et héritages familiaux

Nos valeurs ne sont pas nées dans le vide. Elles sont façonnées par notre culture et notre famille. Dans certaines cultures, le collectif prime ; dans d’autres, c’est l’individu. Posez-vous la question : quelles étaient les règles d’or chez moi ? « Le travail, c’est la santé », « Il faut mettre de l’argent de côté pour les coups durs ». Ces scripts sont puissants.

Je me souviens d’un moment charnière pour moi. J’avais hérité de la valeur « Stabilité » de ma famille, qui avait connu des périodes précaires. Pendant des années, j’ai fait des choix professionnels très sécurisants, mais qui m’ennuyaient profondément. Ma propre valeur, la « Curiosité », était étouffée. Ce n’est qu’en comprenant que la « Stabilité » n’était pas MA valeur fondamentale, mais un héritage, que j’ai pu m’autoriser à faire des choix plus alignés, quitte à prendre un peu plus de risques.

D’ailleurs, il est normal que vos valeurs entrent en conflit. « Aventure » contre « Sécurité ». « Famille » contre « Ambition ». La solution n’est pas de choisir un camp, mais de chercher un équilibre, une intégration. Et souvenez-vous de la notion de « saisons de vie » : vos priorités ne sont pas figées. La valeur la plus importante à 20 ans n’est pas forcément la même à 40 ou à 60 ans. C’est un signe de maturité, pas d’incohérence.

Votre défi de la semaine

Pour commencer en douceur : pendant 7 jours, notez chaque soir UNE activité qui vous a donné de l’énergie (Énergie +) et UNE qui vous en a pompé (Énergie -). À la fin de la semaine, regardez la liste. Les activités Énergie + sont souvent directement liées à vos valeurs profondes. C’est un premier indice très puissant !

Les limites de l’auto-analyse : quand se faire aider ?

Faire ce travail seul, c’est déjà énorme. Mais parfois, on a besoin d’un regard extérieur. Si cette exploration fait remonter une angoisse profonde, une grande tristesse ou des souvenirs difficiles, n’insistez pas seul. C’est le signal qu’il est temps de consulter un professionnel.

Un psy (psychologue, psychopraticien, psychiatre…) ne vous donnera pas vos valeurs sur un plateau. Son rôle est de vous offrir un espace sécurisé pour déblayer le chemin, de vous poser les bonnes questions et de vous aider à distinguer ce qui vient de vous de ce qui vient des autres. C’est un miroir bienveillant et neutre.

Bon à savoir : se faire accompagner a un coût, bien sûr. En France, il faut généralement compter entre 50€ et 90€ pour une séance avec un psychologue ou un psychopraticien. Voyez cela non pas comme une dépense, mais comme le meilleur investissement qui soit : celui que vous faites en vous-même pour mener une vie choisie, et non subie.

Au final, la découverte de soi est un artisanat. Elle demande de la patience, les bons outils, et un regard honnête. C’est un chemin peut-être moins spectaculaire qu’un quiz en ligne, mais tellement plus solide et gratifiant.

Inspirations et idées

Erreur fréquente : confondre une valeur avec un objectif. Une valeur est une direction sur une boussole (ex : la créativité, la connexion), un guide pour le voyage. Un objectif est une destination (ex : peindre un tableau, voir ses amis ce week-end). On peut atteindre un objectif, mais on vit une valeur en continu. Se concentrer sur ses valeurs rend le chemin aussi important que l’arrivée.

Selon une étude phare de la psychologue Sonja Lyubomirsky, seuls 10% de notre niveau de bonheur dépendent des circonstances de notre vie.

Ce chiffre est une véritable libération. Il nous rappelle que la quête du bonheur ne réside pas dans l’attente de la situation parfaite, mais dans les 40% qui dépendent de nos activités intentionnelles. Choisir des actions alignées avec nos valeurs profondes est donc le levier le plus puissant dont nous disposons.

Mes valeurs peuvent-elles changer avec le temps ?

Absolument. Loin d’être gravées dans le marbre, nos valeurs évoluent avec nos expériences de vie. La sécurité peut primer au début de la vie de parent, tandis que l’aventure peut reprendre le dessus plus tard. Le véritable exercice n’est pas de trouver une liste définitive, mais d’apprendre à s’écouter régulièrement pour ajuster sa boussole intérieure.

Pour une exploration concrète, l’approche de la chercheuse Brené Brown est une référence. Sur son site, elle propose une liste de valeurs et un exercice pour n’en retenir que deux ou trois

• Prendre des décisions avec plus de clarté et moins d’anxiété.
• Ressentir un sentiment d’alignement et d’intégrité au quotidien.
• Mieux prioriser son temps et son énergie.

Le secret ? L’exercice des « regrets anticipés ». Imaginez-vous dans 10 ans et demandez-vous sincèrement ce que vous regretteriez de ne PAS avoir fait, tenté ou cultivé. La réponse pointe souvent vers une valeur fondamentale que vous négligez aujourd’hui.

Journaling guidé : Chaque soir, répondez à une seule question :

« Celui qui a un pourquoi qui lui tient lieu de but, peut vivre avec n’importe quel comment. » – Friedrich Nietzsche

Pour aller plus loin, créez votre

Le test de l’énergie : Au lieu de vous demander ce que vous