Bien s’habiller : Les secrets d’un pro que les marques ne vous diront jamais

Transformez chaque occasion en un défilé de mode avec notre guide essentiel pour un look homme élégant et stylé.

Auteur Sandrine Morel

Je suis artisan, et depuis plus de vingt ans, mes mains passent leur temps à mesurer, couper et assembler des tissus. Mon atelier a vu défiler des hommes de tous les horizons, souvent avec une idée un peu vague de ce que veut dire « être élégant ». Mon but, ce n’est pas de leur vendre un costume. C’est de leur donner les clés pour se sentir bien, justes, peu importe l’occasion. Car l’élégance, franchement, ça n’a rien à voir avec les logos ou les budgets délirants. C’est une question de proportions, de belles matières, et de respect. Le respect du vêtement, bien sûr, mais surtout, le respect de soi-même.

Ici, on ne va pas parler des dernières tendances qui seront oubliées dans six mois. On va parler des fondamentaux, de ce qui reste. Je vais partager avec vous ce que j’ai appris à la table de coupe, pas sur Instagram. Des principes simples, nés de l’expérience, des erreurs et des réussites. Bref, les secrets de l’atelier.

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1. La pièce maîtresse : le costume

Pour un homme, tout commence souvent par le costume. C’est la base du jeu. Mais attention, tous les costumes sont loin de se valoir. Oubliez la marque sur l’étiquette ou le prix affiché. La vraie valeur est cachée à l’intérieur.

La construction : le cœur invisible de la veste

Quand un client touche un costume, il sent le tissu. Moi, je sens ce qu’il y a en dessous. C’est la construction d’une veste qui fait toute la différence entre un simple vêtement et une pièce qui va vivre avec vous.

La méthode la plus répandue aujourd’hui, c’est le thermocollage. Imaginez une fine toile couverte de colle, pressée à chaud contre le tissu. C’est rapide, économique, et ça donne un aspect très lisse au début. Mais c’est une solution de facilité. La colle raidit le tissu, l’empêche de respirer et vieillit très mal. Après quelques passages au pressing, des petites bulles peuvent apparaître et la veste perd toute sa tenue. L’astuce pour le reconnaître ? Pincez le tissu au niveau du torse. Si vous ne sentez qu’une seule couche rigide, un peu comme du carton fin, c’est du thermocollé.

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L’autre méthode, c’est le montage traditionnel, ou entoilage. C’est celle qu’on utilise en atelier. On vient coudre à la main une toile « flottante », souvent en crin de cheval et laine, entre le tissu et la doublure. Cette toile est comme un squelette souple qui permet à la veste de respirer et de se mouler à votre corps avec le temps. Un costume entoilé, c’est un investissement qui peut durer des décennies. Son tombé est naturel, vivant. Il ne vous contraint pas, il vous suit. C’est un confort que le thermocollé ne pourra jamais imiter.

Petit conseil pratique : Pour un premier costume de qualité, le montage semi-entoilé est un excellent compromis. Le haut de la veste (le torse et les revers) est entoilé pour garantir la structure et le drapé, tandis que le bas est thermocollé pour réduire les coûts. Pour vous donner une idée, un costume thermocollé correct débute vers 300-500€, alors qu’un bon semi-entoilé se trouve plutôt dans une fourchette de 600-900€. L’investissement de départ n’est pas le même, c’est vrai, mais la durée de vie non plus.

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La coupe : une affaire de millimètres

Je le dis et le répète : un costume cher et mal coupé sera toujours moins élégant qu’un costume abordable parfaitement ajusté. Si vous avez un budget limité, investissez-le chez un bon retoucheur. C’est le meilleur rapport qualité-prix qui soit. Pour vous donner un ordre d’idée, faire reprendre des manches coûte souvent entre 20€ et 30€, et cintrer une veste, entre 40€ et 50€. Un petit coût pour un résultat qui change tout !

D’ailleurs, quand vous êtes en cabine d’essayage, gardez cette petite check-list en tête :

  1. Les épaules : La couture doit tomber pile sur l’os de l’épaule. Pas de creux, pas de tension.
  2. Le bouton : Une fois la veste fermée, il ne doit pas y avoir de vilain pli en « X ». Si ça tire, c’est trop petit.
  3. La longueur : Debout, bras le long du corps, la veste doit arriver à la base de votre pouce et couvrir entièrement vos fesses.
  4. Les manches : Elles doivent laisser voir environ 1 à 1,5 cm de la manchette de votre chemise. C’est le détail qui signe une tenue maîtrisée.
  5. Le col : Pas de « trou » entre le col de la veste et celui de la chemise dans votre nuque.
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Le tissu : la matière première

Ah, les tissus… je pourrais en parler des heures. C’est la base de tout. Un bon tissu a un beau tombé, une belle « main » (la sensation au toucher) et vieillit bien.

  • La laine : C’est la reine des matières pour un costume. Elle respire, résiste aux plis et s’adapte à la température. Ne vous laissez pas hypnotiser par les numéros « Super » (Super 110s, 120s…). Ce chiffre indique la finesse de la fibre. Un Super 150s sera incroyablement doux, mais aussi plus fragile et cher. Pour un usage de tous les jours, une bonne laine Super 110s ou 120s est un excellent choix, un vrai cheval de bataille.
  • Les variations : Pour l’hiver, une flanelle de laine est d’une douceur et d’une chaleur incomparables. Pour l’été, une laine froide (dite « fresco ») avec son tissage aéré est juste parfaite.
  • Le lin et le coton : Ce sont des options plus décontractées. Le lin est génial quand il fait chaud, mais oui, il se froisse. Il faut l’accepter, c’est ce que j’appelle le « froissé noble ». Un costume en coton, lui, aura un côté plus utilitaire, un peu plus rigide.

J’ai ce souvenir d’un jeune client qui voulait absolument un costume en Super 180s pour aller au bureau tous les jours. Je lui ai déconseillé, mais il a insisté et l’a acheté ailleurs. Je l’ai recroisé six mois plus tard. Son costume était déjà lustré aux coudes et commençait à boulocher. La preuve que la plus belle matière ne vaut rien si elle n’est pas adaptée à l’usage.

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2. Le pilier silencieux : la chemise

La chemise, c’est le faire-valoir du costume. Une mauvaise chemise peut ruiner la plus belle des tenues. La qualité se voit dans le tissu, le col et la coupe.

Le coton est roi, mais tous les cotons ne naissent pas égaux. La popeline, avec son tissage lisse et serré, est le grand classique pour une chemise formelle. Le twill, reconnaissable à ses fines diagonales, est plus doux, se froisse moins et a un léger éclat très chic. L’Oxford, avec son grain plus texturé, est parfait pour un style plus décontracté, souvent avec un col boutonné.

Mon conseil d’artisan : Pour bien démarrer, investissez dans deux chemises impeccables : une blanche et une bleu ciel en belle popeline. Cherchez la mention « double retors » (ou « two-ply »). Ça signifie que le fil est plus solide et soyeux. Comptez entre 80€ et 120€ pour une pièce de cette qualité qui ne bougera pas.

Quant au col, il encadre votre visage, alors ne le choisissez pas au hasard. Le col français est le plus polyvalent. Le col italien, plus ouvert, est plus mode et demande un nœud de cravate plus large. Le col boutonné, lui, est décontracté par nature. C’est parfait avec un blazer, mais on l’évite avec un costume très formel.

3. Les fondations : pantalon et chaussures

On néglige trop souvent le bas du corps. Grosse erreur. Une silhouette élégante est un tout harmonieux, des épaules jusqu’à la pointe des pieds.

Pour le pantalon, oubliez la mode des tailles basses qui tassent la silhouette. Une taille moyenne ou haute (au niveau du nombril) allonge les jambes et est bien plus confortable. Concernant la longueur, le pantalon doit effleurer la chaussure (moderne) ou faire un léger pli dessus (classique). Ce qu’il faut éviter à tout prix, c’est l’amas de tissu qui s’écrase sur le soulier.

Les chaussures : le point d’ancrage

J’ai toujours dit à mes apprentis : « Regardez les chaussures d’un homme et vous saurez tout. » Des souliers de qualité et bien entretenus sont la signature de l’élégance. Le son d’une semelle en cuir sur un parquet… c’est une autre satisfaction.

Comme pour la veste, la construction est clé. Le montage Goodyear est le plus robuste et permet de ressemeler facilement vos chaussures pour les faire durer des années. Le montage Blake est plus souple et fin, mais moins durable. Pour commencer, un Richelieu (laçage fermé) est le soulier formel par excellence, idéal avec un costume. Le Derby (laçage ouvert) est plus polyvalent et passe très bien avec un chino.

Avertissement : Des chaussures sales ou avachies anéantissent n’importe quelle tenue. Un bon cordonnier est aussi vital qu’un bon tailleur. D’ailleurs, comment en trouver un bon ? Fiez-vous à votre instinct. Un atelier qui sent bon le cuir et la cire, avec de belles paires en attente de soin, c’est bon signe. Posez une question technique. Si l’artisan vous répond avec des étoiles dans les yeux, vous avez trouvé la perle rare.

4. La touche personnelle : les accessoires

Les accessoires sont là pour exprimer votre personnalité, pas pour hurler. La subtilité est la règle d’or. La largeur de la cravate doit être proche de celle des revers de votre veste (généralement 7-8 cm). Pour la pochette, elle doit compléter la tenue, mais pitié, ne la prenez JAMAIS dans le même tissu que la cravate. Une simple pochette en lin blanc, bien pliée, est souvent le choix le plus sûr et le plus chic.

Pour la ceinture, on l’accorde à la couleur du cuir des chaussures. Mais honnêtement, le summum de l’élégance, c’est le pantalon sans passants, ajusté par des pattes de serrage sur les côtés. La ligne est tellement plus pure !

5. L’entretien : faire durer votre investissement

Acheter de la qualité, c’est la moitié du chemin. L’entretenir, c’est l’autre moitié. Un vêtement bien soigné est un compagnon pour longtemps.

  • Le costume : Nettoyage à sec uniquement en cas d’urgence (une à deux fois par an, max !). Les produits chimiques sont rudes. Après l’avoir porté, brossez-le doucement et suspendez-le sur un cintre large en bois pour qu’il reprenne sa forme. Et surtout, laissez-le respirer au moins un jour entre deux ports.
  • Les chaussures : C’est non négociable. Des embauchoirs en cèdre brut dès que vous les enlevez pour absorber l’humidité et garder la forme. Ma routine express qui prend 10 minutes : 1. Brosser pour enlever la poussière. 2. Appliquer une crème nourrissante (laissez poser 5 min). 3. Mettre les embauchoirs. C’est tout ! Le cirage pour la brillance, gardez ça pour les occasions.
  • Les chemises : Lavez à basse température, et oubliez le sèche-linge qui massacre les fibres et les cols. Repassez-les encore un peu humides, c’est mille fois plus simple.

bâtir son style, pas à pas

Construire une garde-robe, c’est un marathon, pas un sprint. Il vaut mieux un seul costume excellent que cinq costumes médiocres qui dorment au placard. Prenez le temps. Apprenez à toucher les matières, à reconnaître une belle coupe. Trouvez des artisans de confiance.

Au fond, la véritable élégance n’est pas dans le fait de se faire remarquer. Elle est dans le calme, dans la confiance que vous donne un vêtement qui vous va, qui est fait pour durer et qui raconte une belle histoire. Et cette confiance, une fois que vous l’avez, elle ne se démode jamais.

Inspirations et idées

Le bon soulier, au-delà du style : Le montage d’une chaussure est aussi crucial que la construction d’une veste.

Montage Goodyear : Une double couture (trépointe) relie la semelle à la tige. Le résultat est robuste, durable et facilement ressemelable. Pensez aux modèles iconiques de Crockett & Jones ou de J.M. Weston.

Montage Blake : Une seule couture traverse la semelle. La chaussure est plus souple, plus légère, avec une ligne plus fine, typique des chausseurs italiens. Le choix se fait entre la longévité d’un tank et la finesse d’un danseur.

Un homme doit avoir l’air d’avoir acheté ses vêtements avec intelligence, de les avoir enfilés avec soin et de les avoir ensuite complètement oubliés.

Cette citation du couturier Hardy Amies, tailleur officiel de la reine Elizabeth II, résume l’essence même de l’élégance : le naturel. Le vêtement ne doit pas être un déguisement, mais une extension de soi, si parfaitement intégrée qu’elle en devient invisible.

La texture est la ponctuation silencieuse du style. En hiver, une veste en flanelle grise n’a pas seulement l’air plus chaude qu’un simple lainage peigné, elle l’est. Sa surface légèrement duveteuse capte la lumière différemment, ajoutant une profondeur visuelle et un confort tactile qui changent toute la perception d’une tenue. C’est un luxe discret que l’œil averti reconnaît instantanément.

Faut-il toujours assortir la ceinture aux chaussures ?

La réponse courte est oui, surtout dans un contexte formel. Une ceinture en cuir noir avec des souliers noirs, marron avec marron. C’est une règle simple qui crée une cohérence visuelle. Cependant, dans une tenue plus décontractée (chino, blazer), on peut se permettre plus de liberté. L’essentiel est de rester dans la même gamme de tons et, surtout, de veiller à ce que la qualité et la patine des deux cuirs se répondent harmonieusement.

  • Une légèreté incomparable, comme une seconde peau.
  • Une liberté de mouvement totale.
  • Une silhouette décontractée mais toujours impeccable.

Le secret ? La veste déstructurée, emblème du savoir-faire napolitain, qui retire épaulettes et doublures pour ne garder que l’essentiel : la coupe et le tissu.

Le détail qui signe l’élégance : la goutte de cravate. Ce petit creux juste sous le nœud n’est pas un hasard. Il se forme en pinçant légèrement le tissu au moment de serrer le nœud. Loin d’être anecdotique, il donne du volume, du relief et de la vie à la cravate, transformant un accessoire plat en une touche de raffinement étudiée.

Selon la Fédération lainière internationale, une fibre de laine peut être pliée 20 000 fois avant de se rompre, contre 3 000 fois pour le coton.

Voilà pourquoi un costume en pure laine de qualité, comme ceux tissés par Vitale Barberis Canonico, ne se contente pas d’être beau. Il est résilient. Il résiste aux froissures d’une journée de travail, évacue naturellement l’humidité et conserve sa forme année après année. C’est un investissement dans la performance et la durabilité, bien au-delà de l’esthétique.

Le boutonnage d’une veste est un langage. Voici sa grammaire de base pour une veste classique à deux boutons :

  • Bouton du haut : Toujours fermé lorsque vous êtes debout.
  • Bouton du bas : Jamais. Il n’est là que pour l’équilibre esthétique de la coupe.

Pensez à toujours déboutonner votre veste en vous asseyant pour éviter de tendre le tissu.

N’oubliez pas le troisième pilier de votre garde-robe, après les costumes et les souliers : le cintre. Un cintre fin en métal ou en plastique déformera les épaules de vos vestes et manteaux. Investissez dans des cintres en bois de cèdre brut, dont la forme épouse la courbe naturelle des épaules. Non seulement ils préserveront la structure de vos pièces, mais le cèdre absorbera l’humidité et repoussera les mites.

Sandrine Morel

Styliste Beauté & Adepte du Bien-être Naturel
Ses expertises : Coiffure créative, Soins naturels, Équilibre intérieur
Sandrine a commencé sa carrière dans les salons parisiens avant de s'orienter vers une approche plus naturelle de la beauté. Convaincue que le bien-être intérieur se reflète à l'extérieur, elle explore constamment de nouvelles techniques douces. Ses années d'expérience lui ont appris que chaque personne est unique et mérite des conseils personnalisés. Grande amatrice de yoga et de méditation, elle intègre ces pratiques dans sa vision holistique de la beauté. Son mantra : prendre soin de soi devrait être un plaisir, jamais une corvée.