La cuisine est souvent le cœur de notre maison, un lieu de partage et de créativité. Pour ma part, j'ai toujours cru que chaque mur avait le potentiel de raconter une histoire. En ajoutant des plantes aromatiques, non seulement je donne vie à mon intérieur, mais je me connecte également à la nature. Qui aurait pensé que quelques herbes fraîches pourraient transformer l'atmosphère de ma cuisine tout en ajoutant une touche délicieuse à mes plats ?
Intégrer un peu de nature dans nos intérieurs, ça fait des années que c’est mon dada. Et franchement, le potager suspendu en cuisine, c’est un peu le projet star. C’est beau, c’est pratique pour pimper ses plats, mais ça demande un peu de jugeote. J’ai vu des installations magnifiques, mais aussi, soyons honnêtes, pas mal de projets ambitieux se transformer en cimetières de basilic en quelques semaines. Souvent, tout se joue sur un détail qu’on a zappé au départ.
D’ailleurs, ça me rappelle l’histoire d’un client dans un vieil appartement. Il avait craqué pour un système modulaire assez cher. Trois mois plus tard, coup de fil, il était dépité : ses herbes périclitaient. Le souci ? Ce n’était pas l’arrosage, mais le mur. Le plâtre ancien, caché derrière une peinture neuve, n’avait pas du tout aimé l’humidité constante. Personne ne lui avait parlé de ventilation ou du poids réel du truc une fois gorgé d’eau… Et oui, même moi à mes débuts, j’ai bousillé un mur en sous-estimant l’humidité. On apprend tous de ses erreurs !
Alors, oubliez les photos parfaites d’Instagram. Ici, on va parler concret : un peu de physique, de biologie et de bricolage simple. Parce que pour réussir son potager suspendu, il faut penser comme un artisan avant de se voir en jardinier.
Votre cuisine : un milieu (parfois) hostile
Avant même de penser aux pots, il faut analyser le terrain. La cuisine, c’est un environnement de contrastes. D’un coup, c’est la fournaise avec le four qui tourne, et l’instant d’après, c’est l’humidité des vapeurs de pâtes. Une plante, ça déteste le stress. Comprendre ça, c’est déjà 50% du travail de fait.
La lumière : le carburant n°1
Pas de lumière, pas de photosynthèse, pas de plante. C’est simple. Quand ça manque, la plante s’étiole : les tiges s’allongent bizarrement, les feuilles jaunissent. Elle s’épuise, tout simplement.
Pour savoir où vous en êtes, pas besoin d’un luxmètre hors de prix. Essayez ce petit test tout bête :
Le test de l’ombre de la main : Un jour où le ciel est clair, placez votre main à 30 cm au-dessus de l’endroit où vous imaginez votre potager.
Ombre bien nette : Bingo, lumière directe ! Parfait pour le thym, le romarin. Attention quand même au soleil de l’après-midi derrière une vitre, ça peut griller les feuilles. Un petit voilage peut sauver la mise.
Ombre aux contours flous : Lumière indirecte vive. C’est le jackpot pour la plupart des herbes : basilic, persil, coriandre, ciboulette.
Ombre très diffuse, à peine visible : Lumière faible. Seule la menthe pourra s’en contenter, mais attendez-vous à une croissance au ralenti.
Bon à savoir : la plupart des aromatiques ont besoin de 4 à 6 heures de bonne lumière par jour. En hiver, c’est souvent la déprime, même près d’une fenêtre. Là, un éclairage d’appoint n’est pas de la triche, c’est juste malin ! Les lampes de croissance LED à spectre complet sont top et ne consomment pas grand-chose. Cherchez des marques comme ‘Sansi’ ou ‘Vogek’ sur les sites de vente en ligne. Un spot de 24W, pour environ 30€, suffit largement pour démarrer et faire la différence.
L’air et l’humidité : le duo invisible
Une cuisine, ça produit de la vapeur, c’est un fait. C’est bien, mais si l’air ne circule pas, c’est la porte ouverte aux maladies, comme cette poudre blanche (l’oïdium) qui adore s’installer sur le basilic. La leçon est simple : une plante respire. Laissez toujours un espace de quelques centimètres entre votre installation et le mur pour que l’air puisse passer.
La planification : mesurer deux fois pour percer une seule
L’enthousiasme, c’est bien, mais la précipitation, c’est l’ennemi. L’erreur classique, c’est d’acheter les pots sur un coup de cœur et de se dire « on verra bien ». Non. On planifie, on mesure, et ensuite seulement, on sort la perceuse.
Le poids : votre principal adversaire
C’est LE point à ne jamais négliger. Un potager suspendu, c’est lourd. Beaucoup plus lourd qu’on ne le pense. Il faut toujours calculer le poids total en charge maximale : système + pots + terreau + plantes + EAU après un bon arrosage.
Pour que ce soit concret, faisons un petit calcul rapide. Imaginez une simple étagère LACK d’Ikea (qui pèse 2 kg) sur un mur en placo :
• 3 jolis pots en terre cuite de 20cm (environ 2 kg chacun) = 6 kg • Le terreau humide pour les remplir (environ 4 kg par pot) = 12 kg • L’étagère elle-même = 2 kg
Total : 20 kilogrammes !
Et là, vous vous demandez si votre mur en placo va apprécier. La réponse est non, pas sans la bonne fixation. Avant de faire le moindre trou, identifiez votre mur :
Béton ou brique pleine : Le top. Avec les bonnes chevilles, vous êtes tranquille.
Placo (plaque de plâtre) : Le plus courant et le plus piégeux. Il est interdit de fixer une charge lourde directement dedans. Il vous faut absolument des chevilles à expansion (type Molly) qui s’ouvrent derrière la plaque pour répartir la charge. Vérifiez toujours le poids max indiqué sur la boîte des chevilles.
Avertissement amical : Ne jouez pas avec ça. En cas de doute, demandez à un ami bricoleur ou à un artisan. J’ai déjà vu une étagère entière s’arracher d’un mur. Dégâts, plantes fichues… ça n’en vaut pas la peine.
Quel système choisir ?
Il n’y a pas de solution miracle, juste celle qui vous convient. Voici un petit comparatif pour vous aider à y voir plus clair :
La barre de crédence (type cuisine) : Ma solution préférée pour débuter. C’est simple, modulable et pas cher. Une barre solide (trouvable chez Ikea, Leroy Merlin…) fixée au mur, des crochets en S, et hop ! Budget : moins de 50€. Difficulté : Facile. Idéal pour 3 à 5 petits pots légers.
Les étagères murales : Efficace. Prenez-les peu profondes (15-20 cm max), sinon les plantes du fond n’auront pas de lumière. Budget : 30€ à 100€ selon le modèle. Difficulté : Moyenne.
Les systèmes modulaires (mur végétal) : Le look pro ! Mais attention aux gadgets bas de gamme. Un bon système doit avoir une protection étanche à l’arrière et un récupérateur d’eau. Budget : Là, ça grimpe, comptez entre 150€ et 400€ pour un kit de qualité. Difficulté : Variable, souvent plus complexe.
Le choix des plantes et du terreau
Le secret, c’est de choisir des plantes adaptées à VOS conditions, pas celles des photos.
Les 3 valeurs sûres pour commencer
La menthe : Tolère une lumière plus faible et un sol frais. Conseil d’ami : gardez-la TOUJOURS seule dans son pot (15 cm de diamètre suffit). C’est une conquérante, ses racines vont tout envahir.
Le persil : Aime la lumière vive mais pas le soleil brûlant. Il est super pour apprendre car il vous montrera vite quand il a soif en s’affaissant un peu. Un pot de 15 cm est parfait.
La ciboulette : Facile, elle aime la lumière et un sol frais. Pour la récolter, coupez les tiges à la base, ça repousse. Un pot de 12-15 cm lui ira très bien.
Astuce peu connue : fuyez les plantes aromatiques vendues en supermarché. Elles sont boostées aux engrais pour être belles vite fait, mais leurs racines sont fragiles et elles ne supportent pas le choc du changement d’environnement. Allez plutôt chez un pépiniériste ou sur un marché, les plants seront bien plus costauds.
Le terreau : la fondation
N’utilisez jamais de terre de votre jardin ! En pot, elle devient dure comme du béton. Voici une recette simple pour un substrat parfait : 50% de bon terreau horticole, 30% de compost et 20% de perlite (ou de sable grossier) pour le drainage. Ce mélange assure que les racines ne pourrissent pas.
L’arrosage et l’engrais : le coup de main à prendre
C’est bien beau tout ça, mais comment on arrose sans inonder la cuisine ?
Le plus simple, c’est d’arroser les pots dans l’évier et de les laisser bien s’égoutter avant de les remettre en place. Sinon, investissez dans un petit arrosoir à long bec fin. Pour savoir quand arroser, fiez-vous à votre doigt : enfoncez-le de 2-3 cm dans la terre. Si c’est sec, il est temps d’arroser. Si c’est humide, attendez encore.
Et l’engrais ? Oui, mais avec parcimonie. Les plantes en pot épuisent vite leurs nutriments. Une fois par mois, du printemps à l’automne, ajoutez un peu d’engrais liquide bio pour plantes aromatiques à votre eau d’arrosage. Suivez la devise : mieux vaut pas assez que trop.
SOS : Mes plantes font la tête !
Pas de panique, voici les 3 problèmes les plus courants et leurs solutions :
Les feuilles du bas jaunissent : C’est presque toujours un excès d’arrosage. Les racines suffoquent. Laissez la terre sécher beaucoup plus entre deux arrosages.
Des mini-mouches volent autour des pots : Ce sont des moucherons de terreau. Ils adorent l’humidité. La solution est la même : laissez la surface du terreau bien sécher. Vous pouvez aussi pailler avec un peu de sable.
Mon basilic noircit : Il a eu froid ! Le basilic déteste les courants d’air froids et les températures sous 12-15°C. Éloignez-le de la fenêtre si vous l’ouvrez en grand l’hiver.
Voilà, vous avez toutes les cartes en main. Lancez-vous, expérimentez, et surtout, amusez-vous. Un potager de cuisine, même petit, c’est une source de plaisir incroyable au quotidien.
Galerie d’inspiration
Le terreau universel, c’est bien, mais pour des herbes en pot, le secret est le drainage. Mélangez votre terreau (deux tiers) avec de la perlite ou du sable horticole (un tiers). Cette structure plus aérée évite que les racines du basilic ou de la coriandre ne baignent dans l’eau et pourrissent, une erreur fréquente en intérieur.
Les pucerons détestent les pulvérisations d’eau additionnée de savon noir.
Les moucherons de terreau ? Laissez sécher la surface du sol entre deux arrosages et paillez avec une fine couche de sable.
Pour les araignées rouges, qui adorent les atmosphères sèches, brumisez le feuillage régulièrement.
L’erreur de débutant : vouloir planter trop serré. Chaque herbe a besoin de son espace vital pour que l’air circule et que la lumière atteigne ses feuilles basses. Un seul plant de basilic bien développé dans un pot de 15 cm sera plus productif et sain que trois plants qui luttent pour leur survie dans le même espace.
Selon une étude de l’Université de Surrey, interagir avec des plantes d’intérieur peut réduire le stress physiologique et psychologique de près de 40%. Votre potager est aussi une source de bien-être mental.
Le macramé, c’est la solution bohème et légère parfaite pour suspendre un pot sans percer de multiples trous. Vous n’avez besoin que de corde et de vos mains.
Coupez 8 brins de corde de jute ou de coton (environ 2m chacun).
Nouez-les tous ensemble à une extrémité, laissant une petite frange.
Créez une série de nœuds plats pour former le berceau du pot.
Comment cueillir ses herbes pour qu’elles repoussent plus belles ?
Oubliez la cueillette feuille par feuille ! Pour la plupart des herbes comme le basilic, la menthe ou la coriandre, pincez la tige juste au-dessus d’un nœud (là où de nouvelles petites feuilles démarrent). Cela encourage la plante à se ramifier et à devenir plus touffue, au lieu de s’épuiser à faire une seule longue tige.
Terre cuite : Poreuse, elle laisse la terre respirer et sécher plus vite, limitant le risque de pourriture. Idéal pour le romarin ou le thym. Inconvénient : plus lourde et fragile.
Plastique ou métal émaillé : Léger et retient mieux l’humidité, parfait pour la menthe. Attention à ne pas sur-arroser. Assurez-vous qu’il y a des trous de drainage.
Les potagers d’intérieur connectés, comme ceux de la marque française Véritable®, consomment en moyenne seulement 10W, soit moins qu’une box internet.
Ces systèmes gèrent la lumière et l’arrosage automatiquement. C’est une option
Moins de stress hydrique pour la plante.
Risque de sur-arrosage quasi nul.
Parfait pour les départs en week-end.
Le secret ? Les pots à réserve d’eau. Grâce à un système de mèche ou de double fond, la plante puise l’eau dont elle a besoin, quand elle en a besoin. Une vraie tranquillité d’esprit.
Pour une touche d’originalité, inspirez-vous de l’art japonais du kokedama. Il s’agit d’une sphère de substrat et de mousse entourant les racines, que l’on suspend simplement avec une ficelle. C’est une sculpture vivante, idéale pour une plante seule comme un plant de menthe. L’arrosage se fait par trempage de la sphère toutes les semaines.
Herbes tolérantes à une lumière plus faible
Menthe : Elle peut devenir un peu moins dense, mais survit très bien loin de la fenêtre.
Persil plat : Moins exigeant que son cousin frisé.
Ciboulette : Pousse plus lentement mais s’accommode d’un coin moins ensoleillé.
Le détail qui change tout : le drainage. Un pot sans trou, c’est une condamnation à mort pour une plante. Si votre cache-pot design n’en a pas, deux solutions : percez-le vous-même ou, plus simple, placez à l’intérieur un pot en plastique percé, sur un lit de billes d’argile pour que l’excès d’eau ne touche jamais les racines.
Un litre de terreau humide pèse environ 1,5 kg. Un pot de 5 litres, une fois arrosé, peut donc facilement atteindre 7-8 kg ! Pensez-y avant de choisir vos fixations.
Avant de courir acheter des pots, regardez dans vos placards. Une vieille boîte de conserve en métal (bien nettoyée et percée au fond) ou un bocal en verre peuvent devenir des contenants stylés.
Boîtes de conserve : look industriel brut.
Bocaux en verre : parfaits pour voir les racines et le niveau d’humidité (ajoutez des billes d’argile au fond).
Comment arroser sans inonder la cuisine ?
La meilleure technique est de décrocher les pots et de les arroser dans l’évier. Laissez-les bien s’égoutter pendant 15-20 minutes avant de les remettre en place. Pour un arrosage d’appoint, utilisez un arrosoir à bec long et fin pour viser la base de la plante, en y allant doucement pour que la terre ait le temps d’absorber.
Rail mural (type IKEA KUNGSFORS) : Très modulable. On y suspend des pots, des ustensiles, des paniers. Parfait pour un look de cuisine de chef. Nécessite un mur solide.
Grille métallique : Look plus graphique et industriel. Permet d’accrocher des pots à n’importe quelle hauteur avec des crochets en S. Idéal pour les murs en placo, car le poids est mieux réparti.
Les vapeurs de cuisson chaudes et grasses peuvent
Aèrent le substrat et empêchent le tassement.
Créent une couche de drainage parfaite au fond du pot.
Limitent l’évaporation en surface lorsqu’utilisées en paillage.
Le super-pouvoir des billes d’argile. Cet allié peu coûteux est indispensable pour la culture en pot, surtout en intérieur où l’excès d’eau est l’ennemi numéro un.
Les herbes en pot épuisent vite les nutriments de leur terreau. Durant la période de croissance (printemps/été), offrez-leur un coup de pouce toutes les 3-4 semaines. Utilisez un engrais liquide organique spécial plantes aromatiques, dilué de moitié par rapport aux instructions pour ne pas brûler les racines.
Je pars en vacances, comment sauver mes herbes ?
Pour une semaine, un bon arrosage avant de partir et un placement loin du soleil direct suffisent. Pour plus longtemps, la solution DIY : plantez une bouteille d’eau en plastique remplie, percée au bouchon, tête en bas dans la terre. Elle diffusera l’eau lentement. Les systèmes d’arrosage
Le bon départ : ne cédez pas à la tentation d’acheter les plus petits plants en godet. Ils sont plus fragiles et plus sensibles aux erreurs. Préférez un plant déjà bien établi dans un pot de 10-12 cm. Il sera plus résistant et vous pourrez commencer à le récolter plus rapidement, ce qui est bien plus gratifiant !
Designer d'Intérieur & Consultante en Art de Vivre Domaines de prédilection : Aménagement intérieur, Éco-conception, Tendances mode
Après des années passées à transformer des espaces de vie, Laurine a développé une approche unique qui marie esthétique et fonctionnalité. Elle puise son inspiration dans ses voyages à travers l'Europe, où elle découvre sans cesse de nouvelles tendances et techniques. Passionnée par les matériaux durables, elle teste personnellement chaque solution qu'elle recommande. Entre deux projets de rénovation, vous la trouverez probablement en train de chiner dans les brocantes ou d'expérimenter de nouvelles palettes de couleurs dans son atelier parisien.
