STCW, GWO : Le guide pour enfin comprendre quelle formation sécurité il vous faut
Découvrez pourquoi les formations STCW et GWO sont essentielles pour des carrières maritimes et éoliennes, où la sécurité prime avant tout.

Travailler en mer ou dans le secteur éolien, c'est bien plus qu'un simple emploi, c'est un engagement envers la vie humaine. En tant que passionné de l'aventure maritime, j'ai réalisé à quel point une formation adéquate peut faire la différence en situation d'urgence. Les certifications STCW et GWO ne sont pas seulement des papiers, elles représentent des compétences vitales qui sauvent des vies.
Je me souviens encore de cette nuit de quart, au large de la Bretagne. Mer agitée, vent de travers… le combo classique. Et puis, une alarme stridente a déchiré le silence. Pas un exercice. Un début d’incendie dans un local technique. En quelques secondes, c’était le branle-bas de combat, mais un chaos maîtrisé. Les gestes appris et répétés des centaines de fois en formation ont pris le dessus. L’équipe d’intervention s’est équipée, les extincteurs étaient là où il fallait, et chacun connaissait son rôle sans même avoir à parler. Le feu a été maîtrisé vite fait, bien fait. Personne n’a été blessé.
Contenu de la page
Ce jour-là, ce n’est pas la chance qui nous a sauvés, mais la formation. La fameuse STCW.
Depuis plus de vingt ans que je navigue entre le monde maritime et l’éolien offshore, j’ai vu beaucoup de choses. J’ai commencé matelot, puis officier, et aujourd’hui je partage mon temps entre des missions et la formation des nouvelles générations. Je leur dis toujours la même chose : les certificats que vous allez obtenir, ce ne sont pas des diplômes à accrocher au mur. Ce sont des boîtes à outils pour survivre et protéger vos collègues dans des environnements où, franchement, la nature a toujours le dernier mot.

Alors, cet article, ce n’est pas un simple guide. C’est un retour d’expérience pour vous aider à y voir clair derrière ces acronymes un peu barbares.
La STCW : Le langage universel de la sécurité en mer
STCW, ça veut dire « Standards of Training, Certification and Watchkeeping for Seafarers ». En gros, c’est une convention internationale qui garantit qu’un marin formé aux Philippines a les mêmes compétences de base en sécurité qu’un marin formé en France ou en Norvège. C’est absolument essentiel, car sur un navire, l’équipage est souvent un vrai melting-pot. Il faut un socle commun pour réagir ensemble et efficacement en cas d’urgence.
Cette convention n’est pas figée dans le marbre ; elle a été mise à jour plusieurs fois pour s’adapter aux nouvelles réalités du terrain, comme la gestion de la fatigue (un homme fatigué est un homme dangereux en mer) ou la sûreté face aux menaces modernes. Chaque changement a été dicté par des retours d’expérience et des accidents qui, malheureusement, ont montré qu’il fallait faire évoluer les choses.

La formation de base : le fameux « Basic Safety Training » (BST)
Pour embarquer sur un navire de commerce ou un yacht d’une certaine taille, impossible d’y couper : il vous faut la formation de base STCW. Elle dure généralement une semaine et c’est souvent intense, autant physiquement que mentalement. Mais croyez-moi, chaque épreuve a sa raison d’être.
Bon à savoir : Attendez-vous à un budget oscillant entre 1000€ et 1500€ pour la semaine complète, selon le centre de formation. Le recyclage, obligatoire tous les 5 ans, coûte généralement autour de 600€ à 800€.
- Techniques Individuelles de Survie (TIS) : C’est souvent le module qui marque le plus les esprits. Ça se passe en piscine. On apprend à sauter de plusieurs mètres sans se blesser, à enfiler une combinaison de survie (cette grosse combi orange pas du tout à la mode mais qui vous sauve la vie), et surtout à la retourner. Un radeau à l’envers, ça ne sert à rien. Grimper dedans, même dans une piscine calme, c’est déjà épuisant. Alors imaginez avec des vagues…
- Prévention et lutte contre l’incendie (FPFF) : L’incendie, c’est la hantise du marin. On ne peut pas juste s’enfuir en courant. Ce module est très pratique. Le point d’orgue, c’est l’exercice en caisson à feu. On enfile la tenue de pompier complète avec l’appareil respiratoire isolant (ARI) qui pèse un âne mort. On entre à genoux dans un conteneur enfumé (le noir complet !) pour éteindre un vrai feu. On ressent la chaleur à travers la tenue. Une expérience qui vous apprend l’humilité et l’importance du travail d’équipe.
- Premiers secours (EFA) : En mer, le premier secours, c’est vous. L’hôpital est parfois à des jours de navigation. On apprend les gestes qui sauvent, mais adaptés au contexte maritime : gérer une hémorragie, une brûlure, une fracture… et surtout communiquer clairement avec les médecins à terre pour être guidé.
- Sécurité des personnes et responsabilités sociales (PSSR) : Plus théorique, mais crucial. On y parle de la vie à bord, de la prévention de la pollution, de la gestion des conflits, et des dangers de l’alcool et des drogues (tolérance zéro, toujours). C’est ce qui fait la différence entre un groupe d’individus et un équipage soudé.
Petit conseil de formateur : Une erreur que je vois souvent, c’est de vouloir gonfler son gilet de sauvetage trop tôt. On le percute une fois qu’on est DANS l’eau, jamais avant. Sinon, vous risquez de vous retrouver coincé à l’intérieur du navire, incapable de passer par une porte ou une écoutille étroite. Ça peut paraître un détail, mais ça peut faire toute la différence.

La GWO : La sécurité taillée pour les géants du vent
Le monde de l’éolien, lui, a des risques bien spécifiques. Le principal danger n’est pas la noyade (du moins pour l’éolien terrestre), mais la hauteur. Le secteur a donc développé ses propres standards : la GWO (Global Wind Organisation). Ce ne sont pas des gouvernements, mais les grands acteurs de l’industrie (fabricants, exploitants) qui ont défini ensemble ces formations. L’idée est la même : un technicien formé selon le standard GWO peut travailler sur n’importe quel parc éolien dans le monde.
Le « Basic Safety Training » (BST) version éolien
C’est le sésame pour pouvoir grimper dans une éolienne. La formation est modulaire et les certificats ne sont valables que 24 mois. C’est court, mais ça oblige à se maintenir à jour, car le matériel et les techniques évoluent très vite.
Niveau budget, c’est un peu différent. Chaque module peut être passé séparément. Comptez environ 500€ à 700€ pour le module Travail en hauteur, et entre 200€ et 400€ pour les autres (Premiers secours, Manutention, Feu). La formation complète peut donc coûter dans les 1500€ à 2000€.

- Travail en hauteur (WAH) : Le cœur du réacteur. Une nacelle d’éolienne, c’est 100, 150 mètres de haut. Aucune place pour l’erreur. On apprend à inspecter son harnais, ses longes, à utiliser les systèmes anti-chute et surtout, à secourir un collègue en détresse. Imaginez un technicien qui fait un malaise, suspendu dans son harnais. Vous avez très peu de temps pour le descendre en sécurité. C’est physique et ça demande un sang-froid impressionnant.
- Premiers secours (FA) : Similaire à la STCW, mais adapté aux risques de l’éolien : chocs électriques, écrasements, chutes… et surtout, dans des espaces hyper confinés. Comment faire un massage cardiaque dans une nacelle encombrée ? C’est ce genre de scénarios qu’on pratique.
- Manutention manuelle (MH) : Ça peut sembler basique, mais c’est une cause majeure d’accidents. Grimper 100m d’échelle avec un sac à outils de 20 kg sur le dos, ça vous casse un homme. Ce module apprend les bons gestes pour protéger son dos et durer dans le métier.
- Sensibilisation au feu (FAW) : Dans une éolienne, un incendie est souvent d’origine électrique. L’objectif n’est pas de jouer les pompiers-héros. La priorité absolue est de donner l’alerte et d’évacuer. On apprend à utiliser les extincteurs pour un feu naissant, mais la règle d’or reste : on se casse !
- Survie en mer (Sea Survival) : Indispensable pour l’éolien en mer. Il ressemble au TIS de la STCW, mais avec un focus sur le transfert entre le bateau et l’échelle de l’éolienne. C’est une manœuvre très délicate où beaucoup d’accidents peuvent arriver.

Alors, STCW ou GWO ? Lequel choisir ?
La question n’est pas de savoir lequel est le « meilleur », mais lequel est adapté à votre poste de travail. Franchement, la règle est simple :
Si vous travaillez SUR le navire (marin, officier sur un navire de ravitaillement, ou même l’équipage du bateau qui emmène les techniciens sur site), il vous faut la STCW.
Si vous travaillez SUR l’éolienne (technicien de maintenance, inspecteur…), c’est la GWO qu’il vous faut.
Le cas particulier, c’est le technicien en éolien offshore. C’est là que ça se corse un peu. Pour son travail sur la turbine, il lui faut la GWO complète (avec le module Sea Survival). Mais comme il vit et travaille aussi sur un navire ou une plateforme, son employeur lui demandera très souvent d’avoir également la STCW Basic Safety Training. Du coup, beaucoup de pros du secteur ont les deux. C’est un investissement (parfois plus de 3000€ pour le package complet !), mais c’est la clé pour être polyvalent et en sécurité.
Avant de vous lancer : les questions pratiques
Ok, vous êtes motivé, mais par où commencer ?
D’abord, la visite médicale. C’est le prérequis indispensable. Pour le maritime, il faut obtenir une aptitude médicale auprès d’un médecin des gens de mer. Pour l’éolien, un certificat médical de non-contre-indication au travail en hauteur est souvent demandé. Sans ce papier, impossible de s’inscrire en formation.
Ensuite, faut-il être un athlète ? Non, mais une bonne condition physique est nécessaire. Vous devez être capable de nager un peu, de ne pas paniquer la tête sous l’eau, de grimper à une échelle et de soulever du matériel. Pas besoin d’être un champion olympique, mais si vous êtes essoufflé après deux étages, ça va être compliqué.
Pour trouver un centre, tapez « formation STCW » ou « formation GWO » sur internet. Des centres comme FMTC, Apave, ou Maersk Training sont des noms connus en France, mais il y en a d’autres. Comparez les prix et les plannings.
Enfin, la question qui fâche : qui paie ? Si vous êtes déjà embauché, l’entreprise prendra quasi systématiquement en charge la formation et les recyclages. Si vous cherchez à entrer dans le secteur, il est possible que vous deviez financer vous-même la première formation. C’est un vrai investissement, mais il peut être vite rentabilisé.
Au-delà du certificat : la culture de la sécurité
Avoir le certificat, c’est bien. Adopter un état d’esprit sécuritaire, c’est mieux. Le conseil le plus important que je puisse vous donner est le suivant : osez utiliser votre « Stop Work Authority ». Si vous sentez qu’une situation est dangereuse, vous avez le droit et le DEVOIR de dire « STOP », peu importe votre grade.
Un jour, j’ai arrêté une opération de levage parce que le vent se levait trop à mon goût. Mon chef a grogné. Une heure plus tard, une rafale violente est passée. Si on avait continué, la charge aurait pu percuter la structure. Il m’a remercié après. Votre intuition et votre vigilance sont vos meilleurs outils.
Astuce pour les futurs candidats : Avant de signer un contrat, voici quelques questions à poser à votre futur employeur :
- Quelles certifications exactes exigez-vous (nom complet et modules) ?
- Prenez-vous en charge le coût de la formation initiale et des recyclages ?
- Travaillez-vous avec un centre de formation partenaire ?
Ces formations sont la première étape. Elles posent les fondations. Le reste, c’est à vous de le construire, chaque jour, par vos gestes, votre vigilance et votre courage de dire non quand il le faut. C’est ça, être un vrai pro.