Terrasse en Composite : Le Guide Complet Pour Ne Pas Vous Tromper
Je me souviens encore de mes premiers chantiers avec du bois composite. Au début, on était un peu méfiants, nous, les artisans habitués au bois massif. Ça avait l’air un peu plastique, un peu… différent. Mais j’ai vite compris un truc essentiel : le composite n’est pas une imitation bas de gamme du bois. C’est un matériau technique à part entière, avec ses propres règles du jeu.
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Si on ignore ces règles, c’est la catastrophe assurée. Mais si on les maîtrise, on obtient des résultats d’une stabilité et d’une durabilité franchement bluffantes. Aujourd’hui, je vous livre mes secrets de terrain, pas les beaux discours des brochures, mais la réalité du chantier. Ce qui marche, ce qui coince, et les détails qu’on n’apprend que les mains dans la sciure.
Comprendre la matière : tous les composites ne se valent pas
Pour bien choisir, il faut savoir de quoi on parle. Le composite, c’est un mélange de fibres de bois recyclées et de résine plastique. Simple, non ? En réalité, la qualité varie énormément selon la recette. Il y a trois points clés à vérifier : le type de plastique, la structure de la lame (pleine ou creuse), et la technologie de fabrication.

Le plastique, c’est le liant
Le polymère, c’est lui qui protège le bois de l’humidité et des insectes. On en trouve surtout deux sortes :
- Le PEHD (Polyéthylène Haute Densité) : C’est le plus courant, le même plastique que vos bouteilles de lait. Il est assez souple, résiste bien aux chocs et est souvent plus agréable sous les pieds nus. Parfait pour une plage de piscine.
- Le PVC (Polychlorure de vinyle) : Plus rigide, il bouge moins avec la chaleur et résiste mieux aux rayures. C’est un bon choix pour un bardage exposé plein sud ou une terrasse qui verra passer du mobilier lourd. En contrepartie, il peut être un peu plus cassant par grand froid.
Lames pleines ou alvéolaires : le choix qui change tout
C’est LA question qui revient tout le temps. Et non, la différence n’est pas que le prix.
Les lames alvéolaires (creuses) sont plus légères et moins chères, car il y a moins de matière. On ne va pas se mentir, c’est leur seul vrai avantage. Pour le budget, on est souvent entre 30€ et 50€ le m². Leurs défauts ? Elles sont bien moins solides. Un pied de chaise un peu lourd, un objet qui tombe, et hop, une marque, voire un trou. L’eau peut aussi s’infiltrer dans les alvéoles si les finitions sont mal faites, avec un risque de gel qui fait tout éclater. Honnêtement, je les réserve aux zones de très faible passage, en prévenant toujours le client.

À l’opposé, vous avez les lames pleines. Là, on change de catégorie. Elles sont denses, lourdes, et se travaillent presque comme un bois exotique. Quand on marche dessus, ça sonne plein, ça respire la solidité. Pour une terrasse familiale ou un lieu public, c’est la seule option vraiment durable à mes yeux. C’est un investissement, on passe plutôt sur une fourchette de 60€ à plus de 100€ le m², mais sur 20 ans, le calcul est vite fait. Astuce de pro : en magasin, soupesez les lames. Une lame pleine de bonne qualité, c’est lourd. Ça donne déjà un bon indice sur sa robustesse.
La co-extrusion : la petite révolution qui fait la différence
Les tout premiers composites avaient un défaut : ils étaient un peu poreux. Une tache de gras du barbecue, et c’était la galère à nettoyer. Ils avaient aussi tendance à se décolorer au soleil.

Puis est arrivée la co-extrusion. C’est simple : on enrobe le cœur de la lame d’une fine peau de protection 100% plastique. Ce bouclier change tout. La lame devient quasiment imperméable (les taches restent en surface), sa couleur est beaucoup plus stable dans le temps, et la surface est souvent texturée pour être moins glissante. Aujourd’hui, je ne pose quasiment plus que ça. Le surcoût (on est dans le haut de la fourchette des lames pleines) est largement justifié par la tranquillité d’esprit.
La Terrasse : les règles d’or pour qu’elle dure 20 ans
Une terrasse en composite ne pardonne aucune erreur de pose. Je dirais que 90% des problèmes que je vois en SAV viennent d’une structure mal pensée ou du non-respect de la dilatation. C’est la partie invisible, mais c’est la plus importante !
La structure, votre fondation
- Les lambourdes : On peut les prendre en pin traité, en bois exotique, ou en aluminium. Ma préférence va de plus en plus à l’aluminium. Pourquoi ? C’est parfaitement droit, ça ne bouge pas, jamais. C’est l’assurance d’une terrasse qui reste plane. C’est plus cher, oui, mais c’est la paix royale.
- L’entraxe : C’est la distance entre chaque lambourde. En général, c’est 40 cm. Ne trichez JAMAIS là-dessus pour économiser une lambourde. Si vous passez à 50 cm, vos lames vont se déformer avec la chaleur et créer des vagues. C’est moche et irrécupérable.
- La pente : Indispensable ! Une pente de 1% (1 cm par mètre) dans le sens des lames est vitale pour évacuer l’eau de pluie. L’eau qui stagne, c’est la porte ouverte aux mousses et aux taches.
- Petit conseil d’ami : Si vous utilisez des lambourdes en bois, collez une bande de protection bitumineuse sur le dessus avant de fixer les lames. Ça coûte trois fois rien (dispo dans n’importe quel Castorama ou Leroy Merlin) et ça double leur durée de vie en empêchant l’eau de stagner au contact des vis.

La dilatation : l’ennemi à ne pas sous-estimer
Le composite se dilate avec la chaleur, bien plus que le bois. Si vous ne lui laissez pas d’espace pour « respirer », il se vengera. J’ai vu des terrasses se soulever au milieu comme des montagnes ! Respectez scrupuleusement les jeux de dilatation indiqués par le fabricant : généralement 5 à 8 mm en bout de lame, et 1 cm sur les côtés contre un mur.
Une question brûlante : et la chaleur en été ?
On en parle franchement ? Oui, le composite chauffe au soleil, surtout les couleurs très sombres comme l’anthracite ou le brun chocolat. Marcher pieds nus dessus à 14h en plein mois d’août peut être… intense. Si votre terrasse est exposée plein sud, un conseil : privilégiez des teintes plus claires (gris perle, beige, teck clair). La différence est énorme !
Bardage et Clôture : deux applications, mêmes exigences
En bardage ou en clôture, le composite est une super alternative, mais là aussi, il y a des règles.
Pour un bardage, le mot d’ordre est : VENTILATION. Il faut absolument laisser une lame d’air d’au moins 2 cm derrière les lames pour que l’air circule. Sans ça, l’humidité s’accumule et c’est la moisissure assurée sur votre mur.
Pour une clôture, pensez au vent ! Une palissade pleine offre une sacrée prise au vent. Les poteaux, quasi toujours en alu pour la rigidité, doivent être scellés dans des plots en béton costauds (comptez 40×40 cm sur 50 cm de profondeur pour une hauteur de 1,80 m). Ne faites pas l’impasse là-dessus, sinon votre clôture finira chez le voisin à la première tempête.
Le vrai coût et les pièges du quotidien
Quand vous établissez votre budget, ne regardez pas que le prix des lames au mètre carré. Pensez au coût total : lames, lambourdes, clips, vis, plinthes… Les accessoires peuvent vite faire grimper la note.
Pour vous donner une idée, pour une terrasse de 20m², il faudra prévoir :
- Environ 22 m² de lames (comptez 10% de plus pour les chutes).
- Près de 55 mètres de lambourdes (pour un entraxe de 40 cm).
- Les clips de fixation, les vis inox (impératif ! A4 si vous êtes en bord de mer).
- Des plots, des plinthes, des embouts de finition…
Et dans la vie de tous les jours ? On vous vend le composite comme un matériau « sans entretien », je préfère dire « entretien facile ». Un coup de balai-brosse et d’eau savonneuse une fois par an suffit. Attention cependant à quelques ennemis : les pieds de parasol en métal qui rouillent, les tapis en caoutchouc qui peuvent tacher les lames, ou les pots de fleurs posés à même le sol qui gardent l’humidité. Mettez-les toujours sur des supports pour laisser l’air circuler.
En conclusion, le bois composite est un produit fantastique si on le choisit bien et qu’on le pose correctement. Ne sautez pas sur le premier prix. Demandez des échantillons, comparez les fiches techniques, et privilégiez une lame pleine et co-extrudée si votre budget le permet. C’est un investissement, alors autant le faire bien, une seule fois. Pour un bricoleur un peu à l’aise, comptez un bon week-end pour monter 20m² de terrasse, sans compter la préparation du sol. C’est le meilleur conseil que je puisse vous donner !
Inspirations et idées
Le saviez-vous ? Une terrasse en composite de 50 m² peut contenir l’équivalent de 140 000 sacs en plastique et 300 000 mètres de film plastique recyclés.
Choisir une marque comme Trex, pionnière du genre, c’est donc opter pour une solution esthétique mais aussi donner une seconde vie à des milliers de déchets plastiques qui, autrement, pollueraient nos océans et nos sols. Un argument écologique qui a du poids.
La fixation qui change tout :
Vis apparentes : La méthode traditionnelle. Moins chère, elle impose une régularité parfaite. L’inconvénient ? Chaque vis est un point potentiel d’infiltration d’eau si la pose n’est pas impeccable.
Clips invisibles : Plus coûteux, mais le résultat est d’une pureté incomparable, sans aucune vis qui dépasse. Des systèmes comme les clips Cobra permettent aussi aux lames de se dilater librement, un atout majeur pour la longévité de la terrasse.
- Une résistance accrue aux taches et à la décoloration.
- Un nettoyage simplifié, même pour les taches de vin ou de graisse.
- Des couleurs plus profondes et des finitions boisées ultra-réalistes.
Le secret ? La technologie de co-extrusion. Les lames de dernière génération sont enveloppées d’une fine coque de protection en polymère pur, qui agit comme un bouclier sur toutes les faces. C’est le standard des marques premium comme Fiberon ou TimberTech.
Ma terrasse composite va-t-elle garder sa couleur d’origine ?
Oui, mais patience ! La plupart des lames en composite (non co-extrudées) connaissent une phase de « bronzage » durant les premiers mois. Exposées aux UV et à la pluie, elles foncent ou s’éclaircissent légèrement avant de se stabiliser sur leur teinte définitive au bout de 6 à 12 mois. C’est un processus normal et non un défaut.
Une tache de graisse après un barbecue ? Pas de panique. Sur la plupart des composites, l’astuce de grand-mère fonctionne à merveille.
- Absorbez immédiatement le surplus avec un papier essuie-tout.
- Saupoudrez généreusement de Terre de Sommières.
- Laissez agir plusieurs heures, voire une nuit complète.
- Brossez doucement pour retirer la poudre. Recommencez si nécessaire.
Point crucial : la ventilation. Une erreur fréquente est de poser les lames trop près du sol ou sans circulation d’air suffisante en dessous. Le composite, même s’il est stable, a besoin de
Les fabricants de lames pleines haut de gamme, comme le français Silvadec, garantissent souvent leurs produits 25 ans contre les dommages structurels causés par les termites et les champignons.
Attention à l’effet
Ne jetez pas les chutes ! Les lames de composite se travaillent aussi facilement que le bois. Avec les restes de votre chantier, vous pouvez créer des éléments de décoration parfaitement assortis : une petite jardinière, le contour d’un parterre de fleurs, un banc simple ou même une bordure pour délimiter une allée dans le jardin.
- Pour une façade en pierre claire : osez un gris anthracite pour un contraste moderne et affirmé.
- Pour une maison en bois ou bardage naturel : optez pour un brun chaud (type IPE ou Teck) pour une continuité harmonieuse.
- Pour une architecture contemporaine blanche : un composite gris très clair créera une ambiance minimaliste et épurée, d’inspiration scandinave.