Tests de personnalité : Le vrai du faux pour enfin y voir clair (et arrêter de flipper pour rien)
Quel animal voyez-vous en premier ? Votre réponse pourrait révéler des facettes cachées de votre personnalité. Découvrez-le maintenant !

Il y a peu, j'ai découvert que notre subconscient peut en dire long sur nous. En observant une simple image, on peut déceler des traits de caractère insoupçonnés. En scrutant cette image, vous pourriez identifier l'animal qui vous attire en premier. Chaque choix nous offre un aperçu fascinant de notre moi intérieur. Alors, qu'avez-vous vu ?
On les voit partout sur les réseaux sociaux, ces petits quiz sympas basés sur des images : « Le premier animal que vous apercevez révèle votre âme secrète ». Avouons-le, c’est amusant, un peu comme lire son horoscope. Mais après des années à accompagner des gens en cabinet, je peux vous dire que le regard humain, c’est une autre paire de manches.
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Comprendre ce qu’une personne voit, et surtout comment elle le voit, c’est le cœur de mon métier. Et ça, ce n’est pas un jeu de devinettes. C’est une démarche qui demande de la rigueur, une éthique en béton et une sacrée connaissance du fonctionnement de notre esprit.
Alors, non, cet article ne va pas vous livrer une nouvelle formule magique. Bien au contraire. Mon but, c’est de vous ouvrir un peu les portes du cabinet pour vous montrer comment les professionnels utilisent vraiment les images. Je veux qu’on fasse le tri ensemble entre un simple divertissement et un véritable outil d’exploration psychologique. On va voir ce qui se passe dans votre tête quand vous regardez une image, quels outils on utilise (oui, les fameuses taches d’encre !), et surtout, les précautions à prendre. Car mal utilisé, un outil puissant peut faire des dégâts.

Pourquoi vous ne voyez jamais vraiment ce que vous croyez voir
Quand vous fixez une image un peu complexe, votre œil ne la scanne pas froidement comme le ferait un ordinateur. Votre cerveau, lui, turbine à une vitesse folle pour donner du sens à ce qui peut sembler être un chaos visuel. Il n’enregistre pas juste des formes et des couleurs ; il interprète. Et franchement, c’est fascinant.
Il y a d’abord ce que les pionniers de la psychologie de la forme ont mis en lumière. Votre cerveau adore l’ordre ! Il regroupe les éléments selon des lois toutes simples : ce qui est proche va ensemble, ce qui se ressemble aussi, ce qui forme une ligne continue est perçu comme un tout. C’est un réflexe de survie hérité de nos lointains ancêtres, pour qui il était vital d’identifier en une fraction de seconde une proie ou un prédateur.
Mais le plus intéressant, c’est ce qui se passe ensuite. Deux processus s’activent en même temps dans votre esprit :

- Le traitement ascendant (des yeux au cerveau) : C’est l’info brute. Votre rétine capte la lumière, les contours, les couleurs et envoie tout ça au cerveau. C’est purement sensoriel, un peu comme une caméra qui enregistre.
- Le traitement descendant (du cerveau aux yeux) : Et c’est là que tout se joue ! Votre cerveau prend ces infos brutes et les passe au filtre de vos souvenirs, de vos émotions du moment, de votre culture, de vos peurs et de vos désirs. Si vous venez de regarder un reportage sur la savane, vous aurez bien plus de chances de voir un zèbre dans une forme ambiguë. Si vous êtes d’une nature anxieuse, une ombre floue pourra facilement devenir une menace.
C’est ce traitement descendant qui est au cœur des tests psychologiques dits « projectifs ». L’idée n’est pas que l’image cache une réponse secrète, mais que son ambiguïté vous force à puiser dans votre propre monde intérieur pour lui donner un sens. Ce que vous « projetez » sur l’image vient de vous, et de personne d’autre.

Les tests projectifs : outils de l’ombre ou révélateurs ?
Quand on parle d’images en psychologie, on pense tout de suite aux célèbres taches d’encre symétriques. Elles ont une aura presque mythique, l’outil ultime du psy qui lit dans les pensées. En réalité, c’est beaucoup plus subtil et professionnel que ça.
Ces taches, ou d’autres outils comme les planches représentant des scènes humaines ambiguës, sont des tests projectifs. L’hypothèse de base est simple : face à un matériel flou et non structuré, une personne va l’organiser en fonction de sa propre structure de personnalité, de ses angoisses, de ses conflits et de ses désirs.
Faire passer un de ces tests est un processus très codifié. Ce n’est pas juste « Alors, vous voyez quoi ? ». Je présente les planches, toujours dans le même ordre. Pour chaque réponse, je note scrupuleusement :
- Où la personne regarde-t-elle ? Sur la tache entière ? Un détail évident ? Un tout petit recoin que personne ne remarque ou même dans l’espace blanc autour ?
- Qu’est-ce qui a déclenché la réponse ? La forme seule (le plus courant) ? La couleur ? Une impression de texture, de relief ? Un sentiment de mouvement ?
- Et enfin, le contenu : Est-ce des humains, des animaux, des objets, des paysages, des choses plus abstraites ?
Chaque réponse est ensuite « cotée » selon des systèmes d’analyse complexes qui demandent des mois, voire des années de formation. Honnêtement, ce n’est pas tant ce que la personne voit qui nous intéresse, mais comment elle construit sa perception. Une personne qui ne donne que des réponses globales, voyant le tout sans jamais s’attarder aux détails, n’a pas la même organisation psychique qu’une autre qui décortique minutieusement chaque recoin de l’image.

Je me souviens d’un adolescent venu me voir pour une grosse phobie scolaire. Dans les planches, il ne voyait que des objets fragmentés, des « morceaux de statues cassées », des « rochers qui ont éclaté ». Ce n’était pas un simple « trait de personnalité ». C’était l’expression poignante d’une angoisse de morcellement, la peur que son monde intérieur ne vole en éclats. Cet outil a été une porte d’entrée incroyable pour la thérapie, lui permettant de mettre des mots sur des peurs qu’il n’aurait jamais pu formuler autrement.
Test en ligne vs. Bilan chez un psy : Le match
Alors, on jette tous les tests en ligne à la poubelle ? Pas forcément. Il faut juste les prendre pour ce qu’ils sont : un divertissement. Un miroir ludique qui peut, parfois, amener une petite réflexion sympa sur soi. Le problème, c’est quand on leur accorde une valeur de vérité ou de diagnostic qu’ils n’ont absolument pas.

Comparons un peu, vous allez vite comprendre.
D’un côté, le test en ligne. Son objectif ? Le fun, la distraction. Son coût ? Gratuit ou quelques euros. Sa fiabilité ? Franchement, proche de zéro. Son interprétation est automatisée, générique et souvent flatteuse pour que vous la partagiez. C’est du marketing, pas de la psychologie.
De l’autre, le bilan psychologique en cabinet. L’objectif ? Une compréhension profonde de soi, l’identification de blocages, parfois un diagnostic pour orienter une aide. C’est un processus qui demande du temps et, oui, un investissement financier. Sa fiabilité ? Élevée, si le professionnel est correctement formé. Son interprétation est 100% sur mesure, c’est un dialogue entre vous et le psychologue.
Le bilan psychologique, concrètement, ça se passe comment ?
Si vous vous posez des questions, si vous vous sentez bloqué(e) ou si vous répétez sans cesse les mêmes schémas, un bilan peut être une excellente idée. Mais comment ça marche, en vrai ?

1. Trouver le bon pro. C’est l’étape clé. Cherchez un psychologue clinicien, c’est-à-dire quelqu’un qui a un Master 2 en psychologie clinique. C’est le diplôme qui garantit une formation sérieuse à ces outils. Un psychiatre (qui est médecin) est moins souvent formé à cela, et le titre de « psychothérapeute » est plus large. N’ayez pas peur de demander au téléphone : « Êtes-vous formé(e) à la passation de bilans psychologiques projectifs ? ». Un bon pro appréciera votre sérieux.
2. Le premier entretien. On prend au moins une heure pour discuter. Pourquoi venez-vous ? Qu’est-ce qui vous pèse ? C’est un moment essentiel pour que le psy comprenne votre demande et choisisse les outils les plus adaptés.
3. La passation. On se revoit pour une ou plusieurs séances (comptez entre 2 et 4 heures au total) dédiées aux tests. Ce n’est pas un examen ! Il n’y a pas de bonne ou mauvaise réponse. Le but est d’être le plus spontané possible.

4. La restitution. Après un temps d’analyse de son côté (qui demande plusieurs heures de travail), le psychologue vous propose une longue séance de restitution. Il ne vous donne pas un score brut. Il vous explique ce qui ressort, comment les éléments s’articulent, et ce que ça éclaire de votre situation. C’est un vrai dialogue. Souvent, cela s’accompagne d’un compte-rendu écrit détaillé que vous gardez. C’est un document précieux, une véritable base de travail sur vous-même.
Et la question qui fâche : le prix ? Soyons transparents. Un bilan complet est un travail de longue haleine pour le professionnel. En libéral, il faut compter entre 300€ et 800€, selon le nombre de tests et le temps passé. C’est un investissement, c’est sûr. Bon à savoir : de plus en plus de mutuelles remboursent une partie des consultations ou des bilans. Passez-leur un coup de fil, vous pourriez avoir une bonne surprise !

Le plus grand danger : l’auto-diagnostic
C’est sans doute le point le plus important. Le vrai danger des tests en ligne, c’est de vous enfermer dans une case et de créer une anxiété monstre pour rien. J’ai reçu en consultation des personnes vraiment paniquées : « J’ai fait un test qui dit que j’ai des tendances schizophrènes parce que j’ai vu un masque dans une tache ». Mon premier travail est alors de déconstruire cette croyance et d’expliquer la différence entre une perception isolée et une évaluation clinique complète.
D’ailleurs, voici 3 drapeaux rouges pour repérer un test en ligne bidon :
- Il prétend vous donner un diagnostic psychiatrique en 5 clics.
- Il vous fait payer pour des résultats vagues et génériques.
- Ses conclusions sont définitives, sans aucune nuance (« Vous êtes… »).
S’attribuer soi-même un diagnostic est une violence. Une étiquette peut devenir une prison, vous faire croire que « c’est comme ça, je suis bipolaire » alors qu’il s’agit peut-être d’une période difficile qui génère des variations d’humeur. La complexité d’un être humain ne se résume JAMAIS à un mot.

En conclusion, revenons à notre image de départ. Que vous y voyiez un zèbre ou un lion, c’est intéressant. Ça peut vous dire quelque chose sur votre humeur du moment. Mais n’en tirez aucune conclusion hâtive. Votre personnalité est une mosaïque incroyablement riche et mouvante, pas une image fixe. Le regard d’un professionnel n’est pas là pour vous figer, mais pour vous aider à percevoir toutes les nuances de votre propre paysage intérieur. Et ce voyage-là, croyez-moi, est bien plus passionnant que n’importe quel quiz.
Galerie d’inspiration


Un quiz en ligne m’a donné un profil psychologique qui m’inquiète. Dois-je le prendre au sérieux ?
Absolument pas. Considérez ces tests comme un divertissement, l’équivalent d’un horoscope ludique. Ils ne reposent sur aucune validation scientifique et sont conçus pour être vagues et flatteurs (c’est l’effet Barnum). Si un résultat vous trouble réellement ou fait écho à un mal-être, n’hésitez pas à en parler. Non pas au créateur du quiz, mais à un professionnel qualifié – psychologue, psychiatre ou psychopraticien – qui saura vous offrir une écoute et une analyse sérieuse, loin des algorithmes des réseaux sociaux.

Le saviez-vous ? Hermann Rorschach, le créateur du célèbre test des taches d’encre, était surnommé
Le test MBTI : Très populaire, il classe la personnalité en 16 types (ex: INFP, ESTJ). Il se base sur vos réponses à un questionnaire pour définir vos préférences. Utile pour la connaissance de soi, mais souvent critiqué par les psychologues pour sa rigidité et son manque de nuances.
Le test de Rorschach : Un outil clinique projectif. Ce ne sont pas vos réponses qui comptent, mais comment vous les formulez (formes globales ou détails, mouvement perçu, couleurs…). L’analyse, complexe, ne peut être faite que par un professionnel formé pour explorer la structure profonde de votre psyché.