Veste technique à 800€ : Arnaque marketing ou vrai bon plan ?

La nouvelle collection Supreme x The North Face 2020 transformera vos aventures printanières. Êtes-vous prêt à braver les éléments avec style ?

Auteur Laurine Benoit

Franchement, à chaque fois qu’une collaboration entre une grande marque outdoor et un géant du streetwear déboule, c’est la même histoire. Ça fait un bruit monstre sur les réseaux, les forums de passionnés s’enflamment… et les prix aussi ! D’un côté, on a les puristes de la montagne qui hurlent au scandale, et de l’autre, les fans de mode qui sont prêts à camper devant une boutique.

Moi, après des années à user mes vestes sur les sentiers et à les décortiquer dans mon atelier, je regarde ça avec un autre œil. Je ne suis pas là pour vous dire si c’est « cool » ou pas. Mon but, c’est de vous donner les clés pour regarder au-delà du logo et du buzz. Pour que vous sachiez si cette pièce qui coûte un bras est un véritable investissement ou juste un coup de com’.

Le secret est dans le tissu : ce que GORE-TEX veut vraiment dire

Quand on parle de vêtement technique, le mot GORE-TEX est sur toutes les lèvres. C’est presque devenu un synonyme d' »imperméable ». Mais en réalité, c’est bien plus subtil que ça. Comprendre cette technologie, c’est la base pour juger n’importe quelle veste haut de gamme.

Le duo Supreme x The North Face 2020 revient pour une nouvelle collection Spring printanière, avec une veste supreme the north face RTG Goe TEX

Imaginez une membrane ultra-fine, une sorte de film plastique étiré. Ce film est percé de milliards de pores microscopiques. Ces trous sont 20 000 fois plus petits qu’une goutte de pluie (donc l’eau ne rentre pas), mais 700 fois plus grands qu’une molécule de vapeur d’eau (donc votre transpiration peut s’échapper). C’est ça, le génie du truc : imperméable de l’extérieur, respirant de l’intérieur.

Comme cette membrane est super fragile, elle est toujours collée entre deux autres couches de tissu pour la protéger. C’est ce qu’on appelle une construction « 3 couches » (ou 3L), la plus robuste et durable, celle qu’on retrouve sur les pièces les plus chères. C’est un vrai gage de qualité.

Bon à savoir : Le premier rempart contre la pluie n’est pas la membrane, mais le traitement déperlant (qu’on appelle DWR) appliqué sur le tissu extérieur. C’est lui qui fait perler les gouttes. S’il s’use, le tissu va s’imbiber d’eau. La veste restera imperméable grâce à la membrane, mais elle deviendra lourde, froide et ne respirera plus. La sensation d’humidité vient souvent de là, pas d’un défaut de la membrane !

La collection Supreme x The North Face 2020 mise sur les vêtements imperméables en Gore-tex

Et puis, il y a les coutures. Chaque piqûre d’aiguille est un trou potentiel. Pour garantir une étanchéité parfaite, les fabricants appliquent des bandes spéciales à chaud par-dessus toutes les coutures à l’intérieur. C’est un détail crucial. J’ai vu des vestes hors de prix prendre l’eau parce que ces bandes étaient mal posées ou se décollaient avec le temps.

L’œil du pro : les détails qui ne trompent pas

Quand je prends un vêtement en main, je ne regarde pas l’étiquette. Je le touche, je le manipule. Voici mon petit rituel, surtout pour une pièce d’occasion :

  • Les fermetures Éclair : Sur une bonne veste, elles sont étanches, souvent fournies par des marques réputées dans le domaine. Les tirettes doivent être faciles à attraper, même avec des gants. C’est un signe qui ne trompe pas.
  • La coupe : Une vraie veste technique a une coupe dite « articulée ». Les coudes et les épaules sont préformés pour que vous puissiez lever les bras sans que toute la veste remonte sur votre ventre. Ces collaborations proposent souvent une coupe un peu plus large, plus urbaine, c’est un compromis entre style et fonction.
  • La capuche : Est-elle assez grande pour passer par-dessus un casque ? A-t-elle plusieurs points de réglage (derrière et sur les côtés) ? Une bonne capuche suit les mouvements de votre tête et ne vous bouche pas la vue.
Le duo Supreme x The North Face revient en ce début 2020 avec une nouvelle capsule printanière colorée

Attention aux copies : comment repérer une contrefaçon

Avec des pièces aussi recherchées, le marché de la contrefaçon est énorme. C’est la plus grande crainte quand on achète en seconde main. Heureusement, il y a des indices.

Une copie négligera toujours les finitions. Regardez les broderies du logo de très près : sur un original, elles sont nettes, denses, sans aucun fil qui dépasse. Touchez le tissu ; les contrefaçons ont souvent un toucher plus rigide, plus « plastique ». Les étiquettes intérieures sont aussi un bon indicateur : les logos et le texte doivent être parfaitement imprimés, sans fautes ni bavures. Et puis, franchement, si une veste qui se vend 800€ est proposée à 150€, neuve, posez-vous des questions… C’est souvent trop beau pour être vrai.

La vraie question : le prix est-il justifié ?

Alors, on en vient au sujet qui fâche : le prix. Une veste de ce type peut facilement dépasser les 700€. Est-ce que ça les vaut ? Ça dépend entièrement de vous.

Découvrez toute la collection Supreme The North Face 2020 ses accessoires rtg turtleneck

Dans ce prix, il y a : le coût des matériaux de pointe, la recherche et le développement de la marque technique, la fabrication soignée… et bien sûr, une grosse part pour le logo et l’exclusivité de la marque streetwear. Vous payez pour la technologie, mais aussi pour l’image.

Soyons honnêtes. Pour le même budget, vous pouvez trouver des alternatives purement techniques. Par exemple, au lieu d’une seule veste de collaboration à 700€, vous pourriez vous acheter une excellente veste de montagne d’une marque spécialisée (autour de 450-500€) ET il vous resterait de quoi ajouter une polaire isolante haut de gamme. Le choix est simple : d’un côté, un objet culte et polyvalent. De l’autre, un équipement optimisé pour la performance pure. Il n’y a pas de mauvais choix, tant qu’il est fait en connaissance de cause.

Faire durer son investissement : l’entretien, c’est pas sorcier !

Mettre autant d’argent dans une veste sans l’entretenir, c’est du gâchis. Un bon entretien peut doubler sa durée de vie !

the north face x supreme revient en mars 2020 pour une capsule de printemps

Et oui, il FAUT laver sa veste technique ! La sueur et la saleté bouchent les pores de la membrane et la rendent moins efficace. La méthode est simple :

  1. Videz les poches, fermez tous les zips.
  2. Utilisez une lessive spéciale pour vêtements techniques (vous en trouvez pour moins de 15€ dans tous les bons magasins de sport). Surtout, JAMAIS d’adoucissant ou de lessive classique, c’est le meilleur moyen de la bousiller. Une fois, un client a ruiné sa veste à 600€ avec de l’assouplissant… ça m’a fendu le cœur.
  3. Cycle doux à 30°C, et si possible un second rinçage pour être sûr.
  4. Ensuite, 20 minutes au sèche-linge à basse température pour réactiver la déperlance. C’est l’étape magique !

Petite astuce : Pour savoir s’il est temps de la retraiter, faites le test de la goutte d’eau. Posez une goutte sur le tissu. Si elle roule, tout va bien. Si le tissu l’absorbe et s’assombrit, il est temps de renouveler le traitement avec un spray spécial après lavage.

En cas d’accroc, pas de panique. Pour un petit trou, des patchs de réparation autocollants font des merveilles en attendant. Pour une déchirure plus sérieuse, adressez-vous à un professionnel. Une réparation propre coûte généralement entre 30€ et 80€, un petit prix pour sauver une pièce de valeur.

Le mot de la fin : le style c’est bien, la sécurité c’est mieux

C’est le point le plus important pour moi. Une veste, aussi chère et technique soit-elle, n’est qu’un outil. Elle ne remplacera jamais votre expérience et votre bon sens.

Cette veste vous gardera au sec en ville ou lors d’une rando à la journée. Mais attention à ne pas tout mélanger. Les accessoires stylés qui l’accompagnent parfois, comme un gilet amovible avec plein de poches, sont des éléments de design. Ils ne remplacent EN AUCUN CAS un vrai équipement de sécurité comme un sac airbag d’avalanche. Confondre les deux à cause d’un look similaire peut avoir des conséquences dramatiques.

Au final, ces vestes sont de superbes objets hybrides. Elles combinent un vrai savoir-faire technique et une vision culturelle forte. Pour en profiter, il faut juste savoir ce que vous achetez, apprendre à en prendre soin, et ne jamais oublier que sur le terrain, votre meilleur atout, c’est ce que vous avez dans la tête, pas le logo sur votre manche.

Inspirations et idées

Cette veste est-elle vraiment adaptée à la haute montagne ?

Oui et non. Techniquement, les matériaux utilisés (souvent du GORE-TEX Pro 3L) sont identiques à ceux des lignes purement performance d’Arc’teryx ou The North Face. L’étanchéité et la respirabilité sont donc au rendez-vous. La différence se joue sur les détails : une coupe plus ample et stylée, mais moins optimisée pour un baudrier ; des poches pensées pour un smartphone plutôt que pour une carte ; une capuche compatible avec une casquette, mais pas toujours avec un casque d’alpinisme. Parfaite pour une randonnée chic ou une station de ski, elle montrera ses limites dans des conditions extrêmes engagées.

  • Une étanchéité parfaite, même aux points de jonction.
  • Un look minimaliste et ultra-moderne.
  • Plus de légèreté et moins de volume.
  • Aucun fil qui s’use ou qui peut s’accrocher.

Le secret ? Ce sont les coutures thermo-soudées (ou collées). Au lieu d’être cousues, les différentes pièces de la veste sont assemblées à chaud avec une bande d’étanchéité. C’est le standard absolu du très haut de gamme.

Sur le marché de la revente, une veste Supreme x The North Face

Au-delà de GORE-TEX : Si la marque américaine domine le marché, les connaisseurs regardent aussi ailleurs. La membrane eVent®, par exemple, est réputée pour sa respirabilité

Redonner vie à la déperlance de votre veste est plus simple qu’il n’y paraît. Un entretien régulier est la clé pour ne pas la croire (à tort) défaillante.

  • Lavage : Utilisez une lessive spécifique non-détergente comme le Nikwax Tech Wash. Les lessives classiques bouchent les pores de la membrane.
  • Séchage : Passez la veste au sèche-linge à température douce pendant 20 minutes. La chaleur réactive le traitement déperlant (DWR) d’origine.
  • Réimperméabilisation : Quand l’eau ne perle plus du tout après séchage, il est temps de pulvériser un produit rénovateur, comme le Granger’s Performance Repel, avant de la repasser au sèche-linge.

L’erreur la plus courante est de confondre imperméabilité et déperlance. Si le tissu extérieur de votre veste est gorgé d’eau mais que vous restez sec, c’est simplement que le traitement déperlant est usé. La membrane GORE-TEX, elle, fait toujours son travail. Un simple lavage et un passage au sèche-linge peuvent souvent régler le problème et restaurer la respirabilité.

Option A – GORE-TEX Pro : La référence pour l’alpinisme. Priorité à la robustesse et à la durabilité maximales. Moins souple, parfois un peu bruyant (

Les logos brodés, autrefois gages de qualité, ont été supplantés sur les pièces les plus techniques. Aujourd’hui, on privilégie les logos laminés ou thermo-collés. La raison n’est pas qu’esthétique : chaque trou d’aiguille d’une broderie est une potentielle micro-fuite que l’on doit ensuite colmater par en-dessous. L’application à chaud préserve l’intégrité parfaite de la membrane imper-respirante. C’est un détail qui trahit le niveau d’exigence de la fabrication.

La veste de montagne est devenue une icône urbaine grâce à sa fonctionnalité radicale. Prenez la Arc’teryx Alpha SV, conçue en 1998. Sa coupe asymétrique (plus longue à l’arrière), ses poches hautes accessibles avec un sac à dos, et sa capuche

Laurine Benoit

Designer d'Intérieur & Consultante en Art de Vivre
Domaines de prédilection : Aménagement intérieur, Éco-conception, Tendances mode
Après des années passées à transformer des espaces de vie, Laurine a développé une approche unique qui marie esthétique et fonctionnalité. Elle puise son inspiration dans ses voyages à travers l'Europe, où elle découvre sans cesse de nouvelles tendances et techniques. Passionnée par les matériaux durables, elle teste personnellement chaque solution qu'elle recommande. Entre deux projets de rénovation, vous la trouverez probablement en train de chiner dans les brocantes ou d'expérimenter de nouvelles palettes de couleurs dans son atelier parisien.