Je me souviens encore de mes tout premiers fraisiers, plantés il y a une éternité dans un coin du jardin familial. L’attente… interminable ! Et puis un matin, cette première fraise : chaude de soleil, d’un rouge éclatant, avec un parfum qui embaumait l’air. Franchement, ce goût-là, on ne le retrouve jamais dans une barquette du supermarché. C’est la vraie récompense du jardinier.
Aujourd’hui, je partage cette passion et je le dis toujours : planter un fraisier, c’est bien plus que faire un trou. C’est comprendre la plante, lui préparer un nid douillet et répondre à ses besoins. Ce guide, c’est le concentré de décennies d’essais, de réussites et de quelques loupés mémorables qui m’ont beaucoup appris. Mon but ? Vous aider à retrouver ce goût incroyable de la fraise cueillie chez soi.
Avant de se lancer : Comprendre sa future plante
Avant même de sortir la bêche, un petit temps de réflexion s’impose. Le fraisier n’est pas une diva, mais il a ses petites exigences. Connaître les bases, c’est s’éviter bien des déceptions.
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Remontantes ou non remontantes ? Le choix qui dicte votre été
Alors, c’est LA première grande décision. On classe les fraisiers en deux équipes. D’un côté, il y a les variétés dites « non remontantes ». Ce sont les stars du printemps, les sprinteuses. Elles donnent tout d’un coup, sur trois à quatre semaines entre mai et juin, mais quelle abondance ! Pensez à la fameuse Gariguette. C’est l’idéal si vous rêvez de faire des confitures, des tartes ou des sirops, car vous aurez une énorme quantité de fruits en même temps.
De l’autre côté, on trouve les « remontantes ». Celles-là, ce sont les marathoniennes. Elles produisent une première fois au début de l’été, puis continuent généreusement, par vagues, jusqu’en octobre. La Mara des Bois, avec son parfum de fraise des bois, en est le parfait exemple. Elles sont géniales pour la consommation au jour le jour, pour picorer des fruits frais pendant des mois.
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Mon conseil personnel ? Si vous avez la place, ne choisissez pas. Plantez les deux ! Un petit rang de non-remontantes pour le festin de juin, et quelques pieds de remontantes pour le plaisir qui dure. C’est le combo gagnant.
Les racines : la partie cachée de l’iceberg
Bon à savoir : le fraisier a un système racinaire plutôt superficiel. La plupart de ses racines se trouvent dans les 15 premiers centimètres du sol. Concrètement, ça veut dire quoi ?
Il a vite soif : la terre en surface sèche très vite. L’arrosage doit donc être bien plus régulier que pour une tomate, par exemple.
Il est sensible : un coup de binette un peu trop viril près du pied peut abîmer ses racines fragiles. Douceur et délicatesse sont de mise.
Il a faim en surface : les nutriments doivent être là où il peut les attraper. D’où l’importance capitale d’un bon paillage et d’un apport de compost en surface.
La préparation du sol : 80% du boulot est fait ici
Je le martèle sans arrêt : le temps que vous passez à soigner votre terre avant la plantation est le meilleur investissement possible. Un fraisier dans une terre pauvre et tassée ne donnera jamais rien de bon, même avec les meilleurs soins du monde.
Le fraisier est un gourmand, il lui faut une terre riche. L’idéal est de s’y prendre à l’automne pour planter au printemps. Pour une nouvelle parcelle, visez une bonne brouette de compost bien mûr (vous en trouvez en sac de 40L pour environ 7€ en jardinerie) pour 5 m². Étalez-le et incorporez-le en douceur avec une grelinette ou une fourche-bêche, qui aèrent sans chambouler toute la vie du sol. Un sol vivant, c’est un sol fertile !
Attention, l’erreur du débutant ! N’utilisez JAMAIS de fumier frais. Il est beaucoup trop fort et va littéralement « brûler » les jeunes racines. J’ai fait cette bêtise à mes débuts en pensant bien faire… j’ai perdu la moitié de ma plantation. Le fumier doit être composté au moins un an.
Le pH, ce détail qui change tout
Le fraisier aime les sols légèrement acides. Si votre terre est très calcaire, les feuilles risquent de jaunir (c’est la chlorose). Pour en avoir le cœur net, un petit kit de test de pH se trouve pour moins de 15€ chez Castorama ou en ligne. Si votre sol est trop calcaire, un peu de terre de bruyère à la plantation aidera. S’il est trop acide (plus rare), un soupçon de chaux à l’automne corrigera le tir.
La plantation : le geste précis qui assure la reprise
Le sol est prêt ? Parfait. La plantation est rapide, mais elle demande un peu de concentration. Le mieux est de planter en fin de journée ou par temps couvert pour éviter le stress du plein soleil.
Le secret du collet : l’étape à ne surtout pas rater
C’est le point technique le plus important. Le « collet », c’est la jonction entre les racines et les feuilles, le cœur du réacteur de votre plante. Il doit être placé PILE au niveau du sol. Pour ne pas vous tromper, suivez ces étapes :
Faites tremper le godet dans l’eau quelques minutes, puis dépotez délicatement.
Creusez un trou assez large pour que les racines s’étalent.
Placez le plant, le haut de la motte de terre doit être au même niveau que le sol du jardin.
Ramenez la terre autour, sans tasser comme un forcené.
Le test final : tirez tout doucement sur une feuille. Le plant doit résister légèrement. Le collet doit affleurer la surface, ni flottant au-dessus, ni enterré dessous. Et voilà !
Combien de plants et quel espacement ?
Laissez 30 à 40 cm entre chaque plant. Ça peut paraître beaucoup, mais c’est le secret pour une bonne circulation de l’air et donc pour éviter la principale maladie, la pourriture grise. D’ailleurs, la grande question : combien de plants prévoir ? Pour une famille de 4 personnes qui veut grignoter tout l’été, je recommande de commencer avec une douzaine de pieds de variétés remontantes. Un plant bien entretenu peut produire entre 300 et 500 grammes de fruits sur sa saison !
Au fait, si vous achetez vos plants en automne, vous tomberez peut-être sur des « plants à racines nues ». Pas de panique ! Il suffit de les réhydrater quelques heures dans un seau d’eau avant de les mettre en terre.
L’entretien au fil des saisons : observer et agir
Une fois bien installé, le fraisier demande des soins simples mais réguliers. L’observation est votre meilleur guide.
L’arrosage : Jamais sur les feuilles ou les fruits ! Toujours au pied. Un bon arrosage copieux (visez un arrosoir de 10L par mètre carré) une à deux fois par semaine vaut mieux qu’un petit peu tous les jours. Un goutte-à-goutte, c’est le luxe suprême : économique en eau et parfait pour la plante.
La fertilisation : Si le sol a été bien préparé, pas la peine d’en rajouter au printemps. Ça ferait pousser les feuilles au détriment des fruits. Le bon moment pour nourrir, c’est APRÈS la récolte principale (fin juin) ou à la fin de l’été. Un peu de compost en surface ou un engrais spécial fraisiers, riche en potasse (K), sera parfait.
Le paillage : C’est indispensable. Au printemps, sur une terre propre et humide, installez une bonne couche de paillis. La paille est le classique, mais mon chouchou reste les aiguilles de pin : elles sont acides (le fraisier adore) et les limaces les détestent. D’ailleurs, astuce peu connue : le nom anglais « strawberry » viendrait de cette pratique de pailler (straw) pour protéger les baies (berry). Une technique ancestrale !
Les stolons : Ces longues tiges qui courent partout sont la façon pour le fraisier de se multiplier. Mais pour la production de fruits, ils volent de l’énergie. Il faut les couper régulièrement au plus près du pied mère. C’est un peu fastidieux, mais indispensable pour une belle récolte.
Mission Fraises sur le balcon : c’est possible !
Pas de jardin ? Pas d’excuse ! J’ai vu des récoltes magnifiques sur des balcons. Il faut juste un pot d’au moins 25-30 cm de profondeur (environ 10-12 litres) par plant. Le drainage est vital : de gros trous au fond du pot sont obligatoires.
Pour le terreau, fuyez les mélanges bas de gamme. Ma recette maison : 40% de bon terreau horticole, 30% de compost, 20% de terre de jardin et 10% de sable ou perlite. L’arrosage devra être quasi quotidien en été, et un apport d’engrais liquide pour tomates ou petits fruits tous les 15 jours sera nécessaire.
Conseil de pro pour les cultures en pot : si votre plant a déjà des fleurs ou des petites fraises quand vous l’achetez, sacrifiez-les ! Oui, ça brise le cœur, mais en coupant cette première production, vous forcez la plante à faire de solides racines. La récolte suivante sera bien plus généreuse, c’est promis !
SOS Fraisiers en détresse : le guide de dépannage
Parfois, les choses ne se passent pas comme prévu. Voici les problèmes les plus courants et leurs solutions.
« Mes feuilles jaunissent ! » Si les nervures restent vertes, c’est sûrement une chlorose. Votre sol est trop calcaire et la plante a faim de fer. Un arrosage avec un produit anti-chlorose (disponible en jardinerie) résoudra le problème rapidement.
« Mes fraises sont toutes petites et sans goût ! » Deux coupables : un manque d’eau au moment où les fruits grossissent, ou un sol épuisé. Arrosez plus généreusement et pensez à l’apport de compost ou d’engrais après la récolte pour recharger les batteries de la plante.
« Zéro fruit, que des feuilles ! » C’est le signe typique d’un excès d’azote. Vous avez mis un engrais trop riche ou un fumier trop frais. Le remède : arrêtez tout apport d’engrais et soyez patient. Assurez-vous aussi que vos plants reçoivent au moins 6 heures de soleil par jour.
Renouveler ses plants : le secret pour des fraises à l’infini
Un pied de fraisier, ce n’est pas éternel. Il est au top pendant 2 ou 3 ans. La quatrième année, il fatigue. Mais pas besoin de tout racheter ! Souvenez-vous des stolons, ces tiges que je vous disais de couper ? Ne les jetez pas !
En été, laissez-en quelques-uns sur vos plus beaux pieds. Ancrez le petit plantlet qui se forme au bout dans un petit pot rempli de terreau, sans le couper du pied mère. Maintenez humide. En quelques semaines, il aura ses propres racines. Coupez le « cordon ombilical » : vous voilà avec un nouveau plant, jeune, vigoureux et… gratuit ! C’est comme ça qu’on assure une production durable, année après année.
Galerie d’inspiration
Paille traditionnelle : La solution classique. Elle garde les fruits propres, maintient l’humidité et se décompose en enrichissant le sol. Idéale pour les grandes surfaces au jardin.
Aiguilles de pin : Une alternative au pH légèrement acide, que les fraisiers adorent. Elles repoussent limaces et escargots et offrent un paillage plus aéré. Parfaites pour les cultures en pot ou jardinière.
Notre conseil ? Testez les aiguilles de pin si vous êtes en milieu humide, pour une meilleure circulation de l’air.
Botaniquement parlant, la fraise n’est pas une baie ! C’est un
Vos fraises manquent de goût ou restent petites ?
C’est souvent une question de nutrition et d’ensoleillement. Assurez-vous d’apporter un engrais riche en potasse (K) plutôt qu’en azote (N) dès la formation des fleurs. La potasse favorise le développement des fruits, tandis que l’azote privilégie le feuillage. Un bon engrais pour tomates et petits fruits, comme ceux de la marque Fertiligène Naturen, est parfait. Et bien sûr, 6 heures de soleil direct minimum sont non négociables pour des fruits sucrés !
Associez vos fraisiers à de bons compagnons pour une meilleure santé et plus de saveur :
La bourrache attire les pollinisateurs et enrichit le sol.
L’ail et l’oignon éloignent certains nuisibles par leur odeur.
Les épinards créent un couvre-sol qui limite les
Un gain de place spectaculaire, idéal pour les balcons.
Une récolte à hauteur d’homme, sans se baisser.
Des fruits moins exposés aux limaces et à la pourriture.
Le secret ? La culture verticale ! Une tour à fraisiers ou une jardinière murale transforment un simple mur en un garde-manger luxuriant et accessible.
Sur un balcon, le contenant devient un élément de décor. Oubliez le plastique basique et osez la terre cuite qui, en plus d’être esthétique, favorise une bonne aération des racines. Pour un look plus contemporain et nomade, les sacs de plantation souples, comme les BACSAC®, sont une solution légère, résistante et design. Leurs parois en géotextile permettent un excellent équilibre air/terre/eau.
Le secret de la vigueur : Gérez les stolons ! Ces longues tiges rampantes que le fraisier produit sont sa façon de se multiplier. En début de saison, coupez-les systématiquement. L’énergie de la plante sera alors entièrement concentrée sur la production de fruits. Conservez-en seulement quelques-uns en fin de saison pour renouveler vos plants gratuitement.
Selon une étude de l’INRAE, la présence de fleurs compagnes comme le souci ou la phacélie peut augmenter le rendement des fraisiers de près de 20% en attirant davantage d’insectes pollinisateurs.
Cela signifie que planter quelques fleurs utiles à proximité n’est pas seulement esthétique, c’est un véritable investissement pour une récolte plus abondante et des fruits mieux formés.
Osez l’inattendu avec la ‘Pineberry’, ou fraise-ananas. D’un blanc crémeux parsemé de graines rouges, elle surprend par son parfum exotique et sa saveur douce rappelant l’ananas. Un bijou pour épater vos invités et varier les plaisirs au potager.
L’erreur fatale du débutant est d’enterrer le
Contre les pucerons, la nature offre les meilleures armes. Laissez tomber les produits de synthèse et adoptez ce réflexe :
Le savon noir : Une cuillère à soupe diluée dans 1L d’eau tiède, à pulvériser sous les feuilles, est un excellent répulsif.
Les larves de coccinelles : Vous pouvez en commander en ligne (chez Biotop, par exemple) pour une solution biologique radicale et fascinante à observer.
Multiplier sans dépenser : Laissez quelques stolons se développer en fin d’été. Placez un petit pot rempli de terreau sous une des plantules formées sur la tige. Une fois qu’elle a développé ses propres racines, coupez le lien avec la plante mère. Vous venez de créer un nouveau fraisier gratuitement pour la saison prochaine !
Jardinière Passionnée & Cuisinière du Potager Ses terrains de jeu : Potager bio, Culture en pots, Recettes du jardin
Léa a découvert sa vocation en cultivant son premier potager sur un balcon de 4m². Depuis, elle n'a cessé d'expérimenter et de partager ses découvertes. Issue d'une famille de maraîchers bretons, elle a modernisé les techniques traditionnelles pour les adapter à la vie urbaine. Sa plus grande fierté ? Réussir à faire pousser des tomates sur les toits de Lyon ! Quand elle n'a pas les mains dans la terre, elle concocte des recettes avec ses récoltes ou anime des ateliers de jardinage dans les écoles de son quartier.