Le Microciment sans Bla-bla : Le Guide du Pro pour un Résultat Qui Dure Vraiment

Auteur Chloé Lambert

Le microciment, on en voit partout. Mais franchement, entre les photos de magazine et la réalité, il y a un monde. J’ai passé plus de vingt ans à travailler avec des revêtements décoratifs, et j’ai vu des modes aller et venir. Le microciment, lui, est resté. Pourquoi ? Parce que ce n’est pas juste un effet de style. C’est un matériau technique qui, quand on le respecte, donne un résultat absolument unique et durable.

On me demande souvent la différence avec un béton ciré classique. Pour faire simple, le microciment est une version très évoluée du béton ciré. C’est un enduit super fin, d’environ 2 à 3 millimètres d’épaisseur, fait de ciment, de poudres minérales, de pigments et, surtout, d’une résine polymère liquide. C’est cette résine qui change tout. Elle lui donne une souplesse et une adhérence incroyables, ce qui lui permet de s’accrocher sur du carrelage, du placo, et bien d’autres supports sans avoir à tout casser. Comparé à un carrelage, par exemple, il offre une surface continue, sans joints, ce qui est non seulement superbe mais aussi beaucoup plus simple à nettoyer au quotidien.

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Dans ce guide, pas de langue de bois. Je vais vous partager mon expérience de terrain, vous expliquer comment obtenir un sol en microciment qui tiendra des décennies. Et je vais aussi vous dire quand il vaut mieux oublier l’idée ou, honnêtement, faire appel à un pro. Car la plus grosse erreur, c’est de sous-estimer sa complexité.

La Préparation du Support : La Règle d’Or des 80/20

Si vous ne deviez retenir qu’une seule chose, ce serait celle-ci : 80% de la réussite d’un microciment réside dans la préparation du support. Un jeune apprenti m’a dit un jour : « Patron, on passe plus de temps à préparer qu’à appliquer ! ». Je lui ai répondu : « Exactement. Et c’est pour ça que le résultat sera parfait. »

Une préparation bâclée, c’est l’assurance de voir apparaître des fissures, des décollements ou, pire, le fantôme des anciens joints de carrelage après quelques mois. C’est la catastrophe assurée.

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Sur un ancien carrelage (le cas le plus fréquent) :
D’abord, on vérifie la solidité. Tapez sur chaque carreau avec le manche d’un tournevis. Si ça sonne creux, il faut le recoller ou l’enlever et combler le trou. Ensuite, dégraissage obligatoire avec un produit alcalin, comme une bonne vieille lessive type Saint-Marc. Puis, on ponce la surface (grain 40 ou 60) pour rayer l’émail et créer une accroche mécanique. Aspirez la poussière méticuleusement. L’étape cruciale : combler les joints avec un mortier de préparation spécifique, souvent vendu par le fabricant du microciment. Attention, ne le faites JAMAIS avec le microciment lui-même ! On fait une première passe pour remplir les joints, on laisse sécher, puis une seconde pour obtenir une surface parfaitement lisse.

Sur une chape béton ou un ragréage :
Le premier ennemi, c’est l’humidité. Un pro utilise un hygromètre, mais pour vous, assurez-vous que la chape est sèche depuis plusieurs semaines. Un taux d’humidité trop élevé (au-dessus de 4%) et le microciment va cloquer. Si la chape a des fissures qui bougent, ce n’est pas au microciment de les réparer. C’est un problème structurel à régler avant.

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Sur des plaques de plâtre (Placo) :
Ici, les bandes à joints doivent être parfaites, poncées à plat sans la moindre bosse. La moindre imperfection se verra comme le nez au milieu de la figure. Comme le plâtre boit énormément, un primaire d’accrochage est indispensable pour bloquer le support et éviter que le microciment ne sèche trop vite, ce qui le rendrait fragile.

Votre Assurance Anti-Fissures : Le Duo Primaire + Trame

Après le nettoyage, on applique toujours un primaire d’accrochage. Il agit comme un ruban adhésif double-face entre le support et le microciment. Sur un support non poreux comme le carrelage, on utilise souvent un primaire époxy sablé (le sable dedans crée une texture rugueuse pour une accroche mécanique parfaite). Sur un support poreux comme le placo, un primaire acrylique suffit.

Ensuite, vient la trame en fibre de verre. C’est un treillis que l’on noie dans la première couche de microciment. Certains tentent de s’en passer pour gagner du temps… Grosse erreur. Cette trame solidarise l’ensemble et absorbe les micro-tensions du support. C’est votre meilleure garantie contre les fissures. Pour un sol, c’est tout simplement non négociable.

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Ma Boîte à Outils Essentielle

Pour un travail de qualité, pas de secret, il faut les bons outils. Voici la liste de ce que j’ai toujours avec moi sur un chantier de microciment :

  • Une balance de précision : pour respecter les dosages à la lettre.
  • Un malaxeur électrique à vitesse lente : jamais plus de 400 tours/minute pour ne pas incorporer de bulles d’air.
  • Des lisseuses en inox (de différentes tailles) : pour les couches de base.
  • Une lisseuse en plastique ou caoutchouc : pour les couches de finition, afin d’éviter les marques noires.
  • Une ponceuse orbitale reliée à un aspirateur de chantier : pour votre santé et la propreté du chantier. La poussière est extrêmement fine et nocive.
  • Des rouleaux microfibres : pour appliquer le bouche-pores et les vernis.

L’Application : Un Savant Mélange de Technique et de Geste

Le rendu final, avec ses nuances et ses effets de matière, dépend entièrement du geste de l’applicateur. C’est pour ça que deux sols en microciment ne sont jamais vraiment identiques.

Le mélange : Respectez scrupuleusement les dosages du fabricant (d’où la balance !). On verse d’abord la résine liquide, puis la poudre, en mélangeant doucement. Une fois le mélange homogène, laissez-le reposer 5-10 minutes. Ça permet aux polymères de bien s’activer.

Les couches de base (Microbase) : La première couche sert à noyer la trame de verre. On applique et on étire la matière sans trop la travailler. On maroufle la trame dans la passe fraîche. Après séchage (4-6h), on applique une seconde couche de base pour tout recouvrir et avoir une surface plane. Un petit coup de ponçage (grain 80) après séchage pour enlever les plus grosses arrêtes.

Les couches de finition (Microdeck pour le sol, Microfino pour le mur) : C’est ici que l’art opère. Le geste est plus court, arrondi, aléatoire. La pression sur la lisseuse crée les effets : plus on appuie, plus l’effet est sombre et « ferré ». Un geste léger donne un rendu plus clair et nuageux. On applique deux couches fines, avec un ponçage très léger (grain 150-220) entre les deux pour adoucir le toucher.

Petit conseil pour débuter : Avant d’attaquer votre mur ou votre plan de travail, achetez une simple plaque de MDF (ça coûte moins de 15€ chez Castorama ou Leroy Merlin) et entraînez-vous dessus ! Testez la pression, les angles, le geste. Ça peut littéralement sauver votre projet.

La Finition : Le Bouclier qui Fait Toute la Différence

Un microciment brut est magnifique, mais c’est une véritable éponge. La protection n’est pas une option, c’est ce qui garantit sa durabilité.

  1. Le bouche-pores : Une fois la dernière couche poncée et dépoussiérée, on applique un bouche-pores acrylique. Il sature le microciment et empêche le vernis d’être absorbé inégalement (ce qui créerait des taches).
  2. Le vernis polyuréthane : C’est l’armure finale. Pour les sols, plans de travail et douches, n’utilisez QUE des vernis polyuréthanes bi-composants à l’eau de haute qualité (des marques comme Blanchon, V33 ou les vernis spécifiques des fabricants de microciment sont excellentes). On applique au minimum deux couches, et même trois dans une douche.

Parlons Argent : Coûts, Délais et Pièges à Éviter

Soyons clairs : un microciment de qualité, posé par un artisan qualifié, a un coût. Comptez entre 100€ et 180€ par mètre carré. Ce prix reflète surtout le temps de main-d’œuvre colossal pour la préparation. Méfiez-vous des offres trop basses, elles cachent souvent une préparation sacrifiée ou des produits bas de gamme.

Pour un projet DIY, comme une crédence de 3 m², un kit complet de qualité (chez des spécialistes comme Mercadier, Marius Aurenti ou Harmony Béton) vous coûtera entre 250€ et 400€. N’oubliez pas d’ajouter une cinquantaine d’euros pour le petit matériel si vous ne l’avez pas.

Un chantier de 30 m² au sol, en respectant les temps de séchage, prend au minimum 5 à 7 jours de travail. Ce n’est pas un projet de week-end.

L’Entretien au Quotidien : Les Choses à Faire et à ne JAMAIS Faire

Une fois votre sol magnifique, vous allez vouloir le garder comme ça. C’est très simple !

  • Pour le nettoyage quotidien : De l’eau tiède avec un savon neutre (savon noir, savon de Marseille). C’est tout !
  • Produits INTERDITS : La javel, le vinaigre pur, les produits anticalcaires agressifs, l’ammoniaque et tout produit abrasif. Ils attaqueraient le vernis et tacheraient le microciment de manière irréversible.
  • En cas de tache (vin, café) : Agissez vite ! Épongez immédiatement avec un chiffon humide et un peu de savon neutre.

Alors, On se Lance en DIY ou On Appelle un Pro ?

Honnêtement, si vous voulez recouvrir un petit plan de travail non sollicité ou une crédence, vous pouvez tenter l’aventure avec un kit de bonne qualité en suivant le mode d’emploi à la lettre. C’est un excellent projet pour se faire la main.

Mais pour un sol, une salle de bain complète ou une grande surface, les risques d’échec sont trop élevés pour un débutant. L’investissement en matériel pro est important et la maîtrise du geste demande de la pratique. Mon conseil : pour les zones critiques, confiez votre projet à un artisan dont vous avez vu le travail et qui prend le temps de tout vous expliquer. Un sol en microciment bien fait, c’est une vraie plus-value et un plaisir quotidien. Ça vaut le coup de bien faire les choses, dès le départ.

Inspirations et idées

Peut-on vraiment appliquer du microciment dans une douche à l’italienne ?

Absolument, mais à une condition non négociable : le vernis de protection. C’est lui, et non l’enduit lui-même, qui assure l’étanchéité parfaite. Oubliez les vernis monocomposants d’entrée de gamme. Il faut exiger un vernis polyuréthane bi-composant à haute performance, comme le vernis Optimum de Marius Aurenti ou le système de protection pour pièces d’eau de Mercadier. C’est cette couche finale qui résistera au calcaire, aux savons et à l’humidité stagnante sans jamais faillir.

Avec seulement 2 à 3 mm d’épaisseur, le microciment est une solution de rénovation poids plume : il pèse moins de 3 kg/m², contre plus de 20 kg/m² pour un carrelage et sa colle.

Cette légèreté n’est pas anecdotique. Elle signifie qu’on peut l’appliquer sur des planchers à l’étage sans se soucier de la charge structurelle, et surtout, qu’on recouvre un ancien carrelage sans la contrainte d’un surpoids excessif ou d’un rehaussement des portes.

Finition mate : Idéale pour un look brut et contemporain. Elle absorbe la lumière, ce qui pardonne les petites imperfections du support et donne un rendu très minéral. Attention, elle peut être légèrement plus sensible aux taches grasses si le vernis n’est pas de qualité supérieure.

Finition satinée : Le choix le plus courant et le plus pratique. Elle réfléchit subtilement la lumière, facilitant grandement le nettoyage au quotidien. Son léger brillant met en valeur les nuances de l’application et donne une impression de profondeur.

L’alchimie entre le microciment et le bois est l’une des plus réussies en design d’intérieur. La texture froide et minérale du ciment est immédiatement réchauffée par la présence d’un parquet en chêne clair, d’un plan de travail en noyer ou de simples tasseaux de bois. Cette association crée un équilibre parfait entre minimalisme et convivialité, une signature des intérieurs scandinaves ou japonais modernes.

  • Une hygiène irréprochable, sans joints pour retenir saletés ou moisissures.
  • Une sensation d’espace décuplée, créant une continuité visuelle.
  • Un entretien d’une simplicité redoutable au quotidien.

Le secret ? L’application manuelle à la taloche. C’est ce geste artisanal qui donne au microciment ses

L’erreur à ne pas commettre : vouloir économiser sur le primaire d’accrochage. Sur un support fermé comme un ancien carrelage, l’utilisation d’un primaire époxy spécifique (souvent sablé) est cruciale. Il crée le

Pour préserver la beauté de votre surface en microciment sur le long terme, l’entretien est simple mais doit être régulier. Voici les gestes essentiels :

  • Utilisez exclusivement un détergent au pH neutre (le savon noir dilué est parfait).
  • Bannissez l’eau de Javel et les produits anticalcaires agressifs qui attaquent le vernis.
  • Une fois par an, nourrissez et ravivez la protection en appliquant une cire spécifique, comme la Cire Protect de Ciment-Déco.

Les teintes de microciment les plus demandées ne sont plus seulement les gris. On note une forte hausse pour les couleurs terreuses comme la terracotta, les verts sauge ou les beiges chauds.

Le coût d’un microciment est-il justifié face à un carrelage haut de gamme ?

Si l’on compare le prix au mètre carré, le microciment posé par un artisan (entre 100€ et 180€/m²) peut sembler plus cher. Cependant, il faut prendre en compte l’économie réalisée sur la démolition de l’ancien support, l’évacuation des gravats et le ragréage souvent nécessaire. Au final, pour une rénovation, le coût global est souvent très compétitif, avec un avantage esthétique et pratique incomparable.

Ne confondez pas microciment et

Chloé Lambert

Décoratrice Contemporaine & Chasseuse de Tendances
Ses spécialités : Design moderne, Éclairage d'ambiance, Mobilier design
Chloé a l'œil pour repérer les tendances avant qu'elles n'arrivent dans les magazines. Après plusieurs années dans le merchandising visuel pour de grandes enseignes, elle s'est lancée dans le conseil déco. Son appartement lyonnais est un véritable showroom où elle teste toutes ses idées avant de les partager. Fascinée par l'impact de la lumière sur nos émotions, elle collectionne les luminaires vintage qu'elle mélange avec des pièces ultra-modernes. Son secret ? Ne jamais suivre les règles à la lettre.